[T] Pensées Nocturnes

Hihihi c'trop gentil c'que vous dites. Merciiii (J'ai l'impression de le dire tel'ment souvent... Mais j'adore le dire^^)

<3

Une p'tite suite, y'en a une autre qui attend, pour demain j'pense, ou après demain si j'peux pas avoir accès au net avant Huhu^^

Voilou =)



On est restés longtemps comme ça, sans bouger, peut être parce qu’on avait l’impression que tout allait partir en morceaux si on bougeait trop. Moi, j’m’étais installée au creux d’son corps, et puis p’t’être même au creux d’son cœur. En tout cas, j’le sentais battre si fort, ce cœur, qu’il me portais comme jamais.

« Tu sais… J’me demande si j’rêve pas, encore.
- C’est pas un rêve pourtant.
- Qu’est c’qui s’est passé ? Comment ça s’fait que j’te serre contre moi alors que t’étais dans mes rêves ? Pourquoi j’parle allemand alors que j’ai jamais appris cette langue ?
- T’as appris dans tes rêves, Lino.
- Ah bon ?
- Oui. T’as appris cette langue, comme t’as appris l’espoir, comme t’as appris la vie, comme t’as appris à marcher alors que tu n’faisais que t’casser les dent sur le béton quand t’essayais, avant… T’as appris à chanter, alors que t’as toujours trouvé qu’ta voix n’était pas mélodieuse. T’as appris à croire en toi. »

J’trouvais ça complètement fou, et il le savait. Mais après tout… Après tout, c’était ça la vie, des trucs surprenants auxquels t’as jamais de réponse. Et puis zut, c’est tant mieux, les réponses ça aurait enlevé le mystère qui m’faisait tellement aimer cette histoire.

« Faut que tu rentres chez toi, Lino.
- J’ai pas d’chez moi.
- Chez ton père.
- J’ai pas d’père.
- Faut qu’tu édites ton histoire.
- J’sais même pas écrire, alors…
- Mais… Lino…
- Quoi ?
- T’es belle.
- … »

C’était tout. Il n’a exposé aucune résistance, il n’a pas insisté, il n’a pas essayé de me persuader que j’avais bien un père, le pire des hommes que je connaissais jusqu’ici, il n’a pas essayé de me dire que si, j’avais un chez moi, que si, j’savais écrire. Il m’a laissé m’fermer, sans rien dire. Il m’a laissé enrager au fond d’moi même contre ces injustices qui s’abattaient depuis trop longtemps. Et puis il m’a laissé me calmer toute seule, il m’a laissé me rendre compte de sa présence, et sourire en pensant qu’il était là. Il m’a laissé l’embrasser, pour la première fois.
C’était un peu comme une glace à la framboise, c’était sucré, c’était doux, et puis quand on y goûte une fois, on sait qu’on ne pourra plus jamais s’en passer.

« Tu vois, que j’suis pas un rêve.
- Non, t’es bien mieux qu’ça. »

Il sourit, et puis se leva, me prit par la main et m’entraîna avec lui le long d’une route. Et puis on marcha, je ne sais pas trop vers où, côte à cote, et je savais que j’aurais pu faire ça toute ma vie, pourvu qu’il soit près de moi.

« On va où ?
- Tu verras bien. »

Le violoniste avait fait taire son instrument, mais la musique continuait à s’jouer dans ma tête, et j’avais presque envie de danser. J’avais laissé la boite de médicaments derrière moi, en même temps que ma mort.

Ouais Lino t'es belle. T'es sacrément belle.
Et tout c'que t'écris ca te rend tellement plus belle encore.

J'ai l'impression que rien qu'avec c'que tu dis, là, j'pourrais partir très loin et trouver enfin l'monde qui m'conviendrais. Avec toi.

