[T.] J'ai perdu.

1. 2 Février 2010, le début de la fin.

Cela faisait seulement quelques minutes que je fixais cette étrange chambre. Tout était si vieux, et anxieux, parce que silencieux. Cet endroit au mur blanc recouvert de photographies poussiéreuses, ce lit deux places aux draps râpeux, cela change du satin et de la soie, on s’habitue trop vite aux bonnes choses. Le miroir à l’opposé me donnait un air de vieille sorcière, le maquillage noir avait coulé, le rouge à lèvre disparu, la seule couleur qui restait fut le bleu de mes yeux, malheureusement j’en préférais toujours le marron, des siens. Le voyage en train fatigue plus que l’avion surtout en première classe cela devait être la cause de mon visage.
Mon propre discours m’énervait, j’étais devenue comme lui qu’une garce égocentrique.

«Gabrielle » cria ma mère.

Sa voix, son timbre, l’intonation, et la force étaient si différents, que le son de ma mère, doux, joviale. La sienne était toujours avec une pointe de stresse, je lui répondais souvent qu’il n’allait pas me perdre. Enfin c’est sûr que maintenant il ne m’appelle plus.
Inspiration, expiration et surtout toujours sourire. Elle ne méritait pas de me voir triste. Parce que …
J’ai perdu mon aimé.

2. 4 Mars 2010, Alice

Je devais l’avoir épuisé pour qu’il ne m’appelle plus depuis deux jours, un mois ça devait être symbolique pour lui. Et moi ça faisait un mois que je ne faisais rien que ruminer mon passé ma mère m’a avoué qu’elle pensait que je serais déjà reparti vers lui. Une petite semaine avant j’avais retrouvé une amie sur Facebook, cela faisait un long moment que je n’y étais pas allée car je savais que les trois autres ou même lui, s’en seraient rendu compte, m’auraient posée des questions auxquelles je ne voulais pas répondre. Comme eux dans la plupart des interviews les interrogations comme : Chantelle et Tom, ou l’accident de Bill étaient à proscrire. Moi je savais tout, cela faisait depuis le collège que je les connaissais, les personnes qui sont maintenant les Tokio hotel.
Louisa, ex de Bill, d’il y a environ 6 ans, châtain clair, et déterminée voilà la seule chose que je me souvenais d’elle. Lors de notre rencontre, j’ai pu me souvenir qu’elle était incroyablement drôle, et c’est aussi ce soir là que j’ai pleuré toutes les larmes que j’avais retenu depuis ce temps là, car elle me rappela son humour.
Un mois que j’ai quitté les bras les plus chauds, le rire le plus unique, les yeux les plus envoûtants, les cheveux les plus doux, les lèvres les plus tendres. J’avais réalisé que j’avais quitté l’homme que j’aimais et que cela faisait mal.
Niaise vous pouvez le dire mais je n’avais connu que lui dans mes 21 ans, à part mon père mort, il y a 6 ans, il était le seul homme pour moi.
Je revis donc Louisa, dans un ancien bar de Magdebourg, j’y suis déjà allée avec lui. Une vague de souvenir m’attrapa, et je mis quelques minutes à reprendre une respiration normale. Elle sourit, un petit coucou de la main et je me retrouvais en face d’elle et d’un chocolat au lait.

Louisa : alors raconte moi ? Ca fait combien de temps toi et lui ?

Je ne pensais pas qu’elle attaquerait le seul sujet que je voulais éviter en premier. Surprise je répondis au tac au tac.

Gabrielle : ça aurait fait 6 ans.
Louisa : quoi ? C’est fini ? Après tant de temps ? Quand j’y pense suivre les Tokio hotel
Gabrielle : oui dis-je gênée en amenant la tasse à mes lèvres.
Louisa : cela fait longtemps ? dit-elle avec un ton calme.
Gabrielle : un mois.
Louisa : c’est récent, il vaut mieux éviter d’en parler.
Gabrielle : et toi tu fais quoi dans la vie ?
Louisa : la fac, dit-elle en souriant.
Gabrielle : de quoi ?
Louisa : droit.
Gabrielle : je suis contente pour toi vraiment.
Louisa : je comprends que tu l’ais quitté non mais sérieux tu faisais comment avec ses cheveux ?

Et l’on éclata de rire, simplement.
La conversation continua sans importance capitale, cela m’avait fait du bien et j’avais décidé de prendre le chemin de la faculté, en tant qu’intruse certes parce que j’étais pas inscrite mais histoire de faire quelques choses de mes journées, de trouver ma voie. Je retournai chez moi à pied une cigarette à la main, quand une fille à peine majeure m’interpella un peu plus loin que le bar.

« Tu les connais »

Reflexe, de suspicion, de peur.

