[T.] J'ai perdu.

54. 28 Mai 2010, 00H12, Envole-moi, loin.

Je ne savais plus où, dans quel pays, quel jour, quelle heure, le jour, la nuit, rien. J’étais vide, choquée, et j’avais l’impression d’être déconnectée depuis que j’étais partie avec Bill de l’hôtel dans un taxi, qui tournait en rond. Il avait une respiration normale, à l’entendre mais je ne le regardais pas j’avais peur. C’est quand je sentis sa main, et dire au chauffeur « l’aéroport » que mes larmes se calmèrent. Je repris peu à peu le contrôle de moi.

Gabrielle : ça va ?
Bill : j’ai connu mieux. Dit-il essoufflé.

Je tournai mon visage vers lui, sa main tenait son ventre, il avait les cheveux en bataille, et une grimace, de douleur, était omniprésente sur son visage, son maquillage n’existait plus.
J’avais envie de Tom, cela était idiot puisque je l’avais fuit, mais j’aurais tout donné à ce moment précis pour ces bras, chauds autour de moi. Sa voix apaisante contre mon cou, et les mots qu’ils l’auraient choisie pour le réconforter.

Gabrielle : qu’est-ce que l’on va faire ?
Bill : j’en sais rien, Gaby.
Gabrielle : il faut que je lui dise.
Bill : non, il va trop souffrir, on n’a pas fait tout ça pour ça. Dit-il d’un ton ferme.

Je fixais la fenêtre livide, la nausée avait pris le contrôle de mon ventre. J’ouvris mes yeux douloureux quelques minutes plus tard. Bill paya et l’on sortit quelques instants plus tard. L’aéroport était presque désert et il avait réussi à ne pas se faire remarquer un miracle. Alors qu’il marchait d’un pas rapide vers le tableau géant des destinations. Je lui dis.

Gabrielle : tu comptes faire quoi ? Bill ?

Il se retourna vers moi, le noir de son visage avait disparu laissant de légère trace noire autour de ses yeux et ses paupières. Il avait l’air perdu complètement comme moi, on était effrayé parce que l’on comptait tout les deux sur la même personne dans ces cas là. Tom. Pourtant il était la personne que l’on fuyait.

Bill : j’en sais rien.

On se fixa puis quelques temps plus tard on était assis sur trois chaises en fers collés. Je me couchai, mis ma tête sur les jambes de Bill. Je ferma les yeux, sans pouvoir dormir, je voulais juste disparaître, ne plus exister, qu’une enclume tombe sur ma tête, abrège mes souffrances.

Bill : et si l’on prenait un avion, je sais pas moi, au Mexique, regarde il y a un vol dans 1 heure 30, le temps qu’il se calme. Dit-il d’une voix toute excitée.
Gabrielle : toi tu dois rester, il y a le groupe, moi rien ne me retiens ici.
Bill : je ne te laisse pas monter dans cet avion sans moi là, ils me tueront et m’enterreront dans un jardin, sans ménagement.

On rit sans conviction à la phrase de Bill.
Une heure passa au moins, si bien que mon esprit divagua loin d’ici, loin, d’Asie, loin l’Allemagne, loin du Mexique, loin de tout.

On ment. En permanence. A tout le monde. Le pire c'est qu'on se ment à soi-même. Surtout à soi-même. Je m’étais trop longtemps menti, je lui avais trop menti alors c’est pour cela quand Bill mit sa main dans mes cheveux et prit la parole, que je n’ai pas eu peur, je savais ce que je devais faire. On avait essayer la méthode un : ne rien, dire laisser faire le temps, et tenter de s’en remettre pour ne pas qu’il souffre : la séparation. La deuxième était de tenter de tout faire comme avant, Gaby et Tom, mais celle là avait lamentablement échouée c’est pour ça que je n’avais pas peur, la troisième ne pouvait pas être pire. Enfin j’espérais parce qu’il ne me restait que ça l’espoir. J’avais perdu depuis longtemps de toute façon.

