On a dit de moi, que j'avais une belle âme...Pauvre innocent...
Hum, j'ai aimé entendre des autres tout ce que je n'aurais su apprendre seule.
La vie est compliqué, je suis un puzzle...
Assise au bord de cette fenêtre, j'aurais aimé vous promettre que la ville était en fleur, que le soleil me chauffait l'échine à m'en bruler la peau, que le peuple flânait devant les vitrines et que mon sourire surplombait le monde...Puzzle inachevé, mon sourire n'a que trop rarement existé...
Je vous avoues mes enfants que la ville est fade et amer, que la lune est tombé avant le soleil et que le froid de son éclat envahit mon âme jusqu'à faire le brouillard de mes sentiments, le peuple s'endort tandis que mes larmes tombent quelques mètres plus bas...Triste destinée...
Les pieds dans le vide, la tête dans le vent, mes membres me pèsent alors que la vie me semble légère. Je pleures encore et encore...Je m'assèche mais à quoi bon...
Nos tendres années ont passé alors que j'entends chanter dans la pièce à côté. Sa voix a pris quelques notes et son tons a prit de la gravité, elle est toujours aussi belle, mais elle est mélancolique, elle est le reflet de ses pensées, sa conscience a ses raisons...Son cœur est mort hier...Tandis que le mien s'est arrêté...
Je ressasse le temps, je recherche mes souvenirs, je n'en peux plus de savoir si oui ou non je sauterais un jour tout en sachant que ce moment viendra où la nuit me le criera...
Je fixe ce point brillant d'une chambre allumé à l'autre bout de la ville, un sourire se dessine sur mon visage, puis le souvenir de cet autre qui, un soir, a rit de moi...
Je m'étais détaché les cheveux, ils retombaient en cascade jusqu'au creux de mes reins, il les avait délicatement caresser jusqu'à m'en donner le frisson qui m'arracherait un cri silencieux et pudique, j'ai fermé mes yeux et me suis endormis. Quand j'ai recouvré la vue quelques minutes plus tard, il était penché sur mes lèvres, la langue a demi collé à ma lèvre inférieur, un grand sourire éclaté au milieu du visage...Comme seule réponse je lui ai montré mes dents, le regard sanglant de plaisir.
Il s'est écarté et s'est éloigné...J'ai pleuré...
La lumière au loin s'est éteinte, comme l'a fait mon cœur ce jour là, pour ne plus jamais se rallumer...Je me penche en avant alors qu'une goutte d'eau se faufile dans le décolleté de ma nuisette pour couler le long de ma poitrine puis de mon ventre, une pluie diluvienne s'échappe du ventre du ciel tandis que mes jambes se raidissent devant moi pour mieux appréhender ce temps cinglant...Je suis mouillée jusqu'au os, mon regard s'éloigne vers l'horizon, vers l'océan pacifique qui me fait face, un autre souvenir, encore un, le plus dur et le plus beau...Celui que mon cœur tente d'oublier, sans jamais en réchapper...
Ce jour là était choisis, il nous avait emmené au bord de la mer, le cœur dans le vent et la tête dans les nuages. Sur notre serviette surveillée par quatre garde du corps non loin de là, je triturais ses doigts pour l'empêcher de s'emparer des miens, nos corps se sont un instant frôlé puis nous sommes tombés, l'un à côté de l'autre, chacun la tête dans le sable, le regard presque aveugle de ma naïveté. Nous nous sommes souris puis il a posé une main sur mon visage, me faisant croire que j'étais la plus belles des étoiles, la plus incroyable des naïades...De ce faite, la plus baisable du coin...
Une ombre passa devant le soleil, son regard s'est éteint...Il avait trop parlé...Sa main a quitté ma joue, il a laissé un bref baiser à la commissure de mes lèvres puis il s'est assis près de mes jambes...J'ai murmuré avoir envie de comprendre pourquoi, mais il n'a pas répondu, j'ai eu peur mais j'ai attendu, puis il a tranché...
« Mon frère t'aimerait bien plus que moi... »
J'ai pris à la légère en surface, j'ai pris trop de coup à l'intérieur, il n'a pas montré l'ombre d'un remord, j'aurais voulu qu'une larme s'échappe de lui pour moi, pour comprendre qu'un amour impossible le rongeait peut-être de l'intérieur...J'ai tenté de retenir mes larmes et je suis partit...Cette après midi presque parfaite avait tourné au cauchemar et pourtant...Tout venait de commencer, l'amour a ses raisons que la raison ignore paraît-il, les citations me donnent parfois envie de vomir...
