[OS] Lien Brisé

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[OS] Lien Brisé 1655426128

Lien brisé

Respecter l'autre, c'est le considérer en tant qu'être humain et reconnaître la souffrance qu'on lui inflige.

[Marie-France Hirigoyen]

22 Novembre 2006, 7h00, Hambourg.
Dans une petite maison de la Rue ********, un adolescent de 17 ans vient de se réveiller. On pourrait le qualifier de mignon, charmant ou encore de 'beau gosse', comme disent les jeunes filles le croisant dans la rue. Des dreads blondes, un visage aux traits fins, des yeux couleur chocolat et un sourire à en faire tomber plus d'une.

Après être passé par la salle d'eau et s'être habillé, il rejoint sa mère et son frère jumeau dans la cuisine. Et la routine commence. Il passe devant ce dernier, l'ignore, s'assoit à son opposé, mange sans lui accorder un regard, comme s'il était insignifiant à ses yeux et remonte dans sa chambre chercher ses affaires.
Depuis deux ans.
Deux putains de longues années.

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Vous connaissez peut-être énormément de choses d'une personne - toutes mauvaises. Mais il y a peut-être une seule chose que vous ignorez à son sujet, qui changerait complètement votre opinion si vous la connaissiez.

[Dale Carnegie]

22 Novembre 2006, 9h00, Hambourg.
Le dreadé, répondant au nom de Tom, venait de rejoindre ses amis dans la cours de son lycée. Ecoutant leur discussion d'une oreille distraite, il guettait malgré lui l'arrivée de son jumeau. Il pu l'apercevoir au coin de la rue, arrivant avec sa musique dans les oreilles. Malgré leur 'séparation', deux ans plus tôt, Tom gardait en lui son côté grand frère protecteur. Même s'il 'haïssait' son jumeau, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de le savoir seul dans la rue. Bill, son jumeau, venait de pénétrer dans la cours et rejoindre ses amis un peu plus loin.
La cloche sonna, annonçant aux élèves que l'heure n'était plus à l'amusement mais au travail, et tout ce monde se rua dans l'enceinte du lycée.
Et une journée de plus débuta avec au menu: ignorance, regard au coin et souffrance.
Depuis deux ans.
Deux putains de longues années.

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La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous.

[Mère Teresa]

23 Novembre 2006, 23h20, Hambourg.
Le jeune androgyne, du nom de Bill, avançait seul dans la rue, le regard et l'esprit perdu. Il pensait à avant.
Avant tout ça.
Avant cette stupide dispute qui lui avait enlevé l'amour de son autre lui.
Avant que tout dérape.
Tout était partit d'un rien. D'une dispute comme les autres. Et puis il avait dit la phrase, celle qui avait tout changée.
Celle qui les avait séparée.

- Je sors avec des amis! On se voit ce soir?
- Je ne peux pas venir avec toi Bill?
- Ben... Pourquoi?
- On devait passer la journée ensemble...
- On peut toujours faire ça demain?
- Mais on avait dit aujourd'hui!
- Mais on se voit tous les jours! On n'a pas besoin de rester collé l'un à l'autre 24h/24! Tu m'étouffes bordel! J'ai besoin d'air!
Un silence.
Des sanglots qu'on étouffe.
Une souffrance qui empoigne le cœur.
Un lien brisé.

Bill soupire. Il donnerait tout ce qu'il possédait pour revenir en arrière, effacer ses paroles. Retrouver sa moitié. Mais comme disait Pauline Viger-Bélanger :

Quand la faute est consommée, que l'on veut revenir en arrière, il est déjà trop tard. Nos actes nous suivent.

Et tout cela...
Depuis deux années.
Deux putains de longues années...

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La solitude a deux facettes. Volontaire, elle élève et purifie. Obligatoire, elle étouffe et détruit.

[Francine Ouellette]

24 Novembre 2006, 8h40, Hambourg.
Dieu, que le temps est long quand on est seul! C'est deux dernières années avaient parut des siècles au jeune dreadé. En ce samedi matin, alors que tout le monde dort, lui est allongé sur son lit, les yeux ouvert, fixant son plafond. Il se demande combien de temps encore tout cela va durer. Un an? Deux? Dix?
Il ne le supporterait pas, plus. Il a besoin de lui. De Bill. De sa moitié, son deuxième lui. Mais ses paroles raisonnent encore dans sa tête...
« On n'a pas besoin de rester collé l'un à l'autre 24h/24! Tu m'étouffes bordel! J'ai besoin d'air! »
Il ferme les yeux. Il a mal, si mal. Tel un poignard que l'on enfonce encore un peu plus dans son cœur saignant déjà. Cette douleur que l'on ravive mais qui fait pourtant déjà si mal. Trop mal.
Il l'étouffait.
Il ne s'en était pas rendu compte. Pour lui c'était Bill et Tom. Tom et Bill. Deux jumeaux, deux moitiés, deux parties ne faisant qu'une. Deux âmes sœurs.
Mais il l'étouffait.
Il étouffait.

Il ne faut jamais dire que l'espoir est mort. Ça ne meurt pas, l'espoir.

[Gabrielle Roy]

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Une grande douleur, un grand amour, s'effacent-ils vraiment ?

[Hélène Ouvrard]

24 Novembre 2006, 9h00, Hambourg.
Après avoir ruminé ses vieilles pensées, Tom décida d'aller à la salle d'eau, laisser couler ses blessures invisibles dans la tuyauterie de la maison. Alors qu'il ouvrait la porte de sa chambre, il tomba nez à nez avec lui. Lui.
Deux regards qui se croisent, qui se cherchent.
Deux cœurs battant à la chamade, à l'unisson.
Le couteau s'enfonçant un peu plus.
Un cri de douleur pourtant inaudible.
Un lien brisé qui tente de se rattacher.
Mais une fois de plus,
Deux regards qui se fuient.
Deux cœurs se séparant.
Le couteau qui transperce le cœur.
Un cri de douleur.
Mais cette fois audible aux oreilles de tous.

