La Page Orange
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

La Page Orange

Forum sur Tokio Hotel
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

 

 [T]Vertigo.

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:13

C'est la fin, je la reposte en entier puisque l'autre topic a été supprimé, il est vraiment temps que j'arrête avec ce forum.

___________________


Vertigo.



[ Bill. ]

Ne m’appelez plus, ne scandez plus mon nom à tout instant comme une plainte, qui pourrait on ne sait par quel miracle guérir des blessures. Ce n’est qu’une cicatrice qui au lieu de s’effacer, brûle au fer rouge. Oubliez-moi, ce n’est pourtant pas grand chose. Imaginez une étendue déserte, n’importe où, n’importe quand avec n’importe qui, tout le monde sauf moi. Le Sahara à perte de vue, l’Océan et ses airs d’infinis, l’Amérique avec ses étendues vertes à vous en donnez le tournis, le Ciel d’un bleu éternel, le Néant de mon cœur. Perdez-vous ailleurs qu’entre deux de mes mouvements, mes yeux marrons ne promettent rien, et mes cernes hurlent de m’oubliez une bonne fois pour toute. Pour être exact je ne supporte plus le poids de vos remords et espoirs de gamines me peser sur les épaules, mon dos se courbe un peu plus chaque matin et je crois qu’un jour vous arriverez à me briser la colonne vertébrale en un bruit sec, glauque, définitif. Vos désillusions me collent que trop bien à la peau, un manteau trompeur, le vent me glace et j’ai l’impression d’avancer avec une nudité exaspérante. Je voudrais avoir le droit d’être égoïste.
- C’e n’est pas si simple.
- Quoi donc ?
- Je ne sais pas, vivre, faire semblant. Sourire, avancer, lever les yeux. Je ne sais pas moi peut-être tout simplement d’être une illusion.

Oui voilà, tu as compris. Je ne suis que du vent, je ne suis rien. Je ne sais plus et tout me semble à des années lumières. Et comment se rattraper ? Un foulard de soie noire qui s’envole à l’horizon et être enchaîné pour se voir disparaître, alors bien sûr que non ce n’est pas si simple, si évident. Après tout, de quoi pourrais-je me plaindre ? J’ai tout. Tout. Tout.
- Rien.
Je déteste de voir à quel point tu me connais. Malgré ton air de fou sur le visage, je sais bien que tu le fais exprès, mais je ne veux pas trahir ton secret je t’envie bien trop d’avoir trouvé une solution. Ton teint est plus blanc que les murs qui t’emprisonnent. C’est quand même dingue de te voir si serein alors que bordel tes yeux sont rouges, explosés et que tu sembles flotter à quelques centimètres de ton lit près à t’effacer à tout instant. Si je n’étais pas certain de sentir ta chaleur non loin de moi, alors oui je croirais que tu sors tout droit de mon imagination. Oui, oui je t’assure. Tu as atteins le point de non retour. Tu es assis, sur ton lit en face de ta fenêtre aux rideaux tirés et tu vois ton monde. Et quand tu es de bonne humeur tu te plais à me le raconter, me narguer et si tu n’étais pas mon frère je te détesterais je te le jure.
- Tu vois ?
-
- Bien sûr que non tu vois pas. Comment le pourrais-tu ? Moi je vois des étendues à m’en donner le vertige. Je vois une plaine verte, un peu bleutée, parce que le ciel s’y reflète. C’est beau, si tu savais. Et tu sais, à ce moment cet endroit d’Eden n’a rien a envier à l’Océan. Parce que tu ne peux pas couler, sous tes pieds c’est un air de liberté qui t’envahit. Et s’évader.
Ce devait être un de ces moments où j’aurais voulu moi aussi fermer les yeux et murmurer un nouveau monde mais je garde les pieds sur Terre. Et je vois mon frère qui part dans son délire. Son moment de liberté, son accalmie.

Alors, je vous en prie si vous ne pouvez pas m’oublier, laissez-le tranquille.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:16

[ Tom. ]

- Entre ailleurs et ici. C’est beau. Non, en fait c’est juste différent. Voilà différent. Le soleil fait mal aux yeux. Je vois le plis de la vie qui se forme, des tâches colorées dansent devant mes yeux. Je sens à peine le lit se soulever sous le poids de mon frère qui s’en va. Je suis à cette frontière intouchable, inviolable. Je suis pieds nus et je marche sur un épais tapis de verdure, c’est féerique. C’est différent de cette épaisse moquette. De l’air, du ciel, de l’herbe, du calme, de la liberté, du silence, de la solitude, des larmes qui ne coulent jamais, des sourires qui ne savent pas s’éteindre, des bras qui réchauffent, l’impossible qui s’évanouit. Calme, moi, seul, loin, fou, ailleurs, pourquoi, rien, mort, angoisse, notes, cris, angoisse, supplication, s’évanouir, noir, hurler, partir, prier, déchirure, sang, s’évanouir, se perdre, Noir.
Noir. Noir. Noir. Froid. Vertige. Vomissements.

[ Bill. ]

Presque toujours le même refrain. Il le murmure à peine, un air de possédé. Et comme à chaque fois les larmes coulent sur son visage il ne bouge pas et j’enrage. De cette impuissance foudroyante. Quand est ce que tout cela a commencé ? C’est dur à dire en vérité, hier ? Il y a un mois ? Un an ? Une semaine ? Depuis toujours ? Et même est ce que cela pourrait changer quelque chose ? J’en doute, il me semble avoir toujours connu mon frère avec cette nausée au bord des lèvres et ses hauts le cœur à tout instant, il est né comme ça et il mourra pour ça. Il ne faut plus se faire d’illusion. Je n’ai jamais compris cette haine, cette rancœur qu’il cultivait pour ce monde pourtant il ne semblait pas si mal du haut de notre tour d’ivoire. Egoïste comme je suis je n’ai pas vu la lueur qui naissait dans ses yeux lorsqu’il contemplait ce vide, avec une envie démoniaque. Il a fallu attendre qu’un jour il joue au funambule, mais c’était pas sur un fil suspendu dans un cirque, face à des centaines de gens avec un filet en dessous. Non, c’était un aller direct sur le bitume, des milliers de gens pour applaudir « Quelle audace ce jeune homme » ne plus en parler et attendre que le sang sèche et puis continuer son chemin. Et vous savez quoi ? il n’a pas tremblé une seule fois. Alors que face à des filles en furie je vous jure à l’intérieur il frémit et n’attend qu’une seule chose, une libération. C’est fou, insensé mais de toute façon je ne peux apporter aucune preuve. Peut-être les marques sur ses bras, rouges, rouges. Ses anciennes cicatrices qui parsèment son corps comme la plus belle partition au monde, l’unique. Ses ongles cassés à force de vouloir s’arracher la vie qui lui colle à la peau. Cette puanteur, qui envoûte d’une façon bien trop malsaine ses sens. Et encore une fois je l’entends vomir tout ce qu’il ne peut formuler, ce qui coule en Lui. Il a appris à devenir fou depuis qu’il a ouvert les yeux.

Et bordel ce que je l’envie.

J’ai perdu le fil. Je ne sais pas être moi. C’est vraiment idiot de dire cela, mais il n’y a que comme ça que je peux être vivant. C’est peut-être pour ça que mon frère lui se fait vomir à s’en décrocher l’estomac, parce que lui il essaye d’être quelqu’un. Toujours avec sa différence qu’il traîne comme un fardeau, je ne pensais pas que ça allait être de pire en pire. La célébrité aurait.. peut-être… Je n’en sais rien en fait. C’est un inconnu finalement. Alors que lui il me connaît par cœur, sur le bout des doigts. Je fais glisser ma main le long de la porte qui nous sépare, et je n’arrive pas à saisir un seul brin de courage pour aller le serrer fort dans mes bras. C’était avant cela. Quand il faisait ses crises que je courais vite pour l’aider, mais il me repoussait à chaque fois, des spasmes le paralysait et je vous jure c’était ignoble parce que dans ce cadre il était beau. C’est horrible de réaliser que dans toute sa douleur il devient quelqu’un de sublime. Tout disparaissait et je ne pouvais que voir sa détresse, prenons une image bien trop banale, mais voilà il faisait figure d’un ange aux ailes brisées. Je ne suis plus jamais resté.
-Do, Rmir, Ré, parer, Mi, Traillette, Fa, Tigue, Sol, Itude, La, Ve, Si ?

C’était ses notes qu’il jouait sans fin sur les cordes de sa vie.

J’écoute cet air de violon que je connais par cœur à présent et je ne suis même plus surpris de toujours entendre cette musique. Cet air de violon, inchangeable, qui semble me narguer encore et encore sans que je ne puisse rien y faire. C’est toujours le même scénario qui s’offre à moi jusque dans mon quotidien, ma musique et jusque dans la folie de mon frère. Le script de ma vie semble avoir été écrit il y a bien longtemps et j’ai l’impression d’être impuissant face aux forces qui me dépassent. J’ai cette amertume qui me paralyse complètement. Et de l’autre côté de cette porte le violon continue sa mélancolie sans se préoccuper de ce que je peux bien ressentir et le contraire serait bien étonnant finalement. J’ai le cœur qui semble lâcher à chaque fois qu’un minuscule silence se fait entre deux moments frénétiques. Je voudrais saisir cette partition, en comprendre son fonctionnement pour pouvoir peut-être enfin saisir mon frère, juste un instant. L’attraper au vol et lui dire que je suis là, et peut-être que j’existe. Mais, comme toujours, j’ai l’impression que cette musique s’empare plus du cœur de mon frère que de moi et je dois l’avouer j’ai une jalousie sans bornes pour ses fichues notes qui s’enchaînent dans un délire infernal. Ce mauvais enregistrement envahit l’espace et plus rien d’autre n’existe. Comment oublier la fille qui jouait alors ce morceau ? C’était un de ses après-midi, il y a bien longtemps, l’époque ou l’on pouvait encore se promener sans risquer de mourir sous le poids des filles, quelques flocons tombaient et de la buée s’échappait de nos bouches respectives lorsque l’on s’adressait un ou deux mots. Je n’ai d’abord rien entendu, on devait tout simplement traverser ce parc pour pouvoir rejoindre notre salle de répétition. Et puis, sans que je m’y attende je me suis retrouvé seul. J’ai détourné la tête et j’ai vu mon frère qui faisait encore une fois comme bon lui semblait, c’est à dire partir sur la droite, tout en me laissant en plan. Pas à pas j’entendais cette musique qui explosait tout autour. Une jeune fille, debout sur un banc jouait à s’en crever le cœur. Elle semblait extérioriser tout ce qu’elle ne pouvait faire autrement et des larmes de rage, de tristesse coulaient inlassablement sur ses joues. Elle tremblait littéralement, ça se voyait d’où j’étais et pourtant ses mains n’ont pas tremblé une seule fois. C’était une de ses filles qui parlent musique, qui sourient musique, qui jouent musique, qui vivent musique. En d’autres termes elle parlait le même langage que mon frère, qui écoutait cette fille aux yeux fermés s’acharner sur son violon. Je ne saurais dire combien de temps cela a duré, je ne saurais pas non plus dire comment il a fait pour enregistrer ce tourbillon infernal, mais peu importe puisque le résultat est là. Les notes ne cessent pas, jamais. J’ai envie de vomir moi aussi.

Parfois, je me demande ce que je fais au bon dieu pour supporter cet acharnement. C’est toujours lorsque l’on croit atteindre le bonheur suprême et même presque hautainement parfait que l’on se prend une claque comme rappel à l’ordre. Je ne devrais pas être à plaindre, loin de là. Mais voilà, toutes ces anciennes notions ne sont plus rien et si mon frère est né avec cette folie dans ses veines moi je suis né avec cette incompréhension qui me consume. Comment pouvez croire encore que nous sommes tout simplement heureux ? Il faudrait penser à ouvrir les yeux un de ces jours, ce serait vraiment utile pour l’avenir. Et si moi aussi j’arrêtais de sourire alors que je n’ai qu’une envie c’est de me barrer. Me casser. M’en aller. M’enfuir. Ne plus J-a-m-a-i-s revenir. C’est devenu un tel calvaire de chanter, et pourtant aussi étonnant que cela puisse paraître sur scène je serais presque bien si tout n’était pas chronométré à la seconde près. Réglé comme du papier à musique. Quel mauvais jeux de mots. Sur cette pensée je m’écroule sur mon lit, je n’espère même pas trouver le sommeil. J’ai la tête qui va exploser parce que ces notes de la chambre d’à côté vont finir par me rendre complètement malade. C’est une overdose de tout ça.
- Bordel, Tom arrête cette musique. Arrête de te perdre dans un monde où je ne pourrais jamais te rattraper. Donne-moi une chance de t’aider, juste une. Arrête ce cercle vicieux dans lequel tu t’es perdu il y a bien trop longtemps. Explique-moi pourquoi. Oui, juste ça pourquoi ? Je voudrais comprendre tu sais, je n’entends plus tes déchirures je ne comprends même plus tes sourires. Tu sais, tout aurait pu être différent, moi j’ai mal tu sais. Mais ne me laisse pas comme ça, je suis si seul. Pourras-tu t’en rendre compte un jour ? Tu es muré dans ton insouciance et tu oublies tout ce qui t’entoure. Tout. Et le pire dans tout ça c’est que j’en fais partie. Et tu sais quoi d’autre Tom ? Lorsque pendant ces putains d’interviews on me demande inlassablement la force de notre complicité j’ai envie de gerber. Tu entends ? Parce que ça ne ressemble à rien d’autre. Ca ne ressemble à rien à vrai dire. Un putain de rien et tu ne fais rien pour y arranger. Je te déteste, c’est viscéral, je te hais. Bordel arrête de jouer aux cons. Arrête de te complaire dans ta folie, ça va finir par te tuer et moi par la même occasion. Bordel Tom aide-moi. Putain mais moi aussi j’ai mal, aide-moi, je ne vais pas encore tenir longtemps dans la solitude. Moi, j’ai besoin de mon frère qui plus est jumeau. Je ne suis pas si fort tu sais ? Toi qui est censé me connaître mieux que moi même pourquoi tu ne fais rien ? Pourquoi ? Ne me laisse pas sombrer dans ces conneries, je le sais que dans le fond que tout ça c’est sans importance. Mais j’erre seul et tu me laisses bien dans ma merde. Comment le dire autrement ? Je voudrais pour une fois regarder autour de moi et ne pas voir cette solitude qui me déchire. Je vais en crever Tom, je ne rigole plus. Aide-moi.
Je pourrais te le hurler un milliard de fois que tu n’entendrais rien. Alors je le murmure tout simplement parce que tu restes malgré tout mon frère. Je te donne des excuses où il ne devrait même plus y en avoir. Je lève les yeux, dehors il fait nuit. Les étoiles se planquent ou les esprits sont plus légers. Je prends une veste et sors. Je claque la porte, parce qu’après tout j’existe. Oui, j’existe, regardez toutes ces filles qui campent devant chez moi. J’existe, je suis un aimant à hormones en furie. Je bouge et devant ça s’évanouit. Alors j’existe, c’est le seul moyen de me rendre compte que je suis vivant. Je laisse mon frère et ses démons dans cette maison, je claque la porte, je marche vite. Le bruit de mes pas chantonnent « Pas d’bol mon gars, t’es pas tombé dans la bonne époque, pas dans le bon corps. C’est foutu. T’es seul, terriblement seul . Tu entends le silence qui t’entoure ? ». Je croise les doigts pour qu’on ne me suive pas, et au pire les gardes du corps s’en occuperont, car je ne pourrais pas supporter quelqu’un qui m’idolâtre alors que personne ne connaît véritablement ma vie. Si vous m’aimez tellement pourquoi vous ne comprenez pas mon mal être ? Et oui, le voilà le problème, putains d’égoïstes. Je prends une cigarette dans ma poche, mon briquet. J’allume et je deviens une minuscule étincelle dans un cadre noir et solitude s’empare de moi, ma bonne vieille copine. Je marche sans m’en rendre compte. La tâche rouge s’assied sur un banc le long du port. Je garde la tête baissé pour observer les cendres chaudes qui finissent minablement sur mes chaussures, et un peu naïvement je désirais presque prendre feu et pouvoir me jeter dans le fleuve.
Mes pensées divaguent et je me dis que dans un beau livre, ici viendrait une fille s’asseoir à côté de moi, une sorte de révélation. Mais je sais bien que la place restera vide. Le grand amour, autant en rire. Ca ne me fait même plus rien, c’est presque malheureux.
Le mégot tombe au sol, je me lève et ressert mon manteau. Je m’éloigne.

Et c’est dans un dernier soupir que la dernière étincelle rouge succombe à l’obscurité.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:17

Ma décision est prise, je prends la poudre d’escampette, je m’en vais. Sans un regard en arrière, je laisse tout en plan, Tom compris, il l’a fait tellement de fois auparavant. La célébrité je fais une croix dessus, une énorme, rouge et indélébile. J’ai marché toute la nuit, j’ai essayé de me vider l’esprit tout simplement, mais dans mes oreilles j’entendais toujours ces hurlements et mes mains en tremblaient bien trop violemment. Il faut ouvrir les yeux ce n’est pas normal d’avoir vos larmes qui me collent à la peau, je vais m’y noyer si ça continue encore longtemps. Je suis un sacré égoïste mais vous, oui vous, vous êtes quoi ? Pourquoi vous vous obstinez à voir un garçon fleur bleu, un garçon différent ? Je ne suis pas comme ça, on a juste accentué ma sensibilité et voilà que maintenant le matin je me lève avec ce masque parce que après tout je n’arrive plus à distinguer qui je suis véritablement. Est ce que ces sourires sont préfabriqués ? Est-ce bien mon sourire ? Est-ce bien mes mots ? Est -ce que se sont mes mots qui sortent de ma bouche, me l’a ton murmuré derrière un rideau ? Je ne sais pas et j’ai terriblement peur, je deviens paranoïaque il faut que je m’échappe et vite. Je sens le poids des reproches de Gustav et Georg, parce qu’eux ils sont bien plus forts que moi et la musique c’est toute leur vie, plus que moi. Ils pourraient continuer jusqu’à leur dernier souffle mais moi je ne peux pas. Jamais ils ne me pardonneront. Jamais. Dans un silence je vais m’évanouir, un coup de vent qui n’aurait jamais du exister. Avec le peu de cœur qu’il vous reste, pardonnez ma faiblesse.

