[O.S] Car tout n'est que mensonge.

J’ai toujours rêvé d’avoir une grande carrière vous savez. Quelque chose où je pourrais m’amuser sans compter. Mais des fois la vie ne veut pas forcément la même chose que nous. Des fois notre destin ne tient qu’à si peu de choses. Souvent je repense à ce passé de succès, où on enchainait les tournées comme j’enchainais soirée après soirée, fille après fille. C’était une époque où je me sentais réellement bien, enfin je ne sais plus trop si c’était la vérité où un mensonge que je me répétais sans cesse. En tout cas, j’avais l’impression de me sentir bien dans ce monde. C’est vrai le succès m’a monté à la tête, mais vous auriez fait quoi vous si à chaque concert des milliers de fans vous prouvaient qu’ils vous aiment au point de donner leur vie pour vous voir ? Je pense que vous auriez fait comme moi, vous auriez profité. J’aurais sans doute jamais du faire cela, j’aurais du prendre conscience de la réalité qui se déroulait autour de moi et qui n’était en aucun cas fait de strass et de paillettes. Oui je m’en veux, je m’en veux  de n’avoir pas pris conscience avant que la chute n’arrive, que tout dégringole autour de moi. J’aurais voulu me permettre d’avoir une roue de secours au cas où. Mais vous savez dans ces moments là, on ne réfléchit pas à cela. On vit sa vie au jour le jour. Carpe Diem qu’il me disait. Je voudrais en rire aujourd’hui. Mais malheureusement je n’y arrive pas. Je n’arrive plus à rire d’ailleurs, la chute a sans doute été trop brutale. C’était comme tombé d’une hauteur de quinze étages. Non c’était même pire. Je ne sais même pas comment, aujourd’hui, j’arrive à trouver la force de vous dire tout cela. De vous raconter ma vie. De faire presque comme si de rien était. Il a suffit de quelques notes pour que toute ma vie autour de moi devienne une sale tragédie où j’incarne un des personnages principaux. Il a fallu qu’on dise oui à ce putain de rêve qu’on avait tous les quatre. On voulait tellement y croire, et quand il s’est présenté à nous, on n’a pas pu s’empêcher de sourire, de ne pas réfléchir, et de foncer la tête baissée. Et si on avait pris conscience des risques ? Si on avait pensé aux conséquences ? Est-ce que aujourd’hui, ma vie serait la même ?On avait tous les yeux plein d’étoiles. Des étoiles mises par nos fans jour après jour. Moi j’avais ma guitare, et dès que j’en sortais un son, je me disais, oui c’est pour cela que je suis là, c’est pour cela que j’ai réussi. J’étais fier de moi et puis d’eux aussi. J’étais tellement fier de ce que nous avions réussi à faire, à monter sur ce sommet si dur à atteindre. On était tellement haut, on dominait le monde, il nous appartenait ce monde. Comment aurions nous pu croire qu’il allait tant nous trahir ? Pourquoi il ne nous a pas prévenus ? En réalité, je ne sais pas, peut être nous avait-il envoyé des signes mais qu’on ne voulait pas voir, peut être que ce sont nous qui avons choisi de fermer les yeux. Peut être qu’on aurait pu prévoir ce qui allait nous arriver… Je ne sais pas, en réalité je ne sais plus. J’essaye de ne plus réfléchir, ça me donne mal à la tête. J’ai trop réfléchis quand cela nous est arrivé. Je faisais cela chaque jour, chaque nuit, me remémorer nos moments passés, essayer d’en tirer quelque chose. Mais chaque nuit se terminait par les larmes sur mon oreiller, chaque matin commençait par une crise de nerfs et une chute de tension. Oui je peux affirmer qu’aujourd’hui je ne suis plus le même.Vous me demandez encore pourquoi ? Vous ne le savez peut être pas ? Bien sûr que si vous le savez, tout le monde sait ce qu’il s’est passé ce jour là. Arrêtez de mentir, je sais que vous le saviez. Vraiment ? Vous ne savez pas ? Alors qu’avez-vous fait à ce moment là ? Tout le monde en a parlé, la presse surtout, ces enfoirés de paparazzis qui nous gâchaient déjà tellement bien la vie, ils en ont profité ces chacals, ils ne nous ont pas laissé un moment de répit. Ok, je vais vous raconter, je vais vous dire ce qui s’est passé ce jour là. On jouait devant une salle remplie, ou sur une place en plein air, je ne sais plus trop, je ne veux pas vraiment me souvenir de cet endroit. Ah si, voilà c’était sous un chapiteau. On nous applaudissait, on chantait avec nous, c’était tellement… euphorique ? Oui c’est le mot, c’est l’extase à l’état pur, et on nous en redemandait, et on aimait leur jouer tous ces morceaux, on aimait les voir sourire. On réalisait notre rêve, et eux nous le rendait si bien. On était comblés, comme toujours quand on était sur scène. Ces moments de complicité  entre nous et le public je ne les oublierais jamais. Il nous restait une petite demi heure de concert, et même si on était exténué par les dates chaque soir, on voulait donner le meilleur de nous-mêmes, pour profiter de la chance qui nous été donnés de jouer sur une telle scène devant tant de personnes. On était à l’apogée de notre gloire. On aurait pu avoir notre statue. Je ne sais pas très bien comment tout cela est arrivé. D’un coup, je l’ai senti se raidir, il avait du mal à chanter, comme si sa voix tremblait, mais sa voix ne tremble jamais. Je cherchais la raison à ce tremblement, et c’est là que j’ai vu la tâche. Cette tâche rouge. Près du cœur. Il chantait, mais il était à bout de souffle. Ce bruit, cette détonation. Je ne comprenais plus ce qui se passait autour de moi. Je vis mes deux autres amis tombés. Eux aussi, à bout de souffle. La musique s’arrêtait. Je me précipitais vers eux. Je leur suppliais à chacun de rester avec moi. Je leur suppliais d’attendre les secours. Et c’est au moment où j’ai ressenti la réelle douleur que j’ai su que j’étais en plein cœur d’une fusillade qui avait pour but de nous tuer l’un après l’autre. J’ai sans doute perdu connaissance. Car quand j’ai pu voir à nouveau la lumière, j’étais dans une salle blanche. Hôpital. Je détestais ce mot et tout me revins en mémoire. Le concert, les détonations, les cris de la foule, eux qui tombent à terre. Eux ! J’ai posé des tas de questions auxquelles je me retrouvais devant des murs de silence. Que s’était-il passer ? Où étaient-ils ? Leurs chambres se trouvaient elles a côté de la mienne ? Mais non, peut être que j’y croyais encore, peut être que j’avais encore un peu foi en la vie même après tout cela. C’est un médecin, et non quelque proche de moi qui me le dit. Qui m’annonça que parmi les quatre, j’étais le seul à avoir survécu aux coups de feu. Le seul à avoir encore une vie. Mais pouvait-on appeler cela une vie ? Chaque jour je me demandais ce que je foutais encore là, pourquoi moi et pourquoi pas eux. Je me demandais ce qu’on attendait de moi. Mais je crois qu’en fait on n’attendait rien de moi, peut être que j’avais eu juste de la chance. Je ne sais pas. En fait, tout ce que je sais aujourd’hui c’est que je m’appelle Tom Kaulitz et que je suis handicapé, condamné à vie au fauteuil roulant. Mais si cela aussi n’était qu’un mensonge raconté par la vie ?