Merci.
(Sous la demande de Baboulacarotte qui ne tenait plus, voilà la suite plus tôt que prévue^^ )






Guitare électrique. Batterie. Son rock, plus du tout la même chose que le violon. Mais c’est beau quand même. Les notes faisaient des tours dans ma tête et, j’le voyais bien, dans celle de Bill aussi. Et puis, sans crier gare, il m’a prise dans ses bras et m’a soulevée très haut, et peut être qu‘il m‘a emmenée plus loin que la Voie Lactée, parce que c’est encore plus beau là bas. Il m’a sourit et m’a murmuré des paroles si douce que j‘ai cru perdre mon nom dans ses mots.
Bill c’était ça. Un grand mec aux cheveux longs et très noirs, un peu comme dans les mangas que j’lisais quand j’avais encore la tête sur les épaules, les yeux charbons étincelants, et qui s’dressait sur ses jambes comme s’il voulait s’envoler. On aurait presque pu voir ses ailes qui s’étendaient derrière ses épaules. Et quand on l’regardait, on pouvait pas s’empêcher de s’dire qu’il était fait pour la vie, qu’il allait pas hésiter à la vivre à fond, même s’il prenait le risque de fondre à cause des rayons d’la joie.
Quand on est retournés sur Terre, on était dans un grand hangar où quelques camions stationnaient encore, mais qui semblait toutefois délaissé. J’ai regardé autour de moi et j’me suis tout de suite sentie à l’aise, un peu comme si le lien qu’avait Bill avait les gens qui étaient là me concernait aussi. Dans le hangar, qui finalement ressemblait plus à un petit coin aménagé dans lequel on pouvait tout à fait vivre, régnait une ambiance chaleureuse. Je ne pourrais pas définir ce que je ressentis quand je pénétrai dans ces lieux. Mais j’avais l’impression que la caresse de la pluie, les chants du vent dans mes cheveux, les sucettes à la cerise, les parties de billes, mon nounours en peluche, le parfum de la terre quand il vient de pleuvoir, les trois ou quatre étoiles que Mateo avait capturé dans ses yeux, les câlins de Miette quand il était plus jeune, tout ça, j’avais l’impression que c’était réuni ici. Et c’était peut être vrai, après tout, c’était peut être tout ça à la fois, dans les yeux de ces inconnus, dans le canapé rouge en plein milieu de la pièce, dans les coussins moelleux éparpillés un peu partout au sol, dans les lampes qui projetaient du orange, du ambré, du doré sur les murs, dans les camions tagués de toutes les couleurs, dans la batterie qui résonnait encore, dans l’claquement de doigt de Bill, et même dans l’babyfoot qui attendait dans un coin.

« C’est…
- Oui.
- Elle ressemble à un ange qui a échoué dans le monde sans qu’on lui ai d’mandé son avis.
- C’est un peu ça je crois…
- Elle est adorable.
- Je sais. »

Je regardai Bill échanger ces quelques mots avec un garçon d’à peu près sa taille, une casquette vissée sur la tête et des habits de rappeur. Il avait les cheveux très longs, mais ils paraissaient plus courts puisqu’il en avait fait des dreads, depuis un bon moment supposai-je.
Il s’est approché de moi, et a planté son regard sombre dans le mien. J’suis restée immobile. J’ai bien cru qu’il m’aspirait dans ses yeux, tellement ils étaient profonds et torturés.

« J’crois que j’t’avais déjà bien imaginée. Mais si belle, certainement pas.
- Tom. Les fenêtres qui s’ferment sur son cœur, c’est toi qui les ouvre, hein ?
- Oui, Lino, c’est moi. Et puis, tu sais, il fait pareil avec moi.
- Oui, j’sais bien. »

Pour nous, y’avait rien d’étonnant à ce que je discute avec Tom comme si j’le connaissais depuis toujours, y’avait aucune surprise à c’que j’arrive, main dans la main avec Bill ici, alors que je n’étais jamais venue. Mais pour les deux autres qui se tenaient devant nous, ça devait paraître bizarre. D’ailleurs, ils nous lançaient des regards mi étonnés mi résignés, un peu comme s’ils savaient qu’ils n’y comprendraient jamais rien, de toute façon, à ces deux gars.