« Je voulais vous écrire avec des jolis mots pour que vous puissiez me pardonner. Mais, ces mots là je ne les connais pas, j’ai beau cherché je ne trouve pas une nuance qui ferait passer la pilule plus facilement. Alors je me résigne à me faire haïr. Gustav, tu es celui qui m’a peut-être le mieux compris. Alors c’est à toi que j’adresse ces quelques mots brouillons. Tu m’en voudras, à en crever, mais s’il te plaît écoute une dernière fois ce que j’ai à dire. Oui, ça sera la dernière. Je n’ai pas cette musique qui coule dans vos veines, moi j’ai juste un sang qui se fait rare et qui tantôt me glace et tantôt me brûle. Imagine-moi sans mes cernes, imagine-moi sans cette maigreur squelettique, imagine-moi avec un sourire qui vient du cœur, imagine-moi serein, imagine-moi moins stressé, imagine-moi avec cette magie au bout des lèvres, image-moi sans tout ça. Imagine-moi sans la célébrité et par pitié je voudrais que cela suffise pour que tu ne me détestes pas. Je vous aime d’un amour démesuré mais je ne peux plus rester là, l’air de rien, c’est trop tard. Je vais disparaître loin. Je sais, c’est d’une faiblesse affligeante mais comment t’expliquer le poids qui pèse sur mes épaules ? Je pensais que le fait d’écrire à une feuille, sans ton regard accusateur faciliterait les choses mais ce n’est pas si évident. Ne crois pas que c’est de gaieté de cœur que je claque la porte à ce rêve déjà devenu poussière depuis une éternité. Je vous condamne et rien que pour cela je ne fais que me haïr davantage. Je voudrais que tu me rendes un ultime service, le dernier, s’il te plait. Explique à Georg que ma fuite ne changera pas la place que vous avez pour moi. Dis-lui qu’il continue toujours à jouer, que jamais il ne s’arrête. Dis-lui qu’il a toujours su dessiner des sourires sur mon visage pâle, que grâce à lui je me suis moins perdu, en tout cas moins vite. Dis-lui, oui dis-lui que jamais je ne pourrais l’oublier. Dis-lui, que la vie doit être belle pour lui, dis-lui de ne pas trop m’en vouloir, dis-lui de profiter de ne jamais éteindre cette flamme qui le consume mais qui le rend tellement merveilleux. Dis-lui qu’il ne change jamais. Gustav, toi qui est comme mon frère, toi qui a su voir ou mon jumeau fermait ou détournait la tête ou tout simplement la perdait. Toi, qui a même du savoir avant les autres qu’un jour je m’en irais bien vite et bien loin. Toi, qui ne parle pas, mais qui hurle avec ses gestes. Toi qui mérite plus que n’importe qui cette vie incroyable, puise dans ton courage encore une fois pour porter la faiblesse de Tom. Je te laisse ce fardeau que je ne pouvais tout simplement assumer seul. Ne lui dis rien. Ne dis rien, il n’a pas besoin de savoir, laisse-le dans son monde, ce monde où personne n’a sa place et moi encore moins. Assure-toi juste que jamais il n’arrête de chatouiller sa guitare. Jamais, parce qu’à des kilomètres de là je pourrais sentir ce silence, bien pire que tout. Sa guitare c’est toute sa vie, sans elle il crève purement et simplement. Ne le laisse pas briser son médiator, ne le laisse pas plonger encore plus. Je voulais t’écrire un lettre qui puisse pardonner à l’avance tout ce que vous allez subir, mais tu vois je n’y arrive pas. Mes mots n’ont pas cette puissance désirée, mais pourras-tu comprendre dans tout ce que je n’arrive pas à formuler ? Vois-tu ce que cette vie a faite de nous ? Tu la vois cette folie qui ne quitte même plus Tom une seule seconde ? J’ai perdu, je voulais tout miser sur cette vie de paillettes, mais tu vois je n’ai pas réussi à vous portez encore plus haut, à cet endroit où vous auriez vécu plus que quiconque. Je suis bien trop faible. J’ai perdu tout simplement parce qu’on ne m’a pas donné le mode d’emploi pour tenir le coup, je n’ai pas trouvé ce réconfort dans vos absences ou dans vos silences. Je ne vous en veux pas, vous aviez tellement mieux à faire. Mais je ne suis pas aussi fort que ce que je prétends. Je ne t’en veux pas Gustav de n’avoir pas posé ta main sur mes épaules, ce n’était pas à toi de le faire. Tirez un trait sur tout ce que je suis ou j’étais. S’il te plaît Gustav, imagine-moi sans ces hurlements dans mes yeux, imagine-moi sans cet air désabusé. Si ça ne suffit pas souviens-toi de ce que j’étais avant, souviens-toi de cette vieille époque au goût d’oubli. Imagine-moi rien qu’une fois réellement libre.
Comment vous oubliez ? Pardonnez-moi. »

J’appose le dernier point, je serre avec force mon stylo. Non, je ne regrette rien. Non.

Ne rien perdre, ne rien regretter. Ce pourrait être une jolie devise mais ce n’est pas si évident, je le jure. Si quelqu’un pouvait me donner le mode d’emploi pour oublier purement et simplement ça me faciliterait tellement la vie. Je n’ai rien trouvé de mieux que de partir sans bruits dans un premier temps. M’effacer, pour que l’on m’oublie. Oui, si le monde entier efface la dernière trace de moi peut-être qu’enfin je pourrais sortir l’esprit libre dehors pour juste acheter un croissant, ou juste pour le plaisir de marcher en parfait anonymat. Je ne connais pas encore ma destination, mais qui peut raisonnablement me dire en me regardant droit dans les yeux qu’il sait où s’en aller, où tenter de faire sa vie, où exister sans craintes ? Moi, je sais juste que je m’en vais loin de tout, de cet air grisâtre, de ce paysage que je ne connais que derrière la vitre de ma chambre, pour être tout à fait honnête disons le loin de Vous. Quel bonheur, quel doux bonheur. Mon dieu, vous ne pouvez même pas savoir. C’est là-bas que je voudrais reconstruire une bribe de vie qui ressemble à quelque chose, des choses simples, rien qui ne pourrait pimenter ma vie. Pitié plus de folie des grandeurs, plus de grandeurs, plus de folie. Vivre comme Monsieur tout le monde. Et pourtant, je sais bien qu’au fond de moi que cette utopie n’existe que dans la cervelle de mon frère. Tiens Tom, première fois que je pense à lui depuis que j’ai franchis le pas de ma porte, non de la porte. Me voilà maintenant mains dans les poches le vent contre moi à vouloir conquérir le monde du haut de mes santiags. Le vent est glacial, peu importe, l’air me fouette inlassablement le visage.
J’ai les larmes aux yeux et je le jure que c’est à cause des bourrasques du vent. Je ne veux plus pleurer, c’est fini ça, tout ce qui était avant n’existera désormais plus. Je voudrais tellement le croire. Pour se faire je n’ai rien pris, rien. Juste de l’argent et mon courage. Je veux laisser mon frère et égoïstement ne plus jamais le revoir, ne plus en entendre parler. Si vous saviez, vous me prendriez pour quelqu’un de cruel et sans cœur et vous auriez, pour une fois, raisonnablement raison. Mais comment expliquer à une personne étrangère tout ce que j’ai vécu depuis ma « tendre » enfance ? Il fallait qu’il y ait un dégénéré dans la famille et c’est tombé sur lui, j’aurais tellement voulu que ça soit moi. Ne plus sentir, ce poids, cette responsabilité sur mes épaules, je ne peux plus tenir cette angoisse permanente de le voir s’écrouler, se trahir, nous trahir. Depuis que je suis haut comme trois pommes, je dois sans cesse veiller sur lui, les regards ont trop longtemps pesé sur moi lorsque je m’absentais et que j’avais le malheur de le laisser seul, comment expliquer que moi aussi j’avais une vie même à 10 ans ? Et même des envies. Juste me taire et sourire, encore et toujours. Je ne pleure pas c’est la poussière des vieux souvenirs qui me piquent les yeux.
Mon jumeau, mon frère jumeau. Que c’est étrange à dire, à penser. Imaginez qu’une personne sur cette Terre, juste une avait le pouvoir de lire dans vos pensées, de vous rendre heureux, de vous comprendre mieux que quiconque en un mot : rêve. Maintenant imaginez que cette personne soit folle, imaginez cette solitude qui envahit. Je voudrais que l’on m’explique comment je ne peux pas culpabiliser de le voir dans cet état et de ne rien pouvoir faire. Expliquez-moi comment ne pas se sentir seul au monde, quand même son jumeau ne veut pas vous inclure dans sa vie, folie ou pas ? Toutes ces attentions que je ne mérite finalement pas. Depuis ma naissance, c’était perdu d’avance. Mon dieu, dites-moi que j’ai tord.

Non, je ne pleure pas, ce sont mes ongles qui rentrent dans ma peau qui me tiraille.
- Pardon jeune fille, vous n’auriez pas une petite pièce ?
Jeune homme. Je suis un jeune homme. Merde à la fin.
- Hey, ma jolie faut pas pleurer. Je peux te consoler si tu veux.
- Je ne pleure pas crétin. Tu ne vois pas que c’est un leurre ? Je ne pleure pas. Ce n’est pas vrai. Pleurer c’est pour les gonzesses. Moi je souris, tu le vois pas mon putain de sourire sur mon visage ? Tu la vois pas cette grimace de douleur qui se dessine sur mon visage ? Je ne sais pas pleurer, ce n’est bon que pour les remords, les souvenirs, les faibles. Et moi je ne regrette rien, je le jure, je ne regrette rien. Mes souvenirs, je n’en ai plus je ne suis plus personne compris ? Et je suis encore moins faible, parce que je balance ma vie par les fenêtres. Parce que je ne comprends déciment rien à ce bordel. Alors, non je ne suis pas faible. Je n’ai jamais rien compris alors comment pourrais-je être faible ? J’ai supporté des fardeaux qui te ferais crever sur place alors s’il te plait ne dis pas que je chiale comme un gosse en plein milieu d’une rue. Et ne me touche pas. Personne n’a le droit de me toucher, personne n’a jamais eu le droit. J’ai trop de douleurs sur le corps et un seul geste pourrait me faire crever. Alors recule, vas t’en. Personne n’a le droit. Personne. Personne.
J’entends vaguement un « Il est fou ».
- Mon gars, tu ne connais rien de la folie. Rien du tout alors ne parle pas de ce que tu ne connaîtras jamais. La folie moi je vis avec depuis plus de 18 ans. Alors s’il te plait garde ce genre de réflexion à deux balles pour toi. La folie, c’est un venin qui s’insinue en toi, c’est une douceur qui te rend différent. Une jolie histoire qui naît dans ta tête et tu ne peux jamais t’en défaire. Les cachets roses, bleus, jaunes ne changent rien. La folie, c’est la folie d’avoir un jour vu la cruauté de ce putain de monde. C’est pas une maladie, c’est un état d’esprit. Alors ne me dis pas que je suis fou. Je suis tout sauf fou. La folie, j’en crève mais je ne suis en aucun fou. Tu comprends ? Tu comprends ? La folie j’en crève parce qu’il finira par en crever. La folie c’est un concerto de violon dans tête. Ce sont ces notes qui ne cessent jamais, ses mains tremblent même lorsque ses doigts ne touchent pas sa guitare. Mon frère un artiste, son plus beau tableau c‘est sa folie. Alors, s’il te plait garde ta folie pour toi, tu ne connais décidément pas ce que cela signifie.

Et c’est à partir de ce moment que j’ai véritablement commencé à oublier.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:19

J’ai rêvé un jour que le monde s’écroulait, et moi j’étais spectateur, impuissant. Un évanouissement terrible, les entrailles de la Terre éclataient. Horrible, je vous le jure. J’ai cru que j’allais tout simplement vomir. Je ne savais vraiment pas que la fin du monde avait les yeux bleus. Une tornade, une tempête qui détruit tout sur son passage. Un jour, je n’ai pas rêvé, un jour j’ai croisé deux océans. Et je l’ai aimé immédiatement. Ce garçon que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu auparavant. Je l’ai aimé comme mon frère. Comme personne auparavant. Un amour destructeur, mais j’ai à peine vu le reflet de ses larmes que j’aurais donné mon âme pour le serrer tout contre moi. Je l’aime comme j’aurais voulu que l’on m’aime. Un miroir épouvantable. Il m’a frôlé et j’ai vu le soleil se teindre en noir, j’ai vu les secondes en suspens au dessus de ma tête, j’ai vu un choix se profiler à l’horizon et je dois dire que je n’ai pas hésité une seule seconde : j’ai suivi ce garçon. C’était digne d’une rencontre d’un mauvais bouquin à l’eau de rose, mais peu importe j’ai calquer mes pas dans les siens. Je l’aurais suivi au bout de monde si il le fallait.
Il est devant moi et je voudrais en crever. Notre périple ne nous aura mener nul part et je me dis que ça n’a pas d’importance. Il n’a pas de nom, il n’a pas de vie, il n’a pas d’avenir. Il est comme moi, et je l’aime.

- Bill, c’est ça ? Je crois bien que ç’est depuis le jour où j’ai ouvert les yeux que j’attends.
Et je ne voyais vraiment pas quoi répondre à ce garçon.
- Moi, je ne sais même pas si j’ai un nom. On m’en a donné un à ma naissance, comme tout le monde. Mais tu vois, je ne l’aime pas, il ne me colle pas à la peau. Alors appelle moi Daimon. Je vis ici, tu vois cette jolie maison, ce banc, ces arbres j’habite ici. Il fait peut-être chaud mais j’ai toujours froid Bill. Toujours, j’ai ce vent brûlant qui me glace.
-
- Bill, j’ai froid.
- ...
- Bill, prends-moi dans tes bras.

Et aussi étrange que cela puisse paraître je me suis reculé. J’ai eu peur de sentir son parfum s’entrelacer au mien. J’ai eu peur de sentir ce contact qui ne m’aurait laissé qu’ un goût amer. J’ai eu peur de le sentir comme mon frère. J’ai eu soudainement peur de ce qui m’attendait. Ses yeux n’ont pas arrêté de me fixer. Bleus, bleus, trop bleus bordel. Et j’ai hurlé. J’ai hurlé des larmes qui n’avaient plus le droit de couler, j’ai hurlé mon désespoir, j’ai hurlé ces erreurs passées, j’ai hurlé tout simplement parce que j’avais mal. Je suis au sol, les mains rouges de trop frapper, creuser cette Terre qui ne me convient plus. Mes cheveux m’ont emprisonné la vue et je me suis senti mourir.
Et cette chaleur est venue. Je voulais lui dire de s’en aller. Qu’il était encore temps de vivre pour lui, qu’il le pouvait sans moi, bien loin. Je voulais le repousser et lui dire de semer ses bonnes intentions ailleurs. De foutre le camp bordel.

- Bill, il faut que tu t’accroches. Je voudrais que tu oublies tout. Tu sais, tout. Je voudrais que tu ouvres les yeux et que tu me laisses te guider dans ce merdier. Laisse-moi faire de toi quelqu’un d’heureux. Je veux reconstruire tout ce qui te semble impossible. Bill, tiens le coup, pour moi, pour Tom.
- Ta gueule, s’il te plait. Tais-toi. Je n’en veux pas de tout ça. Je ne te connais même pas.
- Crois-moi, ce n’est pas grave. Si tu me connaissais tu me haïrais. Prends juste cette main, je ne te demande rien. Fais-moi confiance.
- Pourquoi ?
- Pourquoi tu dois me faire confiance ?
- Non, pourquoi tu fais ça.

Il m’a tout simplement sourit. Ce devait faire une heure à tout casser que l’on se connaissait et ce mec m’a offert la vie sur un plateau d’argent. Ma tête à tourné et j’ai vu pour la première fois un espoir à l’horizon. Je n’ai peut-être plus de passé mais voilà que j’ai trouvé une épaule, un frère. J’ai dépoussiéré une partie de moi que je voulais bannir et sans détour je lui ai offert mon cœur.
- Et tu attends quoi ?
- C’est peut-être un peu tôt. Mais après tout, le temps n’existe que parce que tu veux en finir une bonne fois pour toute. Alors Bill, Bill accroche-toi parce que ce n’est pas un joli conte de fée, ce n’est pas ce que tu crois.
Cette dernière phrase je ne la connaissais que trop bien et j’ai voulu qu’il se taise, je ne voulais plus savoir.
- Alors voilà, je suis né un jour de mars, peu importe quand exactement. Pour tout te dire je ne sais plus.
- Je m’en fous. Le résultat en demeure le même, je suis sur cette Terre, là où je ne devrais pas être.
Tais toi.
- Je suis mort né. Je n’ai pas pleuré. Et on me haïssait déjà. J’ai 17 ans et je vais à grand pas vers mes 18 années et dieu seul sait comme j’aimerais avoir le cran de me jeter d’un pont.Ca fait presque 18 ans que j’attends d’en finir Bill. Je suis né dans une famille où il faisait bon mourir. Je suis un inconnu pour tous mais particulièrement pour moi. Je suis un putain fils de bourge, je devrais avoir tout pour être heureux. Mais j’attends de recevoir une claque dans la gueule, ça fait presque 18 ans que j’attends que quelqu’un vienne me hurler qu’il y a pire sur terre et que je suis une sacrée raclure. J’ai presque 18 ans Bill et je n’en peux plus.
Tais toi.
- Il faut toujours tout faire avec classe. J’ai déjà tout vu, tout entendu, tout fait. Et je voudrais que tu me détestes comme tu le fais tellement bien en regardant les passants. Bill, je suis presque majeur et je me drogue jour et nuit, j’ai une fille différente dans mon lit toutes les nuits, je bois à m’en décrocher la tête et je fais tout sauf vivre. Je crève, Bill, je crève.
Tais toi.
- Et toi, tu arrives là avec tes sanglots accrochés à tes chaussures. Tu arrives avec cet air d’allez tous vous faire foutre. Tu arrives et j’ai cru pour une fois pour toute en crever. Mais ce que je ne savais pas bordel. C’est que Bill, toi tu allais pouvoir me faire vivre. Bill, Je suis à vomir, tu le vois ? Tu le vois toute cette crasse accumuler ? Tu vois mes mains trembler de manque de débauche ?
Tais toi. Moi je ne vois que tes yeux bleus. Je ne vois que ça, par pitié tais toi.
- Bill, ça fait 18 ans que j’ai fait plonger tout mon entourage. Bill, ça fait 18 ans que j’ai tué mon frère.
Tu soulèves ma tête, un air de défi s’empare de toi.

Que veux-tu ? Tu veux me prouver quoi ? Se taire. C’était le moment idéal pour te taire bordel. Dans le bleu de tes yeux se livre un combat à mort, la mort. Celle à laquelle je suis confronté. Je voudrais oublier correctement, tu sais. Mieux que ça et avec toi. Tes yeux ne me quittent pas une seule seconde, j’ai si peur maintenant. Cette sensation qui me tue. S’il te plait ne m’abandonne pas c’est trop tard, laisse tes yeux dans les miens, garde ta main dans la mienne. Dans ce monde je ne comprends rien tu sais, je suis Bill Kaulitz pour des milliers de gens ça veut tout dire et pour moi absolument rien, rien. Je voudrais te dire le plus sincèrement du monde que je compatis, mais je n’y arrive même pas correctement, je ne connais que trop bien cette douleur. Je voudrais te serrer fort contre mon torse et te supplier de m’expliquer ce qui te met au bord des larmes. Mais tu vois, je suis bien trop faible, je ne veux pas te voir pleurer. Ou plutôt bien trop égoïste. Je voudrais te dire de ne voir que moi et de tout fonder sur la présence l’un de l’autre. Pourrais-tu être mon frère ? Pourrais-tu combler cet abandon qui creuse sans cesse mon corps, et qui me ronge bien trop ?
Et voilà, que tu pleures sur tout ce que nous pouvons nous dire. Tu pleures et tu me déchires. Ce sont ces larmes qui ne devraient pas exister et pourtant tes yeux sont rouges de trop retenir ces foutues perles. Alors là, par terre entre les gens qui déambulent tu pleures en tremblant et je ne sais plus quoi faire pour refouler les miennes de larmes. J’ai mal, tu le sais ça ? Alors s’il te plait arrête de pleurer.

