[OS] Pardon.

Une couette qui remue. Une jambe qui s'extirpe. Un bras qui apparait, et une tête qui sort.
Les rayons du soleil se sont infiltrés dans la pièce réveillant ainsi, l'un des dormeurs les plus connus sur terre.
Bill Kaulitz venait d'émerger. Une écharpe autour du cou. Il se remémore le concert du groupe à Marseille, c'était terminé en catastrophe. Il ne pouvais plus chanter. Sa gorge lui faisait trop mal. Il avait l'impression qu'un crochet tirait ses cordes vocales vers le haut.
Les fans ont été relativement compréhensive même si, dans leurs regards, une lueur de déception était plus présente que de la compassion.
Bill secoua la tête. Ne voulant pas se remémorer les souvenirs de cette soirée, bien que malgré lui, ils fusent.
Ces regards, puis ces sifflements contre lui. Et Tom qui ne disait rien. Il ne pu rien faire et partit. Sous les cris, sous les larmes, sous les sifflements, sous l'incompréhension... en courant.
Il essaya de partir loin, aussi loin que possible.
Ses larmes étaient sa seule compagnie, Tom était pas là. Enfermé avec lui. Il le laisse seul.
Et il ne peut pas l'appeler. Sa gorge lui fait trop mal, ce soir. Comme il y a 6 mois.
Mais il y a 6 mois, Tom était là.
Aujourd'hui, il a rendez-vous avec un spécialiste. Il espère que ça va juste être une inflammation. Et que d'ici une semaine, il sera sur pied. Il espère seulement...
Çà fait une semaine qu'il n'a pas vu Tom. Celui assure avec Georg et Gustav la promo' en Espagne et au Portugal.
Il est en contact avec Tom que par message. Et rien que dans sa façon de lui écrire, il sent que Tom lui en veut.
Il jure du contraire pourtant.

Il est 10h00.
Bill a rendez vous dans une demie heure.
Premier message de la journée : " j'pars de l'appartement, j'ai rendez vous dans 30 minutes. Tu me manques".
Oui, Tom lui manque. Son Tom. Celui qui était célibataire. Celui qui vivait presque que pour lui.
Celui qui allait sans le prénom Charlie. Avant, le staff disait Tom & Bill, maintenant ils disent Charlie & Tom. Et Bill se retrouve seul.
Peu importe l'endroit où il est, il est seul. Comme aujourd'hui. Comme dans cette rue.
Il est emmitouflé dans une doudoune, écharpe, bonnet. C'est maintenant qu'il a pris froid, qu'il se protège.
Bill réagit toujours après. Toujours excessivement.
Et Tom n'est plus là.

11h00.

Ca fait une heure que Bill est enfermé dans ce cabinet. Il a subit une batterie d'examen, et il attend le verdict. Sans Tom.
Sans Tom.Sans Tom.Sans Tom.Sans Tom.Sans Tom.Sans Tom.
Le medecin arrive enfin, scanners en main. Le teint livide. Il a pas besoin d'en entendre plus.
il a vite vu la boule qui se situe sur ses cordes vocales. Il sait ce qu'il l'attend.Il ne prend même pas la peine d'entendre le reste. Il veut rien savoir. Ni la date d'opération. Ni le temps de rééducation supposé.
Il ne veut plus rien savoir.
Il sait juste qu'il ne vas plus pouvoir chanter. Chanter sur les accords de son frère. Chanter pour Tom. Chanter pour que le son de sa guitare et sa voix se mélangent et envoutent les fanes.
A quoi servira t-il si il ne peut plus chanter?
Un chanteur ne pouvant plus chanter. Parler lui parait secondaire, chanter reste son unique activité. ce pourquoi il vit, avec Tom.
Tom qui n'est pas là. Sa voix non plus.

Bill réagit toujours excessivement.

12h30.

Bill a signé un tas de papier. Et toujours la même réaction. Devoir se faire opérer. Risque minime.
Et tout le baratin d'un médecin.
Mais Bill a vite réalisé une chose. C'est que sans Tom, il n'a plus de voix.

13h00.

Bill était chez eux.
Il revoyait sa vie défilée. Leurs vies. Et c'est sur cette feuille que Bill écrira ses derniers mots.

Bill réagit toujours trop excessivement.

" On a mis du temps avant d'avoir tout ce que l'on a aujourd'hui. Des heures et des heures d'entrainement. Où tes doigts rejouaient des morceaux pour pouvoir mieux les maitriser. De la sueur apparaissait sur ton front dès que un riff s'avérait plus compliqué que prévu. Et Gustav et Georg aussi, qui passait leurs temps avec leurs instruments pour nous permettre de réaliser notre rêve à tous les quatre.
Et moi avec mes caprices de Diva raté, j'ai tout gaché. Tu me l'avais assez dit, Tom, je le sais. Me couvrir. Et je l'ai jamais fait, enfin si après.
J'ai un kyste sur les cordes vocales. Ma voix normale ne reviendra qu'au bout de six mois.
Tu me vois ne pas chanter pendant 6 mois? moi, non.
Je suis incapable de penser a ne plus entendre le cri des fans pendant 6 mois, ne plus entendre ma voix se mélanger sur tes accords, ne plus te parler, ne plus rire à tes blagues.
J'en suis incapable. Pardon.
voir les yeux remplis de déception, de haine, de rancune. Entendre leurs hurlements de déception.
J'en serais pas encore capable. Pardon.
On a mis du temps a être heureux dans la musique. On a réussi.
Et aujourd'hui, tu es heureux avec Charlie. Je t'en veux pas, rassures toi.
J'aurais juste voulu que tu t'occupes un peu plus de moi. Comme avant.
Avant qu'elle arrive.
Je t'aime, Tom, ne l'oublies jamais.
J'agis égoïstement, je le sais.
Tu me l'as assez dit quand je voulais pas t'aider à porter tes guitares...
Et j'ai toujours réagi excessivement. Et tu m'as toujours pardonné.
Mais là, j'en peux plus de te décevoir. Ça sera la dernière fois.
Promis, juré, craché. Touché terre, touché ciel, si je mens, je vais en enfer.
Comme quand on était enfant...
je te l'écris une dernière fois.
je t'aime.
Pardon.
Bill"

14h30


Bill est allongé sur son lit.
C'est pas la lumière qui illumine la pièce, cette fois ci.
Elle est noircie par l'orage.
Le tonnerre gronde empêchant Bill d'entendre la serrure tournée.
De toute façon, Bill , n'entendra plus jamais rien.
Ni la voix de son frère lui criant qu'il était là, lui disant qu'il venait s'occuper de lui, que le médecin les avait prévenu pour son opération et qu'il était rentrer au plus vite. Ni la porte de sa chambre grincer légèrement lorsque son frère rentra dans sa chambre.
Il ne sentira plus jamais les mains de son frère sur son corps entrain de le secouer, ni les larmes de celui ci qui tomberont sur ses joues.
Il n'entendra pas les hurlements de tristesse de son frère. Il n'entendra plus rien.
Car sans Tom et sans sa voix, Bill ne peut plus vivre.
Et 6 mois, pour Bill, ressemble à l'éternité.

Bill réagissait toujours trop excessivement.