[T] Juste une cigarette.

Chapitre 4.

« Anna, tu peux aller réveiller monsieur Kaulitz, chambre 110 ?
- Non.
- Pardon ?
- Désolée, Alec. Je … Je ne peux pas. Pas la chambre 110. »

Refoulant les larmes, je tournais les talons et quittais le hall sous le regard ébahis de mon oncle. Je quittais la rue trop éclairée pour un mois de Décembre. La rue était trop déserte, était trop clémente, trop chaude, trop silencieuse, trop … trop. Je courrais, à présent. A droite, à gauche, re à droite. Encore a droite. Tout droit. A gauche. A droite. Je courrais pendant vingt bonnes minutes avant de me retrouver devant l’hôtel, une fois de plus. M’asseyant sur le rebord de la fenêtre, j’allumais une cigarette tandis qu’un homme encapûchonné sortait d’Emile & Unuie.
Son regard parcoura la rue de gauche à droite, avant de tomber sur moi. Ses lévres s’étirèrent doucement en un sourire, et il s’avança vers moi.

« Excuse moi.
- Je veux pas te voir.
- T’aurais pas … juste une cigarette ? »

Il avait enlever ses lunettes, et me regardait intensément. Comme s’il me passait au rayon X. Je sentis la douleur refluer en moi, réentendais son cris de desespoir. Et je voyais ses yeux, couleurs chocolat.
Je lui tendais mon paquet. Il hésita, puis prit la dernière cigarette qu’il restait.

« Tu … Tu veux marcher ?
- Non.
- D’accord. »

Silence.
Un silence bien trop long. Je le regardais de nouveau, voyant qu’il ne m’avait pas lacher des yeux.

« D’accord.
- Quoi ?
- On marche. »

Je me levais, et commença à marcher. Il me rattrapa par la main, et ne la lacha pas. Il s’arrêta, et m’obligea à m’arrêter par la même occasion.

« Merci.
- De quoi ?
- Pour hier. Tu sais, d’habitude, on se drogue pas. C’est un truc qu’on s’interdit, parce que si David l’apprend, on est mort. Alors ce que t’a fait, hier, c’était vraiment génial.
- Je l’ai pas fais pour toi. J’ai sauvé ma peau.
- Pardon ?
- David savait que j’étais avec vous, dans la même boîte de nuit. S’il vous voyait revenir dans l’état où vous étiez, j’étais morte.
- Ah. »

Il soupira, et regarda la rue large. Trop vide, une fois de plus.

« T’étais pas obligée de me foutre sous la douche.
- Je sais.
- Mais tu l’as quand même fait.
- Oui.
- Merci. T’es une fille bien, tu sais ?
- Tom …
- Quoi ?
- Tu ne te souvient de rien d’autre, a part la douche ?
- Non. »

Il me regarda, intrigué. Je baissais alors les yeux.

« D’accord. »

Et je lachais sa main, tournais le dos, et jetais ma cigarette finis avant d’entrer dans l’hôtel, le plantant dans la rue.

[ … ]

On frappe à la porte. Mais, je n’ai aucune envie d’y répondre. De toute façon, je suis dans la salle de bain. Sous la douche. Habillée. Mais sous la douche. Avec l’eau qui coule doucement sur moi, éparpillant mes cheveux. Et de toute façon, je ne suis pas en état d’ouvrir. Alors, même lorsque, cette fois, c’est à la porte de salle de bain qu’on toque, je n’ouvre pas. Je ne répond pas. Je ne dirai pas un mot.
La porte s’ouvre alors, mais je ne lève pas les yeux. Je sais, de toutes façons, qui est dans cette même pièce. Je sens alors l’eau s’arrêter, et une serviette chaude m’envelopper, tandis qu’on me porte jusque dans la pièce d’à côté. Je sens son souffle dans mon cou, son odeur, un mélange d’Axe et de cigarette-chocolat. Je sens qu’il s’asseoit sur le lit, avec moi dans ses bras. Moi, recroquevillée dans la serviette humide qu’il a dans ses bras.

« Je sais. »

Je réfléchissais. Une échapatoire. Pitiée.

« Tu sais quoi ?
- Tu es la première.
- La première quoi ?
- J’ai pas l’habitude.
- L’habitude de quoi ?
- Et souvent, c’est elles qui me trouvent.
- Et quoi ?!
- Pas moi qui leur court après, elles se laissent faire.
- Tom tu…
- Et puis, toi, non.
- Tom ?
- Anna ?
- De quoi tu parles ?
- Sous la douche.
- Ah. Heu … Je vois pas le rapport.
- Je me souviens. Ça a été dûr, de se souvenir, mais je me souviens.
- Te souviens de quoi ?
- De ce qu’il s’est passé.
« J’ai hurlé. J’ai tellement hurlé que t’a commencé à pleurer, et que t’a éteint l’eau. Tu pleurais en silence, et moi, j’hurlais. Et puis, je me suis tût, et t’es venue te réfugier contre mon torse. J’étais trempé, mais ça ne te faisait rien. Tu pleurais contre moi, tu te liberais, ça te faisait du bien. Et puis, je sais pas, tu as relever la tête. Je t’avais serré dans mes bras, autant que je pouvais. Et tu m’as embrassé. Embrassé comme jamais une fille m’as embrassée. Et tu pleurais toujours. Mais c’était pas grave, t’étais dans mes bras, ça allait mieux. Alors, t’as cessé de pleurer, et tu t’es un peu mieux blottie contre moi. On est restés là toute la nuit. Tous les deux. L’un contre l’autre. En silence. S’écoutant l’un et l’autre. Et puis, tu m’as ramené dans mon lit, et m’as donné un calmant, pour que je dorme. Tu t’es couchée à côté de moi, et tu as attendu. T’as attendu que je m’emdorme, avant de partir rejoindre ta chambre. Et quand je me suis réveillé, je ne me souvenais de rien. Je croyais avoir rêvé. Ce n’était pas possible, vu que tu n’étais pas dans mon lit. Mais j’avais toujours cette image, de toi et moi dans la douche, l’un contre l’autre. Bordel, Anna.
- Tais toi, Tom. Tais toi.
- Non, plus jamais. »

FIN