Back-Chronique II.
Sarah regardait par la fenêtre, soupirant à tout va. Le petit de Gustav et Marylin, Thomas, lui tenait la main. Ce garçon était le plus intelligent qu'elle n'aie jamais vu. Un enfant qui ressent les sentiments des adultes et sait comment les réconforter. Là, il lui tenait la main, appuyant son petit corps contre son flanc. Sarah ferma les yeux, et attendait que Bill revienne. Quand il allait mal, il avait besoin de se balader seul. Mais là, elle ne voulait pas être seule. Cette boule au fond d'elle, elle ne voulait plus la sentir, plus jamais, et pourtant, elle savait qu'elle serait toujours présente, quoiqu'il arrive. A 27 ans, elle se sentait vieille, fade, et surtout humiliée. Elle avait détruit son corps pour son rêve. Alors elle prenait son visage entre ses mains, son visage se crispait, et elle se sentait terriblement mal. Le petit Thomas lui caressait gentiment le bras, et on toqua à la porte. Thomas alla ouvrir.
-Sarah???
En entendant son nom dans la bouche de Lily, Sarah éclata en sanglot. Elle n'aurait su dire de qui entre Thomas et Lily fut le plus rapide, mais elle se sentit entourer par quatre bras, Thomas autour de son cou, Lily la serrant contre elle. Sarah pleura de plus belle, de sanglots interminables, le visage ravagé et le coeur broyé. Elle s'était battue toute son enfance pour avoir la vie qu'elle rêvait, et maintenant on lui enlevait la meilleure partie de son rêve. Elle resterait à jamais dans ce corps d'adolescente. Jamais elle ne pourrait vieillir, grossir, avoir de la cellulite, pleurer de joie, tout çà, elle ne le vivra pas. Et tout ce qu'elle ratait était chaque jour sous ses yeux, comble de la torture mentale dont elle souffrait. Elle ne savait plus quoi faire, elle avait envie de s'enfermer, de partir loin, très loi, d'oublier Bill, d'oublier, revenir 20 ans en arrière, quand elle avait décidé de danser, et reprendre des études normales.
Elle aurait été normale, banale, comme toutes les autres.
Mais elle aurait pu vivre.
-Thomas, va jouer avec tes cousines, tata s'occupe de Sarah, lança Lily.
-D'accord.
Thomas déposa un baiser sur la joue de Sarah, qui malgré son désespoir, s'était mise à sourire. Lily se plaça devant elle, lui caressa le visage.
-Il y a pleins d'autres solutions ma Sarah. Je sais que c'est dur. Je peux tellement comprendre ce que tu ressens. Mais ne fais pas comme moi. Ne te terre pas dans un mutisme, va de l'avant, pleure si tu en as envie, mais surtout ne passe pas un mois de ta vie au lit. Prends-la en main, trouve d'autres alternatives, il y en a tellement. Et je suis là, tu sais que tu peux venir me parler toujours de çà.
-Comment tu as fais?
-Je me suis éloignée, enfin, Tom m'a éloignée. J'ai tout oublié l'espace d'une semaine. Et je me suis accrochée à Tom comme jamais. Ne perds pas espoir...
-Ils ont dit que c'était irréparable.
-Il y a d'autres moyens Sarah, pour le moment tu ne le vois pas, mais vraiment, il y en a d'autres.
-Est-ce que t'as ressenti ce...trou dans le ventre?
Lily déglutit, renvoyée face à elle-même des années plus tôt, elle ferma les yeux, tentant de chasser la douleur lancinante qui refaisait surface-ce trou dans le ventre.
-Oui. Et il est toujours là, articula-t-elle. Mais pas tout le temps. Quand çà ne va pas trop, quand je suis fatiguée. Je vis avec, c'est tout. Il y a des jours où je n'y pense même pas, des semaines même. Et puis un matin, je me réveille, c'est ma première pensée. Ca ne va pas, jusqu'à ce que mes jumelles se réveillent. Là, tout va bien. C'est pour çà que je te dis que si tu VEUX, tu PEUX.
-Lily, tu peux nous laisser?
-Bien sûr.
Lily se mit à sourire, embrassa Sarah sur le front, embrassa Bill sur la joue, et s'évapora dans les escaliers.
Bill s'avança, se posa à côté de Sarah, se tordant. Sarah essayait de garder son calme, mais les larmes recommençèrent à couler sans son autorisation. Bill passa un bras autour des épaules de sa fiancée, et l'attira contre lui, chuchotant des choses douces, lui caressant les cheveux. Les larmes coulant également sur son visage. Sarah pleurait, Bill pleurait, et il fallait que cela cesse, que cela sorte.
-Tu es donc stérile, lâcha Bill.
Pour toute réponse, Sarah pleura de plus belle, s'accrochant encore plus à Bill. Elle n'arrivait pas à y croire, et pourtant l'entendre dans la bouche de Bill lui faisait prendre conscience que ce n'était pas un mauvais rêve.
Bill pleurait également, mais il comprit que là, c'était à lui d'être le maillon fort du couple. Il redressa Sarah, lui prit le visage entre les mains, et lui ordonna de se calmer.
Elle hoqueta plusieurs fois, inspira, expira, et elle commença à se calmer, en fermant les yeux.
-Ne crois pas que j'en ai rien à faire. J'ai mal, horriblement mal. Mais là, tu n'es pas en état, alors c'est à moi de gérer, tu comprends?
-Oui.
-Bien. Demain, on va voir les procédures d'adoption. On peut essayer les mères porteuses. Il y a des traitements. Peut-être qu'une fécondation in vitro peut se passer aussi. Ne perds pas espoir Sarah. On va tout faire pour. Et je sais qu'on en aura des enfants. On en aura pleins, même que j'suis sûr qu'on trouvera des traits à nous sur leur visage.
-Tu crois??
-J'en suis sûr Sarah. Aller, redresse-toi, va te nettoyer le visage, descends manger. La vie continue, et je t'aime toujours, ce n'est pas çà qui va m'empêcher de t'aimer.
Sarah hocha la tête, et Bill posa ses lèvres sur les siennes.
Ils se levèrent tout deux, Bill descendit. Quand Sarah sortit de la chambre, elle vit Tom, le visage aussi douloureux que celui de son frère.
-Courage, petite soeur. Courage.
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Sooooo?
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