Feuilles Mortes.
Imaginez vous, une plaine. Un champs. Une montagne, ou même une forêt.
Imaginez vous deux enfants. Des jumeaux, lié à la vie, à la mort, par la chaire & le sang.
Imaginez vous une pluie glacée, et un orage éclairant le ciel.
Imaginez vous tout ça, et revenez me voir après.
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« Alexey, tu crois que la vie est plus belle, ailleurs ?
- J'en suis persuadé, Aglaë. »
Couloirs blancs, odeur acre.
« Alexey, ça va durer encore longtemps ?
- Aussi longtemps que la vie le voudra. »
La jeune fille tourne ses yeux bleu azur vers son frère, adossé à la fenêtre, son regard perdu dans le vide.
Son frère.
La seule chose qui lui restait, à présent.
« Alexey.
- Aglaë ? »
Il se tourne enfin vers elle, et l'admire de ses yeux bleu ciel, lui aussi.
Les mêmes yeux. Les mêmes têtes.
Les mêmes mimiques.
Alexey sourit en se reconnaissant dans sa soeur. Qu'auraît été la vie, sans elle ?
Comment tout celà ce serait passé si, lui, avait été tout seul, face à tout ça ?
« On fait quoi, maintenant ? »
Et au fond, Aglaë se pose les mêmes questions. Tout au fond d'elle.
« On suit notre instinct. Allez vient ! »
Lui tendant la main, nos jeunes adolescents quittent le couloir trop blanc pour des êtres encore si innoncents.
Ils quittent même le monde réel, et s'enferment dans le leur. Ils quittent la terre ferme, et s'envole, aussi haut qu'ils aimeraient aller jusqu'aux nuages, jusqu'à présent innaccessible.
Et ils y arriveront. Coûte que coûte.
Et les passants se retournent sur leur passage.
Deux adolescents courrant dans la rue, sortant d'un hôpital, riant aux éclats.
Voilà ce qu'ils voyent, tous ces gens.
Ils voient seulement ce que l'on veut bien montrer de nous.
Et vous, que voyez vous ?
Juste l'instant de se retourner, comme au ralenti.
Un crissement de pneu, deux yeux bleu qui se tourne vers sa moitié.
Une tornade de long cheveux blond virevoltant, et une cascade d'eau ruisselante.
Des cris, des hurlements.
Alexey est accroupis, près de sa soeur. Aglaë regarde angoissée son frère, son tout.
Elle sait que son heure est arrivée. Elle le sait.
Elle le sens.
Elle sert la main de son frère, en le regardant du mieux qu'elle pouvait.
« Aglaë. Non, je t'en pris. Pas toi, pas maintenant.
- C'est mon tour, faut croire, Alex.
- Ne me laisse pas tout seul. AGLAË !
- Laisse moi partir, Alexey. Je t'en pris.
- Prends soin de maman, là haut. »
Et dans un dernier soupir, un dernier regard, un dernier amour, Aglaë laissa le peu de vie qu'il lui restait s'échaper.
Elle aurait voulu rester. Elle aurait voulu remonter le temps, et dire à son frère à quel point elle l'aimait.
Dans un dernier soupir, elle avait tout lâché.
Tout comme l'avait fait sa mère, la veille même.
Et tout comme l'avait fait son père, deux ans auparavant.
Et tout comme le fera son frère, dans longtemps.
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« Et c'est ainsi que ma soeur est morte. Un jour d'automne. Non, plutôt LE jour de l'automne.
Ce jour où je me suis retrouvé seul. Seul au monde.
Ce jour où j'ai senti le ciel me tomber sur la tête, la terre s'écrouler, le sol s'entraver sous moi.
Ce jour où j'ai perdu la moitié de mon âme, et celle que je ne retrouverai jamais. »
Alexey leva les yeux de son journal, plume à la main.
Regardant la cheminée, il contempla les deux enfants aux yeux bleu azur et cheveux blonds rirent sur le tapis du salon, sous
le sapin de noël. Il était beau, le temps de l'enfance.