Bon bin j'avais dit que je mettrais la suite que demain mais j'ai un gros pavé de racontage à caser alors... woilàà :Arrivée devant le plan grand format je suis déjà découragée. Il y a tellement de noms !
// Tu sais à côté il y a la liste des noms et leur emplacement sur le plan. //
/ Ouais c’est bon, je suis pas bête non plus ! Mais même si ils sont marqués faut quand même tous les lire /
// Jamais entendu parler d’ordre alphabétique ? //
/ t'es sûr que c'est classé cmme ça ? /
// >_<’ Tu veux que se soit classé comment ? //
« - Eh tu rêves ?
Oups. Nan je parlais à ma conscience, on peut pas appeler ça un rêve, un cauchemar oui…
- Désolée.
- Donc je te disais, c’est là.
Elle montre du doigt un tout petit point tout en bas à droite de la carte.
Genre plus loin tu peux pas tu sors de France '-_-
- On en a pour combien de temps jusque là-bas ?
- Oula ! Je préfère même pas savoir… »
Et bien sûr comme on a pas d’argent il va falloir frauder. Vu le nombre de stations et ma chance légendaire, on parie combien qu’on se fait contrôler 5 fois ? Tant pis on y va.
De tout façon on a pas vraiment le choix, et puis ça nous laissera un peu, enfin beaucoup '-_-, le temps de nous connaître.
Etape n°1 : trouver un itinéraire. Fait par Camille
Etape n°2 : faire le trajet sans se faire choper (et avec en bonus : sympathiser pour de bon avec madame yeux bizarres)
// Déjà un surnom ? //
/ Oh tais toi je t’ai assez vue de la journée ! De l’année même /
// Ya pas de «e» à «vue» parce que je suis un mec, t’as déjà oublié ? //
/ Nan, mais t’es
une conscience. Et puis ferme la tu me fatigue /
On rentre donc dans le train et on s’assoit un peu à l’écart. Je n’aime pas être parmi la foule… et apparemment elle non plus.
Et le silence s’installe. Après tout qu’est ce que j’ai en commun avec cette fille à part le fait qu’on est toutes les deux à la rue ? Je n’en sais rien.
Je me suis souvent demandé ce qui faisait qu’on était ami avec quelqu’un plutôt qu’un autre. Après tout on peut discuter vite avec à peu près tout le monde… alors pourquoi choisir quelqu’un plus que les autres ? Peut-être que c’est moi qui en attends trop d’un ami. Après tout je n’ai jamais eu de vrai ami, parce que les amitiés de primaire ça ne compte pas vraiment, et depuis le collège je n’ai fais qu’aller et venir entre les groupes, ne trouvant dans aucun ma place, n’y trouvant pas l’idéal que je m’étais fait de l’amitié. Mais pour veux qui le trouvent, comment faire la différence entre une connaissance, une simple copine et une vraie amie ? Qu’est ce qui lie les gens ? Les points communs, et puis le passé… mais pour avoir des souvenirs, il faut faire des choses ensemble. La base ce sont sûrement les points communs. Et qu’est ce qu’on a en commun ? Rien. On ne sait rien de l’autre. Ni le passé, ni le présent. Je ferais bien d’arrêter de réfléchir à des trucs aussi inutiles et de me concentrer sur des choses plus importantes comme apprendre à connaître Camille ou même essayer de fouiller ma mémoire pour trouver le père du petit bout que je porte. Petit bout qui a faim… mais il va devoir attendre, et vu la conversation de ma très silencieuse compagne de voyage, le trajet risque d’être long.
J’essaie d’engager la discussion, en lui posant la question qui me brûlait les lèvres.
« - Comment t’as fait pour tenir 3 longs mois ? Sans argent, sans maison, sans douche ?
- Pour la maison tu l’as vu… l’entrepôt. Pour se laver, toilettes publiques. Manger… c’était le plus dur. Je volais, mangeais. Et puis pour pas déprimer… la drogue.
- Comment tu faisais pour t’en procurer ?
- Un type, riche. Très riche. Il en achetait. Il en filait aux jeunes paumés.
- Mais ça ne les aide pas ! En plus d’être déprimé et dans la merde ils deviennent toxico. Ça leur rend franchement pas service !
Elle ricane devant mon air choqué. Le voile qui avait commencé à assombrir ses yeux les recouvre totalement. Elle semble ailleurs, perdue dans ses souvenirs. De sombres souvenirs.
- Tu sais pas ce que c’est, de vivre dehors. Tu sais pas ce que c’est de te lever le matin en connaissant déjà tout le déroulement de ta journée : réveil, marcher, faim, marcher, voler, courir, manger, marcher, retrouver les autres, boire, fumer… Un rituel que tu répètes tous les jours, sans cesse, en sachant que le lendemain ce sera pareil. En sachant que t’auras encore plus faim, plus soif, que tu devras boire plus et fumer plus pour retrouver ton état de semi inconscience, le seul dans lequel tu te sens bien. Parce que même quand tu dors ta putain de réalité elle te lâche pas. Parfois tu te réveilles en pleine nuit dans une rue que tu connais pas, sans savoir comment t’y est arrivée et ce que t’y fait. Parfois quand tu t’endors la nuit tu pries pour pas te réveiller, pour pas revivre cet inlassable scénario. Et tu te réveilles, t’as encore rêvé que tu mourrais. A partir du jour où tu te demandes si c’est un cauchemar ou un rêve que t’as fait, il te reste plus que la drogue.
Elle marque une pause.
- Alors peut être que pour toi c’est mal ce qu’il fait, peut être qu’il brise l’avenir des jeunes à qui il refile sa dope, mais ceux qui lui prennent, tu crois qu’ils ont encore un avenir à préserver ? »
huhu, quelles sont longues mes suites