[Désolée pour ce gâchis...]
Il est parti. Parti comme "mort", comme "ne reviendra jamais". Si ça fait mal ? Imaginez que l'on vous ôte sans prévenir et surtout sans anesthésie, la moitié du coeur. Vous voyez ? Multipliez la douleur pas dix, et vous obtiendrez l'intensité de ce mal qui me ronge. Gustav est mort, et je sais que je ne m'en relèverai jamais. C'était mon frère, mon frère unique, mon petit frère...J'aurais dû veiller sur lui, c'est moi qui aurais dû conduire cette voiture, moi qui aurais dû me prendre ce poteau, dans le virage...Pas lui...Pas mon petit blond que j'aimais tant...Il y a deux jours à peine, il était encore là, dans la cuisine, assis devant sa tasse de café, les cheveux tout ébouriffés et les yeux pleins de sommeil, à me sourire, comme chaque jour. Et vous savez, j'n'y ai pas vraiment prêté attention, à ce sourire. J'le voyais tous les jours depuis une vingtaine d'années. Je ne savais pas encore que ce matin là serait le dernier. Je ne pouvais PAS imaginer que le téléphone sonneriat le lendemain matin pour m'annoncer que mon frère et ses abrutis de copains venaient d'avoir un accident et qu'il en était mort...Je n'avais jamais pensé, même dans mes pires cauchemars, qu'un jour je m'effondrerais en entendant ces mots au téléphone. Pour moi, c'était juste impossible. Gustav ne pouvait pas mourir. Il avait l'avenir devant lui, vous savez. Il était batteur, un des meilleurs, peut-être même le meilleur, je sais pas, pour moi il l'était, c'est tout, j'me posais pas de questions. J'n'ai mêmepas pu le voir une dernière fois, il était trop abîmé, d'après les médecins...
Gustav avait vingt ans. Il était beau, il était doué et tout lui souriait.Tout, sauf ce putain de poteau, dans cet enfoiré de virage, ce triste dimanche matin de Janvier...
A Loïc...T'étais trop jeune pour partir comme ça, bonhomme...