La voix d'un condamné peut se faire entendre, mais ses paroles sont vaines.

[Publius Syrus]

Mais... le seront-elles vraiment?

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On a beau dire, on n'abandonne jamais toute espérance.

[Claire de Lamirande]

24 Novembre 2006, 9h10, Hambourg.
« Non! Non! Je t'en supplie non! »
Un cri de douleur, venant tout droit de ce que l'on peut peut-être encore appeler cœur. Un être faible, las, qui s'écroule. Qui ne supporte plus.
« Non... Je peux plus Bill... Je ne supporterai pas une troisième année comme ça... Je peux plus... Je veux plus... »
Une plainte de désespoir. Une demande pleine d'espoir. Une tentative de réconciliation.
Mais une fois de plus qui reste veine.
« On peut plus Tom. Depuis ce jour, trop d'eau ont coulées sous les eaux. On peut plus. Je peux plus. »
Lui-même ne savait pas pourquoi il disait ça. Il voulait tellement... Mais le temps change les gens. Il s'était créé un masque. Un masque impassible. Pourtant, voir son frère là, à genoux, se tenant la tête entre les mains et lui criant sa douleur, ça le touchait. Il voulait le prendre dans ses bras, lui dire que tout était oublié. Que tout redeviendrait comme avant.
Mais non.
« Je ne peux plus... »
Et il continua son chemin, laissant un petit être faible derrière lui. Un frère meurtri. Démuni. Un être qui ne comprenait pas.
« POURQUOI?! »

Meilleur que mille mots privés de sens est un seul mot raisonnable, qui peut amener le calme chez celui qui l'écoute.

[Bouddha]

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Il n'y a aucun mal à changer d'avis. Pourvu que ce soit dans le bon sens.

[Winston Churchill]

24 Novembre 2006, 9h20, Hambourg.
« POURQUOI?! »
Bill arrêta ça marche et se figea.
Pourquoi.
Lui-même ne le savait pas. Il ne savait pas pourquoi il refusait que tout s'arrange. Pourquoi il refusait le pardon de Tom.
Parce que oui, Tom lui avait pardonné. Et ce depuis longtemps.
« Pourquoi... Pourquoi tu refuses... Pourquoi tu ME refuses? Ca devrait être à moi de t'en vouloir et pas l'inverse! C'est moi ce jour là qui me suis fais jeter comme la pire des merdes! Alors pourquoi? Bill... Je ne peux plus avancer... Plus vivre comme ça... ! Et maintenant c'est mon cœur que tu arraches! Bill putain... Je t'aime tellement... Tu me manques... »
Des larmes qui coulent.
Un cœur qui se panse.
Il lui manque...
Bill ne savait plus que faire. Pourtant, sans s'en rendre compte, il continua d'avancer. Tel un zombie, il entra dans la salle d'eau et se déshabilla. Il fit couler l'eau sur son corps. Sur son cœur.
Il avait mal putain...
Depuis deux ans.
Deux putains de longues années.
...
Trop longues années.
L'eau s'arrêta de couler.
« Trop longues années... »
Et il sortit de la douche en courant retrouver ce qu'il avait perdu depuis trop longtemps.

Pardonne-moi,
Le mal que j'ai pas fait
Je n'voulais pas,
Que l'on s'aime à peu près
Je voulais juste me connaître mieux,
M'épanouir à tes côtés
On ne donne rien quand on donne peu,
Je voulais tout donner.

[Gregory Lemarchal]

Deux frères pleurant dans les bras l'un de l'autre.
Deux moitiés se retrouvant, se pardonnant.
Se complétant.
Mais encore mieux,
Deux cœurs rebattant à l'unisson.
Des rires qu'on entend.
Des « je t'aime » qu'on prononce.
Des « plus jamais ça » aussi.
Et enfin,
Ce lien brisé, qui se rattache.
Qui les unit à nouveau.
Tout ça...
Ils l'avaient plus fait ou plus dit...
Depuis deux années.
Des putains de trop longues années.

L'erreur est humaine, le pardon divin.

[Alexander Pope]

Fin du OS.

Wow.
C'est affreusement sublime.
C'est magnifiquement horrible. <3
Les mots sont si justement choisis...
Ils te transpercent le coeur comme celui de Bill & Tom.
Ils coulent le long de ta gorge laissant une trainée de plus en plus apre.
& puis, cette fin.
Mon Dieu cette fin qui donnc envie de chialer.
Cette fin qui te fait toucher les étoiles & soupirer de bonheur.
Un soulagement.
La fin de ces deux putains de longues années.
Merci pour ce moment Divin.
& sur ce, je cours lire tes autre OS. (L)

Han. Bordel ce que c'est beau. Des perles d'émotions dévalent mes joues, magré moi pourtant.
J'ai les mains qui tremblent, mon coeur qui tombe et mon esprit qui s'envole. L'écriture est à toi dans sa magie la plus profonde.
On sentirait presque ce lien brisé qui se reconstruit, en un regard, une parole, un geste.
Merci, c'est tout simplement sublime.
<3

Mes mots paraitrons tellement pâles à coté des tiens que je vais m'abstenir d'un long commentaire.

Juste, merci.
C'est le trop plein d'émotion de ses deux putains de longues années ...
C'est tellement bien exprimé que chaqu'un de tes mots laissent transparaitre une émotion.
Magnifique =)

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