Quand j'te lis, j'ai le goût sucrée à la bouche d'un bonbon à la cerise !
Ah, j'ai envi de dire quelquechose.


OUH-OUH !

Roh j'suis émue.
Merci Cindy, c'que t'as dis ça m'a fait un truc tout bizarre dans l'ventre et des chatouilles au fond du coeur. Et j'aime bien ça =) Voilà, avant qu'tu partes, la suite de mon grand n'importe quoi ^__^



« Il a des rires au coin des yeux et des sourires accrochés aux oreilles, et puis d’la souffrance sur les lèvres, ça fait un drôle de mélange, un peu comme si tout ça s’bat sans trop savoir qui va gagner.
- Tom, il se bat depuis toujours. Avec le monde entier. Il se bat contre des idées qu’il n’aime pas. Et puis il se bat contre les gens qui disent qu’on n’pourra jamais voler comme Peter Pan.
- Moi j’me battrai jamais avec lui, alors.
- C’est pour ça que j’t’aime, Lino. »

Bill, la joie en un clin d’œil. Comment passer des pleurs aux rires.
Il rayonnait, il semblait vouloir traverser la brume qui tombait trop souvent sur la Terre et r’donner le sourire à tous les enfants qui l’avaient trop souvent perdu. Il pansait les blessures tout doucement, tout simplement, il se frayait un chemin au milieu des ronces et des orties qu’il y avait dans les cœurs, et il défrichait tout ça, avec toute la passion que lui offrait le peu d’innocence qui lui restait. Et Tom, il lui ressemblait. Ses yeux, c’était les mêmes. Seulement, Tom il riait moins, il riait peu. Tom il avait des douleurs, et p’t’être même les souffrances de Bill en lui. Les deux, c’était un peu comme le Yin et le Yang. Mais au fond, c’était la même chose. Deux âmes un peu paumées qui avaient terriblement besoin l’une de l’autre.

* * *

J’étais un peu comme dans un autre monde, et je sentais bien que j’avais encore beaucoup à apprendre. A réapprendre. C’est bizarre de se dire qu’on a vécu, pourtant pas mal d’années, tout ça pour tout r’commencer. R’commencer à marcher, à pas s’casser la gueule à chaque pas. Mettre un pied d’vant l’autre et arrêter d’s’agripper à des branches qui vont s’casser, et p’t’être même nous enfoncer encore plus. Enfin là, j’crois que je m’accrochais à un arbre entier, et qu’il avait pas l’air de vouloir me laisser tomber, cette fois. J’observais les quatre amis jouer, j’voyais Bill chanter, et il m’arrivait de me dire qu’c’était quand même une super invention, les rêves…
Pendant que les artistes se concentraient sur une balade qui m’emmenait un peu ailleurs, j’vis entrer quelqu’un dans le hangar. Quelqu’un.
Elle. Il ? Encore une fois, je ne savais pas trop. Je l’observai, cette silhouette, qui s’installait discrètement dans le canapé, à quelques mètres de moi. Même pas remarqué ma présence. Enfin, je crois. Assise dans le canapé. Sans broncher, regarde les musiciens. Ou peut être regarde leur musique, juste. Regard un peu vide, regard un peu douloureux. Yeux dans l’vide. Yeux avides. Avides de quoi ? Avides de vie. Mains douces, posées sur un jean délavé. Sur ses genoux. Doigts fins. Bagues argentées. Bagues entrelacées. Doigts emmêlés. Et puis sa respiration, presque rien, juste un murmure, comme proche de la mort, souffle de l’agonie, souffle mourant. Pourtant, cette silhouette, elle se tenait bien droite et ne semblait pas mourir. Enfin, je crois…
Au bout de quelques minutes, qui m’avaient paru un petite éternité, elle tourna la tête vers moi. Elle m’avait remarquée, tout compte fait. Mais…
Pas vue. Non, elle n’aurait jamais pu me voir. Impossible. Ses yeux blancs et sans vie, finalement, sans aucune vie m’observaient. Ses yeux qui ne voyaient pas.

