Nouvel OS. Ecrit à l'instant. Parce que je suis malade et que j'ai du temp.
Je l'ai relu. Il n'est pas parfait. Mais tant pis. J'écris parce que j'en ai envie. Pas pour qu'il plaise. Voilà =)
Jalousie MeurtrièreChère cousine,
Je suis désolée de ne pas avoir répondu à ta lettre plus tôt. Tu sais, voilà déjà 5 semaines que je suis ici, et je n'arrive toujours pas à m'y faire.
Je dors avec deux autres filles. Sarah et Marie. Marie est sympa avec moi. Elle me soutient moralement. Elle sait ce que je ressens. Elle est passé par là.
Sarah est gentille, bien sur. Mais elle est bizzare. Je me demande vraiment ce qu'elle fait ici. Ils auraient du l'envoyer en psychiatrie.
Le soir, il arrive qu'elle se réveille et qu'elle pique une crise sur nous. Surtout sur moi. Elle me secoue et elle me crit 'Pourquoi mon bébé ?! Pourquoi ?'.
Si elle est ici, c'est parce qu'elle a tué son bébé. Mais elle ne s'en souvient plus. Elle croit que c'est quelqu'un d'autre.
Marie, elle, est plus normale. J'avoue, ce n'est pas normal d'être ici. Mais Marie n'est pas folle contrairement à Sarah.
Marie m'a expliqué la raison de son enfermement. Avec son mari, ils ont cambriolé une banque. Manque de bol. Ils se sont fait avoir.
Elle a encore 2 ans à tirer ici. Moi, j'en ai pour la vie. A perpet'.
Oui, je sais ce que tu dois te dire, que l'avocat va trouver un moyen de me faire sortir d'ici plus tôt. Mais tu sais, je ne me fais pas d'illusion.
Avant, quand j'étais libre, je me demandais comment c'était ici. Quand je lisais des livres portant sur ça, je m'imaginais à la place des prisonniers.
Mais je me trompais bien. Personne ne peut savoir ce que c'est tant qu'il n'y a pas mis les pieds lui-même.
Les journées sont longues. Le temps ne passe plus. Nous n'avons rien à faire. A part nous lamenter sur notre sort.
J'ai pourtant trouver une occupation grâce à Marie. La poésie. Incroyable, non ?
Moi, faire de la poésie ? J'aurais ris au nez de la personne qui m'aurait dit ça il y a quelques semaines. Mais tu sais, ici, nous n'avons rien.
Nous sommes enfermés dans une pièce de 4 mètres sur 2. Une cellule pour deux. Et nous sommes trois.
Moi, je dors sur un matelas par terre, rangé sous le lit deux étages pendant la journée. Enfin, je 'dors' est un bien grand mot hein.
On n'a plus envie de dormir. On ne fait que ça la moitié du temp. L'autre moitié, on réfléchit. On se pose tout pleins de questions.
La même revient souvent 'Pourquoi ai-je fait ça ?'. Ou encore 'Pourquoi suis-je ici ?'.
Et depuis que je suis ici, je me suis réellement demander pourquoi je l'avais tuer. Je pense que j'ai ma réponse.
Oui, je le détestais. Mais pourquoi ? Parce qu'il était tout ce que je n'étais pas. Il avait tout, et moi, je n'avais rien. Il avait le monde à ses pieds. Et j'étais aux pieds de mon patron rien que pour avoir une augmentation. Il gagnait des milliers d'euros rien qu'en une journée. Et moi ? Moi, je gagnais 10 euros après onze heures de dur travail.
Je trouvais cela injuste. Et quand je le regardais, avec ce visage d'ange, j'avais envie d'étranger quelqu'un. Pourquoi était il talentieux, beau, riche ?
Pourquoi je suis sans talents, moche et pauvre ? Je ne trouve pas la réponse. Et au lieu de chercher, j'ai décidé de l'éliminer. Pour soulager ma jalousie.
Et maintenant ? Qu'est-ce que je deviens ? Rien. Je suis encore plus pathétique qu'avant. J'ai tué. Maintenant, je paie.
Je paie en restant enfermée entre ces trois murs et ces barreaux. Ces barreaux, ils sont neufs. Je les ai compté. Pour passer quelques secondes de mon temps.
J'ai aussi compté les barreaux de ma fenêtre. Quatre. J'ai aussi compté le nombre de cheveux de ma frange. J'ai compté le nombre de feuille du bloc note de Marie.
J'ai compté les jours jusqu'ici. Et je continuerais à compter les jours jusqu'à ma mort. Parce que c'est tout ce que je sais faire ici. Compter.
Autrement, j'écris. Des poèmes comme je te l'ai dis un peu plus haut. Au début, je n'étais pas très convaincue par Marie. Mais elle a insisté.
Je ne savais pas trop sur quoi écrire. Sur quel thème. J'étais vide. Et Marie m'a dit que si tout est vide, je n'avais qu'à écrire sur le vide. Je l'ai fait.
Tu veux que je te donne mon premier poème ? Je t'avoue, il n'est pas terrible. Mais je l'aime assez. Le voilà:
VideJe me sens vide de tout.Et je me sens aussi pleine de rien.Ce n'est rienM'a dit MarieC'est seulement la vie qui va qui vientComme une plage abandonnéeComme une vie vidéeComme une fille qui appelle au secoursAvec un téléphone facticeHier j'étais libre et j'attendais le lendemainAujourd'hui je suis là et c'est certainJe n'attend rienJe suis en prisonC'est tout.Tu me diras ce que tu en penses dans ta prochaine lettre. J'espère que tu continueras à m'écrire. Pour que j'ai quelque chose à faire pendant un moment.
Sinon, je vais recommencer à compter tout ce que je peux. Et ça me rend malade.
Marie m'a dit que ça fait souvent ça les premiers mois. On devient un peu dinguo. On fait tout pour s'occuper. Moi, je compte.
Tu sais, l'autre jour, le frère de Tom est venu me voir. Il m'a craché des horreurs au visage. Il m'a montré toute la haine qu'il avait contre moi.
J'ai mal en y repensant. Ces mots m'ont touchés. Tu te rend compte ? J'ai tué sa moitié. J'ai tué son lui. J'ai tué, tout court.
J'ai honte. Honte d'être une ratée. Honte d'avoir échoué dans la vie. Honte d'être ta cousine. Honte de l'avoir tué. Honte d'être moi.
J'espère que tu ne m'en veux pas trop d'être une cousine débile. J'espère...parce que c'est une des choses qu'on fait le mieux en prison.
L'espoir fait vivre, dit on. Moi, j'ai plutot l'impression que l'espoir m'achève.
Je te fais pleins de bisous cousine. Tu me manques.
Cheyenne, détenue pour la vie.
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Désolée. C'est nul.
Et encore une fois, je n'ai pas pu m'empêcher de tuer Tom.
Veuillez m'excusez.
Sinon, la lettre est signé Cheyenne. Pourquoi ? C'est tout simplement mon prénom. Qui d'autre aurait pu tué Tom ?
Voilà. A vos critiques...