.La plus belle étoile.*
"Viens avec moi. On s'enfuit vers mon royaume Funke..."Ell rigola et ses yeux brillèrent sous le lampadaire de leurs premiers baisers.
"Ne rigole pas Funke, je suis horriblement sérieux"En effet il était sérieux, elle le voyait dans la façon dont ses yeux s'étaient assombris. Dans la façon dont il avait resserré ses bras contre elle. Et s'était figé quand elle avait rit.
"Non Tom. Tu sais très bien que c'est impossible. On est pas dans un beau conte cette fois, on est bel et bien de la réalité mon amour. Non je ne viendrais pas dans ton royaume, mon amoureux"Sa voix amusée, résonnait dans ses oreilles, comme des lames qui heurtaient son coeur. Comme des coups qui le mettaient à terre. Elle le regardait, il fuyait ses yeux brillants.
"Ouvre les yeux...Funke, ce n'est pas ton rêve tout ça. Tu ne peux pas te cacher la vérité."Le ton de sa voix n'avait pas changé. Il était toujours aussi calme et péniblement amoureux. Il la tenait contre ses bras, sur ce petit banc public, comme d'habitude et une vague d'amertume se brisait contre lui. Sa belle restait mystérieusement silencieuse.
"Tu ne peux pas continuer à te mentir. Viens avec moi..."
"Je ne fais pas semblant. C'est mon rêve..."
"Tu sais bien tu n'as jamais rêvé d'être une...Une étoile."
"...Chut mon amoureux"
"...Tu te fais du mal à croire à des mensonges, ma princesse. C'était son rêve."
"J'en a vraiment envie. Tu respires la musique, moi je respire la danse"
"...Oui, mais aujourd'hui c'est différent. Je respire tes soupires et ça me suffit... Pas toi ?"
"..."Ses mains se serrèrent en poing, dans lesquels il cachait tout sa colère et sa douleur.
"Funke, viens avec moi. On a rêvé à ta place. Je prendrais soin de toi."
"..."
"Crois moi."
"..."
"Je..."Sa voix était toujours calme mais horriblement dure. Elle était toujours dans ses bras pourtant, la tête dans son cou, serrée contre lui, créant une chaleur infinie.
"Ta gueule Tom. Tais toi. Tu gâches tout pour un caprice. "Sa voix avait déraillé et était devenue un soupire douleureux. Se cachait derrière ses paroles, un sanglot retenu.
"Sèche tes larmes et viens avec moi..."
"..."
"...Funke ?"Elle avait mal au coeur, qu'il puisse croire qu'elle était si faible. Comme une marionette dans les mains de son amant. Elle détestait la confiance qu'il mettait dans chacune de ses paroles. Elle ne l'aimait pas, ce Tom capricieux, qui obtient toujours ce qu'il veut.
"Tu as tort Tom. Tu crois vraiment être mieux que moi...Mais toi et moi on sait. On sait que tu n'as pas assez d'imagination pour avoir rêver à tout ça."
"..."
"Tu peux bien me hurler tes conneries. Mais au fond on est pareil... Réveille toi Tom, c'est le rêve de Bill que tu réalises chaque jour. En te levant, marchant, souriant. Oui tu brilles mon amour, mais ce n'est pas ton rêve...On a rêvé à ta place"
"..."Il y avait une haine et une colère non cachées dans ses paroles. Le ton n'était pas monté. C'était en douceur que son venin entrait en lui.
Quelques choses se brisaient, ils le sentaient. Mais pourtant, un baiser aurait suffit à détendre l'atmosphère.
"Et puis maintenant tu n'es qu'un pantin. On te manipule et toi tu fermes tes yeux. Alors ferme la et n'essaies pas de me dire ce que je dois faire..."
"..."
"..."Leurs deux coeurs souffraient à l'unission dans une mélodie lugubre. Doucement il l'avait lâché. Ils restaient silencieux. Fixant un point non défini dans l'obscurité. Seulement les étoiles brillaient. Au loin une cloche sonnait 2h.
Avec grace, elle se leva, sans un regard vers son ami. Son Amour et une part -trop- importante de son être. Elle fit un pas vers la lumière, et Tom ne bougea pas. Elle marqua une pause. Finalement il se leva et lui attrapa le poignet. Elle se retourna les yeux brillants d'un éclat horriblement fascinant. Leurs yeux s'attachèrent. Ils étaient réunis une nouvelle fois. Doucement et maladroitement il la serra contre son coeur. Et elle se mit sur la pointe des pieds pour serrer ses bras autour de son cou. Il la hissa pour que leurs lèvres se recontrent. Une nouvelle fois, une dernière fois.
C'était un baiser doux au contour amer. On sentait déjà une nostalgie dans chacun de leur geste, une douleureuse mélancolie de ne plus pouvoir serrer le corps de sa moitié contre le sien. De ne plus sentir leurs lèvres rentraient en contact pour un toucher délicat, puissant. Un baiser qui avait le don de laisser le reste du monde loin. Qui les empêchaient de respirer. Qui coupaient leur souffle. Souffles heurtés d'un plaisir grandissant.