« Salut. »

Un mot. Une vie. J’avais compris dans ces quelques lettres plus que dans tout un discours. Torturée, elle aussi. Comme nous tous je crois. Sauvée par le groupe, je crois. Amoureuse. De qui ? J’n’en savais trop rien. Peut être juste de la lumière du jour, des couleurs de l’arc en ciel, des coquelicots et des violettes, des levés de soleil, du rouge des cerises, du bleu du ciel, du vert des feuilles, du jaune des boutons d’or. Des couleurs et des merveilles qu’elle ne voyait pas. Ou plus.

« Bonjour…
- Tu es Lino, c’est ça ? »

Décidément, on me connaissait plus ici que dans ma propre maison. Elle semblait vouloir me sonder, et approcha ses mains vers mon visage. Moi, pourtant d’ordinaire si méfiante, je me laissai faire. Et ce qui est étrange, c’est que ses doigts, qui me frôlaient par moment, étaient à chaque fois comme un pansement sur mes blessures à vif. Je la laissai me découvrir ainsi quelques instants, et puis elle sourit, son visage s’éclaira et ses yeux morts rirent un peu.

« Tu es bien Lino. Et Bill avait raison.
- Raison, pourquoi ?
- Par ce qu’il dit que tu es un peu comme une étoile éteinte, qu’il faudrait rallumer, parce que ce serait trop triste.
- Triste…? Pourquoi ?
- Parce que si une étoile est venue nous rendre visite, il ne faut pas qu’elle meurt. Ce serait trop triste. »

Mais, j’suis pas une étoile.

« Blin‘, t’es là.
- Oui, j’suis là Bill. »

Elle avait toujours son sourire quand elle tourna son regard vers lui, et Bill leva un sourcil, un peu comme si c’était étonnant de voir ce geste si simple sur ce visage si sombre.

« Elle te plait ?
- Elle est comme tu me l’as décrite.
- Comment ça s’fait que vous m‘connaissez tous ?
- Bill rêve de toi depuis quelques temps déjà, et il nous raconte. »

Tom s’approcha et embrassa Blin’ sur le front, puis s’assit à mes côtés.

« On t’connais parce que Bill a apprit à te connaître. Et qu’il partage tout avec nous. Tu sais, on te connais depuis un moment, cette fois, et… Faut qu’t’arrive à vivre, Lino. »

Tom a le don de dire des mots simples mais qui t’résonnent dans l’cœur dans tous les sens. Qui t’font réfléchir et même parfois qui t’font guérir. Mais c’est pas ces mots là qui allaient me guérir aussi vite, même s’ils commençaient à s’battre comme des anti-corps contre mon mal d‘être.

Et puis j'reste là, les bras ballants, cherchant quelque chose à dire sur tes mots. Mais j'crois bien qu'il n'y a rien à dire. Puis j'ai jamais été très forte pour les compliments, de toutes façons.
Alors j'te dis juste bravo et merci.
C'est des mots simples, mais ils cachent tellement de choses... J'espère qu'tu sauras les voir. J'n'en doute pas vraiment, en fait.



Et puis continue, surtout, j'veux encore ressentir ça, j'veux encore rêver...

waou comm j'aime, c'est trop baeu, comme t'écris, c'est c'que j'ai au fond du ventre, c'est des rêves, c'est le silence le plus bruyant de toute ma vie : en gros le truc le plus destabilisant que j'ai jamais lu
...
C trop bo
arret jamais, sa m'fai vivre un peu plus longtps de rêver davoir la suite
!!
<3
alors met nous la suite

Tes mots j'crois que c'est encore meilleur que du diabolo kiwi. <3

J'sais pas trop ce qui se passe, la quand je lis tes mots.
J'ai pas envi de faire la poetes, parce que je crois que hier avec Yoann, c'est deja assez ^^..
Mais bref. Ya un genre de vide un peu bizarre en bas du ventre. Pourquoi tout se passe en bas du ventre ? J'ai des zigwigwis dans les epaules, et on dirait presque un pas de Polka.
Et surtout surtout. Ne te ronge pas trop les doigts cette nuit, parce que t'en aura besoin pour la toucher. D'ac ?
Profite. Je sais bien que j'ai pas besoin de te le dire, pour que tu le fasses, mais juste pour te faire un peu comprendre que j'suis contente pour vous.

