[T.] A l'infini

Beaucoup de gens pensent qu’un véritable amour ne peut être qu’éternel. Certaines personnes voient les jours de leur vie défiler dans l’espoir de rencontrer la personne qui changera tout. Certaines personnes s’accrochent à cet espoir et refusent d’en démordre. Elles en font le but, et le noyau de leur existence. Elles rêvent d’une personne qui, elles le pensent, les attend. Quelque part. Elles sont convaincues que cette personne croisera leur chemin. Un jour. Cette personne, c’est celle que l’on présente aux petites filles comme le Prince Charmant dans les contes de fée qu’on leur lit le soir avant que leurs beaux yeux ne se ferment enfin, et avant qu’elles n’esquissent ce léger sourire, dans un soupir d’aise. De petite fille.

Le Prince Charmant. Avec un grand P ; et avec un grand C. Existe-t-il réellement ? C’est une bonne question. Certains vous diront que oui. Et qu’eux, l’ont trouvé d’ailleurs. Limite s’ils ne vous décriront pas en direct cette fameuse scène, celle dans laquelle ils l’ont vu arriver. Digne, fier, beau. Sur son cheval blanc. Oui, oui. Parce que le cheval doit être blanc. Sinon, ce n’est pas un Prince Charmant. Sinon, ce n’est tout au plus qu’une pâle copie d’un original égaré. C’est un simulacre de prince. Un faux, un semblant, un mensonge, une illusion. Sauf que Le Prince Charmant – avec un grand L, avec un grand P et avec un grand C, sur son cheval blanc pour faire plus vrai – Le Prince Charmant, on ne peut pas le remplacer. Le perdre, c’est lui dire adieu pour toujours. Sans la moindre chance de le retrouver plus tard. Le Prince Charmant, celui-là, il est unique. Et il n’est pas adaptable : il va à une seule autre personne, unique elle-aussi. Pas à deux. A une seule unique irremplaçable inadaptable autre personne. Et donc le Prince Charmant, sur son cheval blanc, arrive toujours par la colline qui surplombe la forêt qui fait face au château, la prison dorée surmontée d’une haute tour dans laquelle est enfermée sa princesse qu’il est venu sauver de son royaume lointain de l’autre côté de la colline qui surplombe la forêt qui fait face au château, cette prison dorée surmontée d’une haute tour de lumière au fond de laquelle l’attend sa princesse. C’est toujours comme ça. Forcément. Et dans la vraie vie ? Alors là, ils ne savent plus. Tout à coup, ils ne sont plus si sûrs d’eux, ces gens qui disent que oui, le Prince Charmant existe véritablement. Et qu’ils l’ont trouvé d’ailleurs. Celui qui leur correspond, ils veulent dire. Ils hésitent, ces gens. Mais en fin de compte, si, il existe, ils disent. Sinon, ils ne l’auraient pas trouvé. Simple question de logique.

Simple question de logique ? Parce que depuis quand c’est logique, l’amour ? Non, non, certains leur répondront. Réponse à telle question ne peut couler de source. Depuis quand c’est logique, l’amour ? Et puis certains continueront avec d’autres questions du même type. L’amour est-il uniforme ? Est-il le même pour tous ? Est-il régi par une norme ? Est-il universel ? Est-ce que l’amour, c’est forcément une princesse dans sa haute tour de lumière, dans sa prison dorée, ce château de leur existence qui fait face à la forêt surplombée par la colline derrière laquelle se dissimule le lointain royaume d’où arrivera un jour leur Prince Charmant, digne, fier et beau, sur son cheval blanc – pour faire plus vrai ? Parce qu’après tout, peut-être que l’amour est particulier à chacun de nous. Peut-être n’est-il pas éternel. Peut-être n’est-il pas unique. Peut-être n’est-il irremplaçable. Peut-être n’est-il pas inadaptable. Au fond, pourquoi n’aurait-on pas chacun sa façon propre d’aimer ? Peut-être que chaque histoire est différente. Peut-être que chaque histoire apporte son lot de bonheur et de tristesse, de rires et de pleurs, de joie et de malheur. Peut-être qu’on peut aimer, ne plus aimer, et aimer à nouveau. Peut-être que l’amour est instable. Peut-être que l’amour peut pousser à agir de manière déraisonnée. Stupide, ridicule. Condamnable. Misérable ? Peut-être que l’amour n’est pas si simple.