Gabrielle : qui ?
« Les Tokio hotel »
Gabrielle : non, répondis-je d’un ton dur tout en contournant, cette fille aux cheveux noirs.
« C’était pas une question »

Mon cœur, se serra, je ne savais que trop bien ce que les fans maladivement envieuses pouvaient faire comme dégât, même s’il avait toujours su me protéger. Maintenant qu’il n’était plus là, j’étais comme une brebis au milieu des lions. Elle dût remarquer mon inquiétude car elle poursuivit.

« T’inquiète, je suis pas folle, je m’appelle Alice, je vais pas te faire du mal, okay, je veux juste te parler »
Gabrielle : ben voilà c’est fait, tu permets que je retourne chez moi ?

Et je commençai à reprendre le chemin de ma maison.

Alice : attends

Elle me bloqua le passage de nouveau et je pus voir le noir de ses yeux, son manteau gonflé, dévoilait à peine ses collants et ses bottes à talon. Elle représentait tout ce que je détestais une de ces filles que l’on voyait dans les reportages télé typique du groupe. Ces filles ultra maquillées avec une frange les cheveux teints en noir, aux vêtements composés de couleurs uniquement : noir, blanc et rouge. Qui portaient un culte aux étoiles, aux robes courtes agrémentées de converses et aux garçons.

Gabrielle : tu veux quoi ?
Alice : juste te poser quelques questions, tu les vois souvent ? Tu as vécu avec eux ? D’où tu les connais comme ça ? Et ton prénom ?
Gabrielle : mais qu’est ce que ça peux te faire ? En quoi ça te regarde, occupe toi de ta vie, en quoi être fan te permets d’être aussi harceleuse ?

Entre nous, j’avais toujours rêvé de faire ça. Car quand vous dormez tranquille et que vous êtes réveillé par un : Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilll !!!!!! Presque tous les jours par ce genre de fille, vous avez envie, croyez moi d’un alibis pour meurtre.
Je repartis, Alice, décida de me suivre.

Alice : tu veux quoi ? Que la communauté de Tokio hotel s’excuse ? Allez s’il te plait, juste quelques réponses.
Arrivée chez moi, elle était toujours, là et je réalisai que je l’avais amenée chez moi, je suis suicidaire ou quoi ?
Alice : s’il te plait, me dit elle en prenant mon bras
Gabrielle : je m’appelle Gabrielle, lâche moi, occupe toi de tes affaires.

Je refermai prudemment la porte derrière moi et montai dans ma chambre, poussai un soupir de soulagement, regardai mon portable resté comme puni sur ma table de chevet, 6 appels en absence 1 message vocale, 2 sms. Cela ne faisait que quelques jours que j’avais flanché je lisais ses messages, je n’avais pas lu ceux d’avant, trop douloureux.

« Tu me manques »
« Tu ne m’as même pas dit pourquoi tu es partie ni où tu es ? J’ai fait quoi ? Bordel je t’aime »

Efficace, ma culpabilité prenait des proportions inimaginables.
En une touche mon portable, me rapporta sa parole, sa voix.

« Gaby, c’est moi, je t’en prie réponds moi, dis moi juste si tu vas bien, où tu es, dis le aux garçons si tu veux pas que ce soit moi, en 6 ans avec toi je ne pensais pas que tu me laisserais comme ça, sans explications, s’il te plait réponds moi, si j’ai fais quelque chose dis le moi, je t’aime. »

Il dit ça comme si il récitait un texte, rapidement, mais sa voix tremblait. J’effaçai le message, puis regardai par la fenêtre, elle était toujours là, me fit même coucou de la main.
En une pression sur l’objet tenu entre mes mains, je serais à ses côtés, enfin si il me voulait encore. C’est pour ça d’ailleurs que je me sentais en sécurité. Plus tard dans ma chambre, couchée dans mon lit, mon portable s’éclaira, entre mes mains, je ne répondis pas, je ne savais pas quoi dire de toute façon. Et mes larmes coulèrent toutes seules comme d’habitude.

3. 5 mars 2010, J’aime me faire mal.

Je me préparais pour la fac, mes cheveux blond foncés attachés vulgairement, un jeans, un haut, qu’importe, je ne suis plus avec lui. A quoi bon être jolie ? Si ses yeux ne me regardent pas ? J’allais retrouver Louisa en droit, on verrait bien si ça me plairait. Cependant, je ne m’attendais à ce qu’Alice fût devant ma porte.