Je balance mes jambes d'avant en arrière, jamais je ne lui ai pardonné cet écart de sincérité...Il a préféré me donner sa voix plutôt que son corps, tandis que je voulais bien plus...On dit parfois que l'amitié n'existe pas entre l'homme et la femme, l'homme veut toujours plus, dans mon cas s'était moi...J'ai souffert, il a sourit...Il m'aimait bien, je l'aimais plus...Indomptables idéaux...
J'ai pris son conseil à la lettre, puis j'ai adoré ce frère, la seule image de lui qui pourrait m'aimer à vie. Lui laissant quand même ma vie dans les bras, la berçant de son regard par instant...
Tu ne choisis pas toujours le cours de ta vie, tu as parfois la main d'un autre dans la paume, mais tu y crois, parce que le chemin a fait qu'il lui ressemblait étrangement...
Les souvenirs s'effacent et tu garde les suivants, tu l'oublies au mieux alors que tu le vois tout les jours, insaisissable baiser du coin de l'œil, tu es seule à aimer...Jamais tu n'auras pris le temps de lui dire, tentant de croire que tu avais la vie pour le faire, mais le temps te rattrape et cours juste derrière toi...
Un bruit de frottement se fait entendre dans mon dos, des bras font le tour de mes hanches, je passe mes doigts dans ceux de celui qui pose sa tête contre mon dos...
« Il me manque... »
Il murmure avec atrocité, mon cœur vient d'éclater...J'évite de près le coup de grâce tandis que Bill réprime quelques larmes...
« Il te manque à toi ? »
Certaines questions n'ont parfois pas lieu d'être, la stupidité ne devrait pas exister, je ne prononce que les effets de mon cœur et hoche doucement la tête en signe d'approbation...Je le soupçonne d'avoir toujours su qu'un jour de ma vie, Tom a écrit à l'encre indélébile son prénom sur mon front...Il soupire longuement tandis qu'une de mes larmes s'abat sur son poignet toujours serré contre mon nombril, je perçois un sursaut de sa part et m'empare de son avant bras pour le comprimer encore un peu plus...
« La vie passe tellement vite...Est ce que tu as vu ces 20 dernières années défiler ma puce ? »
Puis je lui avouer que la vie m'a sembler plus longue que l'infini ? Que ces moments à ses côtés je ne les ai vécu qu'avec un bout de l'autre ? Que la vie au côté de celui que l'on adore mais que l'on aime trop peu nous semble vide de tout et remplis de rien ? Que la persuasion d'être passé à côté du bonheur nous meurtris jusqu'à nous ronger doucement, insidieusement de l'intérieur jusqu'à la fin...
« Non, mon cœur...Si tu savais... »
Le mensonge le protégera de moi tandis que je préserve mon cœur de ses foudres...
« Pourquoi il m'a laissé si tôt ? »
Puis je lui avouer que peut-être la vie n'est pas si belle ? Que peut-être son frère n'aimait pas la solitude de l'entourage ? Que peut-être le monde avait entendu mes prières...? Triste aveu...
« Je pensais qu'on partirait ensemble dans les étoiles... »
« Oui...Moi aussi... »
« Comment ça ? »
« Non, je veux dire que, moi aussi je pensais que vous partiriez tout les deux mon cœur... »
J'expie mes fautes en rassurant le pauvre, j'ai rêvé à sa mort pour pouvoir rêver de lui en paix, et pourtant le regret nous fait parfois exister...
Et pourquoi pas aujourd'hui ?
Je le sert encore un peu plus contre mon corps tandis que je repense à sa mort...Cette mort que je lui ai souhaité en secret pour ma propre sécurité, celle que j'ai prié de toute mon âme jusqu'à la voir enfin arrivé...
"Pourquoi tu es assise là ? C'est un peu dangereux quand même..."
Je respire le vent frais et lèche la goutte qui vient de s'abattre sur ma lèvre...
"Parce que je voulais l'entendre pleurer..."
"Tu es triste, il n'est pas temps que tu sautes pour le rejoindre, il ne t'aimait pas...Et moi je t'aimes bien trop pour te laisser lâcher..."
Si seulement il savait que cette arme était mienne, si seulement il apprenait que mon doigt a appuyé et que ses lèvres rouge sont devenues bleues en quelques secondes...Si seulement il pouvait comprendre que je ne lui ai pas laissé le temps de pleurer...
Je n'ai eu que ce regard implorant, et puis la fin...
Pourrait-il comprendre ce qu'aurait été une larme de lui, à cause de moi, pour moi ?
A quoi bon, le ciel aura pleuré pour lui...
<>
Triste secret...