[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

Malgré l'envie de lui arracher ses vêtements, je repris mes esprits, et lui lançai :

Il soupira, et reprit de plus belle ses assauts de baisers enflammés.

Pas de réponse.

Sa seule réaction fut de passer sa langue sur ma peau, me faisant presque perdre la raison.

Il grogna un peu, et me lâcha enfin. Il regarda l'œuvre sous plusieurs angles.
Il me prit le fusain des mains, et ajouta quelques détails qui m'avaient totalement échappé.
Le peu de couleurs que j'avais introduites dans ce tableau n'étaient pas assez soulignées.
Il se chargea donc d'ajouter ce qu'il manquait, puis me regarda, comme pour jauger son travail à travers mes yeux.

Il recommença donc ses câlins là où il les avait arrêtés, et je ne le stoppai plus une seule fois de la nuit...

[…]

Cela faisait un mois que nous étions là. Je n'étais pas retournée à la boutique depuis deux semaines,
de peur de recroiser Tom, et de ressentir le même vide en moi que la dernière fois.
J'y envoyais Matt, qui commençait d'ailleurs à trouver étrange que le vendeur lui demande à chaque fois quand est-ce que j'allais enfin venir les revoir.
Je m'en fichais éperdument, et ne lui avais jamais raconté la rencontre hasardeuse faite ce jour là.
Ce matin-là, je cherchai encore un dessin au fusain parfait, pour compléter la collection d'œuvres exposées.
Matteo était parti à la plage pour la journée, mais j'avais refusé de le suivre,
parce qu'il fallait à tout prix que je dégote ce petit plus, le vernissage se rapprochant peu à peu.
Quelqu'un sonna à la porte, ce qui me surpris dans un premier temps.
Je me dirigeai donc, peu rassurée, vers la porte du loft, avant d'entendre une voix familière.

Julie rit, et je réalisai à quel point je me rendais ridicule.

J'explosai de rire, et décidai de taquiner le chanteur.

Nous nous installâmes donc dans le salon, et je leur proposai de boire quelque chose, ce qu'ils acceptèrent.
Pendant que je m'activai dans la cuisine ouverte, je les vis se lever et faire le tour de l'appart'.

Les larmes montèrent toutes seules jusqu'à mes yeux, et je serrai les poings, pour ne pas les autoriser à couler.

Sa voix avait une tonalité profonde, triste, comme si il méditait et cherchait à mettre des mots sur les sentiments de son frère.
Il leva la tête, ses yeux cherchant les miens, et nous nous fixâmes un moment.
Julie posa sa main sur celle du chanteur, et il sourit faiblement.

Je ne dis rien, et fondis en sanglots.
Non.
Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas me faire ça.
Pas après tout ce temps, pas après que je me sois si durement remise de son départ.
Non.
Je refusais qu'il brise mon bonheur.

L'androgyne ouvrit de grands yeux, choqué. Julie l'enlaça, comme pour le calmer et lui éviter de craquer.
En effet, même si ils n'étaient pas ensemble depuis longtemps, on aurait pu croire le contraire.
Elle avait déjà saisi tous les gestes à faire pour apaiser le brun, gestes que seul Tom et quelques amis proches et de longue date connaissaient.

Silence lourd, pendant lequel la voix au fond de moi en profita pour prendre le dessus sur ma raison et ma douleur,
et me hurla qu'au fond, je l'aimais encore, moi aussi.
Une autre voix, plus discrète, me susurra que Matteo était l'homme de ma vie,
et qu'il ne fallait pas que je remue ce passé trop douloureux pour moi.

Le regard de Bill était dur, comme si il me reprochait mon attitude envers son frère.

Ils se levèrent, comme un seul être, et se dirigèrent vers la porte, que je leur ouvris.
Je les regardai s'éloigner, main dans la main, avec toujours cette même aura qui les entourait. Je fermai ensuite la porte,
et hurlai un bon coup pour évacuer la peine et la rage qui étaient progressivement montées en moi lorsque le couple était encore là.

Je tremblai de colère, les larmes tombaient en cascade sur mes joues, et je ne sus quoi faire pour me calmer.
Je me ruai sur le carton des dessins, des brouillons et différentes feuilles à jeter, et les saisis pour les déchirer violemment,
et les laissai tomber sur le sol. Je finis par shooter dans le carton et m'effondrai à genoux,
les mains se saisirent de mon visage et je pleurai sans cesse jusqu'à épuisement.
Je me plaçai alors en position fœtale, et m'endormis, lasse d'avoir tant évacuée d'émotions de façon si intense.

[…]

Il se précipita vers moi, et me souleva doucement du sol, les larmes aux yeux, et semblait complètement paniqué.

Il m'embrassa le front, et me déposa sur le lit, avant de se mettre en boxer et de me rejoindre.
La chaleur de ses bras me réconforta, et je me rendormis sans peine en pensant que sans lui,
je ne saurais vraiment pas ce que j'aurais fait, ce que je serais devenue, ces trois dernières années...