[OS] Two lovers in Japan.

Tokyo, 1997. Tous les lumières illuminent les longues allées qui ne semblent jamais finir. La nuit est déjà bien avancée, mais des milliers de personnes flânent encore dans les rues, enchaînant magasins sur magasin. Noël pointe doucement le bout de son nez. Les temples alentours sont bondés de monde, chaque personne ayant un papier – sur lequel leur vœu est inscrit – dans le creu des mains.


« Je n'ai jamais comprit pourquoi on fait ça chaque année. Les voeux que je fais aux temples ne se réalisent jamais en général. »
« D'un côté, ils doivent être tellement nul et sans intérêt, que même Bouddha les jetteraient au ... »
« Et après, c'est moi qui suis méchant ? »


On entend à travers toute la foule un énorme soupir digne d'un enfant ; sauf que c'est une personne adulte qui le pousse. Ses cheveux couleur sang partant dans tous les sens, avec une veste en cuir noire et un jean dit cigarette de la même couleur, il enlace affectueusement le bras droit de l'homme qui l'accompagne.


« Je rigolais, Yoshiki-chaaaan ! »
« Tu crois vraiment qu'avec tout ce monde autour de nous, j'ai envie de rire ? En plus, je déteste être pressé contre les gens comme ça. »
« T'es contre moi, c'est déjà autre chose, nee ? »
« ... Tu sais, hide ... » ; il soupire ; « Des fois, j'ai l'impression de parler à un gosse de sept ans. »


L'interpelé se contente de faire un sourire de toutes ses dents, se serrant un peu plus contre son aîné. La veillée de Noël est dans deux jours, toutes les classes sociales confondues se mélangent entres les grandes avenues de Tokyo ; riches, familles, veufs, clochards, célébrités. Artistes.

Personne n'est resté impassible face aux deux jeunes hommes qui faisaient la une de tous les journaux, non seulement grâce au groupe mondialement connu dans lequel ils font partis, mais aussi pour leur relation. L'homosexualité est en pleine expansion dans le monde entier, elle devient moins taboo. Un journaliste de la presse people tuerait pour écrire un article sur un couple homosexuel, surtout à la fin des années 1990.

Yoshiki et hide. Deux fortes têtes comme n'importe qui n'en a jamais vu. L'un sérieux, l'autre ayant gardé son âme d'enfant. L'un ayant les pays sur terre, l'autre la tête dans les nuages. Les deux amoureux de l'autre. Ils semblent tellement opposés à la fois dans le caractère et dans la façon de vivre, et vivent pourtant ensembles depuis cinq bonnes années déjà. Les fans n'en sont que plus heureux, de voir deux membres sortir ensembles.


« Arrêtes de regarder les gens comme ça, tu me fais honte. »
« Mais c'est eux qui ont commencé à nous dévisager. J'ai quelque chose sur le visage ou quoi ? »
« A part ce jean beaucoup trop serré à mon goût, non. »
« hide, c'est toi qui me l'a acheté. »
« Oui mais, la femme du magasin m'avait juré qu'il ne serait pas aussi serré que ça ! »


Il lui ébouriffe les cheveux. Ça a toujours été comme ça entres eux. Des chamailleries, des gamineries, puis un temps pour le sérieux, la tendresse, la passion. Un temps pour l'amour. Yoshiki prend machinalement cette boule de nerfs rouge dans ses bras, voyant que celui-ci mourrait de froid.

C'est comme ça, pour eux, un moment de tendresse. L'un d'eux fait un geste doux et surprenant, l'autre se laisse faire. Généralement, c'est surtout le batteur qui a des gestes comme ceux-ci autour des passants : amour possessif et jaloux oblige. Tout le monde avait bien comprit depuis longtemps que cette personne qu'il avait contre lui n'est et ne sera qu'à lui seul. Hide ne s'en plains pas, au contraire. Yoshiki est une des rares personnes qui l'a aidé à se relever d'un passé lent et très douleureux.


« Tu sais, je pensais ... » ; ils sont maintenant face à un des pilliers du temples, parsemés de papiers griffonnés de souhaits ; « Tu n'aurais pas été là pour moi, peut-être qu'aujourd'hui, je ne serai pas là ... »
« Arrêtes de penser à ça. Tout est finit depuis bien longtemps, tu le sais bien. Et puis, c'est Noël, oublies un peu ces mauvaises pensées ce jour là au moins, tu verras, ça te fera du bien. »


Sa petite moitié a longtemps été maltraitée et abusé sexuellement par son père. Jusqu'à ces quinze ans. S'étant échappé de chez lui, ne laissant aucune trace à son père, il a éré dans les rues pendant trois ans. Jusqu'au jour ou, s'exerçant sur sa vieille guitare en plein milieu de la rue, il avait réussit à capter le regard d'une seule personne. Une seule reconnaissance, la première personne a avoir cru en lui.

Yoshiki avait eu du mal à le faire revenir à une vie plus « normale » : il avait un grand appartement, financé par ses parents, haut placés. Il n'y avait pas un soir ou hide ne dormait pas avec lui, terrifié à l'idée que la nuit se répandait sur tous les murs. A chaque fois qu'il haussait la voix, il partait se réfugier dans le coin d'une pièce, de peur de se faire frapper. Les nombreuses fois où Yoshiki le prenait dans ses bras ou lui caressait les cheveux, il frémissait de peur. Celui-ci fut d'ailleurs extrêmement surpris lorsque le guitariste, un beau soir, l'avait embrassé en lui murmurant un je t'aime. Leur premier, et loin d'être le dernier. Il était devenu entre temps le nouveau guitariste des X Japan.

Et ils se sont affichés en tant que couple en 1992.


« C'était quoi ton vœu ? »
« Si je te le dit, ça ne marchera pas. »
« Allez, tu peux me le dire. »
« Yoshikiiii, tu veux vraiment que ça ne se réalise pas ? »
« Hm, ouais ? »


Minuit sonne sur la montre du plus grand. Les rues sont encore pleines de monde. Les autres membres du groupe sont partis fêter ça en famille, ou avec leur conjoint. La neige tombe doucement sur leurs cheveux et vêtements. Bientôt, la veste noir d'hide sera recouverte d'un soyeux manteau blanc.

Ils marchent silencieusement dans les rues. Se tenant main dans la main, parfois se faisant des câlins, plantés au beau milieu d'une place publique. Ils n'ont jamais réellement eu besoin de mots pour exprimer ces moments comme celui là.


« Alors, tu ne veux toujours pas me dire ? »
« Iee ! »
« Je veux savoir, allez. Je te l'ai bien dit moi l'année dernière. »
« Tu parles ! Ce n'était même pas un voeu ça : qu'il m'aime éternellement. Tu crois vraiment que ce sont les esprits qui contrôlent mes sentiments envers toi ? »
« Non, mais c'était pour le principe. Allez, dis moi maintenant. »
« ... Tu y tiens tant que ça ? »


Le vent se fait bizarrement plus insistant. Ils ne se soucient pas de savoir où leurs pas les mènent, ils se regardent dans les yeux.


« Pourquoi pas ? Pour voir quelles surprises tu peux nous réserver. »
« Tu me promets de ne pas te moquer de moi alors ? »
« Promis. » ; Yoshiki l'enlace tendrement, déposant un baiser sur sa tempe.


Cette soirée aurait put être comme les cinq précédentes. De la neige, une soirée romantique, des voeux à aller afficher au temple. A cacher pour toujours. Pourtant, elle a sut se différencier de toutes les autres. A un détail près.