[OS] Entre deux de nos murmures.

Ce texte peut paraitre très abstrait. Je ne connais rien à la vie des frères Kaulitz mais je voulais décrire une relation entre deux frères, par la vision d'un des deux, alors je me suis dit pourquoi pas. C'est assez court parce que sinon je me serai étendu dans les explications, alors que je veux simplement décrire les sensations.





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Je suis assis là, mon frère en face de moi dort. Je le regarde. Les yeux fermés, on dirait un ange. Ou un mort. Ses lèvres forment l’ombre d’un sourire et je me demande pour quelle raison celui-ci m’effraie autant. La sincérité nous a quittés peu à peu, Bill et moi-même, alors que la célébrité nous enivrait. Véritables rois du monde, nous étions. Mais toute notre faiblesse ressort toujours dans notre sommeil.
Regardez mon frère. Regardez son visage endormi, mort, en suspens, éteint. Regardez ce sourire mort, ce sourire me rend dingue, il ressemble à la fin. Ce sourire sent la fin des rêves. Bon retour à la réalité, Tom. Inlassablement se convaincre du meilleur et assister au pire.
Regardez mon frère. Bill c’est un incendie, il brûle, brûle, brûle et il rit. Je n’ai qu’à attiser la flamme pour que le spectacle continue. Le cœur en charpie. Je suis perdu. Nous nous sommes perdus dans les délices immondes de notre succès. Encore un soir, encore un show, encore une nuit, une ivresse. Un vertige. Mon dieu, que je hais cela. Que je hais les rêves quand ils se réalisent, ne deviennent que vulgaire réalité. Cloués au sol. Si seulement nous pouvions, une seule seconde, se sentir satisfaits. Mais non.
Il suffit de regarder mon frère. Une enveloppe charnelle qui n’appelle qu’à la folie. Une bestiole aux griffes acérées qui ne demande qu’à tout détruire. Autour, dedans, partout. Souvent, quand je rêve de mon frère, je l’imagine au fond d’une immense prairie blanche. Il courre, je ne vois qu’un point mais je sais que c’est lui et je sais que jamais il n’atteindra l’horizon. Gaspiller sa peau, au loin.
Regardez mon frère. Il ne me laisse aucune place. Il m’enferme, il m’enferme. Dans moi-même. Des murs ronds, un cercle, énorme, les murs ne cessent jamais de devenir plus grands. On existe à travers le regard des autres ou alors on n’existe pas de manière authentique. Il m’enferme, il prend trop de place et il m’enferme dans ce qu’il croit que je suis, et jamais je ne peux me sentir épanoui à ses côtés comme aux côtés de n’importe quel autre.

Regardez mon frère. Regardez son visage. Tous ses traits tirés, comme s’ils voulaient tout déformer sur leur passage. Tout anéantir. Regardez ses yeux, ses orbites sombres et paniquées, qui se remplissent doucement. Regardez ce visage ravagé. Regardez-le. Il s’est perdu au milieu du vide.


Entre deux de nos murmures.

J'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup *-*.
Tu écrit très bien (:.

Existe-t-il un mot assez fort afin de décrire les sentiments que nous laisse ton texte ? Magique, sublime et envoûtant, on se perd dans cette enchevêtrement d'oppression et de peur. Tout simplement magnifique. Merci beaucoup pour cette lecture.

Merci beaucoup, vos commentaires me touchent (:

C'est trop touchant ! Quand tu lis c'est fluide ...c'est beau ! Et j'aime le petit bout de philosophie qui ressort comme quoi :"Le fantasme doit rester du domaine de l'imagination parce qu'à l'instant même ou vous obtenez ce que vous souhaitez vous vous en éloignez et vous n'en voulez plus."

Enfin bref, je dis n'imp, faut simplement retenir ; bravo