Alice : salut
Gabrielle : salut, écoute laisse moi tranquille.
Alice : juste quelques questions
Gabrielle : je vais à la fac, je n’ai pas le temps
Alice : comment tu les as rencontrés ?
Gabrielle : tu promets de plus me suivre ? Si je te réponds ?
Alice : promis
Gabrielle : au collège

Elle s’arrêta, sourit de toutes ses dents, puis me rejoignit en trottinant

Alice : tu veux que je t’accompagne à la fac ?
Gabrielle : non ça va
Alice : j’y vais aussi on peut faire le chemin ensemble
Gabrielle : si tu veux, capitulais-je

On marcha quelques instants, je cherchais mes cigarettes mais je ne les trouva pas, j’espérais que ma mère non plus. Quand Alice m’en tendit une, avec le briquet.

Gabrielle : merci, je te revaudrais sa.
Alice : d’accord, avec lequel tu es sorti ?
Gabrielle : pourquoi tu crois que j’étais avec l’un d’entre eux ?
Alice : on n’amène pas une fille au bout du monde, comme ça pendant 6 ans.
Gabrielle : mais comment tu sais ça ?

La pluie commençait à tomber, le printemps, et cette fille me tapait aussi sur les nerfs, elle était trop sûre d’elle.

Alice : dans le bar, avec ta copine
Gabrielle : tu nous as écoutées !

Je me plantai devant elle, étonnée.

Alice : pur hasard j’étais derrière toi, j’adore ce pub

Et je partis un peu plus rapidement, la laissant.

Alice : la fac c’est là bas, me cria-t-elle

Je me retournais, elle me regardait et pointait la rue opposée où je me dirigeais. Je repris le chemin avec elle, ne sachant pas vraiment où était cette fac.

Alice : désolé, j’aurais pas dû, mais, enfin je le fais toujours écouter les autres parler, j’ai un peu l’impression d’être ailleurs comme ça, ailleurs qu’ici.

Ca je connaissais cette envie de vouloir être à l’autre bout du monde plutôt que l’endroit si beau soit-il où l’on est. On accéléra le pas, la pluie se densifiait et elle me mena jusqu’à Louisa. Quand je l’aperçus, je me tournai vers Alice.

Gabrielle : merci de m’avoir amené. J’étais avec Gustav et la séparation était difficile, je ne veux pas en parler.
Alice : ah bon ? Une blonde aux yeux bleus, j’aurais plutôt parié sur Tom mais bon.

Elle me déstabilisé, évidement ce n’était pas Gustav mais c’était le moins demandé. Je craignais sa réaction si elle avait su à qui j’avais pris son cœur. Pour peu que ce soit celui sur qui elle avait mis son obsession.

Alice : je te retrouve après si tu veux, sa t’évitera de te tromper.
Gabrielle : ne t’inquiète pas pour moi.

Evidemment après le cours, je décidai que le droit n’était pas fait pour moi du tout, trop de mots à la suite les uns des autres trop compliqué à suivre. Alice était là, à la sortie.

Gabrielle : tu ne lâches jamais l’affaire ?
Alice : non, par contre sa te dérangerais de te dépêcher ? Normalement un reportage va passer à la télé d’eux et je veux le voir. Viens chez moi !

Je ne sais pas pourquoi j’ai dis oui ou ce qui m’est passé derrière la tête, parce que je l’ai suivi, j’ai toujours vécu à cause de lui entouré de monde, voir trop. Alors une semaine avec ma mère, presque uniquement, j’avais besoin de quelqu’un d’autre. Alice était une personne bien au fond, du moins je l’espérais.
Elle me fit prendre le bus et en un peu plus d’un quart d’heure nous nous retrouvons devant un jardin composé d’une table et trois chaises en plastiques, la façade était jaune sale. Sa maison n’avait pas dû être rafraîchi depuis des années. L’entrée, le couloir, le salon était une maison banale fait d’objets ramené de vacances, et de livres vieux des années 90.
Arrivée dans sa chambre elle se jeta sur la télé, mit RTL. Pendant que moi je restais bloquée à la porte, la chambre n’avait pas de tapisserie ou de peinture, les posters des garçons l’avaient remplacée. C’était plutôt effrayant de les voir, le voir, autant, je me demandais dans quoi je m’étais fourrée encore une fois, un nids à ennuis je suis.

Alice : ouais, je sais mais ça me donne l’impression qu’ils sont là, de les voir sur les murs
Gabrielle : ouais c’est limite stressant tu trouves pas qu’il te regarde un peu trop ?
Alice : des fois oui
Gabrielle : je n’oserais même pas me déshabiller dans cette chambre

Son rire était fabuleux, je n’avais jamais autant apprécié un rire à part le sien. Pourquoi fallait il toujours que je ramène tout à lui ? Alice me sortit de ma torpeur en criant presque.

Alice : les voilà, regarde ton ex.