- Arrête.
- ...
- Bordel, tu vas arrêter de pleurer ?
- …
- Daimon, arrête ça fait bien trop mal.


Personne ne m’écoute, personne. Et tu pleures en silence en ne cessant pas de me fixer, c’est abominable. Je vois tes larmes naîtrent au coin de tes yeux, tes cils qui en emprisonnent quelques unes, tu clignes pendant une fraction de seconde tes paupières et c’est une rivière de larmes qui dévalent sur tes joues. Tu ne sanglotes pas, tu pleures. C’est insensé, je n’avais jamais vu cela auparavant. Il faut le dire je n’avais jamais vu un garçon comme Toi. Cette aura qui t’entoure, tes cheveux châtains qui brillent timidement au soleil et tes yeux. Ton air supérieur, celui d’avoir l’illusion de posséder le plus beau secret au monde entre tes doigts. Et je crois que si Tom n’avait pas été fou il aurait eu le même sentiment que Toi. Tu vois entre deux de tes gestes, je vois mon frère, celui que je voulais faire disparaître lentement de ma tête. L’oublier.
- Bill.
C’était juste ça, mon prénom qui franchit la barrière de ses lèvres. Juste ça. Mais c’était dans un soupir, il aurait pu sonner comme le dernier, il semblait tellement las. Il l’a dit comme personne auparavant, un appel à l’aide et je ne saurais pas dire si c’était lui qui allait me sauver ou bien le contraire, mais peu importe finalement.
- Bill. Je ne pensais pas que ma vie pouvait être pire. Mais je te vois et je me dis que bordel c’est mille fois pire. Pire. Bon dieu, Bill tes larmes noires te vont tellement bien. Bill, regarde de quoi on a l’air à pleurer sous les yeux d’inconnus. Bill, aide-moi à réparer cette faute, libère-moi de cet assassinat. Bill, trouve-moi dans l’ailleurs que personne n’a osé regardé. Je fais tellement peur, les filles détournent les yeux. Je suis un monstre Bill. Bill, je voudrais que tu prennes mon dernier souffle, que tu prennes mon cœur glacé et que tu le fasses battre une ultime fois.
- Je ne suis pas certain de tout comprendre.
- Je voudrais que tu m’aimes comme personne auparavant. Au delà de tout. Je voudrais que tu deviennes mon jumeau qui est mort il y a 17 ans. Bill.
- Redis le moi.
- Quoi ?
- Mon prénom. Redis-le s’il te plait.
- Bill ?
Cette interrogation, cet air suppliant. Tu n’en as pas besoin, je fais déjà partie de ton naufrage. Et on n’en sortira pas indemne. Tu dois le savoir aussi bien que moi. Dans un même mouvement on se lève. Et je peux vous dire à vous tous que le chemin que je prends est loin d’être merveilleux mais il est juste différent. A vous qui n’avez pas voulu voir la noirceur de nos vies, vous qui croyez avoir tout compris je voudrais vous écrire la confession de nos pêchés. Vous qui ne faites pas partie de ma vie, je vous raye. Vous qui tanguez entre deux mers qui me donnent la nausée je vous maudis. Vous qui avez perdu toute fierté je voudrais vous montrez cette main qu’il m’a tendue, je voudrais vous prouvez que c’était tout simplement beau de nous faire crever mutuellement. Parce qu’à chaque fois qu’il dit mon prénom, je me sens vivant et l’instant d’après je coule plus bas encore. Vous qui marchez pendant que nous nous rampons, vous qui riez de tout et de rien et nous qui sourions de toute cette pourriture. Vous qui me dégoûtez. Vous qui détournez les yeux. Nous qui rêvions. Nous.
Je ne saurais dire combien de temps à durer cette mascarade. Entre un matin qui se levait et un soir qui ne semblait jamais vouloir venir. Daimon, de la plus belle façon qu’il soit tu m’as anéanti. Il vivait de jour pendant que je m’appliquais à n’apparaître que lorsque le soleil s’était couché. Il paraît que j’avais l’air inquiétant.

- Pourquoi, je ne peux plus te voir la journée ?
- Je crois que tu aurais trop peur de voir ce que je suis devenu.
- Bill..
- Tais-toi.
- Bill.
- ...
- Bill, pourquoi tu fais ça ? Bill ça fait deux mois que ça dure et c’est de pire en pire. Tu me fais bien trop peur. Tes racines ont poussés, ils sont où tes cheveux ébènes ?
- Et toi Daimon, ils sont où tes yeux bleus ?

Et comment lui avouer qu’en vérité j’avais peur de croiser le vide qui s’était creusé de jour en jour dans ses prunelles ? Comment oser le regarder en face après lui avoir promis monts et merveilles. Constater que ses yeux sont plus rouges que bleus. Ne plus rien trouver en lui ce qui aurait pu me rendre vivant. Daimon, comment t’avouer que tu me fais mal au cœur ?
- Bill, Tu ne m’as jamais demandé comment j’en étais arrivé là.
Je ne veux pas le savoir, c’est simple. Je ne veux pas voir ce sang que tu t’inventes sur les mains.
- Bill, tu ressembles à un cadavre.
Oui, c’était ça, deux cadavres à la dérive main dans la main et c’était tout simplement beau cette déchéance.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:20

Tu sais, Daimon, j’ai toujours aimé écrire et du plus loin que je me souvienne le papier a toujours su déceler mes faiblesses. Je voudrais te dire de fermer les yeux face à tout ce que nous pouvons plus retenir. Je t’en prie, explique-moi les courbes de tes mots invisibles qui s’étendent sur tes cernes. Ecris-moi, hurle-moi, déteste-moi, comprends-moi, attends-moi. Daimon, attends-moi. Où que tu sois, dans n’importe qu’elle contrée, dans une autre vie, dans un autre corps, dans un nouveau souffle. Attends-moi, attends que je t’explique tout ce que je ne veux pas encore moi même comprendre. Tu as pris mes yeux, mon souffle, mon cœur, ma vie et je te le demande à genoux une ultime fois, patiente pour moi, sauve-moi. Je voudrais prendre cette feuille que tu me tends, mais mes mains tremblent trop, excuse ma faiblesse, mes erreurs passés mais surtout à venir. S’il te plait. Je ne veux pas reprendre possession de cet encre, de cette feuille et se découvrir l’un l’autre. Découvrir tout ce que l’on cachait. Tu m’énerves par moment, tu sais. Et le plus naturellement du monde tu es venu t’asseoir à mes côtés sur cette moquette bien trop luxueuse. Être sur un tapis de nuage, en fermant les yeux, peut-être oui. Face à ce rideau fermé. Moi, au milieu de cette pièce à attendre une quelconque consolation. Et tu es venu, cette feuille ce stylo entre les mains et tu avais l’impression de détenir le plus beau secret au monde. Mon dieu, comme tu avais tord. Te voilà face à moi, la langue tirée légèrement sur le côté, en pleine concentration, en train de griffonner cette feuille blanche. Et moi je fais tout pour éviter ton regard, oublier ta chaleur. Ton dos se courbe, tu es maintenant à étendu de tout ton long et tu n’arrêtes pas de me fixer pour replonger dans cette maudite feuille. Inlassablement.
- Dis moi, Bill. C’était quoi qui te faisais vivre ?
-
- Avant.
-
- Moi, c’était le dessin. Tu sais, j’adore ça dessiner. C’est lorsque tu reprends ce crayon oublié sur le coin de ta table de nuit et que tu imagines. Je n’ai jamais aimé dessiner d’après la réalité. Il paraît que j’étais doué. Mais voilà, tu sais, pour moi le dessin c’était un moyen comme un autre de m’évader, m’inventer une vie d’une certaine façon. Tu sais, depuis que j’ai appris que j’avais un cadavre sur le dos, et ce pour la vie, je n’ai plus jamais repris un fusain. C’est beau de dessiner tu sais, être un artiste, un incompris. Moi ça me plaisait.
-
- Avant.
Et c’est là que j’ai compris qu’il n’écrivait pas mais qu’il dessinait. Je risquais de descendre mon regard à ce qu’il gribouillait sans relâche. Encore et encore et encore et encore et encore. Et en ne quittant pas une seule seconde son dessin il a continué me parler.
- Tu sais, Bill. Il faudrait peut-être penser à vivre un peu, maintenant. Ca fait des mois que cette mascarade dure, une éternité.
-
- Tu sais, Bill. J’ai rencontré quelqu’un.
Que l’on me tue. Que l’on m’achève sur place. Que l’on me retire mon dernier souffle. J’étouffe. Mon dieu, j’étouffe. Le voilà avec son fusain, son papier à me déverser ce que lui même ne connaît pas. Il me balance ses bonnes intentions. Me foutre dehors pour pouvoir s’en donner à cœur joie, pouvoir baiser à volonté. Quel con. Mon dieu, quel con. Tu me donnes des leçons de vie alors que toi bordel tu suintes la débauche. Daimon, tu veux que je te dise, tu es vraiment con. Fais-moi croire à une jolie rencontre, le coup de foudre et toutes ces conneries. Foutez-moi dans le premier bateau pour l’Amérique et en plein milieu du trajet balancez-moi par dessus bord. Me noyer dans l’étendue de ces yeux bleus, et crever avec la certitude d’avoir gâché sa vie. Noyez-moi. Tuez-moi.
Il m’a tendu cette feuille. Je ne l’ai pas prise, je ne l’ai pas regardé. J’avais assez de mes démons personnels.
- Comme tu veux. Je continue alors. Mais plus tu attendras et plus ça sera dur. Bill, je t’aime tu sais.
- Pauvre con.
- Tu as certainement raison Bill.
Et mon nom qui sortait de ses lèvres à peine entre-ouvertes était maintenant un supplice.
- Elle est jolie tu sais. Une vraie perle. Et je ne comprends toujours pas comment elle a voulu se trouver dans l’espace de mes bras.
J’aurais pu lui dire que moi aussi je voulais être emprisonner dans ses bras depuis toujours. Que cette chaleur je la fuyais tous les jours. Et que je l’aimais à ma façon bordel. Lui dire, que sa beauté en faisait chavirer plus d’une et qu’elles avaient bien raison. Se retrouver dans ton lit, contre ta peau nue, ce devrait être comme une renaissance, puiser dans toutes ces forces oubliées. Construire un monde juste parce que tes pieds froids ne rencontreraient jamais les miens durant une nuit étoilée. Et cette fille, allait pouvoir dessiner des sourires qui viendront me narguer et tu seras si beau. Daimon, mon Daimon, mon enfer, mon insaisissable bonheur je voulais retrouver un frère et peut-être même plus mais jamais je ne pourrais te l’avouer et maintenant c’est cette plaie béante qui reprend sa place et je me retrouve dans le même état qu’il y a quelque moi à errer comme une âme en peine. Je me voyais déjà avec mon baluchon sur l’épaule, repartir l’air de rien. Sensation éternelle d’abandon.
- Elle s’appelle..
- Je m’en fous. Tais-toi. Je veux pas savoir qui elle est, ce qu’elle veut. Rien à foutre. Lâche-moi, tu veux ? Vas batifoler avec elle, faire semblant d’être heureux. Mais tu veux que je te dise ? Tu ne seras jamais heureux. Tout simplement parce que ce masque quand il tombera, elle voudra en vomir. Dégueuler à ta gueule d’ange. Et avec toi, vous entamerez une jolie descente en Enfer. Et tu sais quoi, je n’ai pas envie de voir ça.
- Bill..
- Je m’en vais.
- Tu es jaloux ?
- Non, pire. Pire Daimon. J’ai envie de me foutre sous un train. Je te jure, j’ai envie de marquer ton visage démoniaque. Te rouer de coups jusqu’à ce que tu me supplies. J’ai envie de te voir pleurer à mes pieds. Envie de prendre mes jambes à mon cou, j’ai envie de m’enfuir et pleurer toutes les larmes de mon corps. Daimon, je t’aime et tu ne sauras jamais à quel point. Tu ne sauras jamais à quel point j’ai mal tout d’un coup.
- Bill. Ecoute-moi.
Et il dessinait avec des mouvement de plus en plus saccadés.
- Bill. Je ne pourrais jamais t’apporter ce que tu voudras, tu comprends ? Je ne pourrais jamais remplacer Tom. Tu entends : Tom ?
Je ne vois pas de quoi, de qui il veut parler.
- Bill. Ne fais pas semblant de comprendre. Ca fait quelque mois, c’est impossible d’oublier 18 ans de sa vie en claquant des doigts. Bill, je vais te raconter une histoire. Notre histoire. Tu veux ? Tu n’as pas le choix. Tu es Bill Kaulitz, tu es né le même jour que ton frère jumeau, Tom Kaulitz. Comme moi, je suis né avec un frère, il est mort pour moi. Il y en a qui devait mourir et c’était lui. Vous aviez tout Bill toi et ton frère. Et même si ça n’allait pas aussi bien que vous le disiez, vous étiez là l’un pour l’autre. Peut-être toi plus que lui. Mais, je te jure ça devait être beau à voir.
- Ta gueule. Bordel ta gueule. Bien évidemment que je n’ai pas oublié ! Je ne vois pas comment je le pourrais. Hein comment ? Je ne veux plus y penser, je veux oublier, j’avais, j’aurais pu avec toi. Pourquoi tu me fais ça, bordel, pourquoi ?
C’est sentir son âme se déchirer sous le coup mortel de la vérité. Tom. Le monde a continué de tourner pendant que j’étais sur ce radeau perdu en pleine mer. A la dérive pendant qu’en vérité Daimon, s’appliquait à remettre des couleurs dans ma vie. Il allait mal, il va mal mais pourtant en face de moi il a repris son fusain comme si il ne s’était jamais arrêté. Et moi, je ne pourrais plus jamais chanter, je ne pourrais plus jamais écrire des mots si il ne les entend pas. Pendant, que j’imaginais un monde dans la douceur de ses sourires, de ce démon. Pendant que je crevais de ses silences, Daimon partait à la conquête d’un monde. Et je crevais de voir que l’on m’avait que trop bien obéis et que personne, mon dieu personne n’avait essayé de me retrouver.
- Bill, tu as été le plus beau modèle à dessiner, tu sais.
Il est partit est face à moi deux dessins. Le premier : Moi, accroupis, la tête penchée et les yeux perdus. Moi et mes cheveux en bataille, moi et mes silences incrustés dans les pores de ma peau. Moi dans toute sa splendeur, moi comme on n’avait jamais osé me voir.
Et le deuxième, je voudrais en mourir sur le coup. Tom dans toute sa splendeur. Tom, et ses yeux goût d’ailleurs. Tom. Mon Tom.
- Bill, il est temps de vivre, tu sais. Et sans toi je ne pourrais tout simplement pas.
Et c'était comme si il nous connaissait depuis toujours. Et avec ses coups de crayon, il a dévoilé nos faiblesses.
J’ai pris ce fusain et sans trembler j’ai écris sur le coin de cette feuille « Tom ». Et je vous jure que c’était comme revivre. C’était comme retrouver le souffle entre deux le « T » et le « M ».

C’était tout simplement retrouver un sourire égaré entre deux consonnes.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:21

[ Tom. ]

L’air est plus glacial que d’habitude, c’est ainsi et je n’ose pas savoir pourquoi. J'entends déjà vos murmures me traitant de lâche. J'entends vos souffles qui se coupent sous le dégoût. Je le sais bien, mais je suis fou, alors finalement ce à quoi je pense a perdu nettement de son importance. J'ai mal de ces prises de conscience. Et je voudrais encore me perdre dans mes tourments. Je pourrais les peindre si j’avais eu un quelconque don pour le dessin, on ne peut pas tout avoir, paraît-il. Je n’aime pas cette politique. Tout avoir, tout serrer dans le creux de mes mains et être le roi du monde. Et ce monde je pourrais le décrire. Ce monde il a les yeux bleus et l’éternité entre deux de ses mouvements. Cet univers utopique n’a la prétention d’exister que parce que quelque part elle a su trouver les points de non retour de mon être. Ce sont ses cheveux dorés que j’imagine un soir de pleine lune. Cet ailleurs dont personne n’a accès c’est Elle. Et depuis que je suis né Elle fait partie de moi, Elle est moi. Appelons cela schizophrénie mais je préfère encore le terme de fou. Je me plais à croire que quelque part sur cette Terre, elle expire l’air plus qu’elle ne l’inspire. Je rêve d’Elle et jamais je ne pourrais avouer que le soir venu c’est à Elle que je parle sans cesse, jusqu’au bout de la nuit pour que jamais elle ne me laisse. Que jamais elle ne m’abandonne. Je torture mes doigts, assis sur cette chaise je la vois accroupie tranquillement en face de moi sur ce lit. Ce lit de mes milles et une tortures mentales, de ces envies inassouvies. A mes désirs inavouables, te faire exister juste une fois. Si Dieu existe, prends cet appel à l’aide que je te hurle tous les soirs, donne une chaleur à ses bras, que ses pieds touchent le sol, qu’elle cesse de flotter dans le flux de mon imagination. Je suis Tom Kaulitz et dans cet élan de lucidité je voudrais me jeter par la fenêtre. Trop de conneries qui s’accumulent sur ma peau, trop de souffrance, trop de baisers inexistants sur mes lèvres. Mon dieu, je crève des silences qui ne sont que nos paroles entre deux notes d’un violon enragé. Si c’était une partition ce serait cet air de violon et je m’en saoule à n’en plus pouvoir.
- Tom, tu n’es pas comme d’habitude.
- C’est normal, enfin je crois. Je ne sais pas, j’ai un mal de tête carabinée. Tu en penses quoi ?
- Je crois, tout simplement que tu relèves la tête.
- De quoi ?
- Tom. Ecoute-moi.
- Non, je ne vois pas l’air manque plus que d’habitude pourtant tu es là en face de moi et tout devrait aller pour le mieux. Je vois l’étendue de tes yeux bleus et je voudrais m’y perdre comme jamais. Mais ce soir c’est différent. J’ai si froid.
- Il te manque c’est tout.
- Il ?
- Bill.

