Crève-moi l’cœur avec tes mots.
Et le soleil se couche à l’horizon. Il clos un autre jour, comme une roue infernale qui ne s’arrête jamais. Les gens marchent, courent sans se soucier du temps qui passe. Pressés. Ils ont oubliés leur âme dans un sachet de sucre. Jetée au loin dans un océan d’hypocrisie qui les bouffe de l’intérieur. Et parmi cette foule d’ombre, il y a elle. Ce manteau azur se promène dans les rues comme une fée dans un champ de blé. Elle laisse une traînée de poudre dorée derrière son passage, à chaque endroit elle éblouie, sans qu’on la remarque. Personne ne la connaît, non. Nul n’aurait la force de supporter la magie qui sommeille en elle. Trop, intense. Elle marche, elle marche. Sans savoir où aller. Elle entre dans une ruelle, monte sur un toit qu’elle connaît comme sa personne. Tous les soirs, elle se rend ici, falaise de l’inconscience. Endroit reculé de tous. Là où ses pensées ne seront pas critiquées. Là où sa voix se fera portée par le souffle du vent, et que la mer lui chantera les plus belles paroles. Cette vue superbe la fait sourire. Elle rit au son des vagues qui chavire les cœurs en dessous des étoiles. Les gens ont oublié leurs rêves d’enfant. Elle, elle les conserve en vue de tout le monde. Elle rêve sur les ailes de sa dragonne. Elle mange des nuages au sucre blanc. Elle écoute les walts disneys en boucle. Ce monde est un arc-en-ciel incroyablement beau. Et elle pleure, souvent. De cette folie qui la ronge de jour en jour. La folie d’être amoureuse d’une image intouchable. Malgré que l’espoir ne la quitte jamais, elle craque, des fois. C’est pour ça qu’elle est là, tous les jours. Et de temps en temps, y’a une mouette qui passe lui dire bonjour. Et de temps en temps, y’a ses pieds qui s’échouent contre les vagues déchaînées. Et de temps en temps, y’a son cœur qui bat tellement fort qu’elle réveille le soleil envolée.
« Il est beau, hein oui, le ciel aujourd’hui …
- J’l’ai jamais vu aussi étrange …
- Moi non plus. Comme si un mélange de ténèbre et de sucre s’encrait en lui, chaque jour un peu plus. »
Lui, elle ne savait pas qui il était, et elle s’en foutait. Seulement le fait de parler à quelqu’un qui semblait lui ressembler, l’intéressait.
« Tu viens souvent, ici ?
- J’ai que cet endroit pour me faire bouffer l’âme d’un paquet d’illusion.
- La mer est la plus belle des infinies, je sais.
- Et les étoiles sont les seules qui me font rires avec leurs coquelicots argentés.
- Les roses bleues se dessinent entre la nébuleuse de ton cœur. Tu les vois ?
- Oui, juste dans le fond de tes yeux. »
Une question trottait dans sa tête. Comment savait-il que c’était sa fleur préférée ?
Et puis, elle avait deviné aux étoiles dans son regard que cet homme qui se tenait à côté d’elle, demeurait celui qu’elle aimait avec son cœur, et non avec ses yeux.
« T’as l’air de crever dans c’monde …
- C’est juste que c’est pas le mien. J’ai du tomber du ciel à un moment. Y’a qu’en étant face aux astres imaginaires que je me sens, bien.
- On se libère de toutes nos émotions futiles. En regardant mieux, ce sont elles qui nous détruisent.
- Le vent est le seul qui parvient à me parler, et la mer, le seule qui comprenne mes maux.
- Chante pour moi.
- Quoi ?
- Ton cœur.
- Il se vide depuis un bon bout d’temps.
- Pense aux coquelicots qui rougissent dans les champs.
- Ils sont éphémères.
- Pas si tu les regardes dans les pupilles de l’intérieur.
- Alors ferme tes yeux et perds toi dans une infini tristesse.
- Lance moi tes sentiments à la gueule. »
« L’océan s’embrouille dans l’ombre
Le soleil crève en silence
Le monde disparaît dans une tache d’encre …
Y’a plus rien sous les étoiles
Elles s’éteignent de trop pleurer
Crever en silence …
On oublie d’rêver encore
L’âme embrouillée de trop d’remords
Jetée dans les ténèbres …
-
Pourtant l’espoir est présent
Dans n’importe quel porte du temps
Il te prends quand t’y crois plus,
Oublié d’être trop perdu.
Regarde droit dans son cœur
T’y trouveras le bonheur
Un instant éphémère
Mais si sincère …
Et la danse continue
Le ciel rugit d’amour
Il te crève les yeux de sa beauté
Oublie ton monde et ferme les yeux
Le paradis n’a jamais été aussi beau. »
Ils ont refais en un instant une partie du monde. Elle a rien demandé. Il a continué pour elle. Comme s’il avait lu son cœur, une fois. Elle a sourit. Le paysage aussi. Content de cette harmonie que les deux jeunes gens lui avaient offerte.
« Tu chantes bien …
- La mer chante pour moi.
- Elle chante pour tout le monde. »
Ils ont fermés les yeux, synchros. A peine croyable. Ils ont cherchés à travers les mondes une personne qui était comme eux. Et voilà qu’ils se trouvent, parle plus grand des hasards. Là, sur un toit paumé face à une mer déchaînée de les voir se crever l’un l’autre.
« Comment tu t’appelles ?
- Illusion. Et toi ?
- Infini.
- On crève ensemble ?
- Le ciel ou la mer ?
- La mer, elle te chante une berceuse avant te t’endormir …
- Alors que nos cœurs soient gravés à jamais dans le bleu liquide de tes yeux … »