Chapitre 22 : Quelqu'un de bien...
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<<POV Bill>>
Je suis réveillé en sursaut vers midi par la sonnerie de mon portable. Je me redresse dans mes draps, cherche partout ce maudit engin... il n'est pas à sa place habituelle, à savoir sur la table de nuit... Réfléchit Bill !
On reprend. La soirée, on est rentré tard, j'ai enlevé mon costume et je me suis mis au lit directement... le portable est donc... dans mon pantalon !
Je me lève, alors que la sonnerie se fait plus forte, et retourne mes poches. Gagné ! Le v'là ! Je regarde l'écran : 1 nouveau message de "Floriane". Ah ! Elle est plus matinale que moi apparemment ! Voyons ça :
"Tu as raison. Je ne veux plus de cette vie. Je te promet que je vais changer..."Je relis le message trois fois pour être sûr d'avoir bien compris. Est ce qu'elle y a réfléchit où est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? J'aimerai savoir, mais je n'ose pas la rappeler, de peur qu'elle change d'avis. Je me contente de lui fixer rendez vous le soir même. Je voudrais la voir plus tôt, mais nous avons une journée assez chargée.
J'attends quelque minutes avant qu'elle me confirme l'heure et le lieu où l'on se retrouvera. Dix-huit heures devant le musée d'art contemporain. C'est parfait.
Je me rend compte que je traîne depuis dix bonnes minutes dans ma chambre, vêtu en tout et pour tout d'un caleçon noir. Je vais prendre une rapide douche pour me réveiller complètement. L'eau chaude détend mes muscles, je lave mes cheveux pour enlever le gel qu'il me reste d'hier. On est tous rentrés lessivés. Notre partie de cache-cache nous est à noter dans les annales. Georg et Hannah s'étaient tellement bien cachés qu'on a mis vingt minutes à les trouver. Mais ça a été un beau moment de rigolade.
Je coupe l'eau de la douche, me sèche rapidement et passe un caleçon propre. Est venu le moment de choisir mes vêtements. Heureusement, j'ai trouvé le truc. Je sors avec deux pantalons à la main, et déboule dans le salon où mon frère regarde la télé.
Moi : Tom ! Le noir ou le délavé ?
Tom (sans lacher l'écran des yeux) : Délavé !Je retourne aussi vite dans ma chambre, et passe mon jeans noir. Un T-shirt blanc, ma panoplie de breloque, mon eye-liner et je suis prêt. Je m'occuperai de mes cheveux plus tard.
Je retourne au salon, sous le regard de mon frère qui fixe mon pantalon.
Tom : Pourquoi tu me demandes mon avis si c'est pour pas le suivre ?
Moi : Parce que t'as des goûts de chiotte, alors je sais que ce que tu préfères n'est pas bon à porter.
Tom : Enfoiré !
Moi : Moi aussi je t'aime grand frère ! Je me retourne, et sens quelque chose m'atterrir dans le dos. Un oreiller. Alors là...
Moi : Ah ! Tu veux jouer à ça hein ! Je saisit l'oreiller et lui lance dessus alors qu'il exécute un superbe bond pour se cacher derrière le canapé. Commence une course poursuite dans l'appartement. Course qui est stoppée net lorsque Tom, voulant s'échapper de la chambre, se cogne dans Georg qui venait d'entrer. Les deux tombent par terre, un peu sonné, tandis que Gustav et moi éclatons de rire.
Tom : AIE ! Mon nez !
Georg (s'accrochant à la clenche de la porte pour se redresser.) : Putain Tom tu peux pas regarder où tu vas ? Gustav attrape Tom par dessous les bras pour le mettre sur ses pieds. Celui ci a les deux mains plaquées contre son nez qui saigne abondamment.
Gustav (en s'improvisant infirmière) : Fais voir ça TomTom penche la tête et écarte ses mains, juste assez pour qu'on voie le désastre : il pisse le sang. Gustav approche la main de son nez et le pince délicatement entre le pouce et l'index. Je pouffe de rire en voyant mon frangin faire la grimace.
Gustav : Bah tu t'es pas loupé ! Viens avec moi !Tom suit donc Gustav à la salle de bain. Georg et moi prenons un verre et je l'accompagne pour aller prendre un bon petit déjeuner.
***
<<POV Gustav>>
Tom : Aie ! Mais ça fait mal ton truc.Il me casse les pieds. Je m'efforce de soigner son pif, et mÔsieur trouve encore le moyen de se plaindre. J'ai eu toutes les peines du monde à arrêter les saignements, car le seul moyen pour ça est d'appuyer fermement sur la narine qui saigne, et il refuse que j'appuie trop fort sur son nez. Et lorsque j'approche un coton tige avec de la crème cicatrisante pour empêcher qu'il ne saigne à nouveau, il se plaint que je l'enfonce trop loin.
( Arrêtez y'a pas de sous entendu !x'D)Tom : Mais euh ! En plus elle pue ta crème à la con !