Ça vous choque ? Rien ne vous oblige à continuer votre lecture. Vous pouvez repartir d’où vous venez. Vous pouvez rester figé dans vos convictions sans oser jamais aller voir de l’autre côté de la colline. Mais moi, je reste. Pour vous raconter son histoire. Ou devrais-je dire leur histoire… Et peut-être que cette histoire nous apprendra quelque chose. Parce que peut-être que finalement l’amour ne s’explique pas…



_____________________________



Je me relance dans une nouvelle fiction
A priori moins bizarre que la première lol. Mais a priori assez spéciale aussi^^
Pour l'instant, je ne mets pas de titre, pour la simple et bonne raison que je n'ai pas encore trouvé celui qu'il fallait... J'espère que ce n'est pas trop grave.
En attendant, je continue?

J'aime bien ce début, je veux connaître la suite.

Donc une suite stp^^

ah une lectrice
bonjour^^
j'écrirai le suite dans la soirée^^


EDIT : voilà une suite^^



Elle s’appelle Elisa. Elisa, 16 ans mais bientôt 17, grande solitaire qui vit pas loin de Paris avec ses parents autoritaires, sa petite sœur contestataire, son grand frère les pieds sur terre et son chien… bah son chien quoi ! Mais c’est Elisa qui nous intéresse. Nous disions donc : Elisa est une adolescente moyenne – inutile de s’attarder sur son physique, ses résultats scolaires et tout le tralala qu’on a tous l’habitude de voir suivre dans une description commune. Non, passons directement à la tare, diront sûrement certains, de cette jeune demoiselle : Elisa est fan de ce groupe nous venant tout droit d’un quelconque trou paumé au beau milieu de l’Allemagne, Tokio Hotel. Ah, ça vous faire sourire, je vois. Elisa a connu le groupe au début de l’année 2006, lors d’un séjour à Cologne. Elle a rapidement accroché. Parce que ces morceaux ont pour elle quelque chose de spécial. Ces accords qu’elle reproduit à présent parfaitement sur sa Staren d’occasion, ces mots qu’elle comprend et qu’elle chante à longueur de temps, cette pulsation qu’elle bat en tapant du pied, tout cela, selon elle, s’entremêle d’une façon si parfaite qu’elle a fini par ne plus pouvoir se passer de cette piqûre de bonheur, comme ils disent depuis presque deux ans maintenant. Avec les semaines, les mois, Elisa a appris non seulement à écouter cette musique, mais aussi à la ressentir. Elle entend chaque son au-delà de sa dimension purement physique. Plus qu’une suite de chansons, les pistes qui défilent continuellement sur son baladeur sont un monde à part entière. Un univers qu’elle a pénétré ce fameux jour à Cologne et qu’elle n’a plus jamais quitté. De retour en France, elle était déjà partie intégrante de cet univers et cela n’a cessé de se faire toujours plus évident à mesure que le temps passait. Petit à petit, elle s’est fondue dans la musique même de ce groupe. Mais petit à petit aussi, les murs de sa chambre se sont recouverts de photos de ces quatre jeunes musiciens pour le moins talentueux, il faut bien l’admettre. Petit à petit, les articles de journaux et les magazines se sont accumulés sous son lit. Petit à petit, elle a inondé les forums de fans de sa présence. Petit à petit, elle a appris à s’intéresser et à connaître les frères et leurs deux amis. Elle s’est attachée à en savoir toujours un peu plus à leur sujet, à ne rien laisser de côté. Petit à petit, les prénoms des membres du quatuor se sont échappés plus souvent de la barrière de ses lèvres. Et plus ça allait, moins ces adolescents avaient de secrets pour elle – du moins le croyait-elle.

