Elle court, elle court. Elle court. Ses jambes flagelles, sa respiration se fait difficile, saccadée. Elle manque de tombée, une fois, deux fois. Elle regarde en arrière, elle manque de tombée, trois fois, quatre fois. Son cœur a pris une allure folle, ses oreilles gèlent sous ce vent glacial. Ca lui est égal, tant qu’elle court. Tant qu’il ne la suit pas. Tant qu’il n’est pas là.
Elle le voit derrière elle, prêt à bondir pour l’attraper. Elle a peur, si peur. Elle voit encore ses mains se posées sur elle, sur son corps déjà bien meurtri. Elle est terrorisée. Elle sent son odeur alcoolisée près de sa bouche. Elle gémit de douleur. Elle a mal, bien trop mal pour son âge. Elle se souvient de tous ces jours. Elle se souvient de tous ces coups. Elle se souvient… Elle voudrait tout oublié. Tout. Tout jusqu’au dernier souvenir, qu’il n’y est plus une seule trace de lui. Elle voudrait l’effacer.
Mais il est toujours présent, elle a beau courir, son image reste intacte. Elle revoit la scène qu’elle vient de vivre. Cette tragédie qu’elle connaît par cœur. Lui, une bouteille à la main, il la casse, il s’approche d’elle, il la déshabille, elle se débat, il la gifle, il l’entaille sur sa cuisse, sur ses seins, dans son cou, il la caresse de sa langue, il souffle sur sa bouche. Elle pleure. Les larmes s’écoulent de ses yeux, rapidement, très rapidement. Sa vue se brouille, elle ne comprend plus rien. Elle a mal, c’est tout ce qu’elle sait. Et puis elle court. Mais cette fois c’est la dernière, elle chute. Il va la retrouvée, il est juste derrière elle, il n’attendait que cela : elle en est persuadée. Une main se pose sur son épaule, la décharge du contact l’immobilise. Elle est affolée. La main la tire, la forçant à se mettre debout. Elle ne veut pas le regarder. Elle ne veut pas voir son sourire de vainqueur s’afficher sur son visage. Elle ne veut pas lire sur ses yeux, la suite de ses sévices. Il la force, il place deux doigts sous son menton. Elle lutte, mais il est plus fort : sa tête est relevée. Elle ferme les yeux. Elle ne veut pas le regarder, surtout pas. Mais à quoi bon, elle a son image gravée dans sa tête, elle le voit malgré tout. Elle finit par lâcher prise, ses yeux se délient.
Stupeur.
« Tom : Et toi, tu t’es pas fait mal ? »
Elle ne dit rien, elle se colle à lui. Il la serre dans ses bras.
Jolie étreinte.
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P.S.: Je pense très fortement le réécrire, en mieux je l'espère, en plus long c'est certain.