[OS]C'était juste une lettre.

C’était aujourd’hui, hier, demain, ailleurs et bien plus loin. C’était l’Antiquité, le Moyen-âge mais peu importe, c’était bien plus tôt et plus encore, c’était bien plus tard, il était encore tôt quand le soleil s’est couché, mais peu importe, on n’y comprend rien. C’était la pluie, c’était la neige et nos ouragans, nos tempêtes mais surtout nos néants. C’était une histoire d’amour, une histoire muette et sourde puisque les histoires d’amour ne se racontent pas, elles se soufflent loin des galaxies. C’était un mardi, ou peut-être un vendredi, mais peu importe.

Au fond tout ça ne veut rien dire, c’est le jour où tu as crevé le ciel et que la mer en est morte de jalousie.

C’était une lettre, mais surtout des miettes, c’était des aveux mal prononcés et des regrets calcinés, c’était une faiblesse aussi puissante que nos illusions, c’était un cœur qui s’embrase et des pleurs qui s’embrassent, c’était une bougie qui s’éteint mais avant tout, une désillusion qui étreint le vide. C’était une lettre, mais surtout une asthénie au bord de la dépression, c’était des mots en pagaille qui ne voulait rien dire sinon que tu partais, et c’est tout ce que j’ai retenu.

Que tu ne me reviendrais pas.

« Valentine.

Ca n’avait l’air de rien comme ça, ça ressemblait juste au tout qu’on n’avait jamais su être. Les erreurs s’enchainent, et je sais que je n’en ressortirai pas, de ce sanctuaire. Des bougies s’allument encore et c’est ton nom qu’elles prononcent. Je ne les allume plus, et elles ont appris à être éternelles à mourir pour toi. Je ne souffle plus dessus, l’air que je t’avais volé s’enfuit bien trop loin de moi. Et je respire, je vis, j’avance, et j’ai oublié à quoi ressemblait la couleur de tes cheveux quand le soleil se levait. J’ai oublié tes baisers et le désert que devenait ma peau quand tes doigts la quittaient. J’ai oublié, et je ne veux pas me rappeler. Parce que je meurs déjà assez bien comme ça de me réveiller dans un lit vide, froid, qui a oublié ta chaleur depuis toujours. Même la marque de tes cheveux sur l’oreiller s’est en allé. Et je respire, je vis, j’avance. Mais dis moi, à quoi ça mène de respirer, si ce n’est pas le même air que toi que je sens dans mes poumons ? Valentine.

A toujours, à jamais. On verra avec l’éternité.
Bill. »

J’aurais pu être en haut d’une falaise, de l’Empire State Building, de l’Himalaya, d’un gratte ciel, j’aurais pu être en haut d’un nuage, que je ne me serais pas envolée. Mais les ailes qui tu avais dessinées dans mon dos Bill, se sont effacé depuis longtemps. Mais l’espoir que tu avais fait flambé dans mon cœur s’est éteint depuis longtemps Bill. Mais les chansons que tu m’avais apprises Bill, se déchainent comme des démentes pour rester inanités, à défaut de sombrer dans l’oubli. Tout est parti Bill, et toi avec, le ciel ne sera plus jamais aussi bleu qu’aujourd’hui et j’ai beau m’enserrer le corps de toutes mes faiblesses, ce n’est plus ton cœur que j’entendrai battre au coin de mes nuits noires.

Et j’ai beau crier, ça fait toujours plus mal.

Où es-tu Bill maintenant ? Londres ? Paris ? Berlin ? La Terre ou la Lune ? Et même l’univers n’est plus assez grand pour supporter tes chansons il parait. C’est pour ça qu’il est en constante expansion. Il parait. Tu es resté le même magicien, à repousser les limites de l’infini. Sans penser que tu faisais exactement la même chose avec l’amour que j’avais pour toi. Et ça grandit, ça grandit, ça gronde en moi, et ça me dévore comme une bête féroce, et mon cœur ne retrouve plus le chemin de ta lumière. Et ça grandit, ça grandit, ça gronde en moi, et ça m’écœure comme une étoile qui ne sait plus pour qui elle brille. Et ça grandit, ça grandit, ça gronde en moi, et j’attends l’explosion en éteignant la dernière bougie de ta lettre. Les cendres me grisent les sens.

Peut-être que l’explosion aurait été moins forte, si la bougie ne s’était pas rallumée.

C’était aujourd’hui, hier, demain, ailleurs et bien plus loin. C’était l’Antiquité, le Moyen-âge mais peu importe, c’était bien plus tôt et plus encore, c’était bien plus tard, il était encore tôt quand le soleil s’est couché, mais peu importe, on n’y comprend rien. C’était la pluie, c’était la neige et nos ouragans, nos tempêtes mais surtout nos néants. C’était une histoire d’amour, une histoire muette et sourde puisque les histoires d’amour ne se racontent pas, elles se soufflent loin des galaxies. C’était un mardi, ou peut-être un vendredi, mais peu importe.

Au fond tout ça ne veut rien dire, c’est le jour où tu m’as crevé le cœur.

Tu avais raison Bill, où est-ce que ça mène de respirer, si ce n’est pas le même air que toi que je sens dans mes poumons ? J’aurais aimé avoir ta faiblesse et ne te laisser qu’une lettre, à la place de te laisser ma vie.

A toujours, à jamais.
Quand tu voudras de ton éternité.