La formation allemande s’est présentée aux portes de Paris et elle était là pour les accueillir. La formation allemande a envahi la France et elle était là pour les soutenir. La formation allemande a enflammé les scènes du pays et elle était là pour les suivre. Depuis le premier jour elle a été là. Il pouvait pleuvoir, il pouvait neiger, elle était là. Debout. Et elle attendait. Elle les attendait. Heureuse. Immobile. Concentrée. Refusant de bouger, puisque cela signifiait risquer de les rater, ce qui serait dommage. Rien ne l’a jamais arrêtée. Parce qu’elle était fan et qu’elle aurait pu le crier, le hurler à la Terre entière.

Certaines personnes ne comprennent pas de telles attitudes. Certaines personnes dénigrent de tels comportements. Certaines personnes critiquent les quatre garçons à l’origine de tant de remue-ménage et critiquent ces jeunes un peu dingues, comme Elisa. Mais quand Elisa les entend disserter, elle ne leur en veut pas. Elle sait qu’elle et les autres sont difficiles à comprendre. Elle sait qu’il faut avoir vécu ce genre d’expériences pour en mesurer toute la dimension. Elle sait que si elle-même n’était pas fan, elle aurait du mal à comprendre tout cela. Alors elle pardonne à toutes ces personnes pour qui rien de tout cela n’a de sens. Elle les excuse et même au fond, ça la fait sourire. Elle se rappelle l’époque pas si lointaine où jamais, jamais elle n’aurait imaginé parcourir tant de kilomètres, être capable d’autant, dépenser autant de temps, d’énergie et d’argent pour des inconnus. Des inconnus. Elle sait que c’est ce qu’ils sont mais malgré tout, ça lui coûte de parler d’eux en ces termes. Parce que ces inconnus, ils lui ont quand même pris sa vie. Ils ont transformé son existence, modelé au-delà de l’imaginable sa conscience. Ces inconnus, ils sont en elle comme ils sont en chacun des fans du monde entier. Et être fan, croyez-la, ça vous change quelqu’un.

pas mal suite.

je l'écrirai sûrement ce soir.
j'étais pas chez moi hier..

la suite please

voilà une suite^^
contente de vous voir lol



Comme beaucoup, Elisa a vite cédé à la tentation de voir ses idoles en chair et en os. Comme beaucoup à cette époque, Elisa s’est vu transportée de joie en commandant son billet qui la conduirait aux portes du Trabendo, ce jour de septembre 2006. Comme beaucoup, Elisa a alors ressenti le besoin de les revoir. Comme beaucoup, elle n’a plus voulu se contenter d’une série de concerts. Comme beaucoup, elle s’est appliquée à participer aux concours organisés pour les rencontrer « en vrai ». Et comme certains, elle a gagné.

Un jour, le téléphone a sonné et une voix à l’autre bout du combiné, une voix qui s’appelait Universal, a annoncé à Elisa qu’elle aurait bientôt le privilège d’être en la compagnie de ces quatre jeunes Allemands pour quelques heures. Cet instant précis, cet instant où elle a compris ce qui lui arrivait, Elisa ne l’oubliera jamais. Elle a été envahie par une impression qui ne la quittera plus. C’est une impression qu’on ne peut comprendre n’étant pas fan. Ça vient du ventre. On perçoit quelque chose qui se tortille et qui fait qu’on se sent tout bizarre. On a rêvé, bataillé, songé d’un tel moment sans jamais vraiment croire qu’il se concrétiserait. Alors on n’ose pas y croire. On sait que la vie continue sa route mais on se demande si pour nous, elle n’aurait pas spécialement accepté de faire une pause. Une pause qui, Elisa pense, a pour but de nous aider à prendre conscience de ce que l’on traverse mais qui finalement, n’entraîne que le contraire. On est là et on attend d’entendre clairement que oui, notre rêve se réalise. On a besoin de l’entendre. D’entendre une personne extérieure mettre des mots simples sur une situation si souvent envisagée, et si souvent refoulée, par nous. Ça met un peu de réalité dans tout ça. Et ce n’est pas une mauvaise chose car dans tout ça, c’est justement de réalité qu’il manque. Elisa a donc écouté cette voix. Elle lui a même demandé de répéter. Une fois, deux fois, trois fois. Parce que son esprit comprenait mais que son cœur battait si fort qu’elle ne parvenait pas à assimiler. Son cœur battait si fort que sa tête en tournait. Son cœur battait si fort qu’elle en tremblait, Elisa. Et ces papillons qui s’agitaient, tournoyaient, virevoltaient, dansaient toujours plus vite dans le creux de son ventre. Ces papillons qui refusaient de s’arrêter, de se poser. De reprendre leur souffle pour qu’elle puisse elle-même retrouver le sien. La voix qui s’appelait Universal a raccroché ; Elisa, ne tenant plus debout, s’est assise sur le canapé. La bouche grande ouverte, les yeux écarquillés. Et puis sa mère est entrée dans la pièce parce qu’elle avait aperçue Elisa y aller, qu’elle n’entendait aucun bruit et qu’elle trouvait ça bizarre. Quand elle l’a sentie s’approcher, Elisa a relevé la tête et elle s’est mise à parler sans plus pouvoir s’arrêter. Enfin vous imaginez la scène…