Je voyais cette lueur triste dans ses yeux, sous le coup de cette révélation elle avait l’air tellement plus mal que moi, et si seulement j’avais pu détourner correctement ces sentiments qui m’assaillent et si cette mèche de cheveux avait été réelle j’aurais pu lui mettre derrière l’oreille et l’embrasser sur la tempe. Comme si cela avait toujours été, comme si cette folie dans laquelle je me perds tout en étant conscient avait pu me libérer. Mais comment faire lorsque ce mirage vit avec vous depuis 17 années. Et bordel, j’ai eu le temps de la détester mais particulièrement de l’aimer. Et je pouvais tenir le coup parce que je la voyais et j’avais le droit de lui sourire, et ce n’était pas le vide que je vénérais toutes ces années c’était son impitoyable présence qui me rappelait sans cesse ma condition, disons-le, anormale. C’est Elle qui a guidée mes mains de la plus belle façon qu’il soit lorsque je touchais pour la première fois une guitare, c’était tout simplement Elle ma passion, mon instrument à cordes, mon instrument de vie. Et je peux dire sans mentir qu’elle m’a tout appris. Elle a grandit avec moi, j’ai pleuré dans ses sourires et tel un grand égoïste j’ai gardé notre relation secrète. Comment expliquer que lorsque j’étais sur scène, elle était là juste devant moi, assise par terre à me regarder jouer ? Et je vous le jure je pouvais lire les notes dans ses yeux et c’était tellement vivant. Parfois elle se levait et elle m’embrassait doucement sur la joue et je souriais, bordel je souriais. Son aura m’entourait et ainsi j’aurais pu décrocher la lune si elle me l’avait demandé dans le creux de mon cou. Et à cet instant j’avais tellement peur qu’elle s’en aille.
- Tom. Tu sais, j’ai appris à t’aimer. Peut-être pas de la meilleure façon qu’il soit. Mais Bill, lui il a su être là pour toi à tout instant. Et tu sais cet air glacial ce n’est pas parce que mes bras ne viennent pas t’entourer c’est tout simplement parce que Bill n’est pas là pour te relever.
- Je ne tombe jamais.
- Menteur.
- Et alors ?
-
- Il est où ?
- Qui ?
- Bill.

Je crois en vérité que je ne voulais pas le savoir. Je ne le voulais pas. Je voulais tout simplement rester avec elle pour l’éternité. La contempler encore et encore, jusqu’à maintenant ça m’avait suffit. Les parties de cache-cache dans les bois, à notre âge c’est fini. Les parties de loup glacé. L’adolescence, alors maintenant en face l’un de l’autre, nous attendons la fin. Ne cachons pas la vérité, ma fin. Et..
- Tu as ouvert les yeux. Non en fait. Je veux que tu détournes les yeux de mon regard, juste une fois. Et regarde ce manque, cette absence qui te ronge sans t’en rendre compte.
- Non.
- Arrête maintenant, Tom. C’est la fin. C’est fini.
Et comment lui dire que j’avais peur de retrouver sa place vide, remarquer que les draps ne seraient même pas froissés par son passage, que les feuilles qui tourbillonnent grâce au vent ne me fera pas signe de sa prochaine apparition ? De ne plus avoir cette illusion de t’avoir tout près de moi, quand tard dans la nuit je consens à fermer les yeux. J’ai pris un stylo qui se trouvait près de la fenêtre, en ne quittant jamais ton regard. Je voulais m’en saouler comme si c’était la dernière fois, comme si j’allais en mourir de ton départ, de ton adieu.
- Je veux encore sacrifier ma vie pour Toi. Ne m’oblige pas à regarder une nouvelle fois ce monde. S’il te plait. Ne me force pas à reposer mes yeux sur cette connerie humaine. Laisse-moi être fou avec Toi, pour Toi.
- Tom.
Je savais que c’était peut-être l’ultime fois qu’elle prononcerait mon prénom et j’aurais voulu en pleurer. Sincèrement. Mais rien. J’ai tourné la tête et c’est le monde qui s’est effondré. J’ai découvert dans le plis de mon rideau le sang de ces enfants du monde entier, j’ai vu entre deux planches de mon sol des cadavres gisants, à l’ombre de ma table de nuit est apparu les mensonges de l’humanité, et entre mes doigts un stylo cassé, en deux parties. J’ai perdu le sens de la marche en même temps que j’ai perdu le reflet de ses yeux. J’ai perdu le chemin à suivre, puisque c’était toujours elle qui m’avait guidée. Et comme je l’avais prévu elle n’était plus là. Et d’un coup j’ai senti le poids des années m’accabler. Et je voulais en mourir, pour la première fois.
- Adieu, Manon.

Et je t’aimais comme un fou, tu sais. Et c’était bien là mon seul pêché.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:22

[ Bill. ]

Je pouvais sourire sans craindre d’être vu, puisque durant mes journées j’étais définitivement seul. Daimon partait tôt le matin pour ne revenir que tard dans la soirée. Et il fallait bien que je me rende à l’évidence, ma présence ne semblait plus lui suffire. Un terrible sentiment d’injustice m’a terrassé, et je vous jure mon sourire s’est effacé au bout d’un moment. Rien n’est immuable et hélas j’en ais encore la preuve. Et voilà une semaine que j’attends comme tous les jours sa brève visite lorsqu’il rentre pour constater que je n’ai pas bougé. Il ouvrait doucement la porte pour la refermer aussitôt. Ca faisait tout simplement une semaine que je n’avais ni entendu sa voix, ni vu son visage. Puisque j’étais toujours dos à la porte en faisait face à cette fenêtre aux rideaux définitivement fermés. Et c’était mes journées dans le noir où je me maudissais de n’avoir toujours pas eu le cran de me casser. Pour enfin retrouver Tom mais je n’ai pas pu me résoudre à laisser cet endroit, à quitter Daimon pour toujours. Mais apparemment cette mascarade ne devait pas durer indéfiniment. Puisque au bout de sept longs jours et je ne sais combien d’heures j’ai entendu la porte du bas claquer bien plus tôt qu’à l’habitude. Des murmures me parvenaient, et le bruit dans l’escalier était double. Tu revenais et tu n’étais pas seul, si je n’avais pas eu peur de m’écrouler je me serais caché derrière le canapé. Des rires qui me martèlent de la pire façon qu’il soit. Les pas se sont arrêtés devant ma porte, et je priais le ciel pour que je n’entende pas le cliquetis de la porte.
Perdu.
La tête entre mes mains, je me demande quand tout cela va cesser. Suis-je devenu une bête de foire ? Mon dieu. Le grincement de la porte qui s’ouvre plus que de coutume et je me mets à espérer qu’il ne s’agit que de la visite habituelle.
Encore perdu.
Des pas précipités qui se dirigeaient vers moi, non il ne s’agissait pas de Daimon. Et moi je gardais la tête obstinément baissé. Le bruit sec des rideaux que l’on ouvre et finalement un bruissement et un corps assis en face de moi.
- Mon dieu.
Et je vous jure je ne voulais pas répondre à cette fille.
- Oui, c’est la réaction que je provoque en général chez la gente féminine.
- Bill, c’est ça ?
- Plus ou moins.
- Je comprends.
- Je ne crois pas, non.
- Explique-moi alors.
Et je vous jure que je ne voulais pas lui expliquer et encore moins qu’elle comprenne. Après tout, je ne la connaissais pas.
- Je suis Bill. Bill Kaulitz. Ancien chanteur dans un groupe de rock allemand. Ne fais pas semblant je suis sûre que tu me connais, mieux que moi même.
- Peut-être.
- Et c’est tout. Plus pour toi et rien pour moi. Raconte-moi ces derniers mois.
Finalement qu’avais-je à perdre de plus ?
- Un scandale énorme. Des larmes, une incompréhension générale, le mutisme, Tom, Gustav et Georg et puis le néant de vos vies comme si vous n’aviez jamais existés.
Et je ne voyais vraiment pas quoi rajouter. Une vérité trop flagrante, je n’existais que sous le feu des projecteurs. Et là devant cette fille, je me suis mis à sangloter comme un gosse. Je m’attendais à une réaction différente ou justement un manque de réaction de sa part, mais encore fois je me suis trompé. Un bruit sec, une main qui s’écrase sur ma joue.
- Tu n’as pas le droit, bordel. Tu n’as pas le droit de crever comme ça. Tu n’as pas le droit.
Et vous savez quoi, elle aussi elle pleurait.
- Bill. Bill. Bordel fais quelque chose mais ne reste pas comme ça. Lève-toi et regarde le monde qui continue de tourner sans toi. Tu sais personne ne s’arrêtera encore si c’est pour te voir sombrer comme tu le fais. La terre tourne et bordel elle ne se stoppera plus pour toi. C’est maintenant ou jamais. Tu m’entends ? Bill. Vis. Bordel. Vis. Sans Toi on ne pourra pas, c’est trop tard. Alors, fais quelque chose par pitié. Sèche tes larmes et vis.
Vis. Vis. Et tout droit sortis de cette bouche se pouvait être tellement évident. Vis à t’en faire exploser le cœur, à t’en décrocher les tripes. Mais vie, crétin, vis pour deux, pour trois, pour Toi. Et le monde peut aller se faire foutre, ignore le regard des passants et vis. Bordel vis, comme si tu étais le seul, comme si quelque part, une personne pourrait tomber amoureux de tes sourires.
- Bill. C’est bientôt.
- De quoi Daimon ? Quoi donc ?
- Non, tu n’as pas compris, je te présente, le demain insaisissable. Elle c’est Soon. C’est bientôt et tu vois tout devient possible.

J’ai levé la tête. Et vous savez, ils étaient maintenant les deux devant moi, la ville en arrière plan et j’avais l’impression de voir deux âmes qui saignent, mais ensemble. Et moi aussi, j’aurais voulu tenir une main aussi fermement qu’ils le font. Sans savoir comment je me suis retrouvé debout. Un de chaque côté. Et sans m’en rendre compte me voilà dans les rues à dévaler les trottoirs, à baisser les yeux obstinément. Le regard toujours entouré du cadavre d’un ancien maquillage de plusieurs jours, ça ne devait pas être beau à voir. Vraiment.
- On va t’emmener voir quelqu’un. Tu verras.
- Qui ?
- On ne sait pas. C’est le hasard de la vie. Les numéros du loto. Qui peut dire ? Ca sera peut-être dans 10 ans, dans 10 minutes. Mais finalement, tu verras, à force de te porter à moitié on finira bien par t’emmener voir quelqu’un, un passant, une lycéenne. Peu importe. Crois-moi.

Et ils m’ont laissé au milieu d’un parc à côté d’un banc. Je me suis laissé tombé sur ces quelques planches, la tête rejetée en arrière à regarder le ciel.
- Elles sont belles tes larmes.
- Pardon ?
- Je disais : elles sont belles tes larmes.
- Je ne comprends pas, mais merci.
A croire que ça ne pouvait pas attendre. Elles me parlaient sans cesse et pourtant moi j’avais toujours l’image de Daimon dans ma tête. Cette cruelle vision qui ne voulait pas me lâcher « Crois-moi ». Mais ce n’est pas aussi simple, et toi crois-moi. J’ai le mal de mer, accroché vif sur ce radeau et je n’ai plus rien à dégueuler, alors les larmes s’en chargent. C’est ainsi, et cette fille qui ne veut pas se taire, et cette fille qui observe mes larmes comme moi j’avais pu le faire avec Tom. Je ne l’écoute pas. J’ai dans ma vie, bien assez à faire. Tom. Daimon et dorénavant je savais que ça ne serait pas sans Soon, et vous savez quoi ? Je n’arrivais même pas à la détester comme il le fallait. Elle avait dans ses yeux cet éclat majestueux qui impose directement ses limites. Croyez-vous possible qu’ils puissent s’aimer ? Ce sentiment incontrôlable et tellement –disons-le- pathétique par ces côtés doucereux. Et ici, naufragé je sens cette solitude plus que jamais. Je te hais. Tout le monde et personne à la fois.
- Je te hais.
Il fallait que ça sorte. Un murmure pour peindre un sourire. Oui voilà, Toi. Toi je te hais.
- Tu sais, c’est étrange mais venant de toi, c’est tellement doux.
Pour la première fois je tourne la tête vers cette inconnue que j’avais d’ailleurs oublié pour constater que ses joues ont pris la même couleur que ses cheveux. Rouges. L’air qui s’engouffrait dans ses cheveux courts. Rouges.
- Encore une romantique, génial.
Pardonnez-moi mais je n’ai jamais su y faire avec les filles.
- Non. Non. Ce n’est pas le terme que je pourrais employer juste rêveuse. Oui voilà rêveuse. Ne t’y méprends pas Bill. Je ne t’idolâtre tout simplement pas. Je voulais juste constater l’ampleur des dégâts. Je voulais être beaucoup plus cruelle comme toi tu avais pu l’être pour moi auparavant. Je crois tout simplement avoir retrouvé mes rêves accrochés à tes cils, et avec tes larmes c’e sont mes mots qui pourraient vivre une fois pour toute.
Je vous jure que je n’avais jamais vu cette fille. C’était bien la première fois, sinon je m’en serais souvenu. Comment oublier ? Oui, comment. Mais ça, je ne veux tout simplement pas y penser. Je ne la connais pas et c’est bien pour cela que mon cœur s’affole. Et je décidais de la détester.
Mais ce que je ne savais pas de cette fille c’est qu’elle avait un nom qui glissait sur le palet, trois petites lettres pour bouleverser ma vie.
Je ne savais pas que cette fille était tombée sous le charme de mes larmes. Je ne savais pas qu’elle était mon présent.

Et puis un vertige. Nao.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:23

Je voudrais pouvoir vous hurler mes sentiments le plus naturellement du monde. Vous savez avec ces sens que l’on n’ose à peine dévoiler. Vous savez comme vous le faites, finalement, si bien. Mais c’était à croire que ma vie ne devait pas être calquée sur la votre, et à cet instant je ne sais vraiment pas si je dois en rire ou bien en pleurer. C’est vrai, après tout pourquoi suis-je condamné à avancer à reculons ? Comme si cela était normal. Mais moi je voulais tout simplement vivre, un peu mieux. Je voudrais juste un instant fermer les yeux sur ce monde pour pouvoir les rouvrir et me perdre dans ses yeux bleus. Daimon. Mon dieu, je suis captif de ton image, libère-moi. Donne-moi cette liberté que j’aime, que j’attends, qui n’existe même pas. S’il te plait. Donne moi cette illusion à travers tes yeux, et emporte-moi. Emporte-moi où que tu ailles.
Je voudrais que cette liberté vienne un jour sonner à ma porte. Le problème c’est que je n’ai pas d’adresse, pas de maison. J’ai juste un nom que je traîne comme un fardeau, inlassablement. Ce nom. Et je vous jure que je donnerais tout pour l’échanger une seule journée ce foutu nom et tout ce que cela engendre. La liberté de pouvoir respirer sans se demander quand l’air ne pourra tout simplement plus polluer davantage mes poumons. Oui. Je voulais juste en vérité avoir le droit de vivre et vous voyez je ne peux pas. J’ai cette torture qui me lacère le cerveau, et de l’intérieur, de mon point de vue ce n’est tout simplement pas beau à voir. J’ai appris à voir la décadence de ce monde, tout simplement parce que Tom avec ses yeux voyaient tout ce que je ne pourrais jamais voir et j’en crevais. Je vous jure, j’en crevais de ne pas pouvoir tout partager avec lui. Oui, je l’aimais trop. Je le sais trop bien mais c’est ainsi. Et je l’aime comme il n’est peut-être même pas permis. Et bien plus encore mais ça c’est autre chose.
Et je voulais pouvoir regarder Tom dans les yeux et m’y noyer. Oui tout simplement, vivre avec ses démons, vivre avec sa folie. Mais ce que je ne savais pas c’est qu’il vivait tout simplement lui. Vie avec un grand V. Je ne sais pas ce qu’il voyait durant ses journées mais vu ses sourires je ne pouvais en être que jaloux. Qui peut me comprendre ? Si vous avez un jumeau, cette folie entre vous, ce besoin, ce lien alors oui peut-être. Mais je le sais bien que c’est un cas unique et pour tout dire je m’en fous. Je m’en fous parce qu’il a toujours mieux compris que moi et je crève de voir que mes absences ne lui font pas aussi mal qu’à moi. Il me manque finalement son air de fou. Cet air de déluré, cet air de ne rien comprendre à la réalité. Il a tellement su puiser les ressources hautes en couleurs de ce monde que je ne vois pas comment je ne pourrais pas m’embourber dans le noir et blanc. Si l’air est si gris, si les nuages sont noirs, si les sourires s’évadent c’est parce que lui il les volent. Tout ça c’est sa faute finalement.

Tom. Un jour je voudrais te faire comprendre ce que c’est d’être moi, juste une fois.
Tom. Un jour je voudrais te faire comprendre ce que c’est d’être derrière ton ombre, juste comme ça.

J’avoue à qui veut bien l’entendre qu’en ouvrant les yeux sur ce banc j’espérais croiser ses yeux. C’est idiot, mais voilà je le voulais tellement. Ce n’était pas ses yeux et j’en aurais hurler de frustration. Je voulais dénicher entre ses cils le mode d’emploi, et vivre. Et sans réaliser véritablement c’est dans les yeux de Nao que je me suis perdu et pendant une fraction de seconde j’ai désiré ne jamais en revenir. Mais pour ça, je ne suis tout simplement pas prêt. J’ai l’odeur de Tom pleins mes vêtements alors qu’il n’est pas là. J’ai le parfum de Daimon qui embaume mes cheveux, et je ne sais tout simplement plus comme m’y prendre avec tout ce merdier. Et toi Nao, toi petite fille tu saisis ma main comme pour te raccrocher à cette corde, pour partir ensemble sur l’océan de mes rêves brisés. Tu serres mes doigts si fort, comme si j’allais disparaître et peut-être bien que ça aurait pu être le cas. Ma tête tourne Nao, tu sais et toi tu es là à me redonner la cadence entre ces visages anonymes que nous ne connaîtrons jamais.
Nao, je voulais te remercier, mais ça c’est impossible. C’est impensable parce qu’avec nos doigts enlacés tu crées un lien avec ce monde et je t’en veux finalement. De me rattacher à tout ce que je ne désire plus, lâche ma main s’il te plait. Fais-moi cette faveur, Nao lâche ma main. Laisse-moi partir, je suis tellement fatigué de tout ça. Comprends-moi. Ne vois tu pas mes démons devant nous qui se marrent et qui s’amusent à me voir au bord de la capitulation de ta chaleur contre moi ? Tu ne vois donc pas ces fantômes qui m’appartiennent qui vont s’en donner à cœur joie de ce nouveau lien. Laisse-moi m’évanouir dans cet ultime vertige. Nao. Nao. Ne me laisse pas le temps de réfléchir, je crois que je vais vomir si ça continue. Je ne peux tout simplement plus soutenir ton regard et pourtant je sens encore ces effluves de ta rancœur. Et tu sais, je crois bien que nous nous haïssons de la plus belle façon qu’il soit. Je ne sais pas ce que tu me reproches et je voudrais ne jamais le savoir.

Nao, si tu dois garder ma main dans la tienne guide-moi à ma liberté.
Nao, si tu dois rester à mes côtés guide-moi à cette délivrance.

