[OS] Doux hiver

Deuxième version...

A écouter sur Never dream alone
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Doux hiver

Plein hiver, les flocons dansent sous le rythme du vent, salsa endiablée, glaciale. Les passants s’affolent à la même allure. Les cœurs bondissent, les esprits s’échauffent. Les enfants crient, les enfants pleurent. Les enfants rient, les enfants jouent. Les enfants vivent. Les parents les regardent, les disputent, ou les oublient. Les parents ne vivent plus. Dures joies de cette saison.
Il fait déjà nuit, les lumières artificielles éclairent cette jungle à demi vivante. Elles la caressent du bout de leurs doigts, elles les encerclent dans leurs bras. Elles rallument leurs cœurs, elles veillent à tenir cette lueur éveillée. Elles remplacent le soleil, quelques instants. Elles apportent la vie, quelques instants.
Le vent s’engouffre sous les chapeaux, il enfile son froid sous les manteaux, il se fait violent. Les bourrasques transportent la neige, ici et là, tout devient blanc. Tout devient pur. Tout le monde s’en va, tout le monde fuit. Chacun s’empresse de regagner son intérieur. Les enfants ne vivent plus, les parents ont disparus. Et les lumières continuent de jeter leur poussière étoilée. Il n’y a plus personne pour la recevoir. La ville est morte.

Elle court, elle court. Elle court. Ses jambes flagelles, sa respiration est saccadée. Elle court à travers cet océan de blancheur. Son cœur bat à une allure folle, ses muscles sont douloureux. Elle court sous cette rafale glaciale. Elle a froid, elle a mal. Ca lui est égal, tant qu’elle court. Tant qu’il ne la suit pas. Tant qu’il n’est pas là.
Elle ne le voit pas, ce doux soleil artificiel. Elle ne le ressent pas. Elle n’y prête même attention. Tout ce qui compte, c’est qu’elle lui échappe, cette fois si. Cette seule fois, et la dernière.
Mais il est là, ancrée en elle. Elle l’imagine, elle s’en détruit. Il est là, derrière elle, à sa poursuite, au moindre faux pas il l’attrapera. Elle sent déjà son contact à travers son manteau, ses mains appuyées sur ses épaules, l’immobilisant. Il à déjà bondit sur elle. Il l’a déjà eut.
Ses oreilles se gèlent, et là ramène à la réalité. Elle jette un coup d’œil derrière elle. Elle manque de tombée une fois, deux fois. Il n’est pas là. Elle reprend sa course correctement. Elle manque de tombée trois fois, quatre fois.
La neige bat son fort, elle l’enroule dans son doux manteau. Elle la caresse agressivement. Elle lance sur elle son froid perçant. Ses mains, son visage en souffrent. Ca lui est égal, le reste de son corps est déjà meurtri. Un peu plus, un peu moins, la différence est moindre. Tant qu’elle court, tant qu’il est loin.
Mais il est prêt, si prêt d’elle. Logé dans son âme. Elle a peur. Elle voit encore ses mains rugueuses se posées sur elle. Elle est terrorisée. Elle sent son odeur alcoolisée près de sa bouche. Elle est affolée. Elle gémit de douleur. Elle a mal, bien trop mal. Elle se souvient de tous ces jours. Elle se souvient de tous ces coups. Elle se souvient… Elle voudrait tout oublié. Tout. Tout jusqu’au dernier souvenir, qu’il n’y est plus une seule trace de lui. Elle voudrait l’effacer.
Et il est toujours présent. Elle continue de courir, et lui continue de la poursuivre. Elle revit la soirée. La scène, encore fraîche dans son esprit. Une scène habituelle, continuelle, qui lui semble déjà éternelle. Elle ferme les yeux, quelques secondes et tout refait surface, dans les moindres détails. Lui, une bouteille à la main, il la casse, il s’approche d’elle, il veut la déshabiller, elle se débat, il la gifle, il la plaque, sa main glisse le long de sa cuisse, il se colle à elle, il l’entaille sur ses seins, sur son cou, sur son visage, il la caresse de sa langue, il souffle sur sa bouche. Elle se met à pleurer, comme elle l’a toujours fait. Les larmes dévalent ses joues, abondamment, rapidement. Elle voudrait oublier. Il lâche l’arme, l’embrasse de toute part, rageusement, douloureusement, il arrache ses sous vêtements, baisse son propre pantalon, il colle sa main sur ses lèvres, il la pénètre, violemment.
Elle a mal.
Elle court toujours, encore. Elle tente de chasser les larmes. En vain, elle ne l’oubliera jamais. Sa vue se bouille, elle chavire, elle ne comprend plus rien. Elle a mal c’est tout.
Une cinquième fois, c’est la bonne, elle chute. C’est la dernière, tout est finit. Il va la retrouvée, et tout va recommencer, encore et encore. Une main se pose sur son épaule, la décharge du contact l’immobilise. C’est lui. Elle s’en persuade. Elle est affolée. La main la tire, la forçant à se mettre debout. Elle ne veut pas le regarder. Elle ne veut pas voir son sourire de vainqueur s’afficher sur son visage. Elle ne veut pas lire sur ses yeux, la suite de ses sévices. Il la force, il place deux doigts sous son menton. Elle lutte, il est plus fort : sa tête est relevée. Elle ferme les yeux. Elle ne veut pas le regarder, surtout pas. Mais à quoi bon, elle a son image gravée dans sa tête, elle le voit malgré tout. Elle finit par lâcher prise, ses yeux se délient.
Stupeur.

« Tom : Et toi, tu t’es pas fait mal ? »

Elle ne dit rien, elle se colle à lui. Il la serre dans ses bras. Jolie étreinte.

Elle regarde le ciel. Elles la touchent enfin, les jolies lumières de l’hiver. Elles enveloppent leurs corps dans un doux voile de bonheur. Un doux voile de bonheur… Enfin.

Magnifique. J'ai lu les deux, et à la fin toujours ce même frisson.
Tu vois jsuis si bouleversée, que j'en ai perdu mes mots.
C'est juste grandiose quoi.
Donc Merci pour ce joli moment de magie.