Elisa s’est donc préparée à rencontrer ses idoles. Ses adolescents de presque son âge qui lui apportaient tellement et qu’elle ne savait pas comment remercier. Et le jour J, elle s’est présentée à l’adresse indiquée, un grand immeuble parisien très chic et très distingué, elle a donné son nom au monsieur à l’entrée et elle a attendu. Elle a attendu longtemps que les quatre garçons daignent arriver en retard. Elle a paniqué un peu, se disant que peut-être qu’ils ne viendraient pas. Après tout, oui. Peut-être qu’il y avait eu un problème, que l’un d’eux était tombé malade, qu’ils avaient eu un accident, qu’ils avaient appris une terrible nouvelle les contraignant à prendre le premier avion qui les ferait s’éloigner de Paris, que… Elisa ne sait pas ! Elle imagine. Finalement ils apparaissent dans l’encadrement de la porte. Ils semblent en bonne santé et de bonne humeur. Heureux de passer ces deux heures avec elle ? Elisa imagine… Mais pas trop, car déjà ils s’approchent. Un par un. Et un par un, ils lui sourient. Un par un, ils la remercient. Ils la remercient ? Pour Elisa, c’est le monde à l’envers. Mais elle ne dit rien. A la place, elle leur sourit. Et elle rit même quand Gustav l’empêche de terminer sa phrase pour affubler Bill d’une aimable plaisanterie. Elisa ne sait pas ce qu’ils pensent, tous. Mais elle, elle est heureuse. Pendant deux petites heures, le temps s’est arrêté. La réalité l’a laissée en paix. Et cette suspension des minutes et du vrai lui a permis de comprendre une chose : elle les aime. Pour Elisa, cette nouveauté est étrange. Dans sa tête de petite fille, l’amour s’incarnait en la personne d’un Prince Charmant comme on en voit dans les contes de fée. Or, Elisa s’en doute, aucun des quatre compères n’est prince. Dans son jeune esprit, l’amour était censé lier deux personnes l’une à l’autre. Or, Elisa le calcule bien, quatre plus un n’ont jamais fait deux. Et c’est bien sûr sans compter tous ceux qui vendraient leur âme pour prendre sa place cette après-midi-là.


Elisa est un peu déboussolée. Elle a du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Et à cet instant, tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’oubliera jamais ce qu’on vient de lui offrir.



Je voulais juste vous prévenir que j'ai tendance à écrire plus sur les sentiments et les sensations que les gens éprouvent que sur des actions en elles-mêmes...
Et je vous le dis aussi tout de suite, cette fiction ne sera pas très très longue. Je préfère écrire des textes assez courts mais pouvoir renouveler souvent que m'attacher à une histoire sans fin et m'en retrouver prisonnière...

j'aime beaucoup ton style
c'est magnifique
une suite ?

Tu écris vraiment très bien. Tu décris vraiment bien ce que ressent cette Elisa, ou même les fans en général.
C'est magique.

Suite! =)

°0 July 0° a écrit:

Tu écris vraiment très bien. Tu décris vraiment bien ce que ressent cette Elisa, ou même les fans en général.
C'est magique.

