[T] Sur un banc, tu m'as dit ...

Je suis figée de peur,
de fascination,
de respect.

Apeurée
par sa lugubre expression.

Fascinée
par son calme lunatique.

Respectueuse
pour ce qu'il a du enduré
pour en arriver là.

Tom: Qu'est-ce que t'as ?
T'as pitié ?

moi: ... La pitié n'est pas un mauvais sentiment.

Tom: J'men fous, dégage.
J'veux même plus revoir ta tête,
tellement elle me dégoûte...

Je me jette dans ses bras ...
S'il te plaît, tais-toi.
Ne dis pas ces mots qui blessent,
qui détruisent ...

Tom: ... elle me dégoûte de moi-même ...

Non, ne dis pas ça ...
Ne t'abandonnes pas,
toi qui est si fier,
à la culpabilité.

Les larmes coulent,
et tu sanglotes dans mes bras.
Sois brave,
Tom.

La vie ne se résumé pas à ça.

Sois brave.

Je te laisse à la douleur,
Tom.
La solitude t'aidera
plus que moi.

Je sors,
et sans savoir
réellement pourquoi,
je suis dans la rue.

J'te laisse les clés de l'appart' ...

Non,
je ne les ai pas prises.
Parce que peut-être
je ne reviendrais pas.

C'est ça,
oui,
je ne reviendrais pas.
Pas aujourd'hui.
Pas demain.

J'erre un peu partout,
frêle créature
lâchée dans l'inconnu.

Je me sens triste,
mais mon coeur est ivre.
Ivre de bonheur,
ivre d'une folie débordante.

Folie,
qui pour Toi,
Ange,
est de l'amour.

Le ciel est blanc.
Troué de bleu.
Des oiseaux volent dans des formations serrées,
acrobates de la voûte céleste.

Rien ne peut empêcher
mon coeur de bondir,
tellement il est heureux de vivre.

Tellement je suis heureuse de vivre.

Grâce à Toi.

*D0n't w0rry, liFe is easy*

Des jours,
des semaines ont passé.
Je suis encore sur un banc,
mais dans une gare.

Et j'attends.
J'attends un ange
qui part définitivement.

Des cris retentissent,
une foule de jeunes filles débarquent.
En furie,
en pleurs.

Des hommes écartent cette vague humaine;
quatre jeunes hommes arrivent.
Ange,
Tom,
et deux autres.

Fatigués,
se cachant derrière un masque
de joie,
ils avancent difficilement.

Moi,
je regarde ça de loin.
Savoir Abnge si près
m'est insoutenable.

Oh !

Un détail, un objet,
qui m'est si familier,
si cher,
se trouve là-bas,
dans la main de ... Ange.

Mon carnet.

Je ne l'ai vu qu'un instant,
mais cela me suffit.
Tout passe affreusement vite,
et déjà Tu montes dans le train.

Je fixe intensément la porte par laquelle Tu es rentré,
m'attendant à Te voir ressortir.
Je ne peux pas me dire,
que Tu vas partir
pour ne plus revenir.

Le train démarre,
grince, crachotte,
s'éloigne,
et Toi dedans.

Ainsi,
Tu as séparé
nos deux âmes tourmentées.

Le train n'est plus,
ma poitrine est oppressée,
le feu me monte aux joues,
mais malgré tout.
Je fais demi-tour.

Je pars.

Mein Lieber,

Tu n'es plus.
Tu es parti, mais il faut s'en contenter.
Tu sais, j'ai repris le lyçée.
Une vie normale.
La routine, quoi.

Mais, je m'autorise toujours à Te dessiner ...

Tu sais, le carnet, je l'ai vu dans Tes mains, le jour de Ton départ.
Oui, j'étais là.
À quelques mètres à peine, mais Oh souffrance ! Tu ne m'as pas vue.
Quelle ironie !

Enfin, je Te laisse là.
Tu n'as plus besoin de moi.
Mais peut-être que moi,
j'aurais besoin de Toi.

N'oublie pas mon existence ...
car je reviendrais.

Ange,
je reviendrais.
P.S: Ne prends ces mots au sérieux, ce ne sont que des gouttes d'humour noir, sur du beau papier blanc ...