[T] Aime-moi, Anna...aime-moi. I

Des larmes de rage m'envahirent les yeux : j'en avais assez.
Mais de toute façon, tant que Tom ne serait pas là, je n'aurais pas le courage de le leur dire.

[…]

Aujourd'hui, il rentrait. J'avais attendu patiemment ce moment depuis 2 semaines et demi déjà.
Depuis qu'il était parti. Je me levai donc, et pleine forme.
J'avais évité Kirsten et mes parents depuis notre altercation quelques jours auparavant.
Et le peu de fois que je les avais croisés, j'étais restée courtoise, notre conflit s'était donc désamorcé tout seul,
mais je restai sur mes gardes, car il n'attendait qu'un seul faux pas, une seule mauvaise parole, pour recommencer.
Une fois dans la cuisine, je ne pus que constater que Kirsten avait encore passée la nuit dehors, et qu'elle était donc mal, vraiment très mal lunée.

Je la regardai et lui souris. Non, aujourd'hui, je ne me battrais pas avec elle.
Non, aujourd'hui, je ne te haïrais pas, Kirsten.
Parce qu'aujourd'hui, toute ma tête, tout mon coeur étaient monopolisée par une seule et même personne.
Et cette personne, ce n'était pas elle.

Je me dirigeai en direction du placard où ma mère avait pris l'habitude de ranger, ou plutôt de cacher les cachets.
Les cacher, oui parce qu'elle était persuadée que j'étais accro à ses anti-dépresseurs.
Je me demandais encore une fois où elle avait été trouvé cette idée.
En secouant la tête, je me perchai sur un tabouret, et entrepris d'attraper la boîte, quand mon portable sonna,
juste devant ma soeur, faisant retentir les notes de « In Your Shadow (I Can Shine) » dans toute la cuisine.
Ma soeur grimaça de plus belle, car pour son pauvre petit crâne souffrant de la gueule de bois, cette sonnerie était bien trop forte.
Elle se saisit alors de l'appareil et regarda fixement l'écran.
Je manquai de méchamment me ramasser au sol tellement je fus surprise.

Elle décrocha, mit le haut parleur.

Elle continua à discuter un peu avec l'homme de mes rêves, pendant que je descendais de mon tabouret,
lui tendis la boîte de médicaments, et lui murmurrai :
« Soit tu la gardes, soit tu la remets à sa place, y'en a tellement qu'elle s'en rendra même pas compte ».
Je roulai des yeux sur mes derniers mots, ce qui la fit sourire,
car elle aussi ne comprenait pas pourquoi ma mère pensait que j'étais droguée.
Elle me murmura un petit merci, et me tendit le combiné, en me faisant un petit clin d'oeil.
Je le saisis et partis dans ma chambre.
Tom n'avait pas arrêté de raconté sa vie, croyant que ma soeur l'écoutait toujours.

J'entendis Georg lui crier :
« Non, mais le grand silence, c'était le vide dans ta tête qui résonne ! ».
Je ris.

Quelqu'un râla derrière lui.

Protestation de son jumeau.

La porte du van claqua.
Les voix de Georg et Gustav crièrent « Toooooom !!! » à l'unisson.

Je raccrochai, un sourire totalement niais scotché aux lèvres.
Il ne me restait plus qu'à prendre mon mal en patience. Et tout faire pour que la journée passe à une vitesse éclair.
Une seule idée s'imposa alors à moi : du shopping. J'allai faire du shopping.
Je décidai de convier Francesca à ma journée, puis allai me préparer.

[…]

Je réfléchis attentivement et me regardai dans le miroir à nouveau.
C'est vrai que cette robe m'allait bien.
Je l'ôtai, puis enfilai le jean slim noir et un des chemisiers que j'avais pris avec moi en cabine.
Pas mal non plus...

J'empoignai mes futurs achats sous le bras et sortis en trombe des cabines d'essayage.

Je ne dis rien et levai les yeux au ciel.

[…]

Résultat des courses : j'avais deux nouvelles robes, autant de pantalons, cinq nouveaux hauts,
et trois nouvelles paires de chaussures. J'avais également acheté quelques accessoires, et du maquillage.
Et j'avais surtout mal pour mon compte en banque.
Il était 18h30 lorsque Francesca me déposa chez moi, et quelques minutes plus tard, mon téléphone sonna.

Mais il avait déjà raccroché. Bordel, le trajet promettait d'être intéressant. Et tendu.
Bon, une demi heure ? Ok.
J'eus donc le temps de prendre une douche rapide, enfiler un jean et un simple sweat à manches courtes blanc avec
une guitare électrique noire pour seul motif, me maquiller, et enfiler mes bottines noires, ma paire de chaussures préférées,
ainsi que mon blouson noir, en faux cuir, que Tom m'avait offert, pour éviter que j'achète sa réplique en vrai cuir devant laquelle j'avais craqué.
Je fourrai dans un sac des affaires de rechange, un des grands t-shirts de Tom pour pyjama, et des sous-vêtements,
sans oublier des choses pratiques genre mon portable, et d'autres nécessaires comme ma pilule.
Ben oui quoi, Tom et moi ne comptions pas dans l'immédiat (pour ne pas dire pas du tout) faire un gosse, hein.
Une fois prête, j'allai m'installer devant la télé, qui était déjà squatté par ma soeur aînée.
Si j'en croyais le carton de pizza les 2 cannettes vides posés sur la table basse, elle n'avait pas bougé de la journée.