Mes yeux me trahissaient, et je me sentis encore plus seule que je ne l’étais, à le voir dans cet aéroport, où toujours trop de fille l’attendait, habillée de noir.

Alice : Tom et Bill sont trop beaux
Gabrielle : et de près il l’est encore plus, chuchotais-je vite
Alice : lequel ? Je croyais que c’était Gustav
Gabrielle : oui, euh, c’est vrai mais ça ne m’empêche pas de les trouver tous beaux.
Alice : bon on fait quoi ? Tu ne peux pas les appeler pour les rejoindre en suède ?

Je la regardais bizarrement, quand elle éclata de nouveau de rire.

Alice : je rigole, mais pourquoi tu es venue, tu voulais pas que l’on parle de lui, mais tu es venue, je sais pas c’est pas logique.
Gabrielle : je ne sais pas, on est pas un peu masochiste lors d’une séparation, si j’avais su combien ça faisait mal de le quitter j’aurais sans doute fait les choses autrement. Il me manque, et il m’appelle presque tout les soirs, et je ne réponds pas et tout les soirs et …

J’ai tout lâché comme une idiote mais avant que je finisse mon mélodrame elle me prit simplement dans ces bras. Et je ne pensais pas que c’était si bon, d’avoir quelqu’un autre que lui.

4. 8 Mars 2010, fumer tue.

Cela faisait 3 jours, que je respirais. Alice était une personne extraordinaire, elle essayait de modérer son côté fan. Et j’essayais de supporter sa passion. Mais des fois elle ne pouvait s’empêcher de me demander. Si tout le groupe fumait, si Bill avait vraiment eu les cheveux blonds étant jeune, quel était le repas préféré de Georg ou si un jour on avait réussi Gustav et moi à manger dans un restaurant en dehors de l’hôtel Elle me retrouva ce jour là vers 13 heures pour que l’on aille déjeuner au parc. Assises à l’ombre d’un arbre, sur un banc en fer vert, les gens passaient devant nous, par deux la plupart du temps. Cela me ramenait à lui, toujours tout revenait à lui.

Gabrielle : je t’ai apporté quelque chose, je suis sûre que ça te fera plaisir

J’attrapai la grosse boule de mon sac, un gilet super large avec l’étoile derrière, certes je suis sure que l’on trouve le même sur eBay mais bon.

Alice : le gilet de Bill !! … Pourquoi la taille est si grande ?
Gabrielle : c’est Tom qui me l’a filé.
Alice : tu me le donnes ?
Gabrielle : il ne me rappelle pas des bons souvenirs pour l’instant mieux vaut qu’il soit à toi
Alice : le gilet de Tom donc, tu ne pouvais pas trouver meilleur cadeau d’anniversaire !

Je n’en savais rien. C’était quelques jours plus tard que j’eus fait un tri dans une de mes valises que je me suis dit qu’il lui serait plus précieux à elle qu’à moi.

Gabrielle : joyeux anniversaire, pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ?
Alice : je ne sais pas, je n’aime pas trop ce genre de chose
Gabrielle : tu devrais célébrer ça avec tes amis ce soir, je peux les contacter si tu veux.
Alice : non tu sais mes amis ça fait longtemps que je ne leur parle plus trop.

Je vis dans son regard qu’il ne fallait pas continuer, et comme elle prenait tant de précaution envers mes sujets interdits, j’en fis de même avec les siens. On marchait dans la rue, rigolant de sujets normaux. Je cherchais encore mon paquet de cigarette dans mon sac noir.

Gabrielle : mince, il est où ?
Alice : attends il doit m’en rester une.
Gabrielle : non c’est bon, regarde il y a un bureau de tabac là bas.

POV Alice

En fouillant rapidement dans mon sac, m’aperçus que j’avais mon paquet de clope. Je relevai les yeux, vers Gabrielle, qui commençait à partir. Ce qu’elle pouvait être superbe, elle devait atteindre le 1M75, un 36 de pantalon, des seins plus qu’enviables. Des cheveux blond foncés avec des boucles, des anglaises, je me suis imaginée quand elle les lissait, ils devaient atteindre le creux de ses reins. Des yeux bleu foncés légèrement entourés de noir. Pour couronner le tout des lèvres charnues toujours teintées de rose. Cette fille était un mannequin, ambulant, je l’enviais plus ce que le convenable aurait permis.
Elle était proche de moi, je la vis commencer à traverser. Quand j’aperçus la voiture s’approcher d’elle, je courrai et la poussa violemment sur le sol. Me retrouvai à ses côtés par terre. Mon corps était douloureux mais je vis du sang près de la tête de Gabrielle. Peu après les sirènes hurlèrent, des gens, des sauveteurs sans doute, venaient vers nous.