[T] Aime-moi, Anna...aime-moi. I

Quelques jours de mal-être plus tard, j'étais plantée devant la télé.
Assignée à résidence, car les photographes de la presse à scandale avaient décidés de squatter jour et nuit devant chez les jumeaux.
J'étouffai, mais restais silencieuse, dans l'espoir que tout se tasse.
Or, avec ce qui allait se passer ce soir là, dans cette émission, il était fort probable que ça empire.
Les garçons avaient été invité dans une émission, où Tom devait s'expliquer à propos de nous.
Des fans seraient présentes, et pourraient poser des questions. Je craignais le pire en observant ces dernières à travers l'écran,
qui patientaient fébrilement jusqu'à ce que la présentatrice prononce le mot magique : « Tokio Hotel », et qu'elles se mettent toutes debout,
à applaudir pour certaines, pour d'autres à huer lorsque la femme indiqua que dans la seconde partie de l'émission,
« Tom et le groupe reviendront sur le scandale de la semaine dans la communauté des fans : les photos volées de lui et de sa petite amie. »
Quelques pubs avant l'exposition de ma vie plus tellement privée à la face du monde.
Un sms de lui, qui me fit sourire légèrement, mais pas assez pour me réconforter :

« Hey bébé ! J'espère que tu regardes hein !
J'suis bête : évidemment que tu m'regardes,
qui pourrait rater un apollon tel que moi ?
LOL.
J'aimerais que tu sois là,
si tu savais comme un de tes baisers me redonnerait du courage...
Je t'aime. <3 »

Je décidai de lui redonner un petit peu de courage avant la fin des pubs, et composai son numéro.
Une demi tonalité sonna, tellement il décrocha rapidement :

Il raccrocha, et en effet, une minute après, l'émission recommença.
Les garçons firent leur entrée, fracassante, sous les applaudissements d'une partie des fans, et les huées d'autres.
L'équipe qui avait préparé l'émission avait eu l'intelligence de séparer le public en deux : les pros mariage de Tom, et les antis.

Ils avaient les traits tirés, surtout Tom et Gustav, ce qui me fendit le cœur : ils s'étaient encore sûrement disputés dans les loges.

Car ils ont un peu été harcelés toute la semaine, connasse.

Il inspira et soupira bruyamment, en fermant les yeux.
Il porta sa main à son keffieh, enfin mon keffieh autour du cou, celui qu'il m'avait piqué un jour et jamais rendu, avant de répondre.

Silence soudain dans toute l'assistance, très vite briser par des hurlements et des pleurs
qui sans doute venaient du côté « anti » du public. Bill regarda ce côté précis du public, avant de lancer, d'un ton neutre :

Rire général du public.
Je me demandai alors comment il faisait pour garder son sens de l'humour dans une ambiance aussi tendue que celle-là.

J'éteignis la télé, au bord de la migraine. Je ne savais plus quoi faire...rester, partir ?
Risquer de briser leur carrière ou vivre égoïstement mon amour parfait ?
J'avais assez enduré d'épreuves pour me dire qu'être égoïste était la solution,
mais pourtant, quelque chose en moi me hurlait : « Va t'en ! Va t'en avant qu'il ne soit trop tard... ».

Je me tus, et le laissai réfléchir.
Mon silence devait être éloquent, car une minute après, il enchaina, encore plus inquiet :

Ce fut à son tour de se taire.
Je sentis à la raideur de son corps contre le mien qu'il n'était pas trop d'accord.

Il ne dit rien, se contenta de m'embrasser au creux du cou, de remonter peu à peu vers ma bouche,
qui ne lui accorda rien d'autre qu'un furtif baiser.
Ses mains se baladèrent sur mon corps, caressèrent mes bras, ce qui me fit légèrement frissonner, mais pas de la façon qu'il attendait.
Son souffle à lui se saccadait à mesure qu'il pressait ses lèvres sur mon cou, ma mâchoire...

Et je le plantai là, et allai me coucher.
Il me rejoignit, m'enlaça à nouveau, et je le sentis bientôt respirer de façon calme et régulière.
Il dormait. Et moi, je pleurai.

[...]

Le lendemain, en me levant, je trouvai Bill, attablé à la cuisine, un carnet et un stylo à la main, la mine réfléchie.
L'occasion était trop belle pour la gâcher. Je me dirigeai en silence derrière lui, et hurlai d'un seul coup :

Je me calmai, et lui fis un tendre bisou sur la joue.

Il me sourit de toutes ses dents.

Je m'affairai donc à me servir un petit déjeuner convenable, et le vis se replonger sur son carnet.
Je m'installai avec lui, et mangeai en silence, jusqu'à ce que le brun fronce les sourcils de mécontentement.

Tom choisit ce moment précis pour entrer dans la cuisine. Il avait l'air en colère, mais ne dit rien.
L'air s'électrifia, et je me sentis mal à l'aise. Les jumeaux se parlaient sans même prononcer un mot, et je me sentis vite de trop.
Je les laissai donc là, et ne sus quoi faire. Pas envie de télé, pas envie de l'ordi. Pas envie de peindre, ni de dessiner.
Envie de rien.
Cela devenait invivable. Je m'assis sur le lit, suffocante, prise de panique.
Il fallait que ça change. Il fallait que je respire. Il fallait...il fallait que je sorte. Ou que je m'en aille.