Bill : et la Bolivie ? Bon c’est dans 3 heures mais bon, c’est pas mal là-bas.
Gabrielle : Bill, il faut que l’on arrête, on ne peut pas partir comme ça, ton groupe ? Pense à ton frère.
Bill : je ne pense qu’à lui, il va trop souffrir, tu ne peux pas lui dire.
Gabrielle : si, Bill, je m’assis tout à coup pour le regarder dans les yeux, pour qu’il comprenne, je vais lui dire.
Bill : tu vas le faire souffrir. Dit-il d’une voix étrangement triste.
Gabrielle : c’est déjà fait. Tu viens ?
X : oui, s’il te plait, viens Bill.

Cette voix, toujours la même, l’unique, celle de Tom

55. 28 Mai 2010, 2H46, Je t’ai toujours perdu, au fond.

Je n’avais osé poser les yeux sur lui que quelques instant quand il regardait son frère. Son visage était dévasté comme jamais. Je me mis à rêver de nous avant dans la voiture qui nous ramenait à l’hôtel. Les deux jumeaux n’avaient qu’un regard à faire pour se faire pardonner mutuellement. Mais il devait se parler tout les quatre sans moi. De toute façon ce moment viendrait bien assez tôt.
J’étais dans notre chambre d’hôtel, en train de faire mes valises parce qu’après je ne resterais pas. La partie était finie. J’étais en train de plier mes derniers tee-shirts quand des bruits de chaussures me firent me retourner.

Alice : Gabrielle, me dit-elle d’une voix exceptionnellement douce comme au début quand je les connus.
Gabrielle : Alice, ma voix tenta de rester polie.
Alice : je ne savais pas que Bill était avec Andreas, j’aurais dût te parler, je t’aurais crut, je ne sais pas ce qui m’a prise, je le voyais tellement souffrir, et toi fuir. Je n’ai pas réfléchi, tu disais la vérité. Tu me pardonneras un jour ?

Elle se mit en face de moi, elle avait les yeux rouges, une mine fatiguée et triste. Je pouvais lire la culpabilité, et priais intérieurement que la mienne ne se voit pas ainsi.

Gabrielle : ne t’inquiète pas Alice, ce n’est pas ta faute, mais la mienne, tu t’es juste trompée sur le motif, je te remercie de te préoccuper de Tom, vraiment.
Alice : mais tu ne vas pas partir ? Hein ?
« Non, il n’y aucune raison. »

La voix, celle dont j’ai rêvé, longtemps ces derniers mois et celle que je vais rêver encore pendant la longtemps. Je la connaissais entre mille.

Gabrielle : Alice …
Alice : je vous laisse, elle m’embrassa la joue, et partit simplement.
Tom : défais tes valises, pourquoi tu veux fuir ? J’ai compris maintenant, laisse-moi me faire pardonner. Je t’aime, tu m’aimes, reste.

Le zip de la dernière valise venait de se faire entendre, pendant que je respirais fort, et que mon cœur battait à un rythme dangereux.

Tom : Gaby, ce n’était qu’une dispute parmi d’autres, tout est réglé avec les gars, ma puce, tout va s’arranger avec un peu de temps.

C’est exactement les mots que j’espérais entendre un peu plus tôt dans la soirée. Ceux qui me feraient fondre comme de la glace. Ceux qui pouvait calmer une armée après un attentat, ceux qui seraient de lui. Tout simplement.

Tom : Gabrielle, s’il te plait, retourne-toi, au moins, regarde-moi.

Il ne me toucherait pas, il me traitait avec une douceur indéniable et une tactique sans faille. Comme une bête sauvage il avait peur que je parte.

Tom : Gabrielle.