Suite! =)

Je suis contente que tu dises ça car c'est justement mon but, d'essayer de décrire ce que les fans en général peuvent ressentir, à travers un cas plus ou moins particulier^^
Merci.

sister d'enfer a écrit:

°0 July 0° a écrit:

Tu écris vraiment très bien. Tu décris vraiment bien ce que ressent cette Elisa, ou même les fans en général.
C'est magique.

Suite! =)

Je suis contente que tu dises ça car c'est justement mon but, d'essayer de décrire ce que les fans en général peuvent ressentir, à travers un cas plus ou moins particulier^^
Merci.

Et bien, tu as atteint ton objectif. ^^
J'adore.

Et puis suite. =)

J'adore, suite^^

j'aime bcp! suite

J'essaie d'écrire dans l'après midi ou dans la soirée

la suite

Bon alors j'étais en train de relire le dernier chapitre pour écrire la suite et là je me suis rendu compte...

que je sais pas pourquoi mais j'avais zappé un paragraphe en copiant le texte dans le topic...

je trouvais ça court aussi --"

je suis vraiment, vraiment désolée...
j'édite le dernier chapitre et je le remets ici...





Comme beaucoup, Elisa a vite cédé à la tentation de voir ses idoles en chair et en os. Comme beaucoup à cette époque, Elisa s’est vu transportée de joie en commandant son billet qui la conduirait aux portes du Trabendo, ce jour de septembre 2006. Comme beaucoup, Elisa a alors ressenti le besoin de les revoir. Comme beaucoup, elle n’a plus voulu se contenter d’une série de concerts. Comme beaucoup, elle s’est appliquée à participer aux concours organisés pour les rencontrer « en vrai ». Et comme certains, elle a gagné.

Un jour, le téléphone a sonné et une voix à l’autre bout du combiné, une voix qui s’appelait Universal, a annoncé à Elisa qu’elle aurait bientôt le privilège d’être en la compagnie de ces quatre jeunes Allemands pour quelques heures. Cet instant précis, cet instant où elle a compris ce qui lui arrivait, Elisa ne l’oubliera jamais. Elle a été envahie par une impression qui ne la quittera plus. C’est une impression qu’on ne peut comprendre n’étant pas fan. Ça vient du ventre. On perçoit quelque chose qui se tortille et qui fait qu’on se sent tout bizarre. On a rêvé, bataillé, songé d’un tel moment sans jamais vraiment croire qu’il se concrétiserait. Alors on n’ose pas y croire. On sait que la vie continue sa route mais on se demande si pour nous, elle n’aurait pas spécialement accepté de faire une pause. Une pause qui, Elisa pense, a pour but de nous aider à prendre conscience de ce que l’on traverse mais qui finalement, n’entraîne que le contraire. On est là et on attend d’entendre clairement que oui, notre rêve se réalise. On a besoin de l’entendre. D’entendre une personne extérieure mettre des mots simples sur une situation si souvent envisagée, et si souvent refoulée, par nous. Ça met un peu de réalité dans tout ça. Et ce n’est pas une mauvaise chose car dans tout ça, c’est justement de réalité qu’il manque. Elisa a donc écouté cette voix. Elle lui a même demandé de répéter. Une fois, deux fois, trois fois. Parce que son esprit comprenait mais que son cœur battait si fort qu’elle ne parvenait pas à assimiler. Son cœur battait si fort que sa tête en tournait. Son cœur battait si fort qu’elle en tremblait, Elisa. Et ces papillons qui s’agitaient, tournoyaient, virevoltaient, dansaient toujours plus vite dans le creux de son ventre. Ces papillons qui refusaient de s’arrêter, de se poser. De reprendre leur souffle pour qu’elle puisse elle-même retrouver le sien. La voix qui s’appelait Universal a raccroché ; Elisa, ne tenant plus debout, s’est assise sur le canapé. La bouche grande ouverte, les yeux écarquillés. Et puis sa mère est entrée dans la pièce parce qu’elle avait aperçue Elisa y aller, qu’elle n’entendait aucun bruit et qu’elle trouvait ça bizarre. Quand elle l’a sentie s’approcher, Elisa a relevé la tête et elle s’est mise à parler sans plus pouvoir s’arrêter. Enfin vous imaginez la scène…

