[OS] Te Souviens-tu ?

Je suis là. Je suis assise. Je suis vivante. Bien vivante… Malheureusement. Sous mes doigts, quelques touches avec quelques lettres dessus. Je n’en ai plus besoin de beaucoup pour mon présent. Je ne les utilise plus. Ou alors juste à contre cœur. Mais aujourd’hui. Aujourd’hui alors que j’ai rouvert la blessure. Alors que j’ai arraché mon cœur de ma poitrine et l’ai mis à plat devant moi. Alors que tout me retombe dessus comme un tsunami. Oui, Aujourd’hui, je vais les utilisé c’est foutues touches et ces foutues lettres. Je vais les toucher, une dernière fois. Je vais aligner quelques mots, juste pour honorer ta mémoire. Ensuite… Ensuite, je ne sais pas. Peut être cesserais-je définitivement d’écrire. Peut être retrouverais-je un nouveau souffle. Dans tout les cas, je vais le faire. Pour toi. Pour moi. Pour tout ce que je ne t’ai pas dit…

Commençons par le plus doux. Par les plus beaux souvenirs. Te souviens-tu, Danièle, de ces matins où je venais te dire bonjour, les yeux petits de sommeil. Lorsque tu posais un baiser plein d’amour sur mes joues. Lorsque tu me disais que je resplendissais, ce matin. Moi, dans ma petite tête d’enfant, je me disais que ces moments étaient géniaux. Je me sentais resplendir, en effet. Mais ce n’était pas pour moi. Non, je voulais être une part de ton soleil. Puisque ton mari ne te méritait pas, et ne te comblait pas, je voulais pouvoir être une de celles qui te ferait sourire. Peut être était-ce égoïste de penser ceci, mais je le voulais pour toi. Juste pour toi.

Te souviens-tu de ces midis où je venais déjeuner chez toi ? Même si tu étais notre voisine, et que quelques pas nous séparaient, je trouvais ceci magique. J’étais enfant encore. Je me souviens de ces repas partagé, devant chez toi et chez moi, par la même occasion. Je me souviens de tous ces plats que tu m’as fait découvrir. Sais-tu que les bouchées à la reine restent toujours mon plat favori ? Comme toi, n’est ce pas…

Te souviens-tu de ces longs après midi d’été. Même si le 2 rue de la Motrosse n’était que ta résidence secondaire, tu y vivais tous tes étés. Ces magnifiques après midi restent miens, tu sais. Nous les passions, la plupart du temps, dehors, à l’ombre de la grande maison. Tu m’as appris à faire tant de choses. Lorsque ce n’était pas de la broderie, c’était mes ongles dont à s’occupaient, parfois c’était mes devoirs. Lorsque Maman ne pouvait pas s’occuper de moi, parce que Fanny était encore petite, c’était toi qui me surveillais. C’était les plus délicieuses heures de travails de toute ma vie.

Te souviens-tu, aussi de ces longues soirées à jouer ? La belotte, où tu excellais, avec mes parents ? Je revois nos rires. Les parts énormes de gâteaux et autres douceurs que tu faisais. Je revois les regards complices entre Maman et toi. Vous étiez si proches. Amies depuis bien longtemps, c’était grâce à toi qu’elle avait rencontré Papa.

Mais, maintenant, te souviens-tu de cet étrange rhume ? Je te revois, malade, un sourire sur les lèvres nous disant que ce n’était pas grave. D’après toi, tu étais forte, en une semaine ca serait passé. Pourquoi au bout d’un moi étais-tu toujours malade ? Pourquoi ne voulais-tu pas consulter ? Peut être savais-tu déjà… Peut être pas, après tout.

Je me souviens de ce jour, où Maman est venue nous voir, avec Fanny. Elle nous a regardés, puis elle a lâché : « Danièle est malade ». Sur le coup, tu sais, je n’ai pas saisi. A 6 ans, c’est jeune pour saisir cette violente réalité. Peux-tu me le pardonner, s’il te plait ? Pourtant, même sans comprendre, avec le temps, la phrase à pris son sens. Tu n’es pas rentré au 2 rue de la Motrosse. L’hôpital était ta nouvelle –et dernière- demeure.

Maintenant, il faut que je te raconte. Lorsque je suis allée à l’hôpital avec Maman, il faut que je t’explique… Ca faisait un bout de temps que tu étais là bas. Maman ne voulait pas que je vienne. Je l’ai convaincue. Nous sommes entrées dans ta chambre et j’ai compris pourquoi Maman était revenue, la veille, en larme. Tu étais là. Tu étais couchée sur ce lit blanc. Tu étais reliée à ces tuyaux et autres moniteurs bruyants. Tu dormais, m’avait dis Maman. Mais pour moi, tu étais morte.

Je sais, j’ai fais une bêtise. Lorsque je t’ai vue, j’ai eu si peur que je suis repartie. Maman ma retrouvé, peu après, devant l’hôpital. Elle a sacrifiée ces quelques heures passée avec toi, pour me consoler et me ramener chez Mamie. Elle a sacrifiée un jour de ta présence près d’elle pour moi. Je m’en veux tant.

Quelques jours plus tard, le 24 mars 1999, jour de l’anniversaire de Maman, tu es morte, Danièle. Tu étais atteinte d’une méningite avec trois bactéries différentes. Une qu’ils connaissaient et on soigné. Une qu’ils avaient découvert peu de temps avant et ne pouvaient soigner. Une qu’ils ne connaissaient pas.

Depuis 10 ans, Danièle, je ne cesse de penser à toi.
Depuis 159 420 heures, Danièle, je ne cesse de me haïr pour ce jour.
Depuis 9 565 200 minutes, Danièle, je ne cesse d’espérer que tu m’as pardonnée.
Mais, Danièle, depuis 573 912 000 secondes, je ne cesse de t’aimer.