La nuit est tombée, il est temps pour moi de m’effacer. Sans un bruit je me lève, ta main retombe lourdement sur le banc. Et je pars sans me retourner, sans te regarder, sans te parler. Je ne suis pas sûr de comprendre tes jolis mots Nao, je ne suis pas capable de lire entre tes lettres. Je n’ai déjà pas su lire entre le sourires de Tom et le bleu des yeux de Daimon. Alors, je pars comme ça sans un mot, comme un voleur. Je marche et les lampadaires s’allument sur mon passage, il est bien trop tard pour m’indiquer mon chemin. Les rues se vident et moi je marche en direction d’une cabine téléphonique. Je glisse les quelques pièces dans la machine, mes doigts tremblent face aux numéros que je connais par cœur. La sonnerie me fait louper un battement, je ne respire plus et j’espère que personne ne répondra.
- Oui ?
-
- Il y a quelqu’un ?
- Je…
- Bill ?
- Oui, c’est moi.
- Reviens.

Et vous savez quoi, Tom voulait me revoir et j’en aurais pleuré.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:24

Pendant un instant, une éternité je me suis demandé si j’avais rêvé. Mais non, il avait tout simplement raccroché et moi je gardais le combiné dans la main. Et vous savez quoi ? Ce sourire je le croyais immuable. C’est ce genre de simplicité qui embaume complètement, je souris et c’est bon , la Terre peut s’arrêter de tourner. Je sors de cette cage transparente et je remarque que je n’étais pas seul. Non Elle était là, mais moi je m’en foutais vous savez. Tom voulait que je revienne et j’ai senti le poids de mes rancœurs, j’ai senti s’envoler le poids de ces années inavouables ou je portais son nom comme le pire des secrets. Et pendant un instant, je vous le jure j’ai cru à des jours meilleurs. Ca ne semblait pas si compliqué que cela.
Je n’ai pas eu la force d’hurler à m’en décrocher les poumons, je n’ai pas eu le courage de dégueuler à ce trottoir à quel point je pouvais me sentir vivant. Et cette fille, cette abominable inconnue qui ne savait plus si elle devait rire ou pleurer.
- Sois heureux Bill.
J’ai pris sa main comme la plus belle direction et nous avons couru. Il semblait évident qu’elle ne voulait pas me suivre mais moi je m’en foutais. J’avais l’impression de détenir une part infime d’Espoir et je voulais m’en saouler, me faire tourner la tête. Sans véritablement m’en rendre compte j’ai lâché sa main et j’ai continué à marcher sur quelques pas. J’ai vu le sourire de Nao et j’y voyais les larmes de Daimon.
- Tu viens ?
- Je ne sais pas.
Je n’avais plus de temps à perdre. C’était avec ou sans elle. J’ai reculé de quelques pas et cette fois ce sont dans ses yeux dans lesquels j’ai échoué. Elle me suppliait du regard, et moi je suppliais que l’on vienne me chercher. Nous devions être au milieu de la route et je l’ai embrassé. Cette fille pouvait être n’importe qui, elle pouvait avoir toute une vie derrière elle mais je l’ai embrassé. Je n’ai pas cherché à comprendre pourquoi mes lèvres avaient ce besoin inassouvi de se puiser aux siennes. Je l’ai embrassé et c’est bien tout ce qui importait au final.
- Au revoir Nao.
Et je pensais sincèrement que c’était le plus bel adieu que je pouvais lui donner.

Maintenant, lorsque j’y repense assis dans ce bus, je me demande si c’était mon imagination ou si elle avait véritablement pleurer dès que j’avais tourné le dos. Si le bruit de ses sanglots n’étaient qu’en vérité le bruit de mes santiags qui attaquaient fièrement le goudron. Je pose ma tête contre la vitre en regrettant de ne pas avoir vu une dernière fois Daimon. Juste une, même si pour cela je devais voir Soon accroché à son bras, et vous savez quoi elle avait bien raison de ne pas vouloir le lâcher. Je pars en direction d’un avenir incertain tout en ne sachant pas que c’était le passé que je traînais derrière moi, et que tout ne faisait que commencer.
Le bus a commencé à démarrer pour s’arrêter aussitôt, à croire que je ne pouvais pas partir tout simplement. Comment vous faire comprendre mon incompréhension lorsque Soon est venu à côté de moi pour me donner une lettre ? Comment vous expliquer le poids qui se faisait ressentir lorsqu’elle est repartie ? Je tiens entre mes doigts cette enveloppe blanche, immaculée de mes noires pensées. Le paysage défile sous mes yeux et j’ai peur de ces vérités entre mes doigts. Lorsque la ville disparaît je décide enfin à l’ouvrir, doucement, tout doucement.
« Bill, très cher Bill.

Tu ne me connais pas et je ne sais pas si c’est un bien ou un mal. Et pourtant moi, je te connais sur le bout de mes dix doigts. Daimon, m’a tellement parlé de toi tu sais. Si je n’avais pas tenu aussi fermement sa main dans la mienne j’aurais pu croire qu’il était tout simplement amoureux. C’est certain, il t’aime mais pas de cette façon là. J’ai vraiment eu du mal au début à comprendre, je crois que j’étais jalouse. Ses yeux brillaient tellement lorsque qu’il prononçait « Bill ». C’était juste ça et il semblait en vivre, j’étais affreusement jalouse. Oui, c’était le mot. Que l’on me pardonne. Oui, Bill pardonne-moi d’avoir espéré que Daimon t’oublie. Je l’ai désiré si fort, je n’ai pas dormi durant des nuits, en sachant qu’il était non loin de toi et moi je tremblais de son absence glaciale. Il ne pouvait pas te laisser seul trop longtemps. Comprends-tu Bill ? Il t’aime n’en doute pas, pas une seule seconde et moi, je voyais ses yeux qui recherchaient sans cesse une bribe de toi dans le paysage de ma chambre et comme à chaque fois il tombait sur ce fichu disque. Et si seulement j’avais arrêté sa main lorsqu’il l’a pris entre ses doigts cet album. Il tremblait, il tremblait et mon dieu je ne savais plus quoi faire. La vie explosait entre ses phalanges et je pensais sincèrement qu’il allait en mourir. A partir de ce moment tout est allé bien trop vite, je me souviens qu’il n’a pas hésité une seule seconde à l’écouter. Il t’as appris Bill, tu lui as raconté ta vie, tes souffrances, tes silences dans ta voix à présent éteinte. La fin du monde ne semblait plus si lointaine lorsque les yeux bleus de Daimon ont hurlé de frustration. Il aurait voulu te sauver beaucoup plus tôt. Oui, car la vérité c’est qu’il ne t’avait jamais entendu murmurer au monde entier tes espoirs à travers tes chansons et je me suis demandée comment il avait fait pour pouvoir en survivre. Il a pleuré, il a pleuré. Il a pleuré toutes ces injustices qui semblent ne jamais vouloir te lâcher. Il a pleuré pour une entité et que l’on te donne le bonheur sur un plateau d’argent. Il a pleuré de ne pas pouvoir te redonner le goût de la musique. Il a pleuré. Bill, il t’aime. Bill. Tu n’as jamais été seul. Ne le vois-tu pas ? Les accords de Tom t’ont toujours guidé, ne le comprends-tu pas ? Lorsque tu chantais tu entendais toujours le doux ronronnement de la guitare de Tom. Dans tes silences c’était notre amour qui hurlait en voulant combler le vide abyssal de ta vie. Bill, on voulait juste t’aimer tu sais, nous les fans sans importance. Juste t’aimer, égoïstement peut-être, mais juste t’aimer. Et à présent je me rends compte que nous t’avons tué, mon dieu pardonne-moi Bill. Pardonne-moi d’avoir été aveuglé par toutes tes jolies paillettes. Pardonne-moi d’avoir oublié à quel point tu pouvais être humain. Pardonne-moi pour toutes ces filles qui n’ont jamais compris et qui ne te comprendront jamais. Pardonne-moi pour tous ces cris qui t’ont blessé, pour toutes ces larmes qui te noyaient d’impuissance. Pardonne-moi de tous ces remords que nous t ‘avons déposé dans le creux dans tes mains. Tu n’y es pour rien, nous n’avons pas voulu voir entre deux de tes sourires, nous n’avons pas ce courage tu sais. Bill, t’aimer. Aimer. Aimer comme on aime le soleil qui se lève, aimer comme on voudrait que l’on nous aime. Aimer comme une ultime interdiction. T’aimer parce que finalement il ne nous restait parfois que ça. Sauras-tu me pardonner pour toutes ces idiotes qui ont cru voir un avenir en toi ? Pardonne-nous notre ignorance, pardonne-nous de croire qu’un beau jour tu aurais pu nous aimer un centième de ce que nous nous ressentions. Bill pardonne-moi, pardonne-nous, pardonne Daimon mais surtout pardonne-toi. Prends nos sourires comme le plus beau des cadeaux, prends mes mots comme le plus bel aveux du monde. Prends Nao avec toi et va faire vivre Tom. Je t’en prie. Laisse-moi faire mon égoïste une toute dernière fois et fais vivre Tom. Tom, mon impossible, mon péché, mon absolu, mon ange, mon incontournable, mes premières larmes, mes premiers espoirs, mais jamais mon Tom. Fais-le vivre puisqu’au fond de moi même vivra toujours une part de Lui et jamais ô grand jamais je ne pourrais l’avouer à qui que ce soit à part toi. Ne crois pas que Daimon ne compte pas pour moi, loin de là. Mais tu vois, ce guitariste fait partie d’une rêve, de mon rêve d’une utopie intouchable et que je ne veux même plus atteindre. Je l’ai trop aimé, comme d’autres avant moi, comme d’autres avec Georg, Gustav et toi. Pars et surtout ne regrette rien d’hier ou d’aujourd’hui parce que tu sais nous serons amenés à nous revoir et jamais nous pourrons t’oublier. Bill, tu es exceptionnel et je voudrais te donner mes yeux, mon passé pour te faire comprendre l’importance capitale de tes soupirs. Et c’est vrai que lorsque ma plume glisse silencieusement sur ce papier je sens les larmes couler. Bill. Bill. Bill. Bill.
Je voudrais qu’un jour tu comprennes les espoirs que tu as déposé dans nos yeux émerveillés. Durant des concerts tu rythmais nos cœurs à l’unisson mais tu vois, mon cœur ,lui, ne battait tout simplement plus. Bill, je voudrais que tu ne regrettes rien, que tu arrêtes de vouloir toujours tout saisir, je voudrais que tu vives en vérité.
C’est le silence de mes mots que tu ne connaîtras finalement jamais. Prends ce silence et construis une vie que tu mérites.

Soon »

Si je n’étais pas assis j’aurais pris mes jambes à mon cou et cette fille je l’aurais serré dans mes bras si fort. Fort. J’ai le vertige de ces lignes blanches le long de la route, j’ai le vertige d’un espoir infime, j’ai le vertige des paysages que je reconnais, j’ai le vertige d’une solitude qui se barre en courrant, j’ai le vertige de respirer, j’ai le vertige de ne rien vouloir regretter, j’ai le vertige de la musique, j’ai le vertige de la vie, j’ai le vertige d’une vie qui semble vouloir m’aider, j’ai le vertige des lettres de Soon, j’ai le vertige de ces larmes qui ne couleront plus jamais. Je voulais hurler dans ce bus le vertige d’un bonheur qui s’offre à moi.
Le vertige du bus qui s’arrête. Le vertige de Tom devant moi. Le vertige de notre amour. Le vertige du monde qui s’arrête à nos pieds.

Et surtout le vertige de nos corps qui s’enlacent.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:26

[ Tom ]

Le monde a cessé de tourner à mon allure et mon dieu toute cette débauche finira par me rendre aveugle. Trop embourbé dans mes Espoirs je ne m’étais encore jamais rendu compte comme cette planète pouvait être détestable, et moi plus encore. Je ne voudrais pas l’avouer, pas le croire mais c’est tellement difficile de passer à côté maintenant. J’ai tout fondé sur l’éclat de tes yeux, j’ai tout fondé pour qu’un jour tu puisses me détester, que tu puisses être tout simplement humaine. Un désir passionné, un souhait et je sais bien qu’à présent je n’ai fait que reculer en gardant les yeux bien fermés puisque jamais tu ne seras à mes côtés.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Je ne t’appelais pas Folie, ni même Manon. Non tu étais autre chose de plus fort, plus intense et que j’espérais plus sincère. J’en doute, je doute tellement de cet air, de ces êtres vivants, de ces émotions, de ces impasses, de l’absence de Bill. Donnez-moi la force pour me faire pardonner, donnez-moi cette délivrance. Le téléphone a sonné et j’aurais mis ma main a coupé que c’était mon frère, on peut mettre cela sur le compte de notre lien indestructible. Et que l’on me laisse rire de ce préjugé, non. Qui aurait dû, puisque je peux l’avouer il ne comptait pas tant que ça pour moi, enfin il me semble. Je ne sais plus si j’ai un cœur. Puisqu’elle a mordu impitoyablement dedans, je me vide de ce sang qui aurait me réchauffer. Je vois la vie s’écouler de ma poitrine nue, et je me perds comme je t’ai perdu, à jamais.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Sa voix tremblait, et je ne ressentais rien à part ce vide lancinant, j’avais besoin d’une épaule pour pleurer, vous comprenez ? Ce n’était pas que je voulais revoir Bill, c’est que je désirais juste me souvenir de ce sentiment meurtrier, tout sauf sincère qu’est d’être un tantinet aimé. Je ne veux pas que l’on me prenne pour un pauvre malheureux, mais je n’ai plus ses sourires en guise de bonjour, alors rien ne va plus et je n’ai plus rien à quoi me raccrocher, je n’espère qu’une chose: ne jamais me réveiller. C’est un caprice, reviens, reviens. J’ai la tête qui tourne et je ne cesse de vivre dans le passé, je ne survis pas sur cette terre nauséabonde qui suinte la pourriture de tous ces gens que je ne saurais jamais aimé. Je suis un sacré égoïste, mais reviens, reviens. Toi, mon ange impardonnable reviens me bercer de tes mots. Bill, reviens, reviens, il n’y a que toi qui pourra me remettre entre ses mains. Reviens c’est ta faute, reviens c’est ma faute, reviens c’est notre faute. Reviens, ne reviens jamais. Jamais. Jamais.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Le faire souffrir, et cette folie c’était folie qui faisait briller mes yeux. Folie, la vraie, je voulais le tuer, l’achever devant mes yeux. Bill. C’est ta faute, c’est la tienne, elle est partie. Envolée et moi je l’aimais. Je l’aimais cette illusion, cette fille à l’ultime goût de liberté et tu n’avais pas le droit de me l’enlever, et si je suis égoïste, toi, tu es bien pire. Bill, je te hais, reviens je t’en prie. Tu ne pourras jamais comprendre ces sensations, ces frissons qui n’existeront jamais. Puisqu’elle n’existe pas, jamais. Elle ne vit que dans ma tête. Elle est morte puisque mon enfoiré de jumeau manquait à mon air, mais je le jure, je ne sentais pas ce froid. Il n’était temps de rien, encore moins de la voir s’évaporer, c ‘était trop tôt. J’aurais pu lui consacrer encore toute ma vie, c’était si facile. Abandonner ma guitare, abandonner ces cordes, puisque que c’était uniquement sur sa peau de lait que je voulais faire glisser mes doigts. Elle ne devait pas m’aimer autant que moi finalement.

Dites-moi le contraire par pitié.

Le tic tac de l’horloge commence à faire couler mes larmes, et cet abominable sang qui se déverse sans que rien ni personne puisse me soigner. J’ai si mal. Les heures passent, encore et encore et j’attends. Cette attente comme si derrière Bill pouvait se trouver cette fille. Ce tourment de mes nuits, je n’ose plus dormir, de peur de rêver d’Elle, car je sais qu’elle m’échappera encore une fois. Et si elle pouvait tout simplement exister je n’oserais même pas l’aimer, ce bout de paradis. Juste être avec Elle et en secret compter le nombre de fois où elle clignerait des yeux en disant la simple phrase « Bonjour, Tom ». Ce n’était pourtant pas plus dur que cela. Mais vous savez, je me perds dans cette danse macabre de l’horloge de la cuisine et rien ne pourra me la rendre vivante. La magie de mes rêves s’est évanouie et la vie me semble si cruelle, je n’ai personne à qui me raccrocher véritablement. J’ai joué et j’ai tout perdu.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Le peu d’entourage qui me restait a renoncé à me rendre visite. J’étais et je suis fardeau pour cette société. Mes amis, même si je ne le considérais pas comme tel, je pensais tout de même que dans ces moments d’ultime perdition ils seraient là. Personne, c’est le néant de mon existence qui m’explose au visage. Une semaine que je tourne en rond, une semaine que j’attends à cet arrêt de bus, toujours à la même heure. Comment je le sais ? Pour dire toute la vérité je n’en ai aucune idée, l’instinct ou peut-être même que ces années à ses côtés m’ont permis de sonder une part ce monde. Je suis sûr que c’est grâce à elle, même si elle me répétait sans cesse que j’avais ce don de deviner les choses et que c’était pour cette raison qu’elle était à mes côtés. Des conneries, elle était là pour moi. C’était ce Nous indestructible. Je sors les mains dans les poches et que l’on m’oublie encore un peu, je la désire si fort. Mais apparemment ça ne devait pas se passer ainsi puisque je sens derrière moi une personne familière. J’aurais du le savoir ce matin en me levant que cette nausée ne présageait rien de bon. Non, je ne suis pas comme elle l’a dit, croyez-moi. Je suis un monstre.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Gustav. Voilà, c’est Gustav qui maintenant marche à côté de moi. Il ne parle pas et pourtant je me prends toutes ces rancœurs dans l’estomac, toute cette haine. Je crois qu’il ne veut même pas m’adresser ne serait-ce qu’un seul mot, il doit pourtant. Je le sens au plus profond de son être qu’il a quelque chose à accomplir et qu’il ne peut pas faire autrement. Cet ultime espoir qu’un jour tout puisse redevenir comme avant. Et moi, j’aurais voulu lui dire à Gustav, à ce garçon que je ne connais finalement pas que c’était impossible, puisqu’elle était partie. Il s’est arrêté devant moi et m’a donné une lettre. Droit dans les yeux, c’est la première personne dans laquelle je plonge véritablement le regard et ses yeux marrons me mettent au défi de refuser ce papier, je vois un voile se former devant ses yeux, ou bien est-ce les miens ? Comment dire ? Il part et moi, échoué sur ce trottoir je vomis mes tripes dans le caniveau. Si c’est cela la réalité, laissez-moi sombrer une dernière fois.

Dites-moi le contraire, par pitié.

Et c’est maintenant du sang qui s’écoule de ma bouche, non je n’ai plus rien à vomir, à part ce semblant de cœur. Les gens continuent leur route pendant que moi j’expose mon mal être. Ce coup de poing, ce regard tueur de Gustav. Il me déteste, je le savais déjà, mais pas à ce point. Un être détestable. J’ai pris tout ce qu’il ne pourrait pas dire autrement qu’avec les mains et j’en crève doucement mais sûrement. Et quand les spasmes se sont enfin arrêtés j’ai pu me relever en tenant dans ma main gauche cette feuille. Je décide de m’asseoir sur un banc à la lisière d’un parc. Je ne reconnais pas cette écriture. Un coup de poignard, Bill. Il est vrai que je ne m’étais jamais réellement intéressé à ses mots. Ils n’avaient aucune saveur à côté des siens, croyez-moi. Mes larmes se diffusent avec celles de Bill et de Gustav, au final cet adieu devient illisible, puisque c’était cette lettre que mon frère avait écrit avant de disparaître. Ce que je n’aurais jamais dû lire. « Pardonnez-moi ». Bill, pardonne-moi. Et lorsqu’il écrit Tom, je ressens tout cet amour qui réussit à me faire frémir. Je suis Tom, le jumeau de Bill Kaulitz.

