[T] Sur un banc, tu m'as dit ...

Han',
tendre jeune fille,
née de la rosée du printemps
et des éclats de la Lune,
je serais avec toi.

Où que tu ailles, je serais.

Donne tes consignes,
j'obéirais.
Bill.





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Tom,
je t'écris à toi,
et uniquement à toi,
ne montre cette lettre à personne.

Je te raconte ici
ma visite chez les parents de Lyra,
avec Hannah.

Nous sommes arrivés en fin d'après-midi
devant une belle maison,
aux parterres de fleurs.
Rayonnante de couleurs et de vie,
je ne m'étonne pas que Lyra soit elle-même
le reflet de cet endroit.

Nous sommes restés à la grille du petit jardin,
avons sonné,
et la porte s'est ouverte sur un homme.

Grand, les cheveux grisonnants,
et un éclat brillant dans ses yeux,
atténué par la vieillesse
le caractérisent.

Ses yeux tombèrent sur Hannah.
S'agrandirent sous l'effet de la surprise.
Sourire béat.
Joie pétrifiée,
Immobilité de bonheur.

Puis les mots éclatèrent,
ouragan de félicité.

L'homme: Lyra ! Lyra, tu es revenue ! Lyra, ma fille ! Reviens donc !

Hannah: Bonjour, monsieur.
Je m'appelle Hannah; je ne suis pas votre fille,
mais je viens vous annoncer quelque chose...

L'homme: N'importe quoi ! Cesse de dire des âneries, et viens.
Si tu savais combien de temps nous t'avons attendu,
ta mère et moi !

Hannah se figea un instant,
ses traits crispés.
L'évocation d'une mère semblait lui faire l'effet
d'un coup de poignard.

L'homme: Allez viens.

Tout en restant loin de nous,
debout sur le seuil de sa porte,
il exerçait une pression.

Hannah ne put réprimer un hoquet,
puis s'avança fermement.

Hannah: Je répète monsieur,
que je ne suis pas votre fille,
et je suis la malheureuse annonciatrice de sa mort.

Ces derniers mots se répercutèrent
tel un écho,
et le père de Lyra, abasourdi,
chancela.

Il murmura davantage pour lui-même que pou nous:
Non, non ... Ce n'est pas possible.
Lyra est en bonne santé,
elle est courageuse,
elle est vaillante.
Elle est invincible ...
Elle ne peut...

mourir.

Dans la main d'Hannah,
je vis le papier attestant de la mort de Lyra.
Elle le chiffonna entre ses doigts
en regardant le père de sa presque-soeur.

Elle jeta ce bout de papier qui faisait le malheur d'un homme,
se retourna,
courut.
Et moi derrière.

Je n'avais prononcé mot.
Je n'avais rien fait pour éviter l'inévitable.
J'ai été stupide pendant ces quelques instants.
Je n'ai pas su l'aider.

Aussiai-je promis,
au plus profond de mon coeur,
d'être toujours avec elle où qu'elle soit.
J'ai promis de veiller sur elle éternellement.
Je me suis convaincu que je ne pouvais mourir,
tant que cette tâche ne serait pas accomplie.

Ainsi je suis chez elle,
et je compte revenir avec elle.
Plus tard,
lorque le tourbillon de la musique ara cessé de nous porter,
nous nous établirons,
tous ensemble.
Pour toujours.

Ton frère,

Bill.

Lyra,
mon Héros,
voici ce que je rédige pour toi.

Des billets doux
de la vie à la mort,
épîtres de sang à la colombe.

Tu manques atrocement
à la pluie du ciel,
au givre des étoiles,
à la lumière du Soleil.

Même la Lune
semble solitaire,
contre la toile tendue de la nuit.

Les astres,
je ne cesse de les épier,
espérant attraper un reflet
de ton sourire merveilleux.

Je sais que tu es parmi eux,
et que tu me regardes,
chaque jour de ma vie,
évoluer dans mon existence.

Pensant éternellement à Toi,
splendeur éclairant mon esprit,
je te laisse déambuler dans la demeure
des constellations ...

