[T] Amour à Hamburg.

Ce soir c'est la fête! C'est pour cette raison que j'occupe la salle de bain depuis 2h et que mon père gueule depuis 1h 45. Mais je m'en fous : ce sera bientôt fini. Dans une semaine je me barre enfin. Mais pour l'instant il faut que je sois patiente même si je trépigne et que je deviens de plus en plus chiante. Je finis de me maquiller en chantant le refrain d'une de mes chansons préférées :

Ich bin nich' ich
Wenn du nich' bei mir bist
Bin ich allein
Und das was jetzt noch von mir übrig ist
Will ich nich' sein
Draussen hängt der Himmel schiff
Und an der wand dein Abschiedsbrief
Ich bin nich' ich
Wenn du nich' bei mir bist
Will ich nich' mehr sein

*Je ne suis pas moi
Quand tu n'es pas auprès de moi
Je suis seul
Et ce qu'il reste encore de moi
Je ne veux pas être ça
Dehors le ciel est à l'orage
Et sur le mur ta lettre d'adieu
Je ne suis pas moi
Quand tu n'es pas auprès de moi
Je ne veux plus exister*

La chanson de ma renaissance! Et ce qu'il reste encore de moi je ne veux pas être ça!
Et voila je suis prête! Je m'admire une dernière fois dans le miroir : mes longs cheveux teints en noir à peu près bien lissés, mes yeux marrons redessinés par l'eyeliner, ma minijupe noire avec ma jolie tête de mort et des espèces de fils qui pendouillent de partout, un petit top noir vraiment petit et vraiment moulant et un collant et des mitaines à rayures rouge et noir. Je suis trop fière de moi! Tellement que je me met à délirer toute seule.

Moi : Exploit international : Gwen a réussi à s'habiller et n'a seulement qu'une demi-heure de retard!

C'est bon, on est partit! je sors de la salle de bain, croisant mon père très énervé.

Père : Ah bah enfin!

Et là c'est le drame!

Moi : AAAAAAAAAAHHHHH!!!!!!!

Père : mais arrête de crier!

Mère, paniquée : Qu'est-ce qu'il y a?

Moi : C'est la crise diplomatique : j'ai oublié de mettre mon vernis T_T

Mère :

Père :

Bon tant pis j'ai pas le temps. Je prends mes cliques et mes claques, mon maquillage dans mon sac vert U.S. Army, bref le truc qui casse bien toute la tenue et je cours vers la porte d'entrée et là … une autre crise existentielle! Je mets mes basquets ou mes chaussures à talons? Avec mes basquets et la jupe j'aurais l'air conne mais c'est le but recherché, alors que si je met mes chaussures je serais plus belle. Bon, mes chaussures, de toute façon on me regardera bien assez. Ouais, je suis partie! Merde, non je ne suis pas partie!

Moi : Mes clefs, zut de zut!

Bien évidement, pour conduire je dois avoir mes clefs de voiture. Je fais demi-tour et en arrivant chez moi comme une malade, je fonce dans mon frère.

Moi : Comment tu me trouves,

Frère : Super moche, comme d'hab.

Moi : Génial, merci beaucoup!

Frère : MDR

J'attrape mes clefs et cours dans tout l'immeuble en croisant les vieux qui y habitent. Les pauvres : je m'habille tellement comme une prostituée qu'il n'y plus grand-chose capable de les choquer. J'arrive entière dans la voiture de ma mère, la démarre et fonce comme une tarée sur la route. Direction : la boite la plus proche!

Direction : la boite la plus proche!


Cool : ils passent de la bonne musique ici! Sauf qu'on ne s'entend plus du tout et qu'il y a plein de mecs qui me reluquent. Remarque : ça c'est plutôt pas mal! J'arrive à distinguer au fond de la salle, sur des fauteuils, ma bande de potes. J'étais tellement concentrée sur eux que je fonçai dans un serveur et renversa son plateau. Entrée très discrète! Après m'être excusée et avoir promis que oui je payerais toutes les consommations tombées à terre, je me retournais vers mes amis morts de rire.

Tous : JOYEUX ANNIVERSAIRE!!!

Moi : MERCI!

Allez savoir pourquoi, ils sont tous morts de rire. Il y a tout mes potes de lycée, mes ex-colocataires d'internat, ma meilleure amie que je considère comme ma sœur et surtout un clown né, Bastien.

Bastien : Hey Smilewoman, tu fais des progrès : tu as juste une heure et quart de retard!

Moi : Ben j'ai fait ce que je pouvais. J'ai roulé sur la route comme une malade, j'ai même failli me faire enlever mon permis que j'ai depuis 4 jours. En plus c'est pas ma faute : t'as jamais essayer de t'épiler alors que tes poils veulent pas partir toi?

Bastien : Lol pas vraiment non!

Moi : Et puis tu sais pas ce que c'est d'être une fille. J'ai mis du temps à me préparer, lissage de cheveux, manucure, pédicure…

Bastien : Non mais ça, ça sert à rien!

Moi : Oui mais ça m'éclate.

Tout le monde éclate de rire alors que ce je dis n'est vraiment pas drôle.

Bastien : T'es vraiment drôle mon amour.

Moi : Peut-être mais je comprend vraiment pas pourquoi.

Il rit et m'embrasse.

Bastien : Et puis je croyais que psychologiquement tu étais un mec.

Moi : Oui mais seulement psychologiquement.

Mélanie : Oh les tourtereaux vous arrêter de vous bécoter.

Moi : Jalouse!

Mél : Pas trop non parce que quand tu es avec lui tu nous fait moins chier.

