Coucou, avec un peu de retard, voila enfin la suite Jeudi, 5 mars 2009, 17h00Je suis assise sur une des premières marches des escaliers, ma tête posée sur le mur.
J’observe ma porte d’entrée dans un silence religieux. Il est 17h.
Après avoir signé les papiers d’autorisation de sortie de l’hôpital, et avoir reçu une leçon de moral sur les risques que j’encours à quitter l’hôpital, je me suis réfugiée chez moi et depuis cet instant je n’ai pas bougé d’un seul centimètre.
Cela fait bientôt deux longues heures que je fixe cette satanée porte avec cette peur qui emplit mon corps de plus en plus.
Depuis la petite visite d’Andréas ce matin, des tas de scénarii tous plus horribles et violents les uns que les autres défilent dans ma tête. Je revois sans arrêt son regard se poser sur Bill, comme si… comme si il allait le tuer.
[Il y a bien pire que la mort… à méditer]J’ai peur que cette porte s’ouvre sur Andréas, j’ai peur qu’il entre chez moi, et qu’il me montre toute l’ampleur de sa cruauté.
[Il vous montrera, n’ayez crainte…
Et il en a à revendre …]
J’ai reçu un message de Bill à midi, il m’a dit qu’après les cours il viendrait chez moi pour que je ne reste pas seule. Je crois que c’est une mauvaise idée, n’importe qui pourrait enter chez moi, Georg, Gustav, Andréas… et si ça doit arriver, je ne sais pas ce qui se passera.
17h45
Le poing qui s’écrase contre la porte, me sort de ma torpeur.
« C’est Bill » annonce une voix sourdement.
Je me lève fébrilement, essayant de calmer l’angoisse et mon rythme cardiaque qui se sont affolé sous l’effet de surprise.
Ma main se pose tremblante sur la poignée de la porte que je tourne pour ouvrir.
Le faible espace que j’entrouvre suffit pour que le corps longiligne de Bill s’y faufile.
Une fois entré, je referme immédiatement la porte à double tour.
Je me tourne vers Bill, il me sourit tendrement, il s’approche dangereusement de moi, son souffle proche de mon visage, et ses lèvres ravissent avec douceur ma joue.
La peur qui me tordait le ventre se transforme en de léger papillon de plaisir.
« Ça va ? » Susurre-t-il à mon oreille, tandis qu’une de ses doigts entortillaient de mèches de mes cheveux.
« Oui…je… ça va »
Il m’enlace encore tendrement, je ressens sa chaleur, je me sens si bien dans ses bras, j’aimerais y rester toute ma vie, que ce moment perdure à l’éternité.
Vendredi, 6 mars 2009, 2h49Mes yeux fatigués se perdent dans les ténèbres étoilés. Assise sur le rebord de ma fenêtre, mon regard vagabonde de ci de là au travers la fenêtre.
Mes yeux s’attardent sur les étoiles qui illuminent le ciel, elles témoignent de l’espoir perdu dans le néant qu’est la nuit.
C’est beau, elles scintillent au loin, intouchables… indestructibles.
[Quelle belle jeunesse…
Quelle belle période de la vie…
Où l’esprit déborde de rêve, d’utopie, d’idéal.
On croit, on espère, on se donne corps et âme.
On est passionné, volontaire, optimiste.
Et on tombe.
Que la jeunesse est belle d’espoir,
Que la jeunesse est triste d’y croire…
Mon discours vous paraît sans doute aigri.
Je ne suis pas aigri.
Vous ne me connaissez pas, alors cessez de me juger.
Dans mon infinie bonté, et dans mon infini cynisme aussi, je vais vous éclairer, je vais vous révéler un secret. Je vais vous dire ce que c’est que grandir et la violence que ça nécessite quelques fois
Je ne sais pas si c’est le bon moment, mais j’en ai envie maintenant, et comme c’est moi qui raconte, vous allez donc devoir écouter… ou pas.
Alors pour commencer grandir, c’est faire des choix.
La plupart du temps mauvais, je vous l’accorde, mais qu’importe.
Le plus horrible, en grandissant, c’est de devoir perdre son innocence.
Perdre cette naïveté, cette croyance, cette foi en l’Homme.
C’est ça grandir.
Ouvrir les yeux sur un monde de merde, des milliards de crétin.
Bien sûr je m’inclus dans le lot de crétin.
Je me rappellerais sans doute toute ma vie de ce moment.
Ce moment où j’ai grandi. Où on m’a obligé à grandir. Où on m’a forcé à grandir.
Tu crois avoir le temps de grandir, de faire chaque chose en son temps…
Naïfs, tu crois qu’on va te laisser digérer le truc, que dalle !
Quand t’es petit on te fait croire, que la majorité, le monde des adultes c’est loin.
Mensonges !
T’atterris dans le monde adulte comme ça ! Ça t’arrives comme une baffe en pleine gueule.
Et là…
Et là, c’est l’horreur, tu découvres le monde, un monde qu’on t’avais caché, pour te protéger.
Foutaise.
Tu vois une putain d’inhumanité. Toi qui croyait que les viols, la drogue, la violence, la mutilation, etc c’était que dans les films ou pour les autres, tu te rends compte en faite.
Que les films sont devenus réalité.
Et c’est ça grandir, prendre conscience que ça existe, mais pas seulement.
C’est aussi être confronté à cette merde qu’est le monde.
C’est ça grandir, c’est perdre espoir, c’est être paumé, perdue.
C’est faire des choix qui détermineront ta vie entière, et ces choix tu dois les faire maintenant, là tout de suite.
Parce que ta vie commence maintenant. C’est ça grandir. Se perdre, ne plus crois en rien, être dégoutée du monde, et tant d’autre chose…
J’aimerais être encore jeune…pour avoir foi en quelque chose, pour avoir un idéal.
Il faut toujours avoir un idéal, toujours, qu’importe si vous vous trompez d’idéal, il vaut mieux se tromper d’idéal que de ne pas en avoir du tout.]
La respiration calme et régulière de Bill, qui est couché dans mon lit, est le seul son qui écho ici.
Tout n’est que silence.
[Le calme avant la tempête]
Je ne veux pas dormir, et de toute façon, je n’en ai pas envie, mon corps est glacé par la peur, l’angoisse.
Une atmosphère malsaine règne autour de moi, comme ci quelque chose clochait.
Je m’attends à tout instant à voir débarquer les gars.
Ils m’obsèdent encore et encore, mes pensées sont focalisées sur eux.
Je tremble de tout mon corps.
[L’inconnu a toujours fait peur, car on ne peut pas s’y préparer.]Les heures passent les unes après les autres, le soleil commence à percer l’obscurité, Bill gesticule dans mon lit, alors je me décide à le rejoindre.
[Je tiens à préciser qu’ils n’ont rien fait. Il lui a juste tenu compagnie…comme les amis le fond]
Je me glisse sous les couvertures, contre son corps chaud.
Mes songes restent toujours obnubilés par Andréas. Je sens ce malaise serpenter en moi, je sais que quelques choses clochent, je le sais, je le sens.
Dimanche, 8 mars 2009, 23h49Le week-end vient sera achevé dans à peu près 11minutes, la semaine fini, une autre va débuter, amenant avec elle son lot de souci, de pleurs, d’horreur, comme toutes les autres semaines d’ailleurs.
Bill vient de rentrer chez lui, sa présence va me manquer cette nuit, à mon réveil il n’y aura personne pour sécher mes larmes, ou me consoler, me rassurer.
Ils ne sont pas venu du week-end…et c’est bien ça le problème, ils ne sont pas venus.
Les mêmes questions cognent dans ma tête, je ne sais plus à quoi m’attendre, quoi espérer, quoi faire…hormis attendre, attendre encore et encore.
Un signe de leurs parts, un geste, n’importe quoi.
Je veux savoir ce qui m’attend, ce qui nous attends, Bill et moi.
Ils ne nous laisseront pas tranquilles, je n’y crois pas, pas aussi facilement.
Ils ne sont pas compréhensifs, ou tolérant ou quoi que ce soit d’autre.
Cette attente qui dure de plus en plus, me fait perdre la tête, la peur me tiraille les entrailles, et l’angoisse a élu domicile en moi.
Ils vont me tuer…ils me tueront…
[Ces sur ces belles pensées, que la belle ferment les yeux, épuisée, éreintée autant physiquement que psychologiquement.
Elle a lutté longuement contre le sommeil, mais la fatigue l’emporte.
Et dès lors, que le peu de sang froid qu’elle avait s’enfuit pour laisser place au sommeil, tout s’assombrit.
Des songes obscures naissent dans son esprit, des visages, des cries, des hurlements, des pleurs, des supplications, du sang, de la haine, de la violence, de la cruauté.
Son sommeil s’agite, son souffle se raccourcis, ses membres se mettent à trembler, son front perle de sueur. Elle a peur…si peur…tellement peur…] Voila, c'est un bon "sans action"vous inquiétez pas, ça va venir Bisous