Mais voilà, cette nuit, à cet endroit, leurs coeurs battaient plus forts plus douleureusement. Et leurs lèvres peinées à se séparer.
Un adieu oppressant.
Il finit par lâcher sa nuque et ses pieds retrouvèrent le sol. Elle vacillait. Ses yeux brûlaient et ses lèvres appellaient à un autre baiser. Mais ils restèrent à nouveau immobiles. Juste le silence et leurs regards.
"..C'était la dernière fois, n'est ce pas ?"
"..."Il hocha la tête, incapable de parler.
"Oui..Alors, au revoir mon amour"
"Adieu Funke. Prend soin de toi"Elle baissa la tête. Elle sourit et puis commença à avancer. Et finalement se mit à courir. Il la regardait s'éloigner une dernière fois, sans être capable pour autant de la retenir. Tout se brisait autour de lui, il en avait conscience.
Et c'est sans sourire, sans paillettes dans les yeux, le coeur froid
qu'il remonta vers son rêve.
Elle, elle courait vers son rêve. Danser, s'envoler pour finalement peut être bien réussir à effleurer les étoiles. Danseuse étoile.
Elle courrait vers le dortoir. Comme d'habitude et cependant tellement amère. Elle avait mal, parce que la prochaine fois qu'elle ferait le mur, les bras chauds de Tom ne seront pas là. Plus là. Elle se faufila lentement et silencieusement dans sa chambre. Et la tête dans les draps, elle se permit de craquer. La tête dans l'oreiller pour étouffer des sanglots mal retenus. Malgré sa douleur, malgré sa peine le soleil finirait par se lever.
[...]On lui avait toujours dit, que les premiers mois étaient les plus compliqués. Elle y croyait sauf que les premiers mois étaient passés et son coeur était toujours atrophié par l'image de son amoureux. De son ancien amoureux la laissant partir.
Oui elle continuait de danser, se nourissant de cette douleur peut être bien pour s'élèver. Et puis elle continuait aussi à aller, une fois par semaine sur le banc. Fixant derrière le lampadaire l'obscurité et puis levant ses yeux vers les étoiles qui elles continuaient d'étinceller.
Etrange routine.
Et lui, il continuait inlassablement à jouer. Vendant leur musique aux quatre coins du monde sous le regard pétillant de tellement de personne.
Le coeur éternellement ailleur. Il avait changé. Elle l'avait changé. Lui offrant un Amour différent de celui qu'il avait toujours côtoyer. Lui offrant son coeur d'amoureuse et ses yeux lumineux.
Finalement son esprit restait à des années lumières de sa vie.
Il restait vers ce banc qui les avait réunit.
La rêvant encore et encore.
Le temps lui n'avait rien à faire des déboires des coeurs de deux adolescents rongés par les remoeurs.
Alors il filait. Toujours trop rapidement. Trop doucement.
Les jours passaient. Les mois défilaient. Et puis même une et deux saisons passèrent. Et plus les secondes s'envolaient plus la frustation leurs collaient à la peau.
Elle voulait l'oublier. Lui et ses yeux, ses regards et le sentiment que le monde lui appartenait quand il la regardait.
Il voulait tourner la page. Sentir son coeur reprendre une vitesse acceptable. Ne plus avoir cette impression de la voir partout, à tout moment et même au bout du monde. Il était épuisé.
Ils étaient en colère. Non pas contre l'autre, mais contre eux même.
Ce sentiment ils auraient du être capable de le mettre de côté. Mais au contraire au fils des mois, il prenait plus d'ampleur.
C'est un vendredi soir habituel, pour elle. Onze heures sonnaient et doucement et sans aucun bruit elle se leva et fila vers le banc. Elle marchait rapidement, une chose étrange qui cognait son coeur. Avec un soulagement inattendu elle le retrouva s'asseyant, le coeur à nouveau léger. Quand venue l'heure, elle leva les yeux au ciel.
Un hoquet d'horreur la figea. Le ciel était couvert, on ne voyait aucune étoile. Tout était horriblement noir, son coeur se serra. C'était la première fois. La première fois que son regard n'était pas accueilli par les étoiles. Leurs étoiles à eux deux. Des larmes coulaient ne trouvant aucune barrière.
Dans sa tête des choses qui se précipitaient sans aucune concordance. Peut être, que c'était la fin. Qu'il l'avait oublié. Même depuis longtemps.
Peut être. Sans doute. La tête lui tournait. Elle s'enfonçait. Alors pour une fois se fut bien avant 2h qu'elle partit. Oui elle se donnerait une grande claque dans la gueule et elle était aujourd'hui réellement prête à l'oublier.
[...]