Aller, continues a faire ton n'importe quoi.
Ah, et j't'adore.

A bientot =)

Alors là, c'est moi qui sait plus quoi dire. Vous êtes vraiment... Adorables. ^^
Oui Pao, j'y pense, et j'me bouffe plus les doigts...
Meilleur que les diabolo Kiwi ?!

Voila la suite^^



Ça faisait d’puis le milieu de la nuit que j’étais là, j’avais rencontré Bill et l’violoniste à minuit, et à partir de c’moment là j’avais plus compté les heures, parce que c’était un peu comme si le temps s’était oublié, qu’la Terre s’était arrêtée d’tourner et qu’la Lune était restée suspendue dans l’vide pour nous laisser tout l’temps, à Bill, Tom, Gustav, Georg, Blind’ et moi, d’construire le Nouveau Monde.
Le jour s’était levé depuis quelques heures déjà, la grande pièce devenait plus lumineuse à mesure que le temps avançait, parce que malgré tout, il ne s’était pas réellement oublié, le temps…
J’étais toujours dans le fauteuil en cuir, Bill assis sur l’accoudoir, sa bouche dans mes cheveux, son rire un peu partout autour de moi et qui s’gravait sur mon âme, ce rire qui m’réchauffait et m’chatouillait de plaisir le bout des doigts. Blind’ et Tom dormaient l’un contre l’autre. Quand j’les regardais les deux, j’avais l’impression d’voir deux Pierrots qui pleuraient en silence. Même le sommeil n’arrivait pas à effacer les blessures qui avaient taillé à coup d’couteau leur visage encore jeune. Main dans la main, ils dormaient comme deux enfants qui ont grandit un peu trop vite.

« Hé, Lino, tu restes à midi ? »

C’était Gustav qui avait parlé. J’le trouvais amusant, Gustav. Il avait l’visage innocent d’un gars qui s’pose pas d’question, et c’était tant mieux j’crois, ça rétablissait un certain équilibre au sein du groupe. Il me regardait, les mains dans les poches, un p’tit sourire en coin, sa casquette relevée et son air de gros nounours. Quand je répondis que j’aimerais bien, mais que j’voulais pas déranger, il m’a fait un clin d’œil et a s’coué la tête, l’air de dire « Dis pas d’bêtises voyons », et puis il est allé dans la petite cuisine qu’il avaient aménagée dans un coin du hangar pour préparer le repas.

« Faut qu’t’ailles voir ton père, Lino.
- J’en avais pas hier, j’en ai pas plus aujourd’hui. »

Bien tenté, mais non. Toujours pas, Bill. On s’refait pas une vie si facilement. Mon père était toujours aussi dégueulasse, d’après moi. Ma mère était toujours autant enfermée dans son boulot. Ma sœur était toujours autant enfermée dans sa drogue. Miette était peut être mort, cette fois ci…
Et les allemands pouvaient mourir, eux aussi, que ça n’aurait rien changé du tout.
Le désespoir s’efface peut être un peu, mais faut pas croire que, dès qu’on a plus envie d’se foutre en l’air, la vie est belle et plus rien n’pourra arriver. Non, bien sûr que non. Bill il croyait en ça, mais moi, j’y croyais pas le moins du monde. Faut toujours s’battre contre quelque chose, y’a toujours quelque chose qui t’barre la route et t’empêche de passer. Toujours.