Je me levai sans relever sa dernière réplique et décidai d'aller attendre dehors.
Normalement, ils seraient là dans cinq minutes.
Alors que je descendais les escaliers pour sortir, j'entendis un klaxon : le van m'attendait déjà.
Je grimpais dedans, saluai le chauffeur ainsi qu'Andreas. L'un répondit, l'autre non.
Youpi.
On allait donc se fendre la gueule, pendant les vingt minutes de route. Je décidai de tenter une approche :

Nous nous tûmes pendant tout le reste du trajet.
Je regardai par la fenêtre, le temps était plutôt maussade, en ce vendredi.
Le ciel ne savait pas s'il devait laisser la place au soleil, ou bien s'il devait laisser les nuages nous couvrir de leur épais voile gris.
Ou plutôt gris-vert. Voir même gris-bleu. Je souris.
Mon âme de dessinatrice ressortais toujours quand j'observais le ciel...

Nous arrivâmes devant l'entrée de l'aéroport. Quelques fans attendaient devant le portes.
Ce qui signifiait que d'autres attendaient à l'intérieur, devant leur porte de débarquement.
Ce qui signifiait également qu'il allait falloir que je me tienne lorsqu'il arriverait.
Je ne voulais pas, il ne voulait pas, et le groupe ne voulait pas de scandale. J'avais pris l'habitude, avec Gustav, d'attendre dans le van.
De temps en temps je me permettais de descendre, mais la plupart du temps, je jouais la prudence.
Ce soir, j'avais juste envie de le serrer dans mes bars, mon Tom.
Voir les traits de son visage, voir son sourire s'étirer sur bouche appétissante.
Voir ses yeux pétiller. Sentir son odeur. Entendre sa voix.
Alors je descendrais du van, ce soir. Pas de discussion possible. Pas d'hésitation.

Andreas et moi sortîmes donc du véhicule. Andreas enfila ses lunettes de soleil, et j'enfonçai la capuche de mon sweat sur la tête.
De toute façon, on ne me remarqua même pas, le peu de fans qui nous vit, se dirigea vers le meilleur ami des Kaulitz, quoi de plus logique.
Je pus donc pénétrer dans l'établissement sans problème, et enlevai cette stupide capuche.
Je regardai le panneau d'affichage, et vit que leur arrivée se ferait à la porte D5.
Je marchai donc jusqu'à cette porte, d'un pas pressé.
Mon téléphone vibra dans ma poche : un nouveau message. Tom.

« J'espère que t'es là, hein. =)
J'ai fait ce que t'as dit, j'ai pensé à quelque chose d'agréable pendant le décollage et l'atterrissage.
J'ai penser au moment où je te prendrais dans mes bras, où je t'embrasserais.
Ça a marché.
Tu m'as manqué, princesse.
A tout de suite. <3 »

Mon coeur se mit à vibrer. De mémoire, jamais retrouver Gustav ne m'avait parut aussi émouvant.
Si, peut être au début de notre histoire. Mais vers la fin, je ne savais plus comment apprécier son retour.
J'avais toujours peur qu'une dispute éclate pour x ou y raison, parce qu'il serait jaloux que j'ai vu telle ou telle personne.
Je m'empressai d'accéder à cette fameuse porte D5. Des fans attendaient là, bien plus nombreuses que je ne l'aurai imaginé.
Peu m'importait, puisque j'allai le retrouver.

Quelques personnes débarquèrent avant les garçons. Puis, ils arrivèrent.
Je le vis me chercher, puis, lorsqu'il m'aperçut, il ne lâcha plus mes yeux.
Nous nous dévorâmes du regard, si bien qu'il ne vit pas la foule des filles qui se rapprochait dangereusement de lui.
Heureusement, les gardes du corps étaient là. Bill me fusillait du regard.
Tom se dépêcha de se sortir de la foule qui l'entouraient, n'accordant aucune attention aux fans qui lui demandaient des autographes.
Il marchait de plus en plus vite, et je réalisai alors que nous courrions à la catastrophe.
Il n'allait pas s'arrêter.
Il ne comptait pas attendre que nous soyons en privé, loin des autres, des quelques journalistes présents, et surtout,
loin des appareils photos de toutes les jeunes filles en fleur. Il me voulait dans ses bras, là, tout de suite.
Lorsqu'il arriva à ma hauteur, je souris, un peu gêné, et lui fis non de la tête. D'abord il ne comprit pas.
Puis Bill arriva derrière lui et lui mit un coup de coude discret.
Là, il tourna la tête en sa direction, et vit toutes ses fans se demander ce qui lui arrivait. Il se mit alors à rire.
Un rire cristallin, totalement décalé, et vraiment incompréhensible.
Jamais je n'aurais pensé qu'un rire ne puisse me faire tellement plaisir.
Il se décida à aller signer quelques autographes, prendre quelques photos, pendant qu'un garde du corps,
frayant un passage aux garçons, m'indiqua qu'un second van nous attendait, près d'une entrée sécurisée.
Je le suivis donc dans un corridor sombre, et attendit que mon homme vienne me retrouver.
Le garde du corps me dit de patienter quelques instants ici, seule.
Quelques secondes plus tard, il me sembla distinguer des bruits de pas.
Je fus intriguée, car il ne correspondait à la démarche de Tom.

Pas de réponse. Mais les pas se rapprochaient. Je pris peur.

Un bras m'empoigna de façon brutale, presque douloureuse. Il me colla contre un mur.
Je voulus crier, mais l'autre main de mon agresseur vînt se plaquer contre ma bouche.
Lorsque j'aperçus son visage, je blêmis.