Son ton m’implorait, il avait détaché chaque syllabe, j’obéissais calmement, pour ne pas craquer avant d’être dans le prochain avion. Là je vis son regard, ses yeux à la couleur d’un bois rare, unique, étaient entourés de rouges. Ses paupières étaient lourdes. Ma main se posa délicatement sur sa joue, il ferma les yeux, comme s’il était heureux de mon geste, qui devait signifier que je n’avais plus peur de lui. Il m’embrassa avec douceur la main, le creux du poignet. Il enfouit alors sa tête dans ma chevelure qui se faisait sauvage, passa sa main dans mon dos, pour me coller à lui. Il m’embrassa le cou et murmura :

Tom : pardonne moi, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, enfin si je sais, je suis tellement fou de toi, que j’agis comme un idiot. Je peux rien faire sans toi, c’est trop dur, si il n’y a personne avec qui je peux me réfugier, le soir, tu es celle dans l’ombre. Si tu n’es pas là, je n’arriverais pas à me foutre de la gueule de Georg, je n’arriverais pas à dire que je suis beau. C’est toi qui fais tout ça Gabrielle, qui me donne ma joie de vivre, mon estime de moi même, je sais et je comprends que ça t’énerve d’être plus là pour moi que je ne le suis pour toi. Mais tu sais, je t’ai fait une promesse à noël, je te demande de tenir jusqu’à l’année prochaine, après c’est la pause, et je m’occuperais de toi, tu pourras rependre tes études, ce que tu veux, mais tu seras la star. Je te le promets mais reste j’ai encore besoin de toi, je t’aime. Je vais changer, ça va changer.

Il pleurait et c’était extrêmement rare, d’habitude il gardait toujours cette constance masculine, machiste, mais je n’allais pas flancher, il fallait que je lui dise. Il posa ces lèvres contre les miennes et je mis mes mains autour de son visage pour l’éloigner un peu de moi. Je savais qu’elle réaction il aurait.

Gabrielle : Tom, écoute, ce que j’ai à te dire, ce n’est pas facile, j’aurais aimé que tu ne le saches jamais.

Je soufflai un bon coup, pendant que je fixais son torse, évitant son regard.

Gabrielle : Tom, il faut que tu me promettes un truc, n’en veux pas à ton frère, il n’a joué qu’un rôle mineur dans l’histoire, et je suis l’entière responsable de ce que j’ai fais. Tu dois m’en vouloir à moi pas à lui. Promets-le moi Tom.

J’enlevai alors sa bague, celle de la promesse d’un futur heureux, de mon doigt la mit dans sa main en lui fermant les doigts.

Tom : je te le promets.

Je regardais une seconde ses yeux, pour y trouver une curiosité certaine. Et refixai sa chemise, parfaite comme lui.

Gabrielle : tu te souviens, du weekend du 24 janvier ?
Tom : non, on faisait quoi ?
Gabrielle : tu n’étais pas avec moi ce weekend là, Tom, j’étais partie avec Bill à Berlin tu étais resté avec les garçons, en Italie c’était juste après le festival de Sanremo.
Tom : je ne m’en souviens pas.
Gabrielle : je suis partie le 22 au soir, et on s’est revu le 25 à Hambourg, j’ai passé le weekend avec Bill, on t’avait dit que l’on faisait du shopping, je crois.
Tom : et ?
Gabrielle : Tom, je t’en prie laisse moi du temps, sache que ça me fait autant mal que sa te le fera à toi, je voulais pas que tu le saches, mais j’arriverais à oublier, que si je te le dis, encore plus à me pardonner. J’ai tenté de faire sans, mais non, c’est impossible tu dois savoir ce que j’ai fais.
Tom : Gabrielle, tu sais que tu peux tout me dire, j’attends que ça.
Gabrielle : je ne t’ai pas quitté parce que j’en pouvais plus de ce rythme de vie, je ne l’aime pas particulièrement mais tant que tu étais avec moi, ça me va, j’ai besoin que de toi. Mais après ce weekend là je pouvais plus me voir avec toi, je pouvais plus me supporter. J’ai fait un truc que tu ne me pardonneras pas.
Tom : je te pardonnerais tout, même s’il s’est passé quelque chose avec mon frère, ou autre, sincèrement après tout ce temps passé avec toi, je peux te pardonner n’importe quoi.
Gabrielle : tais-toi, Tom, dis pas les choses avant de savoir, jamais j’ai couché avec un autre homme que toi, encore moins avec Bill, Tom tu le sais arrête.
Tom : je ne vois pas d’autre chose qui puisse te mettre dans un état pareil, même si tu avais commis un meurtre, tu sais que je serais le premier à te couvrir.

