"Dis, où on va ? "
Il n'aurait pu répondre, elle le savait, sa question demeurerait sans aucune réponse parce qu'ils marchaient sans savoir. Ils suivaient le chemin inconscient. Main dans la main. C'était le plus important, sans jamais se lâcher. Ils suivaient ce chemin invisible à la recherche de l'amour. Ils le voulaient tellement, ils voulaient tellement être un couple normal et s'aimer, rien qu'un instant, ressentir ça, l'amour. Le cœur qui bat. Les lèvres qui s'étirent. Les yeux qui brillent. Les mains qui tremblent. La chair de poule. Le corps rempli de frisson. Au point d'exploser. Au point d'exploser de désir. S'aimer. Mais non. Ils connaissaient trop bien la haine pour pouvoir s'aimer. C'est pour cela qu'ils étaient là, à marcher en direction d'un monde inconnu peut-être, un monde interdit par leur malheur. Un pas et puis, deux. Une insulte et puis, deux. Un baiser et puis, deux. C'était mieux en double de toutes façons. Ils le savaient. La haine, c'était mieux multipliée par deux. Par trois, c'était trop. Et un, pas assez. Alors ils marchaient le long de ce chemin qui se traçait au fur et à mesure que leur silhouettes s'enfonçaient dans la nuit, pénétrées la lune. Armstrong, tu es faible. Tellement faible, qu'ils recherchent l'amour ailleurs que sur terre. Parce qu'ils aimeraient s'aimer, peut être pas être normaux, mais s'aimer . Simplement.
"J'ai peur, Georg.
- Moi, pas. Je te hais. " Lui avait-il dit en lui souriant.
Comme un je t'aime, déformé, un je t'aime handicapé. Pathétiques qu'ils étaient. Ils se haïssaient, et voulaient s'aimer, rien qu'un instant. Sur la lune. Les nuages. La mer. La terre, même. Juste s'aimer. Mais finalement, l'amour les avait déjà foudroyé. Bien évidemment, puisque la haine est la mutation d'un trop plein d'amour. La métaphore du ballon rempli d'eau. Paf ! Trop d'amour, beaucoup trop et la haine prend place. Ici ou là. Un bouclier peut être, pour ne pas avoir à crever d'amour comme dans la plupart des histoires. La haine, oui.
Ils s'étaient aimé, en fait, ils s'étaient aimé sans le savoir.