*Le ciel s'illuminait d'un sourire divin*

Tom

And I see no bravery
There are children standing here,
Arms outstretched into the sky,
Tears drying on their face.

And I see no bravery,
No bravery in your eyes anymore.
Only sadness.

Ô toi,
nymphe de mes rêves,
tu continues de délirer sur les touches de ton piano imaginaire;
la mélodie sonnait à tes oreilles
lorsque ton coeur se souleva pour la dernière fois.

Tears and Rain ...

C'est tout ce qu'il me restait de toi.
Et au plus profond de moi,
je priai pour que tu reviennes une dernière fois.
Ce que tu as fait.

Tu as pris les traits de Lyra,
sa voix teintée de passion vibrante,
adoucie par sa personnalité
faite d'amour et d'humanité.

J'ai été heureux de faire sa connaissance.
Que dis-je, heureux ?
Non, j'étais soulagé,
rassuré.

Je te voyais une dernière fois
avant que je ne te rejoigne
au paradis céleste.

Mais il a fallut qu'elle meure,
protégeant ceux qu'elle aimait.
Son action désespérée
sortit Hannah du brouillard obscur
de la dépression.

Et moi,
je sortis de ma torpeur habituelle.
Je suis devenu plus souriant.
Plus aimable, peut-être.

La mort de Lyra,
aussi terrible soit-elle,
m'a sauvé.
En quelque sorte.

Peut-être que ...
C'éait ce qu'elle souhaitait.

Peut-être
qu'elle voulait
...
ma liberté d'aimer.

Au revoir,
Gustav.

P.S: Ne m'attend pas, car je serais long ...

Cher Bill,
ami inséparable,
tu dois revenir.
Vite.

L'état psychique de Tom
se dégrade,
le manque de sommeil
se marque sur son visage,
et ses yeux
se vident
peu à peu,
douce lenteur,
de leur sombre
couleur.

se ternit.

Je pense
qu'il a honte.
Honte de se laisser aller.
Mais il ne sait
retenir
sa mélancolie destructrice.
Reviens vite.
Avec Hannah.

À bientôt,
je l'espère ...

Georg.

Han',
que tu es radieuse,
petite princesse au Bois-Dormant,
assise près de moi ...

Oui, je te regarde sommeiller,
tes beaux cheveux bruns
coulants, ruisselants sur ton visage
et tes yeux s'agitant en-dessous des paupière
sous l'effet des rêves.

Il est trois heures de l'après-midi,
dans une voiture,
et nous sommes à mi-chemin
entre Magdeburg et Hamburg.

Et voici que je t'écris une lettre,
profitant de la brève halte que je m'autorise.

Je t'imagine lisant ces quelques lignes.
Je devine ton sourire.
Et je sens déjà ta main effleurer la mienne ...

Ce ne sont pas des mots très poétiques,
ni très recherchés,
mais je veux qu'ils reflètent tout l'amour dont je suis capable.

Je veux qu'une douce senteur de paix
se dégage de cette lettre ...

Il est maintenant de repartir ...

•Clear touch of Spring in the middle of Winter ... •
•Little Oasis in the deep Desert ...•

Jeune fille à la lourde crinière d'ébène,
je t'aime.

Bill.

Lyra,
sublime muse
au tendre regard,
voici une lettre perdue,
d'une âme perdue.

Je suis encore vivante,
mon coeur survivant grâce aux soins
que me prodigue Bill.

Il est incroyablement attentionné.
Incroyablement patient.
Incroyablement amoureux.
Il semble me vouer une adoration
sans bornes.

Passion ardente et dangereuse...

Il ne s'en rend pas compte.

Il ne sait pas qu'il se détruit,
et je ne sais s'il survivrait
à ma mort.
J'en doute.

Cet Ange merveilleux,
descendu du ciel
pour me sauver,
commence lentement,
mais sûrement,
sa descente aux Enfers.

Par ma faute.
Tout va de travers.
Tout est de ma faute.
Tout.

Mais je ne suis qu'une malheureuse humaine.

errare humanum est

Je ne suis qu'une malheureuse humaine,
mais je t'aime malgré la mort qui nous sépare,
ma chère Lyra.
Mon âme.

À jamais,

Han'.