Je le regardais alors de nouveau, réalisant la phrase qu’il venait de me dire, il souriait comme heureux d’une blague idiote.

Gabrielle : mais c’est ce que j’ai fait Tom, je l’ai tué !

Il était surpris du son de ma voix, il ne s’attendait pas à cette réaction.

Tom : quoi ? Qui tu as tué ?

Je pris une grande inspiration, et prononçai une phrase que je m’étais promise de ne jamais dire.

Gabrielle : le 23 janvier 2010, je suis rentrée dans une clinique, pour me faire avorter.
Tom : qu’est-ce que Bill fait dans l’histoire ?

Il n’avait pas compris ce que j’avais dis, il n’avait rien compris. Il ne voulait en aucun cas comprendre ce que je lui disais.

Gabrielle : je l’ai appris le 6 janvier, je pouvais pas Tom, c’était plus fort que moi, Bill était dans les parages, un pur hasard, il m’a vu pleuré dans les toilettes, je venais de faire mon test. Je sais que j’aurais dû te le dire, mais je sais ce que tu en penses de l’avortement, des enfants, alors j’espérais que si tu n’apprendrais rien cela aurait était comme si rien ne s’était passé. Il m’a conduite à la clinique, c’est tout, il n’a pas influé mon choix, je te le jure.

Sa respiration était rythmée, appuyée. J’attendais qu’il me réponde, mais rien, je pensais qu’il me crierait dessus m’insultant de tout les noms, mais rien. Il encaissait le choc, et il me murmura simplement :

Tom : pars

Je pris les deux valises avec moi, et je me souviens encore qu’il n’avait pas bougé de place quand je refermais la porte. Je me dirigeais vers l’ascenseur la chambre de Gustav était en face, il ouvrit d’ailleurs la porte qui était restée entrouverte. Tout le petit monde était dedans.

Gustav : Gabrielle où tu vas ?
Gabrielle : j’y vais, je rentre chez moi.
Gustav : non mais tu restes, tu nous pardonnes, Gaby ce n’est rien de grave.

Je vis Bill alors venir vers moi m’enlaçant. Le regard triste et inquiet.

Bill : je vais lui parler tu vas voir.
Gabrielle : non Bill, c’est mieux pour tout les deux, c’est trop dur de recommencer on part de trop loin. Tu pourras le dire aux autres, je n’ai pas vraiment la force de leur expliquer.
Bill : pas de soucis, tu m’écris ? Tu es ma sœur, ça ne changera rien.

Il ne me força pas la main, j’aurais pu l’embrasser pour le remercier dans l’état dans lequel j’étais. Si fragile.

Gabrielle : sachez juste que c’est n’est pas à cause de vous, que je pars, je vous aime trop, vous me manquerez énormément.

Je les enlaçai rapidement, chacun d’eux. Et m’en alla simplement après avoir demandé à Bill de prendre soin de son frère. Plusieurs heures plus tard j’étais dans l’avion qui me ramenait chez moi.
Et c’est là que je compris que j’avais perdu, encore, « game over », le jeu est finit plus de « try again ». Gabrielle est morte, sans Tom, elle est perdue, c’est finit, finit, finit, finit, FIN.

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Bon j'espère avoir des commentaires un peu long j'ai vendu la mèche. J'espère ne pas trop vous décevoir.