Elisa s’est donc préparée à rencontrer ses idoles. Ses adolescents de presque son âge qui lui apportaient tellement et qu’elle ne savait pas comment remercier. Et le jour J, elle s’est présentée à l’adresse indiquée, un grand immeuble parisien très chic et très distingué, elle a donné son nom au monsieur à l’entrée et elle a attendu. Elle a attendu longtemps que les quatre garçons daignent arriver en retard. Elle a paniqué un peu, se disant que peut-être qu’ils ne viendraient pas. Après tout, oui. Peut-être qu’il y avait eu un problème, que l’un d’eux était tombé malade, qu’ils avaient eu un accident, qu’ils avaient appris une terrible nouvelle les contraignant à prendre le premier avion qui les ferait s’éloigner de Paris, que… Elisa ne sait pas ! Elle imagine. Finalement ils apparaissent dans l’encadrement de la porte. Ils semblent en bonne santé et de bonne humeur. Heureux de passer ces deux heures avec elle ? Elisa imagine… Mais pas trop, car déjà ils s’approchent. Un par un. Et un par un, ils lui sourient. Un par un, ils la remercient. Ils la remercient ? Pour Elisa, c’est le monde à l’envers. Mais elle ne dit rien. A la place, elle leur sourit. Et elle rit même quand Gustav l’empêche de terminer sa phrase pour affubler Bill d’une aimable plaisanterie. Elisa ne sait pas ce qu’ils pensent, tous. Mais elle, elle est heureuse. Pendant deux petites heures, le temps s’est arrêté. La réalité l’a laissée en paix. Et cette suspension des minutes et du vrai lui a permis de comprendre une chose : elle les aime. Pour Elisa, cette nouveauté est étrange. Dans sa tête de petite fille, l’amour s’incarnait en la personne d’un Prince Charmant comme on en voit dans les contes de fée. Or, Elisa s’en doute, aucun des quatre compères n’est prince. Dans son jeune esprit, l’amour était censé lier deux personnes l’une à l’autre. Or, Elisa le calcule bien, quatre plus un n’ont jamais fait deux. Et c’est bien sûr sans compter tous ceux qui vendraient leur âme pour prendre sa place cette après-midi-là.

Elisa est un peu déboussolée. Elle a du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Et à cet instant, tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’oubliera jamais ce qu’on vient de lui offrir.

la suite please

voilà^^



… A cet instant, tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’oubliera jamais ce qu’on vient de lui offrir…

Oh Elisa ! A cet instant, si elle avait su à quel point elle ne se trompait pas ! La nouvelle de la venue des garçons s’est ébruitée. Peut-être un peu trop. Quand elle sort, elle voit toutes ces filles qui crient et qui pleurent. Elles veulent sa place. Elles en crèveraient. Etouffées par leur jalousie. Alors quand Elisa passe, elle baisse la tête et essaie de se faire toute petite parce que ça lui fait quand même un peu peur, tout ça. Parce qu’elle sait de quoi elles sont capables, ces filles. Et puis en même temps, elle se dit que si elle avait été avec elles, de l’autre côté de la barrière, peut-être qu’elle non plus n’aurait pas réussi à garder son calme. Elisa se demande si elle n’aurait pas crié, elle aussi. Ce qui fait marcher la plupart de ces filles, c’est l’envie. Et l’envie va avec la jalousie. Et ces filles mériteraient autant qu’elle de monter rire des bêtises des garçons. Après tout, qui est-elle, Elisa ? Elisa le sait : elle n’est qu’une parmi d’autres. Elle est là mais elle aurait pu ne pas l’être. C’est triste de réagir comme ces filles le font. Elisa ne cherche pas à leur trouver des excuses. Mais elle se convainc que la jalousie est un sentiment humain. Qu’on critique toujours l’autre, mais qu’au fond, peut-être qu’on est pareil. Elisa n’est pas en train de pardonner ces comportements. Seulement, elle se dit que peut-être ces filles agissent-elles en désespoir de cause. Elisa ne sait pas. Ce n’est pas tellement ça mais Elisa est obsédée par cette question. Ou plutôt cette réalité. Elle aime les quatre Allemands. Et si ces filles sont là, alors ça veut sûrement dire qu’elles aussi. Elisa repense à toutes ces fois où, jusqu’au bout, elle a espéré s’entendre dire « j’ai gagné ». Jusqu’à ce jour, de tels espoirs étaient pour elle anéantis. Elle connaît ce sentiment. Cette volonté d’y croire encore et encore, jusqu’au bout. Et quand on arrive au bout, l’espoir se tait. On accepte ce qu’on ne voulait pas comprendre. Ce ne sera pas cette fois. Il y a cette impression de tristesse qui vous envahit. Ce pincement au cœur, très exactement. C’est un peu triste de présenter les choses comme ça mais avec le temps, Elisa apprend. Elle prend conscience qu’être fan lui enseigne un peu de la vie. Etre fan, c’est aimer. Jusqu’à la fin, croit-on. Aimer, c’est être prêt à tout. Avoir besoin. Etre dépendant. Et ne pas satisfaire telle nécessité, c’est s’en trouver frustré.

