[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

Je ris en l'observant. Mon ami avait un sacré problème d'hyperactivité en ce moment, c'était clair et net.
Il sautillait tout le temps, ne dormait presque pas, et passait la journée en s'enfiler café sur café.
Certes, cela le rendait très très très créatif. Mais parfois, cela le rendait surtout très très très flippant.
Du haut de ses 20 ans, il était plus beau que jamais, mais était un peu triste de ne pas encore être majeur pour son arrivée ici,
parce que cela signifiait qu'il n'avait pas le droit de boire de l'alcool. En public, en tous cas.
L'avion atterrit, et Matteo me saisit tendrement la main.

[…]

Une fois arrivés dans notre chez nous - un petit loft sommairement meublé, mais très classe et confortable, tout de même –,
je ne sus trop quoi faire. Je voulais sortir, mais me sentais trop fatiguée, mais pas assez fatiguée pour m'endormir.
Je me dirigeai donc vers la fenêtre pour regarder cette si belle ville, ses lumières qui l'enflammaient et ne la laissaient jamais dormir.

Il vînt à ma rencontre, et m'enlaça. Ses mains se posèrent sur mon bassin,
et les miennes vinrent se placer sur les siennes, et je me calai contre lui tendrement.
Il avait énormément grandi, durant ces trois dernières années, si bien qu'il atteignait presque le mètre 90 maintenant.

Je ne dis rien, me tournai face à lui, plaçant mes bras autour de son cou.

Je l'embrassai, et me blottis contre lui. Cela aurait pu paraître surprenant, quand on y pense :
il y a 3 ans de cela, jamais je n'aurais pu imaginer finir avec lui. Mais...la vie était pleine de surprises.
Surtout la mienne.
Les Tokio Hotel ne faisaient plus partis que de mon passé. Gustav avait pourtant essayé de me retenir, de garder un contact avec moi.
Mais je ne pouvais pas supporter d'avoir un quelconque lien avec l'autre tête de nœud qui m'avait bien fait souffrir.
Bill aussi avait tout tenté, mais c'était encore plus impossible avec lui. Ils étaient trop, trop, trop liés.
Je me contentai de leur envoyer quelques mails par an, mais je leur avais demandé,
non, je les avais même suppliés, de ne jamais me répondre.

Je plongeai mes yeux dans les siens, et ce que j'y lus me déstabilisa un peu.
Son regard était dur, comme s'il m'en voulait pour quelque chose qui m'échappait.

Je me jetai dans ses bras, et me laissai aller.
Les larmes coulaient doucement le long de mes joues finissaient leur course folle sur le pull de Matteo.
Je m'autorisai alors, pour une fois, à songer à les revoir...les serrer dans mes bras. Eux, mes confidents d'avant...

Le lendemain, je pris une grande bouffée d'air pour me donner du courage, et me saisis de mon téléphone,
ainsi que d'un papier que j'avais imprimé juste avant, un mail dans lequel les garçons m'avaient fait parvenir leur nouveaux numéros.
Je composai le premier numéro, celui de mon bisounours, parce que je savais que ce serait moins dur, de lui parler à lui.
La tonalité retentit, et je sentis mon cœur palpiter en entendant quelqu'un décrocher, pour la première fois en plus de deux ans et demi...

Là, j'entendis un cri. Un cri bizarre.
Entre surprise et joie.
La jeune femme à l'autre bout du fil semblait complètement paumée.

Il rit.

Je ris à mon tour.

Il se tut, pensif.

Je manquai de m'étouffer d'étonnement, ou de joie, je ne savais pas trop.

Et je raccrochai. Dans quoi m'étais-je encore embarquée ?

Matteo me rejoignit, et ne prit pas longtemps avant de comprendre ce qu'il s'était passé.

Il m'enlaça, et me berça comme un enfant. Je cogitai encore et encore.
Comment avais-je pu aussi longtemps me passer d'eux ?
Mais, le pire de tout : ce sentiment qui m'avait retourné l'estomac, quand j'avais entendu cette jeune femme,
ce sentiment correspondait-il à une quelconque jalousie ?
Non, ce n'était pas ça. Ça ne pouvait pas être ça.
J'espérai de tout mon être que ce ne soit pas ça.