Et cette fois, ne me dites pas le contraire.

La page tombe à mes pieds et s’envole. Adieu. Adieu. Le faire souffrir ? Je crois que c’est déjà fait. Depuis bien longtemps, depuis toujours en vérité. Et voilà que le bus s’arrête juste devant moi, oui ce banc où j’ai attendu en vain qu’il arrive. Les portes s’ouvrent et je me mets debout, tremblant de tous mes membres, blanc à faire peur. L’attendre. Et je le vois, me chercher du regard, il balaye cet espace et quand enfin il me voit c’est son sourire qui me fait vaciller. Son sac tombe à ses pieds et c’est en courant qu’il vient me prendre dans ses bras. Et que l’on me tue de l’immensité qui se trouve entre nos bras. Il rigole, il pleure, il m’aime. Je me raccroche à lui parce que d’un instant à l’autre je vais m’effondrer et je ne suis pas certain de me relever. Il sanglote contre ma nuque, c’est mon petit frère. Cet homme qui pleure, c’est mon frère et je vous emmerde.
- Tom. Tom. Mon dieu, Tom. Tu es là, Tom.
C’est cette litanie sans fin, de ses mots vibrant dans mon cou.

Envers et contre Tout, mes mains serrent ses épaules, je sens son cœur battre contre ma poitrine. C’était comme si la vie reprenait possession de mon corps tout entier. Nous sommes restés ainsi de longues minutes, je ne voulais pas me séparer de lui. Pour la première fois j’ai ressenti cette absence, ce vide qui avait pétrifié nos cœurs. Bill s’est à peine écarté de moi pour me regarder droit dans les yeux. Mais Bill, c’était dans le cœur que tu m’avais touché. J’ai vu les marques de ses larmes sur ses joues, ce marron qui ne cessait pas d’hurler à quel point il pouvait m’aimer.
- Bill, pardonne-moi.
Sourire et pleurer en même temps. Cet arc-en-ciel entre nos deux paumes soudées, s’aimer pour de vrai cette fois-ci.

Je ne désirais qu’une chose : se connaître. Aussi fou que cela puisse être. Penser avant Lui. Dire les mots en même temps. N’espérer que son retour. Avoir sa moitié. Retrouver un sens à toute cette connerie et avec Bill, tout devient tellement possible. Main dans la main, comme si nous étions enfants, et c’était vouloir rattraper le temps perdu, pour aujourd’hui encore faire taire le monde. Ce silence était de loin le plus intense de toute ma vie, ce silence qui nous indiquait que nous rentrions chez nous. En passant le pas de la porte, je n’ai pas rêvé dans cette glace, c’était bien mon sourire. Bill a commencé a rentrer et moi je me suis arrêté, j’ai deviné son sourire, j’ai deviné sa chaleur, j’ai deviné ses larmes, j’ai deviné ses mots.

Et voilà comment j’ai commencé à appeler cette histoire Vertigo.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:29

[ Bill. ]

Cette inexplicable aventure, cette folie. Nous avons tremblés à l’unisson et je pensais que tout devenait possible. C’était ce moment que tout le monde a connu un jour ou l’autre, l’espoir après les ténèbres, la lumière après des mois d’obscurité, les quelques pas après des années à terre. Croyez-moi ou pas, peu importe, c’était la renaissance de l’apocalypse devant nos yeux embués. Et ça ne devait pas se finir, pas comme ça. Je suis un jeune homme à la vie cabossée et il manque indéniablement une série de notes à nos souffles. Je revois encore Tom et son sourire, le premier, le vrai et je peux presque le dire l’ultime. Puisque tout est vite devenu décadence, pas comme avant, différemment. Et évidemment ce fut pire. Nous ne nous sommes pas quittés pendants des heures, des jours, des semaines, des mois peut-être même et pourtant je le sentais s’enfuir entre mes mains closes sur son dos. Je griffais ses épaules en murmurant, qu’il reste, qu’il ne me quitte pas.
Pas comme ça, je t’en supplie.
J’ai apporté des larmes dans le creux de sa nuque, je lui ai offert mes sourires dans ses membres convulsés, j’ai voulu lui apprendre à survivre entre deux accords de guitare. Mais il a fallu que je me rende à l’évidence, mon frère ne touchait plus son instrument, mon frère ne toucherait plus jamais à la vie, mon frère était, est en train de mourir.
- Bill, aide-moi. Enlève-moi cette douleur insensée qui finira par m’avoir. Je tombe dans ce gouffre et j’ai peur de ne plus sentir ta chaleur pour me soutenir, encore une fois.
- Je suis là, n’ais pas peur.
C’est moi qui avait cette détresse, cette peur viscérale de le voir s’éteindre un peu plus chaque jour et jamais il ne voulait m’avouer son mal. J’étais là et j’aurais presque préféré être ailleurs, ne plus voir ses draps qui étaient devenus les nôtres trempés de larmes et de secrets inavouables. Tom n’est plus que l’ombre de lui-même si jamais un jour il avait été autre chose, il hurle sans cesse mon aide mais que puis-je faire ? Je suis impuissant et je voudrais partager un peu ce venin qui coule dans ses veines.
- Raconte-moi.
- Je… Je ne sais pas. J’ai peur, tellement peur Bill. J’ai peur qu’Elle ne devienne qu’un souvenir poussiéreux.
- Elle ?
- Oui. Non. Je. Bill, c’était celle qui faisait valser mes doigts sur ces cordes. C’était Elle qui me racontait la vie des passants sous nos fenêtres. C’était celle qui hantait ma vie de la plus belle façon qu’il soit.
-
- Elle me manque.
Elle ? Elle. Elle. Le nouveau refrain de ma vie venait de m’éclater entre mes ongles brisés sans que rien ne puisse m’y préparer. Elle.
Pendant un quart de seconde il a retrouvé des couleurs, tout un monde animait son visage et j’ai compris que mon frère n’était pas fou. Non il était juste amoureux, et c’était bien la pire des maladies au final. Mon grand frère, mon intouchable, meurtris par une fille. Et c’est peut-être à partir de ce moment là que j’ai su que plus jamais il ne pourrait redevenir lui-même. Comme tous les soirs depuis notre redécouverte, nous sommes dans ma chambre, assis sur le lit. Les mains de Tom tremblent bien plus, la pâleur de son visage fait peur, il essaye de parler et moi j’attends. J’attends ses aveux qui me feront tourner la tête. Cela fait des années que j’attends de savoir, de comprendre ce qui animait les yeux de Tom. Et d’une seconde à l’autre j’allais savoir, je souhaiterai presque qu’il ne me le dise jamais. Même si je savais que c’était une histoire d’Elle, j’ai si peur de ne le voir se faner qu’un peu plus.
- Tu vois Bill, elle a toujours été là. Toujours, depuis que j’ai ouvert les yeux. Elle a guidée mes pas lorsque je tombais. Je voudrais que tu comprennes sans pour autant que tu me prennes pour un fou. Crois-moi, écoute-moi. Elle n’avait pas de chaleur, tu comprends ? Nos mains n’étaient pas destinées à se croiser, comme nos bouches à s’unir et je voudrais en mourir. J’ai tourbillonné au rythme de ses histoires, de ses mots de tous les jours. Je pouvais m’endormir en sachant qu’elle serait là tout près de moi à mon réveil. Elle avait le goût d’une promesse irréalisable et pourtant tellement délicieuse. Il n’existe pas quelqu’un comme Elle sur cette terre fade et grisâtre. Elle prononçait mon prénom d’une façon qui donnait le tournis, je crois que je l’ai toujours aimé et c’est pour cela que nuit et jour je m’emprisonnais avec Elle, dans notre jolie tour d’ivoire. Et si j’avais le choix j’y retournerais sans hésiter un seul instant. D’une certain façon elle m’a protégé de ce monde que je ne peux supporter, tu vois Bill, je ne suis pas fait pour vivre comme tout le monde. J’ai besoin d’autre chose, rien ne me contente, même pas toi Bill. Pardonne-moi. Je suis tiraillé entre l’amour que je te porte malgré tout et l’amour démesuré que j’éprouve pour Elle. C’est devenu une partie de moi, un rêve, un espoir, mon plus beau Vertige. Je perds mes yeux dans ces étoiles en espérant voir naître son sourire. Elle est partie, tu comprends ? Elle m’a abandonné, à cause de Toi, et je te déteste comme je ne pensais pas pouvoir le faire. Mon dieu, Bill qu’est ce que le monde a fait de Nous ? Regarde-Nous. Tu dépéris alors que tout en toi ne devrait que briller, et moi qui meurt purement et simplement pour une chimère. Quand tu es partie elle s’est cassée avec Toi. Tu me l’as prise. Je t’aime Bill. Je la hais si fort. J’ai perdu sa main et je ne pensais pas que se serait si dur d’affronter tout ça, tout seul. Et tu m’as manqué, j’ai eu froid, froid. Je ne suis pas fou. Je ne suis pas assez humain pour l’être. Je ne suis pas partagé en deux comme Toi, Bill. Tu es ma moitié, elle est l’autre et dans tout ça je suis un pantin désarticulé. Je n’ai pas de consistance, j’erre, je flotte mais je n’aspire même plus à survivre.

Je ne peux pas expliquer les larmes qui ne coulent pas sur mon visage, ni les convulsions d’horreur de mon jumeau dans mes bras. Je suis perdu, et je crois comprendre, ces années qui se déversent entre nous, le tombeau qui resurgit impitoyablement.
- Dis-moi, Tom et ma moitié qui est en Toi, tu en fais quoi ?
Il ne bouge plus, et pendant un court instant j’ai cru qu’il avait eu son dernier soupir accroché à moi. J’apprenais entre ses mots, une vie que je ne connaissais que trop peu finalement.
- Bill. Ne me déteste pas. Ou si déteste-moi, ce serait tellement plus simple. Elle s’appelle Manon. Et lorsque je dis son prénom c’est un secret du bout des lèvres qui s’échappe. La seule négation que je peux accepter venant d’Elle. Ma Non. Les yeux bleus des larmes du monde entier. En vérité, je pensais la retrouver dans ton ombre.
L’emmener au confint de l’univers, le prendre par la main et lui déverser les plus belles promesses au monde et pour cela je sais ce qu’il faut faire. Des personnes pour faire renaître le tas de cendres que devenait Tom. Tom je vais guider tes pas, ferme les yeux si cette vie ne te satisfait plus mais reste près de moi. Tom, fais-moi confiance. Tout ira mieux. Tu verras, oui tu verras Tom. L’espoir n’est pas mort puisqu’il n’est pas véritablement né, c’est là que tout commence entre deux vagues dévastatrices de l’Océan. C’est là que le souffle du vent nous porte, c’est là que nous flotterons pour enfin réussir à vivre, mon Tom, mon Ange, mon Frère. Je suis Bill et pour la première fois cela signifie quelque chose, je ne suis pas cette idole, ce chanteur adulé, je suis un être humain qui va défendre ce qu’il aime, je suis terriblement humain et c’est pour ça que je n’accepterais jamais la perte de Tom, même si son dernier souffle arrive. Il me dévastera avec Lui.
Jusqu’à la fin des temps, Lui et moi.

La redécouverte de vies que je n’ai pas su saisir à temps et comme c’était écrit que l’on devait se revoir. Daimon, et pour cette fois au moins tenir la promesse d’un avenir un peu moins effrayant.
- Bill, tu dois comprendre que rien ne pourra me la ramener. Bill, j’ai espéré puiser dans ton souffle pendant encore des années, quand j’ai senti ton cœur contre le mien c’était non pas la promesse d’un futur pour moi, mais la promesse d’une main qui tiendrait la mienne lorsque enfin je m’en irais.
-
- Parce que tu le sais Bill, je vais partir bien avant Toi.
-
- Je suis désolé, je n’ai pas su être un bon frère, je n’ai pas réussi à te protéger comme je voudrais le faire à présent. J’ai succombé et tu as été tellement fort Bill. Ne m’en veux pas. Tu sais, tu ne seras jamais seul, même quand tu ne croiseras plus mes yeux je serais à tes côtés pour toujours, je t’accompagnerais toute ta vie. Mets-moi cet air de violon Bill, s’il te plait.
Je ne voulais pas le croire, ni mettre ce violon que je déteste tant et pourtant je sentais bien qu’il avait besoin de cela pour tenir encore un peu. Les premières notes envahissent l’espace, j’étouffe, je n’arrive plus à respirer convenablement et Tom qui semble retrouver des forces dans un mauvais enregistrement. Plus rien ne sort de ma bouche tandis que mon frère lui s’acharne à hurler. Il se recroqueville, il hurle sa détresse, que l’on me donne la force de transformer ce naufrage en sauvetage.
- Reviens, reviens. Je suis désolé, je suis trop faible pour tenir encore longtemps. Je l’aime aussi, tu sais. Reviens, ma lumière. Reviens. Reviens.
Ses hurlements de détresse ne m’étaient pas destinés et j’avais le cœur en lambeaux, la pièce s’est remplit d’une ambiance glaciale, le chaos aurait pu exploser à mes genoux que cela n’aurait pas réussi à m’étonner outre mesure. Ses yeux s’agitent sous ses paupières closes, il sert avec force mes poignets, il tremble de l’intérieur, il me griffe inlassablement et je ne peux plus le lâcher.
- Reviens. Reviens.
Ca a duré une éternité lorsque finalement le silence a repris son droit mon frère pleurait sur mes épaules, j’avais peur que le moindre de ses sanglots ne me l’emporte définitivement. A quoi ressemblons-nous ? Dans cette chambre obscure les yeux rougis, les draps imprégnés de notre sang, des larmes acides, un air lourd étouffant pour compléter ce tableau.
- Reviens.
Le dernier murmure avant qu’il tombe dans l’inconscience. Ou bien le sommeil c’est si dur à dire finalement. Maintenant qu’il n’existe plus que le souffle saccadé près de mon oreille, je ressens la brûlure sur mes poignets et contre mon dos. Je le pose délicatement avant d’aller en direction de la salle de bain.

Je me place devant le miroir, des souvenirs de ces dernières années me percutent, tout ce que je voudrais oublier, recommencer depuis le début. Saisir sa main avant qu’Elle ne le fasse, avant qu’Elle ne me le prenne. Mon égoïsme, ma décadence, mes premières chansons, mes premiers instants de gloire, mes premiers silences. Face à moi se tient un homme que je ne connais plus, j’approche ma main sur ce visage inconnu, je me donne envie de vomir. Mon autre main serre frénétiquement le rebord de l’évier, mes yeux ne font que fuir une vérité bien trop cruelle. Dans un mouvement rageur ma main vient exploser cette glace en des dizaines de morceaux, sept ans de malheur, plus rien ne me fait peur. La tête baissée, épargnez nos vies, je vous en supplie.
Je me laisse glisser le long du mur tout en regardant le sang couler en cascade sur mes phalanges blessées. Si seulement cette douleur pouvait prendre le dessus sur celle qui me tiraille de l’intérieur. Une goutte serpente sur un de mes doigts comme le plus beau bijoux au monde. Je pose ma tête dans un mouvement las contre la paroi tout en fermant les yeux comme le point final sur ma vie que je ne sais pas sublimer.
- Elle. Manon.
Tom a raison, c’est comme un secret qui s’échappe de mes lèvres, à quoi ressemble t-elle ? Blonde ? Rousse ? Brune ? Je ne sais pas, je ne sais pas qui est cette fille qui causera notre perdition, il ne faut pas se leurrer nous ne ferons que retarder nos derniers soupirs. Si j’avais été plus courageux, un autre j’aurais eu le droit d’hurler toute cette injustice mais voyez-vous, je suis Bill Kaulitz et je ne peux pas oublier les hurlements que l’on me jette sur mon passage, je ne peux pas vous rayez ma vie puisque cela reviendrait à m’effacer du monde, c’est la dernière corde à laquelle je me raccroche et pourtant je la sens céder sous mes doigts. Je ne veux plus chanter à des visages qui ne comprendront jamais, qui ne m’aideront jamais à me lever le matin , rien que ça, juste ça. Toutes ces mains qui se tendent vers moi pendant un concert ne me rappellent qu’à quel point je peux être seul. Cela doit être tellement difficile à réaliser pour vous, vous qui m’adulez alors que vous ne me connaîtrez jamais. Ces doigts insaisissables qui veulent me toucher, me posséder, c’est tellement effrayant que ça pourrait en devenir exaltant, c’est dans ces moments là que je vous remercie de m’aimer toujours plus, je trouve une raison tellement facile de m’embourber dans ce marécage suintant nos perditions. Où sont vos mains ? Par pitié dites-moi qu’un jour elles resteront dans vos poches lorsque je serais dans les environs. Par pitié, considérez-moi juste une fois comme quelqu’un comme vous, de terriblement cruel et faible.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:31

Les gémissements d’une âme qui hurle sa perdition, il est grand temps de se taire, je crois. Il est temps de faire quelque chose, perdre ou gagner peu importe. Je n’ai plus rien à perdre, mon destin s’ouvre à mes pieds et je tombe à présent à l’intérieur de cette abysse sans fond. Le problème de cette vie c’est cette incapacité à trouver une raison d’en profiter, je n’ai pas réussi, tout comme Tom. Il ne faut pas me faire croire monts et merveilles, nous sommes faibles devant cette immensité, ce choix trop grand qui s’offre à nous. Vivre et je n’arrive même plus à y croire un tantinet. Je veux trouver un sauvetage au bord de ma route, je ne prétends pas à survivre, juste à voir encore le soleil se lever la matin, marcher au milieu du brouillard d’un ciel qui peine à se montrer, se faire exister contre les entités et les êtres humains que je ne saurais jamais apprécier. Mon cœur s’emballe, il est temps, oui.
Il est grand temps de partir.
- Tom, viens. Viens là-bas où on ne saura pas mieux vivre mais là-bas où on nous laissera sombrer. Viens Tom. Laisse-moi te montrer comme le ciel est toujours aussi gris ailleurs. Prends ta guitare, prends tes souvenirs et remplis tes poches de nos mensonges. Allez Tom viens, on s’en va.
La course folle, s’évader, s’échapper et pourtant aussi paradoxal que cela puisse paraître, ne pas en réchapper. Je tire la manche de mon abominable jumeau, comme un gosse qui ne veut pas aller chez le dentiste et pourtant suis-moi, viens. Cette moue de mécontentement, non je ne te laisserais pas périr entre ces murs qui au lieu de nous protéger ne faisaient que figure de notre tombeau. Nous avons perdus nos mains dans ses manches bien trop longues pour prendre le bus. Comprendra t-il que je veux seulement nous accorder une accalmie ? Lui apporter l’Océan des yeux de Daimon sur un plateau d’argent. Et se perdre à l’unisson dans le remous de l’étendue glacée de son âme à la dérive, trouver l’étoile qui brille de mille feux dans un sourire dissimulé. Jouer au vivant, une fois, juste une.
- Tom, viens je vais t’emmener là-bas. Cet endroit où tu seras le mieux. Tu pourras te purger de tes douleurs lorsque Soon viendra te prendre tes maux. Viens, Tom. Viens, laisse les passants se retourner sur notre passage, cet arc-en-ciel en noir en blanc. Marche, suis-moi et même si c’est la dernière fois, même si c’est la fin, même si cela ne mène à rien. Viens, Tom, viens.
Je me voyais encore assis sur ce carrelage froid il y a peu, et maintenant c’est dans ce bus que nous partons, dans une direction pas tant inconnue que cela, s’apporter l’oxygène qui manque. Traverser la mousson, toutes les mers que tu voudras Tom, mais pas sans Toi.