Là, elle a peur. Oui. Ça fait quand même un peu peur d’aimer. Surtout comme ça. Elisa se souvient de ce que certains de ses proches lui répètent : elle est folle d’aimer des inconnus comme ça. Mais est-ce qu’elle a choisi ? Elisa ne croit pas. Mais alors, n’a-t-elle aucune volonté à elle ? Elisa pensait que si. Elisa est perdue. Perdue au milieu de cette rue bondée et perdue dans sa propre vie et dans ses propres pensées. L’amour peut donc porter à agir de manière inattendue. Là-haut, des ailes lui ont poussé. Sauf qu’Elisa n’a pas fait attention. Elle s’est approchée un peu trop du soleil. Un peu trop vite. Et maintenant, elle est redescendue de force, contre son gré. Maintenant, quand elle regarde le ciel, elle ne voit plus de soleil. Au-dessus de sa tête, c’est noir. Il fait nuit. Ses deux heures à elle sont finies. La prochaine fois, ce ne sera pas elle. Ce sera une autre de ces filles, là. Alors d’un coup, Elisa voit clair en elles toutes. Parce qu’une fois ne lui a pas suffi. Ils lui manquent déjà. Et elle les voudrait pour elle. C’est égoïste et Elisa le sait. Mais Elisa est humaine et Elisa en veut plus. Elisa est humaine et Elisa est perdue. Elisa est humaine, et Elisa les aime.

Et toutes ces filles qui crèveraient d’être à sa place ce jour-là, toutes ces filles, elles sont comme elle.

wouaaaaaaaaaaaaaaaaa

jveux une suite

la suite please

voilà une longue suite
bonne lecture



Après cette rencontre, Elisa est rentrée chez elle. Le plus beau jour de sa vie lui a aussi causé de grandes souffrances. Encore une fois, on dira qu’elle ne pense qu’à elle. Mais, Elisa le sait, ce n’est pas facile de se remettre d’un trop grand bonheur.