« Faut pas dire ça. Faut qu’tu parles de ton livre avec lui, va bien falloir que tu saches pourquoi il l’a envoyé, c’manuscrit.
- Je sais pourquoi, pour m’humilier, c’tout.
- Ton livre est humiliant ? »

Tom avait ouvert les yeux et se redressait dans le canapé. Il me regardait tristement, mais toujours avec ses sourires à la place des pupilles qui m’faisaient tanguer l’cœur.

« Oui. C’est… Oui, c’est humiliant.
- J’en doute, dit Tom en haussant les épaules.
- Tu n’en sais rien, tu ne l’as pas lu.
- C’est bien pour ça que tu dois éditer, pour que j’puisse le lire et réaliser que j’me suis trompé.
- Tom. T’es bête. »

Il avait réussi à m’faire décrocher un sourire, alors que j’pensais à mon père et qu’j’avais bien plus envie de pleurer qu’de rire.
Pourtant je décidai de faire comme si cette conversation n’avait pas eu lieu. Pour moi, il n’y avait rien à faire, et je n’avais rien à dire à mon père.
Blin’ s’était réveillée et m’avait regardée. Vous m’direz, sans les yeux, comment on fait ça ? Bah c’est pas compliqué. Blin’, c’est son âme toute entière qui nous regardait. Qui nous observait et nous analysait. C’était une sensation bizarre, ça f’sait comme un coup d’vent qui passe et repasse vers toi, qui t’enveloppe et entre en toi. Y’avait tellement de doucement en Blin’ qu’on comprenait pas comment elle avait pu autant souffrir. Ou justement, peut être que c’était pour ça qu’elle était faite avoir par la vie.

Juste une p'tite suite avant d'm'en aller.
Merci bcp Cindy =)
Aqua... Au passage. Je t'aime. Et merci d'être venue... Arf C'était... Bref ^_^






Ça faisait une éternité que j’n’avais pas fait de vrai repas, et avec des gens pour me tenir compagnie. J’avais l’impression de redécouvrir ce qu’était l’esprit de famille, même si ici, il n’y avait que Bill et Tom qui étaient frères. Au dessus de la table basse qui tenait lieu de table à manger, j’voyais comme des fils de plein d’couleurs différentes qui s’entremêlaient entre eux, tous ces liens qui s’étaient tissés peu à peu entre eux et qui faisait naître cette vie qu’j’avais oubliée. Y’avait pas un instant où le silence nous pesait. Tout l’monde parlait avec les yeux, ou le cœur, au choix. Tout l’monde parlait en musique, tout l’monde parlait en passion, et un moment aussi ordinaire qu’un repas devint pour moi un échappatoire de plus. Y’en a qui s’échappent avec l’héro, moi j’me drogue aux merveilles de ces âmes pleines de vie.
J’ai longuement discuté avec Bill ensuite. J’étais dans ses bras, et j’me disais que plus rien de pourrait arriver. Vous savez, ces moments là, j’savais plus c’que c’était. Et j’pensais ne plus jamais en vivre. J’avais ma tête contre son torse, j’avais ma main mêlée à ses doigts vernis de noir, j’avais mes yeux dans son souffle. Il pleuvait dans le hangar.

« Mon père n’a jamais su quoi faire de moi.
- Peut être que cette histoire de bouquin prouve qu’il n’est pas totalement ignorant par rapport à toi. »

Je concluais une énième conversation sur mon père et m’apprêtai à répliquer quand Blin’ s’approcha de nous.

« Laisse là, Bill. Même si tu as raison, dans un sens, on sait toi et moi qu’son père est un salaud. »

Je restai muette en entendant ces mots. Blin’, le cœur en vrac. Saisissante.

« Tu verras, tu trouv’ras le moyen d’lui pardonner, un jour ou l’autre.
- Tu crois ?
- On pardonne toujours. Moi j’ai bien pardonné.
- De quoi ?
- De la souillure. »

J’ai pas réussi à répondre. Blin’ ou la douleur.