Moi : Arrête de faire la chochotte, Tomichou !
Tom : Gnagnagna ! Aie !Je jette mon coton tige, prend un morceau de coton et l'entortille pour pouvoir lui mettre dans le nez. Il grimace encore.
Tom : J'vais devoir garder ça combien de temps ?
Moi : Garde le jusqu'à ce soir, pour être sûr.Il se lève du bord de la baignoire où il s'était assis, et se regarde dans la glace.
Tom : J'ai l'air con comme ça.
Moi : Tu n'avais qu'à pas faire l'imbécile ! Allez la chochotte, sors de là !
Tom : La chochotte t'emmerde !***
<<POV Bill>>
Je finis de coiffer mes cheveux. Je suis prêt à rejoindre Floriane. J'enfile ma veste, traverse le salon en prévenant mon frère que je rentrerai à l'heure pour manger. Il pousse un grognement que je prends pour un
"oui d'accord, j'ai compris". Monsieur a tiré la tête toute la journée car Georg n'a pas cessé de le chambrer, rapport à son bout de coton dans le nez. On a même pris une photo pour immortaliser ça. Bref.
Je prends un taxi, car le musée d'art contemporain se trouve assez loin. Je regarde par la vitre les immeubles et les réverbères défiler, et j'arrive, en dix minutes, à mon lieu de rendez vous.
Je m'assois sur les marches du musée, scrutant les rues pour la voir arriver. Elle débarque deux minutes à peine après moi. Je l'embrasse sur la joue en guise de bonsoir.
Moi : Je crois qu'il va me falloir du temps pour m'habituer à voir tes cheveux si courts.Elle les a laissé détaché, et ils lui tombent bien lissés sur ses épaules. Je remarque qu'elle a les yeux un peu gonflés.
Moi : Tu as pleuré ?
Floriane : Ouais. Ça m'arrive pas souvent.Je la fais s'assoire à côté de moi. Elle ne proteste pas, je sais qu'elle est prête à parler.
Moi : Qu'est ce qui t'as décidé ? Moi ou autre chose ?Elle ne répond pas, et sors ses mains de ses poches. Elles sont pleines de trace oranges voire brunes.
Floriane : Tu sais ce que c'est ?
Moi (en regardant de plus près) : On dirait de la rouilleFloriane : C'est de la rouille oui.
Moi : Ça ne m'explique rien...Elle soupire.
Floriane : Aujourd'hui, un gars a voulu quitter le groupe. Stacy a voulu organiser un lynchage.Elle marque une pause, comme si elle attendait une réaction de ma part. Comme je ne dis rien, elle reprend.
Floriane : Je voyais ce type s'accrocher à moi, me supplier de ne pas laisser les autres lui faire de mal. Et Stacy qui n'attendait que de pouvoir le démonter. Ça m'a écoeuré...
Moi : Qu'est ce que tu as fais ?
Floriane : J'ai emmené le type avec moi et j'ai fais mine de m'en occuper. Je me suis enfermée avec lui et j'ai simulé des coups en tappant avec une barre de métal contre une vieille benne à ordure. Puis je l'ai aidé à se tirer.
Moi : Et c'est ça qui t'a décidé ?Elle secoue la tête négativement.
Floriane : Non... c'est quand il m'a dit que j'étais une fille bien. J'ai eu l'impression de t'entendre toi.
Moi : Peut être que si on te le dit, c'est que c'est vrai, tu ne crois pas ?J'ai dit la phrase de trop : elle éclate en sanglot.
Floriane : Non, je suis tout sauf une fille bien. Moi, j'ai été qu'une sale hypocrite, toute ma vie... j'ai pensé qu'à moi... mais maintenant j'veux plus de ça... j'voudrais que tout change... j'veux plus que mes parents aient honte de moi, j'veux plus que les gens me regardent de travers dans la rue, j'veux plus voir le regard de Stacy qui veut me faire la peau, ni celui de Chris qui vient de se piquer...Elle enfouit la tête dans ses mains, ses épaules sont secouées de sanglot. Je passe doucement ma main dans son dos, pour la calmer.
Floriane : J'vais changer Bill... Je te jure que je vais changer. J'vais devenir quelqu'un de bien... Je l'attrape par l'épaule et l'attire contre moi. Elle pose sa tête sur moi et sèche les larmes qui glissent sur ses joues.
Moi : Tu es déjà quelqu'un de bien, je t'assure.Je la vois esquisser un petit sourire, elle cesse se pleurer. Elle frotte ses yeux avec sa paume. Je me redresse, l'attrape par les mains et l'aide à se relever.
Moi : Et je veux plus te voir pleurer ! Je vais passer le reste de la soirée à te faire rire comme une folle !Elle rit timidement, et je l'entraîne avec moi pour reprendre un taxi. Ce soir, mademoiselle va avoir le privilège de voir Georg et Tom après que je leur ai fait boire une bouteille de sangria. Avec ce traitement de choc impossible qu'elle pleure, à moins que ça ne soit de rire.