Un an s'est écoulé. Est ce qu'elle l'a oublié? Disons seulement qu'elle arrive à ne plus y penser.
Une étoile, et elle touchait au but. S'entraînait dure, pour ne pas laisser son esprit s'échappait. C'est peut être bien triste, mais c'était la seule solution.
Jusqu'au jour où elle a loupé sa vie. Son rêve. Elle avait passé 14 ans de sa vie à danser. Danser malgré tout, laissant de côté tout ce qui l'aurait obligé à oublier son rêve. Et voilà que tout. Tout se cassait la gueule. Tout son rêve avait été brisé, s'éclaté à cause d'une chute qu'elle croyait bénine. Voilà aujourd'hui son rêve était
anéanti, il gisait au sol. Comme elle.
Ce vendredi soir. Elle retourna au banc de leur rencontre. Elle courait, les larmes débordant de ses yeux grands ouverts. Sa jambe lui fesait mal, mais c'était trop tard de tout façon.
Il n'y avait personne, bien sur...Elle se mit à pleurer, sans se retenir, elle n'avait plus envie.
Oui, elle avait bel et bien tout loupé. Son rêve s'était échappé, comme son amoureux était parti. Et elle se haissait. Des larmes de colères déformaient sa vue, et ses sanglots couvraient le silence de la nuit. Elle pleura, durant des heures. Ses yeux lâchant les larmes qu'elle avait su retenir cette dernière année. Et puis ses sanglots s'étouffèrent par eux même. Plus de larmes, juste les yeux explosés.
Deux heures étaient passées, depuis longtemps et la nuit s'éclaircit. Juste un peu, annonçant un jour qui viendrait tôt ou tard. Elle était étrangement calme.
"Funke ..?"
"..."Elle tourna ses yeux rougis derrière elle, vers l'obscurité. Ne distinguant rien, elle crut un instant à avoir rêver cette voix. Sa voix -trop- familière. Mais pour être certaine, elle s'éclaircit la voix.
"...Tom?"Personne ne répondit et elle se sentit à nouveau idiote. Elle retourna alors à la vue des étoiles.
"Oui c'est moi..."Une ombre s'était approchée. Surprise elle se leva, cherchant dans le noir, la silhouette de son ancien amoureux. L'ombre se détacha et son visage, oui le visage de son amoureux fut éclairé par le lampadaire.
Elle se figea, comme lui.
Il fit un pas en avant, elle, un en arrière. Plus rapidement cette fois, il s'avança vers elle et attrapa sa taille. Doux et vif. Leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre.
"J'ai cru que tu ne revenais plus..."
"..Je..Je...ne revenais plus"Il fit une moue étonné. Il la dévisageait, et elle se laissait caresser par l'odeur de son -ancien- amoureux. Cette proximité, c'était tendre mais douleureux, pourtant il ne voulait pas la relâcher. Il souffla sur son visage.
" Tu m'as manqué Funke."
"..Tu...Tu..Toi...aussi, Tom"Elle bégayait, et ses joues s'empourpaient. Il lui souriait malicieux. Doucement il descendit son visage vers elle. Leurs lèvres se touchèrent, se carressèrent, se retrouvèrent. Son visage se souda au sien et ses mains attrapèrent son visage. Il ne la laisserait pas fuir. C'est un baiser, doux, passionné, et leurs coeurs battaient à nouveau à l'unisson. Les mains de Tom redécouvraient le corps de Funke avec douceur, sans jamais quitter ses lèvres. Il ne voulait plus la lâcher. Elle commençait à manquer d'air, mais elle continuait à l'embrasser avec fougue. Toute l'énergie qu'ils avaient, ils la mirent dans ce baiser. Tom passa ses mains dans ses cheveux, les détachant et les ébourrifant. Il ne pouvait, ni ne voulait s'arrêter. Ne plus la perdre. Elle accrocha ses bras à son cou. Leurs souffles devinrent heurtés. Le plaisir les consummait. Doucement elle l'attira vers elle, s'asseyant sur le banc de leur rencontre. Elle s'allongea et il suivit son mouvement, se collant à ce corps qu'il désirait tant. Depuis tellement longtemps. Il fit courir ses lèvres, sur son cou, ses épaules et retrouva la douceur de ses lèvres. Leurs peaux s'enflammaient, inscandescentes. Ils étaient bouffés par le désir, et le désir les bouffait. Tout comme ils suaient l'envie.
Ils ne pouvaient plus s'arrêter, pas ce soir.
Et leurs corps se fondirent, se cambrèrent, là, sur un banc public. Mais tout était bon à prendre. Ils explosèrent ensemble, sous les dernières étoiles. Explosèrent leur plaisr, le criant à la nuit, le hurlant au monde.
Ils s'aimaient et c'était peut être le plus beau rêve, qu'ils auraient pu faire dans un monde qui crève. La plus belle étoile que pourrait avoir le ciel et qu'ils pourraient désirer.
[FIN]Alors ?