« J’remercie Dieu d’m’avoir faite aveugle.
- Comme ça, tu connais pas la gueule de c’t’ordure, a dit Tom, dans un coin.
- Oui.
- Un jour ou l’autre, on pardonne ? Mais comment on pardonne de ça, Blin’ ? Apprend moi… »

J’lui avais demandé ça sur un ton presque suppliant. Ses souvenirs m’arrivaient en pleine face et j’avais du mal à contenir mes sanglots. J’avais l’impression d’étouffer. Trop d’souffrance. Trop d’dégoût.

« Tu r’gardes la vie dans les yeux et tu l’entends t’murmurer qu’ça fait rien, qu’y a pas qu’ça au monde. Et puis tu penses à lui. Et tu t’dis qu’il est malade. Et qu’un malade ne sait pas c’qu’il fait. Et tu rencontre Tom et les autres. »

<3 ...





Tu veux bien me faire un cyber-Abraco? J'suis triste, là.

Ma Pao... =(
*Tend les bras pour faire un câlin à Pao*

Cyber-Abraco ? ^__^

Pense aux Hiboux, ils viennent te caresser l'coeur avec leurs p'tites plumes pour te consoler.

Seulement t'auras beau pardonner ton coeur restera pourri, meurtri, souillé, torturé...Triste ironie hein...
Moi aussi j't'aime Peter Pan <3
=)

Même s'il est pourri, torturé, meurtris, y'a toujours des gens qui savent l'appaiser un peu. Comme Tom pour Blin', comme Bill pour Lino, comme toi pour moi. Et j'aimerais avoir le même rôle pour toi.

Tu vois, pardonner, ça aide à enlever un peu du goût amer dans la bouche et au fond d'la gorge.

<3

J'cours. J'peux pas m'retourner. C'est trop noir derrière. Et devant ? J'crois qu'c'est pareil. Ou pire ? Alors pourquoi j'y vais ?
Elle s'échappe. La lumière s'échappe. Bill n'est pas ici. Où ? Tom derrière moi. Ses dreads sur le sol. Il a coupé ses ch'veux ?
J'divague, j'tourne, j'sais plus où aller, j'sais plus où j'suis. Y'a des lunettes par terre. Les lunettes de Blin'. Quoi ?!
Y'a une ombre, là bas. Il faut que je demande. Où est Bill. Ou Tom, ou Gustav, Georg, Blin'. Où sont-ils, tous, d'abord ?

J'suis perdue.

Et y'a des papiers par terre. J'fronce les sourcils. Y'a... Des mots. De moi. En... Allemand. Les pages tournent, tournent. J'n'entend plus que ça. « Ca » m'fait mal aux oreilles. « Ca » griffe mes tympans. Je me rapproche. Et lis les quelques mots qui figurent sur la première page.

Les yeux... Les Yeux du Silence.

Et je lève les yeux. Et l'ombre est devant moi. Et mon père me regarde.

Oh non. C'est pas vrai.


« Lino !
- Quoi ?! »

J'ouvris les yeux et regardai Bill qui s'était penché au dessus de moi.

« J'dois aller voir mon père. »

Bill sourit soudain. J'avais pensé un instant qu'il me prendrait pour une folle, mais finalement, Bill ne me jurera jamais ainsi, je crois.

« Lino, tu nous quittes déjà ?
- Oui Georg, j'y vais.
- Tu vas nous manquer Lino.
- Merci Gustav, vous aussi vous allez m'manquer.
- Lino ? Nous oublies pas, hein ?
- Non Blin'.
- Lino. Je t'aime.
- Je t'aime, Tom. »

C'est comme ça qu'j'ai quitté le groupe. Sauf Bill, qui m'a accompagnée. J'avais encore l'impression d'être dans un rêve. Ils avaient été merveilleux avec moi.
Quand j'me suis éloignée du hangar, les doigts serrés autour de la main de Bill, j'ai vu derrière moi un d'ces liens que j'avais vu au dessus de la table. Un fil qui partait d'moi, et qui s'divisait en cinq petits fils...




C'est court et bizarre. Désolée. J'espère que ça vous plaira quand même.