Moi : AAAAAAAAAAHHH! (Oui je cris beaucoup)

Mél : Quoi? T'as compris ce que j'ai dis?

Moi : Non, j'ai des cadeaux!

Je saute sur le fauteuil le plus proche. J'ai tout ce que je veux mais à chaque fois que j'ai des cadeaux je me sens comme une gamine.

Moi : J'peux les ouvrir? J'peux les ouvrir? J'peux les ouvrir?

Mél : Non ils sont là pour faire beau!

Moi : -_-'

Tiffanie : Lol vas-y ouvre-les.

Moi : OUAIIIIIIIIIIIIS!

Je vous passe le carnage que je fis avec le papier cadeau pour seulement vous faire la liste de ce que j'ai reçu : un new portable, un bracelet à pic, une ceinture à tête de mort, un rendez-vous chez le tatoueur et cette super soirée.

Moi : J'vous kiffe tous

Bastien : Quelqu'un veut boire quelque chose?

Ca y est : ça commence!

Ca y est : ça commence!


Après 2 verres de muscat, 6 de rhum, 11 de vodka, 17 de bières diverses, 36 vannes pourraves de Mél, 9 fou rires de ma Gullwoman, 22 conneries dégeu de Bastien et moi, 15 délires de ma meilleure amie Steaky et moi, 1 viol de mur en direct des toilettes et 3 danses improvisées sur le comptoir alors que je sais pas du tout danser, on se retrouve dehors virés pas les vigils. Bien entendu, je suis complètement bourrée.

Moi : Elle est où ma sœur?

Steaky : Devant toi, andouille.

Effectivement elle était plantée juste devant ma tronche.

Kika (Gullwoman) : Il est beau le ciel ce soir!

Réflexe pourrave mais humain : je regarde en l'air. Erreur fatale!

BOUM

Moi : Aïe!

Mélanie : Pépito!

Tous : Mél

Moi : Mél assied-toi
Faut qu'j'te parle
J'ai passé ma nuit dans l'noir
Mél je le sens, je le sais, j'en suis sûre
Tu me pètes le cul

Kika :

Steaky :

Mél : -_-'

Bon, ça va y'en a pas mal qui sont à peu près dans le même état que moi.

Moi : Quelqu'un peut m'aider à me relever?

Bastien me prit les mains, me tirât puis me retient quand je failli me reboiter. Malheureusement pour moi c'est le moment où je dois quitter mes amis. Je sais que je ne pourrais plus les voir pendant un très long moment. Je vais tout quitter, tout ce que je connaissais pour une autre vie. Je ne sais pas ce qui va se passer et ça me fait peur. J'ai une soudaine envie de pleurer mais je dois retenir mes larmes. Mélanie sanglote quand je la prends dans mes bras.

Moi : T'inquiète pas : on va se revoir. Et puis je vous appellerai.

Puis j'embrassais le reste de ma bande, Erika, Audrey, ma sœur qui a vraiment failli me faire pleurer et enfin Tiffanie. Elle rapprocha sa bouche de mon oreille afin que je sois la seule à entendre.

Tiffanie : Tu n'y arriveras jamais. Reste avec nous s'il te plait!

Moi : Je veux essayer! Je sais très bien que je pourrais me casser les dents mais en tout cas je ferais tout pour réaliser mes rêves.

Tiffanie : Tu es folle!

Moi : Au moins moi je m'étale pas sur un mur en jouissant et en appelant Georg!

Tiffanie : C'était pour rire!

Je ne répondis rien, leur dis au revoir encore une fois et m'éloigna en compagnie de Bastien.

Bastien : Tu peux pleurer maintenant : plus personne te voit.

Moi : Si : toi!

Il prit mes clefs et nous conduisit chez lui. Arrivé à son appart, je me précipitais dans la salle de bain me passer le visage sous l'eau froide en espérant que ça me réveillerais un peu. Peine perdue! Je sortais pour me réfugier dans les bras de mon chéri.

Bastien : C'est notre dernière nuit en tant que couple.

Moi : Oui. Mais de toute façon ça aurait fini comme ça : je commençais à me lasser de toi.

Il sourit puis ses lèvres se mirent à trembler et les larmes lui montèrent aux yeux.
Bastien : Promets-moi que tu resteras toujours aussi franche et honnête et que tu continueras à faire ce que tu veux sans faire attention aux autres. Promets-moi que tu continueras à poursuivre ton rêve.

Moi : Je te le promet.

Bastien : Je t'aime!

Moi : Moi aussi je t'aime!

Nous restions enlacés dans la chambre, ma tête reposait sur son épaule et j'écoutais sa respiration. Bastien me caressait les cheveux puis sa main glissa sur mon dos et remonta mon top.

Moi : Qu'est-ce que tu fais?

Bastien : Devine

Moi : J'ai envie de gerber!

Bastien : Génial! En tue l'amour y a pas mieux!

Moi : Je te rappelle que toi t'es en train de bander.

Bastien : Oui c'est vrai

Je me recula, enleva mon haut, sourit et l'embrassa.
Plus tard, enroulée dans un drap, écoutant Bastien dormir, je réfléchissais. Dans une semaine je serais là-bas. Je vais tout laisser : mes amis, mon copain, ma famille, la danse, mon pays, tout ce que j'avais pour partir là-bas où je ne connais rien et où je n'ai rien. Là-bas , l'Allemagne! Ca semble tellement loin et tellement proche à la fois. Je veux partir là-bas pour rencontrer quelqu'un et lui dire ce que j'ai toujours rêvé de lui dire. Cet homme qui m'a sauvé la vie et que j'aime le plus au monde, Bill.