Il a joué quelques accords encore quelques instants...
Souvenirs...
Lorsque ma voix s'est cassée sur la dernière note, la rancœur s'est emparée de nos entrailles, il a lâché sa guitare, doucement l'a posé sur le lit à notre côté, il a délicatement touché mon épaule et a murmuré des mots que je n'ai pas voulu entendre...
Envie de vomir...
Il est sortit, je me suis levé. De mes doigts plus fin, que rachitique, j'ai doucement frôler les quelques photos qui jonchaient encore le mur épais de nos souvenirs, une larme a coulé le long de ma joue, une seule, l'unique, la première mais la dernière...Celle qui signait à l'encre transparente la douce vérité de ses paroles...
Mensonge...
Je me suis arrêté sur l'une d'elle, là où trônait quatre sourires, sincères et bienheureux...
Ce fameux jours...
Ce jour, il y a un an...Jour pour jour, heure pour heure...Je ne sais si les minutes comptent encore...
Nous venions de donner un concert à Paris, au Parc des Princes, aux Parc de "NOUS", insipide mélancolie des jours heureux et des mains qui tremblent.
Princes que nous étions...
Grandiose, énorme, jouissif, parfait, les maîtres mots d'un moment que nous avions calculé aux millimètres près pour le concrétiser avec génie...
Nous avons fêté ça ce soir là, entre les verres d'alcool et les proches, entre les clopes et les fans, entre notre énergie et notre fatigue...
Le coup de grâce, le coup de trop...
La photo a été prise dans cette boîte parisienne dont je n'aurais pas pris le temps de retenir le nom, où les paquets de clopes et les verres de champagnes rassemblaient le seul mélange de mon unique intérêt, Andréas derrière l'objectif...
Vers 3h00 du matin, j'ai regardé mon frère avec les yeux les plus langoureux du monde, le remerciant d'être toujours là pour moi, et le gratifiant d'une accolade chère à notre fraternité...Le cerveau imbibé d'alcool, nous nous sommes salement chamailler, se jonchant de coup de poing mal placé, de gifle sincère, le tout ponctué d'éclat de rire à s'en décrocher la mâchoire, seuls au monde assis sur nos petits culs qui valaient à l'époque des millions, nous nous acharnons à profiter de ce moment de folie passagère...Jusqu'au moment où mon visage d'alcoolique angélique s'est transformé en une grossière grimace digne des plus belles facettes de l'enfer...
J'ai vu mon frère se raidir, droit comme un piquet, le regard infiniment choqué...
Durant quelques minutes, je me suis tordu dans toutes les positions, j'ai fermé les yeux, j'ai pleuré des larmes de douleurs, mon visage a pris une couleur pourpre inquiétante, une main sur mon torse, je tentais de ralentir la course effréné de la toux qui s'était emparée de moi...
Douloureuse combinaison de bon sens, le bonheur me renvoyait en plein visage sa face obscure tandis que l'homme responsable du genre humain avait décidé de se jouer de moi...
Mon frère avait une main plaquer sur le visage, tandis que je tentais de réfréné la chute libre que mes poumons avait déjà bien entamé...J'ai toussé, beaucoup, énormément, jusqu'à ce qu'une indigne migraine pointe le bout de son indésirable petit nez écrasé.
Je fais signe à mon frère que ça va, ça va passé, ça passe toujours...Mais beaucoup plus vite d'habitude, et pas devant lui...J'ai voulu boire un verre d'eau, mais le verre s'est lamentablement écrasé au sol lorsqu'un spasme violent à repris le dessus...
C'est le cœur branlant et le corps misérable que j'ai senti ce goût indescriptible, métallique, ferrailleur, indésirable, se concentrer dans le fond de ma gorge, puis se faufiler le long de mes amygdales, pour lentement défiler sur le podium de mon menton, et enfin finir sa course sur mon pantalon...
J'ai baissé les yeux sur ma dernière quinte de toux, j'ai admiré le spectacle de mon œuvre, le regard amer et le visage ravagé de crevasses larmoyante...La tâche n'était pas impressionnante en soi, elle était seulement ce qu'elle était, rouge, épaisse, sanguine et pis encore...
C'est à dire tellement...
J'ai passé une main sur mon menton pour essuyer la sensation de chaleur qui gêne le flot indénombrable de mes pensées, le sang sur mes mains, nos regards se sont croisés, lui et moi avons compris que non, ce n'était pas rien, et que oui, cela devait arriver, le bonheur n'arrive jamais seul...
Retour à nos jours, un an après, jours pour jours, heures pour heures, et là c'est une certitude, les minutes n'ont plus d'importance.
Je touche cette photo une dernière fois et détourne mon regard de ce tableau des douceurs amers...Je sors de la chambre et rejoins mon frère qui m'attend devant la porte, comme tout les soirs depuis six mois...
Nous nous allongeons tout deux dans la cour verdoyante du jardin, entouré de monde et illuminé par la lune, il est 3h10 à ma montre, la nuit est magnifique, je sais ce que mon frère pense...
"Il rayonne de bonheur, mais je sais qu'au fond de lui rien ne va et je ne peux rien faire."
Il a raison...
Je suis seul à deux, il est deux à lui seul...Je n'ai pas pleuré devant lui, je respire la mélancolique joie de vivre, j'aime ces apparences trompeuses, lorsque la terrible vérité se trouve dans cette enveloppe morbide qu'est ma pauvre carcasse silencieuse, tout à une raison...Ma voix a tellement crié, qu'elle s'est elle même scellés quand elle en a eut envie...A qui la faute ? Une maladie ? Mais encore !
Je me répète sans cesse les mots qu'il m'a dit juste après le dernier son qu'à produit ma voix...
« Elle t'a peut-être fait taire, mais mon cœur à moi t'écoute toujours... »
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Bill réduit au silence...
Ma hantise....Votre avis sur le texte ? MERCI
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