Le paysage défile devant mes yeux, les paupières lourdes, mes cils papillonnent et je m’accorde un moment de répit. Un sommeil sans rêve et ma plus belle délivrance. Les irrégularités de la route me bercent, je n’entends que ma respiration. Le trou noir.
- Bill, réveille-toi.
Ma tête calée sur son épaule, ça faisait une éternité que je n’avais pas plongé ainsi dans un sommeil réparateur. Je me lève, un nœud au niveau de l’estomac, et si tout n’allait pas dans le sens prévu ? Et si, c’était le goudron qui me servait de toit cette fois ? Et si, c’était terminé ? Descendre les marches, en regardant obstinément le sol. Je savais que j’allais relever les yeux et ne trouver personne, je le savais et pourtant je voulais tellement que quelqu’un m’attende, comme avait pu le faire Tom. Mais, non il n’y avait personne. Je suis resté là sur ce trottoir, au bout de cinq minutes, j’ai enfin décidé d’emmener Tom dans les rues de cette ville. Se perdre dans cet engrenage insensé. Je ne voulais pas montrer ma frustration, ma crainte, ma douleur. Je risque un regard vers mon frère, il a mis sa capuche et garde ses mains dans les poches sa guitare dans le dos, j’ai mal au cœur de le voir si intouchable.
- Bill.
Une main qui s’accroche à mon bras.
- Bill.
Une fille devant moi.
- Bill, mon dieu.
- C’est une habitude de m’accoster de cette façon ?
Dans un autre contexte, peut-être aurais-je pu rigoler.
Tom se mordait la lèvre en refoulant des larmes, qu’est ce qu’il se passe ? Pourquoi le monde prend cette tournure, tous au bords des larmes, à quoi ressemblons-nous ?
- Bill, tu en as mis du temps pour revenir. On t’attend à l’appartement.
- Tom ?
- Je te rejoins plus tard.
- Tom…
Prendre la direction trop connue de Daimon et laisser Soon s’occuper de Tom. Je sais, c’est ainsi que cela devait se dérouler, mais toujours cette crainte. Je me suis retourné pour voir Tom s’effondrer dans les bras de cette fille, qu’il ne connaissait finalement pas. Et de là je pouvais entendre le cri de sa déchirure, Manon. Nos vies devaient se croiser, évidemment et pourtant je trouve cela d’une folie sans nom. Pleurer pour un visage que l’on reconnaît, aimer un sourire que l’on connaît sans pourtant l’avoir déjà croisé.
Et moi, je savais que ça allait être dans les bras de Daimon que j’allais pleurer. J’ai marché, pas à pas, je ne voulais pas l’affronter seul. J’ai reconnu ces maisons, ces rues, ces magasins, je retrouvais ma route comme si c’était une évidence, comme si je n’étais jamais parti. Et pourtant je l’avais fait. J’ai ouvert la porte.

Et comment vous faire comprendre que ma perdition avait la couleur de ses yeux ?

Je ne sais plus qui à fait le premier pas, c’est peut-être lui, ou bien moi. Je ne sais plus et en vérité cela n’a plus aucune importance. Nous nous sommes serrés dans nos bras qui étaient alors obstinément fermés. L’étau de nos retrouvailles me semblait insaisissable et surtout infaillible, c’est tellement dur de perdre toute note d’Espoir. Mais j’ai alors compris que je ne saurais jamais aimé, en quelque sorte t’aimer. C’est évident ce sentiment n’est pas fait pour moi, c’est ainsi et comment le nier à présent ? Alors vous qui entrez dans ma vie sans aucune impunité je vous le clame haut et fort : je ne vous aime pas, Bill Kaulitz n’aime pas et ce sera ainsi pour toujours. Il ne faut pas me plaindre, pas pour cela et surtout pas de cette façon. Je sens comme un poids me libérer, maintenant la crainte de mal faire sera réconforter par cet aveu qui me broyait de l’intérieur depuis toujours. L’esprit léger et mon corps enserré par Daimon et mon dieu ce n’est pas de l’amour. Vous entendez ? Ce n’est pas de l’amour, ni de l’amitié. Si cela devait être un sentiment existant ça serait de la haine ou bien même de l’envie, mais qu’importe ? Je suis là, dans cet espace où tout est possible alors vos messes basses, vos éternelles promesses ne me touchent pas, gardez-les je n’en veux pas, j’aspire à autre chose. Il n’y aura pas de miracle, je me sens tellement humain, tellement comme tout le monde. Vous avez pris mes dernières forces, ces dernières effusions je les offre toute entière à Tom, non je ne l’aime pas.
C’est encore pire que ce que vous pouvez imaginer.
J’ai rigolé, mes rires faisaient vibrer Daimon et tour à tour nous avons ris, nous nous sommes moqués de cette vie. Rigolez mais vous ne le ferez jamais aussi bien que nous à ce moment. J’ai fait tourner le monde pendant trois minutes, pas une de plus. Je crois que j’ai fait évaporé ces dernières larmes qui allaient noyer mon cœur, je rigole ouvertement et c’est l’arc-en-ciel qui nous entoure de son aura protectrice. Trois minutes pour l’apologie de ma vie, trois minutes et j’étais le centre de ma vie et non plus un simple spectateur et mes mots se déversaient en moi, je ne croyais plus cela possible.
- Je vais te raconter une histoire, ok ? En fait, je vais la conter à qui veut bien l’entendre. Pour dire la vérité je ne sais même pas si c’est une histoire ou la réalité ou bien tout autre chose. Viens on va s’asseoir dans l’herbe là-bas où tout existe. Là et nul part ailleurs. Tout commence avec le noir complet. Ferme tes yeux. Oui, voilà et maintenant que tu vois le couleurs danser sous tes paupières closes choisis en une seule maintenant plonge entier dedans. C’est laquelle ta couleur ? Non ne me dis pas, moi c’est le bleu. Et tu sais, comme je me disais souvent que c’était les rêves qui dansaient devant nous et qu’il suffisait de plonger, revivre ce mirage et partir sans hésiter et tu vois moi si je suis cette lumière à quoi j’arrive ? Réfléchis. Tout simplement la flamme qui brûle en moi et donc en mon frère et pourtant j’ai souvent pris cela comme un mauvais leurre, un mirage. Une belle flamme de la couleur de tes yeux Daimon. Mon dieu, tu sais quoi je n’espère plus rien et pourtant je n’abandonne pas. Je vois ma perdition, je vois les bleus de mon jumeau, le bleu de l’océan, le bleu de mes traces dans le sable, je vois le bleu du ciel. Et donc quand tu plonges dans cette couleur normalement tu sens une douleur dans le creux de l’estomac, il ne faut pas s’y tromper ce n’est pas de la joie c’est de la crainte. Daimon, ne fais pas cette tête, fais-moi confiance. Prends ma main et maintenant que tu as devant tes yeux ton rêve le plus fou, le plus précieux, le plus invraisemblable, cette envie inavouable. Je voudrais que tu ressentes cette histoire qui n’appartient à personne. Maintenant tu vas te reculer doucement et tu vas apercevoir une lumière bleue pâle, oui. Daimon, prends mes rêves, je te les donne.

Je l’ai laissé au milieu de l’herbe dans un état d’incompréhension, il fronçait les sourcils avec les yeux clos et moi je lui ai offert un dernier rire cristallin et pourtant je n’avais plus vraiment envie d’en rigoler. Mes rêves sont ceux de tout homme et si cela peut l’aider à vivre un peu mieux, tant mieux. Je ne regrette rien, je me sens dénué de tout sentiment et tout l’amour artificiel dont je m’étais entouré pourrait me donner des ailes. Mais je n’ai pas menti en lui racontant ma jolie fable, je le faisais souvent avant ce petit manège de gamin. Fermer les yeux bien fort et oublier un peu. Peut-être que je ressemble plus à Tom que je le croyais. Mes pieds me guident à l’intérieur de la maison pour entendre aussitôt la porte d’entrée qui claque, Soon. Et pas de trace de mon frère dans les environs.
- Je suis rentrée.
Et son sourire comme le plus bel accueil comme si cette scène était la plus naturelle au monde, comme si je m’étais trompé depuis toujours et que ma vie était tout simplement là, entre le sourire de cette fille, dans cette maison loin de Vous tous. J’ai regardé son sourire pour la première fois, j’ai promené mes yeux sur cette pièce, ce canapé, cette télévision, cette table basse, ces revues, ces photos, une photo. Pendant un instant j’ai cru à une hallucination, mais il fallait que je me rende à l’évidence c’était bien moi dans ce joli cadre, c’était mon sourire figé et je ne m’en souvenais même pas, j’ai touché ce rire et le bruit du verre qui se brisait par terre comme des milliers de rêves qui volaient en éclats, j’ai baissé la tête pour voir mon visage encerclé de tous ces éclats.

Et j’ai pleuré.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:32

Les larmes faisaient onduler la mauvaise qualité du papier, j’ai deviné le noir sur mes joues et j’ai levé la tête pour croiser le regard de Soon et mes larmes ont redoublé. Ne m’aide pas, ne m’aide surtout pas. Elle a fait un pas en avant, puis un autre et moi je ne voulais pas bouger, je ne voulais tout simplement plus me battre contre le monde entier.
- Bill…
Elle a tendu sa main vers moi comme un animal que l’on veut apprivoiser ou juste rassurer, j’ai reculé. Elle a posé sa main sur mon épaule et je suis tombé à genoux sur les éclats de verre, les deux paumes posées au sol je suis devenu fou, cinglé. Elle a esquissé un mouvement mais moi je ne sentais que les débris me charcuter les genoux, je ne sentais que ces larmes dévaster mes joues pour peindre le sol à l’encre de chine. Que l’on me pardonne mais encore une fois je me suis enfui en courant. Je t’avais dit de ne pas vouloir m’aider. Je suis un vagabond en fuite, aveuglé par mes larmes, par mes illusions, je croyais pourtant avoir évolué et je me retrouve au point de départ mais cette fois plus aucune voix me murmure « Essaye encore ». J’ai marché pour trouver la bouche de l’Enfer pour me rassurer que je n’étais pas en plein dedans, j’ai marché pour avoir mal ailleurs qu’au cœur, j’ai marché pour faire une rencontre qui changerait ma vie, j’ai marché pour m’éloigner. Que les gens se retournent sur mon passage, qu’ils me traitent de tous les noms, qu’ils me dévisagent, qu’ils me draguent, qu’ils me crachent dessus mais par pitié offrez-moi une quelconque délivrance. Je ne vois pas où je vais, je m’arrête devant une vitrine et remarque que de nombreuses mèches ébènes sont venues se coller à mes joues, le noir en est le prolongement jusque dans ma nuque et les larmes ne s’arrêtent pas. Mon dieu, que suis-je devenu ?

J’ai continué ma route, bien que je ne pense pas en avoir une de spécialement définie, non on dira qu’elle ne me convient plus, comme si elle m’avait vraiment satisfaite un jour. Je mets ma capuche sur la tête et enfonce mes mains dans les poches et j’avance encore, on pourra dire au petit bonheur la chance mais je préfère dire que j’avance parce que je ne peux faire guère autrement. C’est dingue comme je peux m’enfuir, c’est vrai j’ai l’impression de ne faire que ça, prendre ma lâcheté à deux mains et s’en aller sans prévenir et pourtant croiser les doigts pour que l’on me retrouve. On pourrait croire que c’est plus facile comme ça, mais en fait c’est de pire en pire, je me fais mal à en vomir et chaque pas qui m’éloigne de ce qui aurait pu faire mon bonheur est une véritable torture, j’ai laissé mes sourires là-bas à l’abandon dans le creux d’une photo qui existe désormais plus que moi. Et finalement je crois qu’il faut se rendre à l’évidence.

Mon sauvetage n’aura pas lieu, pas dans cette vie là en tout cas.

Mes pas et l’éternité. Cette éternité qui chope sans que l’on s’y attende, celle que l’on espère sans jamais la voir arriver, c’est celle-ci dont je vous parle, celle qui est faite pour un monde aussi pourrit que le notre, cette même éternité que tous idolâtrent au coin du feu un soir d’hiver comme une quelconque délivrance, cette éternité qui pourrait rimer avec mensonge si l’univers tout entier n’était pas une mascarade sans nom. Alors, oui cet inaccessible besoin de voir l’avenir et faire tourbillonner cet abominable présent avec éternité. Mon dieu, éternité, pour toujours et ce mot ne m’a jamais fait aussi peur. Si cette déchéance était éternelle ? Même cette neige en haut des plus hautes montagnes ne saurait pas l’être, éternelle. Et pourquoi ai-je l’impression au fond de mon âme que cette descente en Enfer ne s’arrêtera pas là et qu’elle sera éternelle, elle ? Eternité et c’est le gouffre béant qui ne promet rien depuis bien longtemps, je n’ai plus ce désir insensé de m’accrocher à cette éternité là, celle de tout le monde, celle qui me fait courber de dos plus que de raison. Cette éternité qui ne s’accordera définitivement pas avec liberté. La capitulation de tout mon être se tient là, entre deux de mes pas à cet endroit où je ne saurais pas tenir une simple éternité. Me graver dans cet amas de décadence ne me fait plus rêver, gravez-moi dans l’oubli, ailleurs, ailleurs qu’en vous, ailleurs où je pourrais hurler et puis me taire.
Eternellement.
Je constate que les gens oublient de me regarder, ils m’observent avec leurs yeux pleins de reproches, petite étoile brisée. Comme si j’avais été la lumière qui avait promis à toute génération de briller même dans les nuits les plus noires, dans les cauchemars les plus sanglants et dans les vies les plus abandonnées. Ma voix n’aura porter que les plumes les plus légères et encore. La scène ça fait bien longtemps que c’est fini, toute une année d’écoulée et pourtant personne ne lâche un centimètre de pardon, pas un seul regard réconfortant, de la pitié et du mépris pour parsemer mon chemin vers la seule fin possible. Les murmures des mères de famille qui clament que je suis une simple erreur de la nature, les jeunes qui crachent sur mon passage sans jamais avouer que j’ai brisé leurs rêves en m’effondrant aussi vite et aussi violemment, ces garçons qui jouent aux grands qui me bousculent sans ménagement parce que forcément j’avais tout pour moi et que j’ai tout balancé par les fenêtres. C’est évident je suis un enfoiré de première qui n’ a pas su saisir sa chance, c‘est évident j’aurais du me casser tant qu’il en était encore temps. Certaines pleurent, ces filles ne savent faire que ça, crever. Vivre. Elles n’ont rien compris, le mot d’ordre c’était : Vivre à s’en faire pousser des ailes, vivre parce que personne ne le fera aussi bien que nous, vivre parce que nous sommes peut-être les derniers à pouvoir le faire, vivre pour inscrire dans le moindre sourire une joie immuable, vivre et fais passer le message à ton voisin. Mais voilà, elles, elles pleurent envers et contre tout, c’est trop tard, échec et mat, bonjour au revoir. La perversion, le venin a été injecté dans les veines depuis la naissance, il est trop tard pour non pas rendre le monde meilleur mais ceux qui s’obstinent à la rendre déplorable. Elles sanglotent et j’ai honte d’être là comme je pourrais être ailleurs dans ces rues qui me tourbillonnent la tête, ces issues qui n’en seront jamais, c’est évident. Je continue pourtant à marcher en m’excusant presque d’exister,
Encore.
Tom comme le remède le plus atroce devant mes yeux éteins. Mes jambes qui ne répondent plus et une envie de faire machine arrière bien vite. Son air égaré qui s’arrête quelques instants sur mon squelette disloquée, et le voilà à mes côtés. Sa main dans la mienne, il m’entraîne, il me traîne lamentablement je ne sais où. Nous n’échangeons pas un seul mot, je n’ose pas expliquer la raison de mon piteux état, j’ai bien trop honte. Bien trop honte de ne pas avoir su nous sauver. Au fil des minutes je reconnais le chemin, la maison en face de moi, la porte que Tom ouvre et les escaliers que l’on dévale. Je ne veux voir personne, Daimon, Soon. Laissez-moi. Laissez-nous. Tom me pousse dans la chambre que j’ai essentiellement habité durant mon dernier séjour, il regarde par la fenêtre tandis que moi je ne sais plus quoi faire de mon corps que je trouve bien trop imposant d’un seul coup.
- Bill, il est peut-être vraiment temps d’arrêter tout cette mascarade et jouer la carte de la sincérité. Je vais commencer d’accord ?
- Oui
- La vérité c’est que je n’ai jamais désiré et pire encore je n’ai jamais vraiment essayé de vivre. Jamais, tu comprends ? Et ce n’est pas maintenant que cela va commencer. Je ne pense pas pouvoir encore encaisser une année et encore et encore une jusqu’à ce que je sois incapable de me tenir debout.
-
- Bill, Es ist vorbei.

Je me suis avancé pour être tout contre lui face à ce soleil qui se couchait devant nous, j’ai serré sa main pour qu’il ne me quitte pas, pour que ça lui suffise d’être vers moi, mais il y avait toujours ce nom qui se dressait comme une barrière infranchissable : Manon. Je voulais que ma chaleur contre lui puisse ne serait ce que pour instant le fasse sentir bien. Pourquoi se contenterait-il de moi ? J’en ai oublié de pleurer, de détester cette vie.