Elisa a néanmoins essayé de garder les pieds sur terre. Et sa vie de tous les jours a repris son cours. Rien n’a changé. Si ce n’est qu’elle s’est mise à se poser des questions. Il y avait déjà les habituels « quand les reverrai-je ? », « les reverrai-je d’ailleurs ? », « que se passera-t-il ? ». Mais à ces interrogations banales, se sont ajoutées celles parmi lesquelles « vais-je tenir ? », « serai-je encore plus proche ? »… Ah ! Serai-je encore plus proche… Elisa, ça la fait penser à « est-ce que tel concert passé sera mieux que tel autre futur ». Je vais vous expliquer le pourquoi de cette question. Pour un fan, il y a le premier concert. Celui-là, on s’y rend sereinement. Il y a la joie. Le bonheur de voir enfin arriver ce moment tant attendu. Celui-là, ça fait des semaines, des mois, pour certains des années même, qu’on en rêve. On y va en se disant que ce sera nécessairement parfait. On y va avec une lueur de joie impatiente au fond des pupilles. On y va sans se triturer l’esprit. Et on arrive. Et on se dit qu’on vit le plus beau moment de son existence. Tout est exactement plus beau que ce qu’on avait osé imaginer. Et on peut être tout au fond de cette salle obscure, on peut ne rien voir et n’entendre que les cris de la foule, l’instant reste magique. Comme n’importe quel instant, il est trop court malheureusement. On en ressort des étoiles plein les yeux en se jurant de recommencer dès que possible. Et le dès que possible vient. On a l’opportunité de revivre ce moment. On dit revivre, mais bien sûr, c’est différent. Cette fois-ci, on veut s’approcher de cette scène, on veut voir mieux, entendre mieux. L’objectif pour beaucoup, c’est d’atteindre le rang numéro un. Le tout devant. On n’est alors séparé de la scène que par une barrière sur laquelle on est appuyé. Ce rang, c’est quelques heures sous un soleil de plomb ou dans une bourrasque glacée devant de grandes portes qui ne s’ouvrent pas, c’est la faim, la soif, la fatigue. Beaucoup affirment que le prix à payer n’est pas raisonnable. Mais ils ne savent pas. A cette attente qui peut être interminable, il y a une suite. Il y a la lumière qui s’éteint. Il y a les premiers accords qui retentissent. Il y a les cris qui s’échappent presque inconsciemment de la bouche des spectateurs. Il y a une union. Celle du public et de l’artiste. Il n’y a plus la faim, la soif ni la fatigue. Pour les fans, plus rien autour n’a d’importance. Plus rien ne compte. Seuls les musiciens qu’ils sont venus acclamer existent encore. Le monde dehors n’est plus. Le temps et l’espace ne se résument plus qu’à cet ilot qui les regroupe tous. Et tous, ensemble, ils sont invincibles. C’est indescriptible, un tel moment. C’est à vivre. Et c’est le privilège des fans que de percevoir ce que cela signifie. Le bémol, c’est qu’à chaque fois, il est un peu plus difficile de redescendre sur Terre, d’accepter la fin. Ces moments, on peut aussi les voir comme des combats menés contre son corps et contre sa tête. Physiquement et moralement, il est dur de résister contre soi-même. Et il est dur de bien vouloir se rappeler à son quotidien.

Mais revenons-en à Elisa. Elisa, plus ça va et plus c’est l’image du combat qu’elle perçoit. Non pas qu’elle ne croie plus en la théorie du rêve. Mais ça la ronge de se demander toujours si tout ira bien, si tout ira mieux. Ça la ronge de se poser tant de questions. Elisa, malgré cet intense bonheur qu’elle revit à chaque fois, elle a mal. Elle donnerait beaucoup pour reprendre à zéro et pour tout recommencer. Comme avant. Et de savoir que c’est impossible n’arrange rien. Elle espère ne plus souffrir. Seulement, aimer comme elle aime, ça fait souffrir. L’amour n’est donc pas tout rose. Elisa aimerait que ce soit plus simple. Et de savoir que ça ne l’est pas n’arrange rien. Mais Elisa ne lâchera pas. Elisa accepte de continuer de souffrir. Parce que sa souffrance et son bonheur découlent tous deux d’une unique source. Tout est lié et elle le sait. Tout est lié à eux. Certains lui conseilleraient de laisser son amour pour ne plus avoir mal – et dans le fond, ce serait logique. Mais non. Pour Elisa, l’alternative n’est même pas envisageable. Si ces certains-là parlent comme ça, c’est parce qu’ils ne comprennent pas. Elisa sait car elle vit tout cela.

Un jour, quelqu’un a dit à Elisa qu’elle ferait mieux de laisser tomber ce groupe. Parce que ça la changeait et que ça la rendait triste. Ce quelqu’un ne comprenait pas qu’Elisa en est incapable. Et puis que de toute façon, elle ne veut pas. Elisa a conscience que ce n’est pas la faute des garçons. Alors comment leur en vouloir ? Les garçons, ils sont là pour apporter de la joie à leurs fans. Et c’est ce qu’ils font. Très bien. Trop bien. Les garçons sont sincères, ils aiment leurs fans et en sont aimés en retour. C’est la faute de l’amour s’il mêle des sentiments contradictoires. Mais ça, il faut être fan pour le voir. Et puis, il serait bête et stupide de ne plus vouloir de tout cela. Car, Elisa vous le dira, c’est une chance d’être fan.

P'tin j'adore.
Suite.