[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

J'aimais vraiment l'enthousiasme de cette fille. Mais pas à 8 heures le matin.

Ok, cette fille avait un sacré grain.

Je lui fis un magnifique « Fuck ».

Elle sautait à présent sur mon lit, puis arracha avec hargne la couette sous laquelle j'hibernais.
Réflexe, je me relevai et lui balançai le coussin à la tête.
Elle fut surprise et tomba, uniquement pour me renvoyer le sien qu'elle prit sur son lit.
S'en suivit une sympathique bataille, pleine de rires, et de bonne humeur.

En effet, son oreiller laissa s'échapper les milliers de plumes dont il était composé,
ce qui nous fit encore plus rire. Nous nous affalâmes sur mon lit, à bout de souffle,
et regardâmes les plumes virevolter comme les enfants admirent des flocons en hiver.

Nous restâmes là, sans rien dire, à écouter le silence.
Quand soudain, un grand bruit nous sorti de cet état serein dans lequel nous étions.
Nous sortîmes de notre chambre, mais il semblait que toute la maison soit encore endormie.
Puis, nous aventurant un peu plus dans le couloir, nous aperçûmes Gustav, une main devant les yeux,
se relevant des escaliers, dans lesquels il avait apparemment fait un sacré vol plané.

Kat et moi nous regardâmes, et partîmes dans un fou-rire entendu.
Cette journée allait vraiment tenir ses promesses niveau amusement.

Le blond s'exécuta, et sa belle passa près de lui, lui frôla l'épaule, et nous rejoint, hilare.

Elle nous expliqua qu'il lui avait annoncé la veille qu'il ne voulait pas la voir aujourd'hui,
du moins pas avant d'être devant l'autel, parce que ça portait malheur.

[…]

Ileana, magnifique dans sa robe de mariée, avait du mal à cacher son angoisse.
Fran finissait de la coiffer, pendant que Julie prenait soin de son maquillage.

Kat et moi nous explosâmes de rire. Julie, elle, fronça les sourcils.

Sa remarque renforça notre fou-rire.
Ohlala...qu'est-ce que j'aimais rire aux larmes comme ça.

Nous rîmes toutes ensemble, et terminâmes de nous préparer.
Nous entendîmes soudain un cri assez désespéré :

Nous restâmes donc toutes les quatre en attendant que Julie reviennent.
Fran semblait calme, mais heureuse que son frère ait enfin trouvé chaussure à son pied.
Kat était, comme à son habitude, surexcitée.
Ileana avait le visage fermé, entre impatience et angoisse.
Et moi, moi je ne ressentais rien.
J'étais heureuse pour les futurs mariés, certes, mais à cet instant précis,
je me remémorai de ce que Tom m'avait dit la veille. Cette lettre, que je n'avais jamais reçu.
Cette lettre qu'il connaissait sur le bout des doigts, comme si cela pouvait effacer le mal qu'on s'était fait.

La voix anxieuse d'Ile me sortit de mes pensées, et je lui souris doucement.

Avant que les filles ne répondent, la voix angoissée de Gustav nous parvint :

Fran ne paria rien, mais approuva ce que disait Katherin.
Je ne pariai rien non plus, trop occupée à penser au mariage.
À penser à Tom, à penser à nous, à penser à cette lettre.
À penser au fait que j'avais mal, mal de l'avoir vu aussi triste. Mal de savoir que je le faisais souffrir.
Je finis par secouer la tête.
Cette journée n'était pas la mienne, c'était celle de Gustav et Ileana.
Pas le temps d'être égoïste. Je me devais d'être la meilleure demoiselle d'honneur qu'il soit pour eux.

Il essaya encore deux ou trois fois avant de se résigner à éviter le sujet.
Nous attendîmes un peu tendu la révélation d'Ileana, qui ne devait plus tarder.
En effet, quelques minutes après la dernière tentative de Bill, la jeune mariée se saisit d'un micro,
et demanda à Gustav de venir la rejoindre au centre de la piste.
Tous ceux qui étaient dans la confidence se alors mirent à sourire.

Bill s'avance, me tend l'alliance d'Anna.
Katerin fit de même pour la mienne à Anna.
Le pasteur joint nos mains.
C'est enfin LE moment. Celui qui nous unira à jamais.
J'inspire. C'est à moi.

L'audience rit à ma petite allusion aux bébés.

Une larme perle le long de sa joue, et elle me sourit encore plus qu'elle ne le faisait déjà.

Mon coeur s'embrase, je suis euphorique.

Enfin !
J'ai cru que ça ne finirait jamais. Elle me sourit, je suis aux anges.
Nos lèvres scellent notre amour, et tous le monde applaudit.
Après tout ce qu'on a vécu, le bon comme le mauvais, on peut enfin vivre heureux, ensemble.
Elle n'a plus si peur, après tout : je le vois dans ses yeux.

Elle rit.

Tous le monde nous regarde, attendri.
Bill à les larmes aux yeux, tout comme moi. T'inquiète pas, frangin, ce sera bientôt ton tour...

Il fait beau, en ce printemps 2014, et notre route est encore longue;
mais je sais maintenant que quoiqu'il arrive, je ne serais plus jamais seul.
Plus jamais sans elle, puisque maintenant, elle est mienne pour la vie.


FIN.