J’ai oublié que bientôt nous allions être tous séparés.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:33

Tom a posé sa main sur la vitre et j’ai pu voir sur un de ses doigts gravé « Vertigo. ». Tatoué, il ne voulait pas l’oublier et ma main à côté de la sienne ayant pour seul accord le sang séché telle une danse macabre. Vertigo et une certaine envie de sourire, de sourire ce satané vertige qui m’englobe et me rend tout simplement dingue. J’ai trouvé cette situation tellement peu banale, moi et ma liberté sur le bras et lui et son vertige jusqu’au bout des doigts. Comme si nous avions oubliés quelque chose en cours de route, un rappel à l’ordre que nous avons pas su saisir. J’ai peur de constater que lorsque qu’il repose la main le long de son corps qu’aucune trace ne marque son passage alors que moi le sang tache la vitre. Je serre encore plus fort ma main dans la sienne, paume contre paume je voulais pourtant une dernière fois essayer avec toi, Tom . Avec toi, contre le monde entier, mais juste une fois avec Toi. Mais tes doigts emprisonnant ma main toute entière ne faisait que me hurler que c’était impossible et au fond de moi je le savais bien que c’était vraiment trop tard et que ce courage n’était que bien trop éphémère. Tom, pourtant Tom je voudrais entamer encore un bout de chemin avec ton épaule comme un repère infaillible. Tom, te réécrire le monde entier pour que tu puisses rester avec moi pour cette fichue éternité, te redessiner le monde pour qu’Elle soit là vers Toi et que jamais tu ne m’abandonnes. Tom, te donner mon âme, mon cœur et tout ce que tu voudras de plus insensé pour que tu ne laisses pas ta place vide et atrocement froide. Alors, tu vois Tom sublimer ta vie, la sienne, la notre pour marcher sur un tapis d’étoiles et dormir les yeux fermés pour mieux entendre la mélodie de ton sommeil, juste ça Tom, juste ça.

Notre Vertige Tom, juste ça.

Tom a inspiré un grand coup avant de m’assommer de ce point final, mais Tom si c’est la fin, là que tout s’arrête ne me le dis pas encore. Je tremblais si fort que je croyais que c’était la terre qui s’affolait sous nos pieds, un signe fébrile pour nous avertir de notre terrible erreur . Il fallait juste se rendre à l’évidence, mais pour ça je n’étais pas prêt, et je ne le serai jamais. Cette idée d’abandon ne m’inspire que de la trahison et tellement de faiblesse.
- Je ne peux pas t’infliger un adieu déchirant Bill. C’est plus fort que moi.
- Alors ne le fais pas.
- C’est impossible, tout simplement impossible.
Il a essayé de dissimuler ses larmes, mais moi je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il devait me quitter comme ça, alors qu’il semblait avoir tant de mal à partir. Alors Tom reste avec moi, personne ne t’a demandé de t’en aller, reste, je t’en prie, reste. Ses larmes sont devenues des sanglots, et ses sanglots des cris déchirants. Reprendre cette histoire depuis le début, réécrire tout ce que je n’ai pas su saisir ou juste voir mais ne me parle pas d’une irréversible fin. La vie appartient à tous, même à nous Tom, même à nous. Laisse-moi oublier ta main qui glisse silencieusement de la mienne, prends-moi dans tes bras, je ne sais plus trop Tom, fais-moi rêver, fais-moi danser, fais-moi vivre, fais-moi sourire, fais de moi quelqu’un. Mais je t’en supplie ne me fais pas mal. Ses yeux se sont perdus dans le lointain tandis que moi je me perdais une dernière fois dans le doux éclat de ses dreadlocks, cacher un dernier rêve, un dernier espoir pour que tu ne m’oublies pas.
- Tom, j’ai si peur. J’ai si peur que tu m’oublies, que le temps fasse son effet et que je finisse par oublier moi aussi. J’ai peur de devoir me lever un matin sans penser à ce qui faisait tourner notre monde. Tu comprends ? tu comprends que cette détresse c’est celle d’oublier de vivre définitivement et de capituler en courbant le dos ? Alors Tom fais-moi cette promesse que quoi qu’il arrive tu ne m’oublies jamais.
Bien sûr il ne m’écoutait pas, j’ai serré encore une fois sa main à m’en faire mal aux phalanges, reste encore un peu avec moi, il a tourné sa tête vers moi pour m’offrir le tombeau de nos deux vies, ses cernes trempées de larmes me rappellent sans cesse cette cruauté, celle de notre naissance. Avoir été séparés n’aura que contribuer à notre décadence, séparer cette âme en deux c’était un crime. Pourtant malgré ça j’aimerais avoir la force de te dire que je n’aurais jamais pu être autant heureux qu’avec Toi, bien que tu m’évitais sans cesse, que tu m’ignorais complètement, en étant un je n’aurais jamais pu tenir ta main et finalement ce crime au fil des années est devenu notre pêché.

Tu vois, malgré tout rien n’a changé je t’aime autant Tom.

Sa main a serré en tremblant une dernière fois, une toute dernière fois la mienne.
- Dégage Bill, Vas-t’en.
- Mais…
- Ne dis rien, je ne peux pas faire autrement sinon, sinon je ne pourrais jamais m’en aller, alors Bill s’il te plait fais-le à ma place.
Sa paume a quitté violemment la mienne, ses prunelles me terrifiaient et je pouvais voir sa mâchoire serrée au maximum. Mes larmes n’ont pas su couler correctement et je m’étouffais avec mes sanglots, il me poussait « Dégage Bill, bordel mais dégage » et j’essayais de m’accrocher à son tee-shirt à des mots qui n’avaient pas de sens depuis une éternité « Tu ne peux pas me faire ça, on va y arriver » , il me secouait avec force pour tomber lamentablement sur mes genoux, j’étais à tes pieds tu pouvais me demander tout ce que tu voulais mais pas de nous séparer, pas de cette façon là. Il s’est mis en face de moi, genoux contre genoux et yeux dans les yeux.
- Bill, pourquoi tu veux pas partir ? Bill merde laisse-moi.
- Je ne peux pas Tom, je ne peux pas.
Ses mains ont saisis mon visage et il est venu embrasser mon front.
- Adieu petit frère.
Et c’est lorsqu’il a fermé les yeux douloureusement que j’ai compris que j’avais perdu et qu’il ne me restait que la capitulation, je me suis levé le laissant là comme il le désirait. Une ultime fois je me suis retourné
- Un an Tom, un an et on verra ce que la vie fera de nous.
A peine arrivé devant la porte j’ai abattu mon poing contre le mur « Merde » je ne peux pas le croire, comme une mauvaise histoire d ‘amour c’était bel et bien fini , je n’allais donc jamais le revoir. Jamais, quel drôle de mot. Oui Mais. J’ai descendu les escaliers dans un brouillard réconfortant, je n’ai même pas claqué la porte d’entrée et je suis parti les mains dans les poches pour oublier qu’elles tremblent notre disparition Tom. Parce que je n’avais pas besoin de me retourner pour te deviner derrière cette fenêtre, je n’avais pas besoin de demander de l’aide je savais que c’était définitivement perdu d’avance. Echec et mat.

Alors que pas à pas je m’éloigne de Tom je réalise que je ne verrais plus personne, ce qui est étrange c’est que cette idée ne m’affole pas plus que cela, comme si cela avait été une fuite comme une autre. C’est comme si cette impression de solitude ne m’avait jamais réellement quitté. Au bout d’un nombre incalculable de minutes j’ai arrêté de penser, j’ai tout arrêté même d’être moi, Bill, le Bill de tout le monde, le Bill de Tom, le Bill que vous avez peut-être un jour croisé . C’est définitif cela ne voudrait plus jamais rien dire, jusqu’à mon dernier souffle, jusqu’à ce que mon jumeau m’oublie. Je me libère d’un poids qui me pesait sur les épaules , oublions, oublions pour de vrai cette fois, quel doux refrain. Il paraît que la vie est belle, il paraît que tout ce qui ne tue pas rend plus fort, il paraît que certaines choses sont faites pour durer toute la vie, ce sont ces mensonges qui ne savent plus me faire aussi mal qu’avant. Alors, à vous, à ceux qui ne me comprendront jamais, à ceux que je n’ai jamais aimé, à ceux que j’ai oublié, à ceux qui me détestent je tire là ma dernière révérence.

A toi Tom, à qui j’ai sacrifié mes rêves, ma vie : te faire vivre.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:34

[ Tom]

C’est lorsque enfin il est partit que j’ai pu respirer, j’ai voulu en finir avant de sentir peser des remords qui étoufferaient définitivement le peu de conscience qu’il me restait, je voulais être celui qu’elle avait aimé, avant de la rejoindre au delà des cieux, là où elle serait plus facile de la chérir. Pourtant lorsque j’ai vu Bill marcher sur ce trottoir puis tourner à droite je n’ai pas réussi à m’arracher à la chaleur de son esprit, un an je voulais au moins tenir cette promesse. Je me suis roulé en boule sur le canapé, j’ai fermé les yeux et croisé les doigts pour faire un sommeil sans rêve.
- Tom
J’aurais pu reconnaître cette délicieuse voix entre mille, instinctivement mes paupières se sont abaissées. Mon cœur semblait retrouver la marche à suivre pour battre. Baboum, baboum, ça faisait exactement ce bruit Baboum Baboum, comme une ronronnement apaisant par sa familiarité. Ses doigts ont voulu caressé ma joue, mais je savais bien qu’ils n’arriveraient pas à me toucher, et pourtant ce sont cinq sillons glacés qui ont enflammé mon visage.
- Tom, mon Tom j’ai l’impression de rêver la douceur de ta peau et qu’elle n’existe uniquement parce que je l’ai trop imaginé.
Mon oxygène, mes poumons, mes astres, mon refrain, mes notes, ma vie, mon existence, mes rêves, mes soupirs, mes levers de soleil, mes jeux, mes sourires, mes marques, mes tourbillons, mes larmes, mes tourments, ma toute puissance, mon océan, mes couleurs, mes envies, mon air, mes sentiments, mes regrets, mes hurlements, mes désirs, mon impuissance, ma rage, mon ciel, mon adoration,
- Mon amour…
- Tom, je n’ose pas y croire alors je t’en prie prends-moi dans tes bras et donnons à cette vie un peu de saveur.
- Mon amour…
- Tom, regarde comme nos doigts qui s’entrelacent sont beaux. Tom, regarde, regarde je t’en prie regarde.

Je ne voulais que croire qu’en cet air qui tourbillonnait entre ses cheveux, je voulais faire d’elle ma déesse, ma religion de son âme, à genoux et tout ce qu’elle voudra du moment qu’elle ne me quitte plus, jamais. Vouer un culte à ses yeux bleus, faire offrande de mon corps entier pour que jamais mes souvenirs ne perdent la fraîcheur de sa paume soudée contre la mienne. Des frissons m’emprisonnent plus solidement que je pensais cela possible.
- Mon amour, ne pleure pas.
- C’est si bon de pouvoir sentir des larmes couler sur mes joues. C’est tellement vivant de pouvoir sangloter en sachant que tu pourras les sécher mes fichues larmes.
Ses larmes sont devenues les miennes, figées contre mon torse.

Je me suis réveillé à l’instant où j’allais la prendre dans mes bras, avant de savourer son corps contre le mien et pourtant j’ai senti des larmes couler dans ma nuque et des bras m’entourer. Je n’ai pas osé ouvrir un œil, je sentais sa poitrine se soulever au rythme de ses sanglots, rien de plus ne peut exister c’est la seule pensée qui me hantera à jamais. Cette fois je ne rêvais pas elle était bien là contre moi, cette éternité, cette puissance ne pouvait exister que lorsqu’elle me suppliait de ne jamais l’abandonner, elle m’a murmuré des millions de fois mon prénom, son bonheur juste pour faire vibrer ses cordes vocales contre mon épaule. Je l’ai gardé contre moi pour qu’on ne me la reprenne pas, jamais. Je n’ai même pas cherché à comprendre comment elle a pu se retrouver sur ce canapé avec moi, sa peau si froide et pourtant elle était bien là, je le savais pourquoi

- Manon, ce n’est pas que tu l’as trop imaginé, c’est que nous l’avons trop espéré et attendu ce moment.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:34

Le temps passe si vite dans tes bras, pourtant j’ai cette absence intolérable dans un coin de mon cœur.






365 fois que je raye les jours.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptySam 7 Juin 2008 - 23:36

Daimon et Soon ont pris la poudre d’escampette, je ne sais pas trop ce qu’ils sont devenus, mais une chose est certaine c’est qu’ils sont enfin heureux. Ils sont nés l’un pour l’autre et même par delà la mort ils seront enlacés. Je ne me fais pas de soucis, la dernière fois que je les ai vu Soon, Sonia perdait ses lèvres sur les rives de sa nuque, Daimon m’a envoyé un sourire, et ils sont partis comme ça, un matin s’en prévenir de rien mais je le sentais que le départ était imminent. Mais pas une seule fois nous avons prononcés le nom de Bill. C’était un tabou, une monstrueuse erreur, une chose que je ne voulais pourtant pas oublier, pas maintenant du moins et sans me rendre compte une année entière a défilé comme ça. Manon contre moi, pour moi et j’étais entier, j’étais vrai, le Tom mais surtout, surtout

Son Tom.

Ce matin je me suis levé à l’aube, j’ai regardé mon unique amour dormir quelques minutes avant de l’embrasser sur le front avant de lui promettre silencieusement que j’allais revenir, alors qu’en vérité je n’en savais rien, je ne faisais que l’espérer. J’avais terriblement peur, j’ai attaché mes dreadlocks sur le haut de ma tête et pris un croissant sur la table, je suis parti pour montrer que j’avais tenu ma part du contrat. Un an et j’étais toujours en vie, je n’avais pas cherché un seul signe de Bill, il ne m’en avait pas donné. J’ai marché un sacré moment avant de reconnaître une silhouette sur un banc, je me suis avancé avec ce nœud à l’estomac. Les cheveux toujours aussi noirs, plus courts et le dos courbé.
- Bill.
- Je ne pensais pas que tu allais venir, c’est étrange.
- Comment vas-tu ?
- Tu plaisantes là j’espère.
Je me suis assis à côté de lui, je voulais prendre sa main.
- Ne me touche surtout pas Tom. Surtout pas.
- Pourquoi ?
- J’aurais peur que tu comprennes.
- Quoi ?
- Je t’aime Tom. Bordel je t’aimais tellement.
- Qu’est ce tu racontes ?
- Tom, mon Tom. Rien qu’une fois. Tu es si beau lorsque tu es heureux.
- Bill
- Ne m’oublie jamais, je t’en prie Tom.

Un courant d’air frais est venu me caresser la joue et Bill disparu à jamais, à sa place se tenait une enveloppe, un dernier signe. Deux feuilles sur le premier un article de journal, une photo de Bill sur scène et en gros titre « Décès du célèbre chanteur Bill Kaulitz ».Mes larmes n’ont pas coulé et j’ai déplié le deuxième papier.


« Cette chanson pour toi, Tom

Vertigo.

Le froid a perduré, même lorsque nous étions ensemble
L’un contre l’autre, j’ai voulu construire notre temple
Des milles et une nuit, et être aspiré loin de toi,
On aura eu beau tout faire tout essayer, c’était malgré moi.

J’ai plongé sans même réfléchir dans notre vertige
Le vestige de nos souvenirs
De nos illusions,
De nos rêves.
J’ai ressenti pour la première ce que c’était d’être Toi.

Comme avant, dans nos tourments d’antan
Nous n’étions pas enfants, même réellement vivant
Comprendre tes larmes, ne m’abandonne pas
Et si tu n’en es pas capable, rattrape mon souvenir.

Je me suis effondré le sourire aux lèvres dans cette éternité,
Celle que tu ne m’avais pourtant jamais promise, libéré.
C’était ce vertige insensé et tout puissant de nos deux âmes amoureuses,
Ce vertige d’amour, de haine. Notre Vertige.

La nuit ne me fait plus peur, j’ai joué tu as gagné et je ne regrette rien
Les histoires de tous les jours ne peuvent plus me faire peur.

Notre Vertige. Vertigo, le tatouage essentiel, le cœur même de mon existence.

Vertigo, mon amour je n’étouffe plus. »

J’avais la mélodie de cette chanson que j’aurais pu t’écrire mais c’est là que j’ai réalisé que mon frère jumeau n’était plus. J’ai couru au cimetière le plus proche, j’ai erré une heure entière avant de voir ton nom gravé. La terre était encore juste retournée, je suis tombé à genoux et j’ai creusé, j’ai creusé parce que je voulais encore une fois te serrer dans mes bras, tu n’as pas tenu ta promesse. Je ne pensais pas que la vie aurait tout simplement glissé entre tes doigts. Mon Bill. La pluie a commencé à tomber, mes larmes se sont mêlées aux gouttes divines. J’ai hurlé et plus un autre bruit n’existait à part celui de ton prénom étouffé dans la boue fraîchement retournée. Bill. Bill je t’aime.

Et puis un ultime Vertige.



Fin.
Revenir en haut Aller en bas
~Soon~
Hyperaktiv
~Soon~


Féminin
Nombre de messages : 1022
Age : 31
Ma localisation : Nul part.
Date d'inscription : 15/07/2006

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptyDim 8 Juin 2008 - 11:23

Et Tu l'as fait.
Bordel, Tu l'a fait.
Me foudroyer de trop de Vertige jusqu'au dernier mot.
J'sais plus trop comment je me sens. Je sais juste que je pleure pour Tout.
Pour Bill que t'as eu le courage de faire mourrir, pour le désespoir de Tom. Pour Tom et Manon enlacés.
Je souris pour ce Sonia que t'as glissé entre mes pépites d'or, mes étoiles à moi, mes émotions, mon échapatoire: tes Mots.
Cette chanson ma Gat'...
Cette chanson elle me...Comme la...J'en sais trop rien.
J'en sais trop rien.
J'ai Vertigo collé au coeur. Gravé dans les yeux. Cette Merveille ma Gat', cette Merveille...
Jusqu'à la dernière larme qui crève entre les touches du clavier.
Jusqu'au dernier Vertige, l'Ultime.
Merci.
Revenir en haut Aller en bas
GatZePower
Hyperaktiv
GatZePower


Féminin
Nombre de messages : 1877
Age : 33
Ma localisation : Jura
Date d'inscription : 05/03/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptyDim 8 Juin 2008 - 13:18

Ma couleur. Tout le bonheur du monde, mon Vertige, Leur Vertige. Tout. Peu importe.

Et c'est moi qui te remercie, plus que Tout. Sans Toi je n'aurais pas pu écrire un seul mot. Je te jure. Je t'aime.

Mon dieu comme je t'aime. Et mille fois merci.
Revenir en haut Aller en bas
Georg'Engel_*
Komm
Georg'Engel_*


Féminin
Nombre de messages : 9502
Age : 33
Ma localisation : Paris
Date d'inscription : 15/04/2007

[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. EmptyLun 22 Déc 2008 - 19:44

Je me décidée à te laisser un commentaire un peu tard, un peu trop je pense.
Je crois que je voulais simplement laisser ce vertige trés loin dans ma mémoire et là lire comme pour une premiére fois. Et je me noyais une fois de plus dans le tourbillon de tes mots et j'en perdais le souffle.
Gat', trés chére Gat', tu seras toujours la meilleure, tes mots, tes émotions.
J'en ai perdu mes mots, ces foutus vertiges.
Il est déjà trop tard pour toi mais il est temps pour moi.
Finalement, ce commentaire n'est qu'une futilité.
Juste pour te dire que j'ai pire qu'aimé.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





[T]Vertigo. Empty
MessageSujet: Re: [T]Vertigo.   [T]Vertigo. Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
[T]Vertigo.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
La Page Orange :: Entre fans :: Fanfictions & OS :: Fanfictions Terminées-
Sauter vers: