[ OS ] Un chat noir.

Un coup de pied dans les feuilles, qu’on appelle vulgairement, mortes. Pour énormément de personnes, l’automne n’est pas une belle saison. Celle qui précède l’hiver, la ou les températures deviennent froides. On commence à sortir l’attirail; le manteau, les gants, l’écharpe. Et surtout, elle annonce la fin de l’été.

Tout en me rendant compte de ma pensée philosophique du jour, je replace mes écouteurs dans mes oreilles, sort mon I Pod & change de musique. En 10 secondes dehors, mes mains ont pris leurs bain de froid pour un petit moment. J’avance au rythme de la musique. Il fait déjà nuit noire. * On part au lycée, il fait noir. On revient du lycée, il fait noir * Démoralisant n’est-ce pas ? Surtout quand le prof de Mathématiques vous annonce un prochain DS, enfin, elle parle de Bac, elle. Rien que le fait de m’en rappeler m’angoisse. Je ne veux pas passer mon Bac ! J’ai trop peur !

Ma chanson, celle du moment, celle en qui je me reconnais, celle qui me donne également la vérité, sonne dans mes oreilles. Un long sourire se dessine sur mes lèvres & voila que je chantonne. Seule, dans la rue *T’façon, y’a personne, y’a que des voitures*, je chante plus franchement. Les paroles mêlées à la froideur du vent me procurent une série de frissons. Bizarrement, je me sens bien. Je « pousse la chansonnette » & cela m’apaise, me détend. J’entends un bruit & me stop. Je regarde aux horizons, un chat. Noir. Porte malheur ? Mais non, comment peut on attacher de l’importance, bien ou mal, à la couleur des poils d’un chat. Et puis, si jamais cela était vrai, s’il porterait vraiment malheur, je le verrais bien, s’il m’arrive quelque chose ou non…Je le regarde filer, en espérant qu’il trouvera, ou qu’il a de quoi ce protéger de ce froid. Ma chanson se finie. Déjà ? Je ressors mon appareil, la remet & met en mode de répétions. *Sa m’évitera de ressortir mes mains*

J’écoute l’intro comme si c’était la première fois. Comme si, jamais ce son ne m’étais parvenu, comme si ce bien fou était la première fois. Après mon petit coup d’œil pour m’assurer d’être seule, je chante. Je laisse la possibilité à mes cordes vocales de pouvoir s’exprimer, de dire, de crier, ce qu’elles ont à dire. « ♪ Je ne suis pas le genre de fille dont on est fou amoureux, qui d’un battement de cil, fait tomber tous ces messieurs. »

Une main sur mon épaule, un visage devant mes yeux, la stupeur qu’on peut lire dedans. D’un geste rapide, je tire mes écouteurs & bredouille quelques mots.

- Heu … Oui ?
- Tu … C’est toi qui chantai ?

*Non, le facteur. Bah quoi ? Tu ne le vois pas dans la rue ?? A moins que ce sois Dieu, je ne sais plus.*

- Oui…
- Tu as une belle voix. Vraiment.

Je sens mes joues s’empourprées légèrement. Je ne suis pas super à l’aise à vrai dire.

- Moi, c’est Bill. Enchanté.
- Margaud, moi de même.

On se sert la main en diplomates, esquissant un petit sourire.

- Et sinon, tu vas où comme ça ?
- Je rentre chez moi …
- Tu vas encore au lycée ? Demanda-t-il.
- Et oui.
- Tu es en quoi ?
- Terminale.
- Bientôt le bac alors ?

*Il est obligé de me parler de ça ? Je n’angoisse déjà pas assez ? En même temps Margaud, il n’est pas sensé le savoir … * Je me racle la gorge & souri.

- J'te comprends, j’étais pareil moi.
- En même temps, celui qui n’a pas peur de passer son Bac est un Dingue !
- Carrément.

Il répond à mon sourire en faisant autant. Un frisson me parcoure. Je libère mes mains de mes poches & souffle dedans.

- Tu veux que je t’accompagne chez toi ? Parce qu’a mon avis, si tu restes 3 minutes de plus ici, tu vas me faire une jolie crise d’hypothermie.
- T’embête pas, je vais rentrer toute seule, ce n’est pas la première ni dernière fois que je fais cette route dans ce froid …
- Mais sa ne m’embête pas …

Il se met à marcher en avant puis se retourne en me lançant un « Alors, tu viens ? ». Je lui souri, me disant qu’il n’est pas possible. Je me mets à son niveau. Il me lance un sourire. Et quel sourire … J’analyse ces cheveux, noirs & emmitouflés dans leur bonnet. Ces yeux cernés de crayon noir, sa bouche, laissant apercevoir son piercing avec le quel il joue, faisant un petit bruit métallique sonnant au creux de ces dents. Son cou, enrobé de colliers plus excentriques les uns que les autres. Son blouson de cuire, son jean *Comment il fait pour rentrer la dedans ?? N’empêche, il lui va plutôt bien… *, ces Santiags qui résonnent au fur & a mesure des ses pas.

Il jette un coup d’œil vers moi. Je détourne les yeux. Mon regard devait se faire trop insistant …On avance au même pas, dans un long silence. J’ai envie de lui parler. Pourquoi lui dire quoi ??

On arrive près de chez moi, sans avoir décollé un mot de plus. On s’est juste regarder quelques fois. Rien de plus.

- Bon bah … A Plus alors. Lui lançais-je.
- Tu fais la route à pied tout les soirs ? Demanda-t-il.
- Oui …
- Tu chantes tous les soirs ?
- Généralement, oui. Dis-je un peu mal à l’aise.
- A demain alors.

Il me lança un sourire qui me laissa sans voix puis tournât les talons. Je glissai avec bien du mal la clé dans la serrure puis rentrai chez moi, me retournant une fois. Je me rua sur un paquet de gâteaux puis ne mangea plus de la soirée. J’allai me coucher mais le sommeil fut long à venir.

Le lendemain, je ne parla à personne du fameux Bill. Trop peur des réflexions éventuelles ou des faux espoirs éventuels aussi. La journée était longue. Et puis, rien n’allait comme je le voulais. Il y a des jours ou il vaut mieux rester couché. Celui la en fait parti. Je suis tête en l’air, bavarde & têtue. Rien que ça ? Dès le premier cours de la journée, on me plombe le moral. Ce n’est pas fait exprès ça ? Après, deux heures de sport. Parlons du sport. Une discipline intelligente. Courir en rond ou après une balle. J’adore. Courir sous la neige. Car oui, chez moi, il neige. Comme « c’est beau » allez vous dire. Mais je vous jure, allez courir dans la neige en converses & vous verrez si c’est toujours aussi beau !

Je fais abstraction du reste de la journée. De toute façon, répéter dans cesse qu’elle fût longue est du moins, chiante, n’est pas ce qu’il y a de mieux. J’avance alors dans la rue, celle où j’ai rencontré Bill. J’avance avec une certaine appréhension. *Je chante, je ne chante pas ? Je ne chante pas, je chante ?* Je n’en sais rien.

Ma chanson passe. Un signe ? Je fredonne l’air. Quasiment inaudible. J’inspecte la rue. Pourquoi je veux le voire ?? Pourquoi, s’il ne vient pas, je sens que je vais être exécrable, que mon moral va se miner ? Pourquoi j’ai l’impression que, s’il vient, ma journée jusque la complètement morose se terminera en beauté ?

Une main sur mon épaule, sa main. Un visage devant mes yeux, son visage. Le soulagement que l’on peut lire dans mes yeux. J’affiche un grand sourire. Lui aussi.

- Comme on se retrouve Bill.
- Comme on se retrouve, en effet. Rétorqua-t-il. Et alors ? Comme ça on n’a pas chanté ce soir ?
- Bah en faite, je t’attendais.
- Moi, j’attendais que tu chantes.

Je ne sais pas pourquoi, mais une vague de stupidité m’envahi. Celle-ci renforcée quand ses yeux ne quittent plus les miens. Des yeux chocolats comme je n’en ai jamais vu. Son regard est indescriptible & je ne sais pas ce qu’il veut me faire passer. J’ai l’impression de l’avoir déçu ou alors que … Que peut être il veut juste parler avec moi ? Bon, j’avoue, ce n’est pas la meilleure intuition que j’ai eu. Mais peut être que …

- Alors ta journée ? Questionnât-il.
- Ennuyeuse à mourir & toi ?
- Pareil. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté & que rien ne passait.

Je rigole légérement.

- Pourquoi tu rigoles ?? Demande-t-il offensé.
- Parce que j’ai eu la même journée que toi je crois …

Il me sourit, comprenant ce que je lui dis.

- Malgré que tu n’es pas chanté, sa ma fait plaisir de te parler … Dit-il.
- Oui, moi aussi.
- Il fait moins froid ce soir, tu ne trouves pas ?
- Si. Le vent est moins froid mais la neige est là. Répondis-je.
- Je l’aime.
- La neige ?
- Oui, aussi.

Il me paraît pensif. Comme si quelque chose lui trottinait dans la tête. Il me semble tellement mystérieux. Ce mec m’impressionne. Une musique résonne dans la rue calme & vide. Il décroche.

- Quoi Tom ??... Je n’ai pas le temps de te parler … Ni l’envie oui… Je ne sais pas quand je rentre… Tu sais te débrouiller sans moi nan ??... Mais oui … Ouais à taleur.

Il raccroche & souffle bruyamment.

- Mon frère.
- Tom ? Demandais-je.
- Oui … Tom & toi tu as des frères et sœurs ?
- Non, je suis enfant unique.
- Si tu veux, je te passe mon frère ! Dit-il en me faisant rire. Quoique, il est tellement beau, comme moi soit dit en passant, que j’ai peur de te le présenter …
- Bill aurait peur de la concurrence ? Demandais-je une pointe de défi dans mon regard.
- De toute façon, mon frère n’est pas ton style.
- Et comment tu peux le savoir ?
- Il n’aime pas les relations longues on va dire.
- Et qui te dit que ce n’est pas mon cas …
- Parce que les filles aux relations d’une nuit ne chante pas le soir dans une rue déserte « Je ne suis pas le genre de fille dont on est fou amoureux, qui d’un battement de cil, fait tomber tous ces messieurs. »

Il me fixe, sachant pertinemment qu’il a gagné. Qu’il a eu le mot de la fin & surtout qu’il a raison.
Touché-coulé comme ont dit. Il a visé juste.

- Je t’épate ? Demandât-il pour détendre l’atmosphère.
- Il faut avouer que tu as répondant.
- Toi aussi, sa me fait plaisir de pourvoir parler avec une fille qui en a un minimum dans la crâne.
- Merci Bill.
- Mais de rien Margaud.

Après un petit moment de silence ou on ne se quittait pas des yeux, il me raccompagna chez moi une fois de plus.

Les jours qui suivirent ne se ressemblèrent guère. Tous les soirs il était là & tous les soirs notre relation évoluait. On me disait à l’école encore plus tête en l’air. On me demandait d’ailleurs si je n’avais pas quelqu’un dans ma vie. Ma meilleure amie en était persuadée elle avait bien raison. Maintenant, nous ne sommes plus de simples personnes bavardant dans une rue sombre les soirs d’automne. Nous étions devenus bien plus. Mais, comme pour protégé un secret qui me tient à cœur, je ne parle de Bill à personne. Je veux le garder pour moi. Rien que pour moi. Egoïste ? Peut-être. Quoi de plus normal que de vouloir protéger quelque chose que l’on aime par-dessus tout …

Alors, tous les soirs, je me dépêcher de rentrer de cours. Juste pour le voire Lui. Lui et son piercing. Lui est ses cheveux. Lui et ses putains d’yeux.


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Alors ? Depuis le temps que je n'avais pas posté d'OS n__n

J'aime tes mots, j'aime la simplicité de l'histoire, j'aime ton OS tout simplement <3

Au fait la chanson existe vraiment ?

Oui, c'est une chanson de Little