[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

Matteo ne tenait plus en place, ce matin-là.
C'était compréhensible, car aujourd'hui, c'était le jour J : le vernissage.
Je n'avais toujours pas réussi à dénicher un dessin au fusain valable,
j'avais donc demandé au galeriste d'en choisir plusieurs pour moi.

Il rit, en me prit dans ses bras.
Nous restâmes l'un contre l'autre, sans dire un mot, nous n'en avions pas besoin.
Il était mon pilier, celui sur lequel je pouvais compter, mon amour.
Il m'embrassa sur le front avant de dire :

Nous nous mîmes en route et nous arrivâmes assez rapidement à la galerie.
Tout était comme nous l'avions demandé : que ce soit les œuvres de Matteo ou les miennes,
toutes étaient disposées sans les distinguer.
Certaines de nos toiles à quatres mains étaient, elles, plus mises en relief.
Notre titre d'expo semblait, au premier abord, un peu nian nian :
« Together Forever : The Birth and Death of Love, by Anna and Matteo S. ».
Mais il résumait très bien les différentes ambiances, de la joie, l'euphorie du début d'une relation,
à la désolation, la peine et le vide d'une séparation.
Les effets de lumières étaient captivants, des jeux de noir, rouge, rose, blanc, jaune.
J'ouvris des grands yeux émerveillés, et Matteo fit de même.

Le galeriste, John, nous rejoignit, un sourire géant lui fendant la figure.
C'était un homme qui avait une trentaine d'année, était blond, les yeux bleus et la peau caramel,
résultat d'un mélange d'UV et de soleil naturel.

Nous nous dirigeâmes vers un espèce de corridor, mis en relief par son côté sombre,
éclairé par des spots noirs et rouges. L'ambiance me plut directement,
mais je me demandai quels dessins il avait choisi pour créer une ambiance aussi triste, aussi oppressante.

Je fondis en larmes, en voyant les différents portraits de Tom, les uns à la suite des autres.
Au dessus d'eux, l'extrait de « Rette Mich », en allemand et en anglais pour la traduction, en plus petit.
Cet extrait que j'aimais tant,
et que je m'étais acharnée à recopier encore et encore après avoir terminé chacun de mes portraits.

« Komm und Rette Mich, Ich verbrenne innerlich,
Komm und Rette Mich, Ich Schaffs Nicht, Ohne Dich... »

Je me rappelai de chacun, de chaque moment pendant lesquels je les avais créés.
Le plus sombre d'entre eux, était celui qui avait été le plus mis en valeur...celui sur lequel j'avais pleuré,
juste avant de rentrer de Berlin, quand Tom avait cru que je sortais avec son frère.
Il y avait même une petite biographie du groupe, pur expliquer l'origine de la chanson.
John ne comprit pas pourquoi je pleurais, et appela Matteo.
Ce dernier grimaça en voyant les portraits, mais n'osa pas s'en prendre au galeriste,
sachant pertinemment que c'était moi qui avais donné mes cartons,
et donc que le jeune homme n'avait fait que son travail en choisissant les meilleurs, selon lui.

J'acquiesçai et nous rentrâmes donc au loft.
Je me dirigeai directement sur notre lit, ou Matt me rejoignit, se collant tout contre moi pour me rassurer.
Il ne dit rien, se contenta juste de m'embrasser la nuque de temps à autres.
Je m'endormis doucement, au chaud dans ses bras protecteurs.

[…]

Il n'arrêtait pas de sauter sur le lit, riant comme un enfant.
Je souris, attendrie.

Il baissa un peu le regard et rougit.
Il se laissa tomber à mes côtés, m'embrassa le front, me saisit les mains et planta ses yeux dans les miens.

Je ris, et mes lèvres capturèrent les siennes tendrement.

Je sentis mes joues brûler à mesures qu'elles devenaient rouges.

Comme pour me sauver de cette ultime tentation, quelqu'un sonna.
Je me levai donc, suivie de près par Matteo, qui n'entendait pas me lâcher.
Je courus, mais il m'attrapa par la taille, nous explosâmes de rire, et c'est enlacés et hilares que nous ouvrîmes la porte.

Mon cœur cessa de battre.
Puis il se mit à tambouriner de toutes ses forces contre ma petite poitrine,
tellement fort que j'eus l'impression que tout le monde pouvait l'entendre.
Je souriais à présent de toutes mes dents, les larmes aux yeux, face à ce visage si familier,
cette voix si attendrissante, cette silhouette si rassurante.
Mon bisounours se tenait là, devant moi, dans un état semblable au mien.

Nous nous sourîmes, et je réalisai que je la considérais déjà comme une amie,
sans pour autant la connaître réellement.
Elle se saisit de ma main pour la serrer dans la sienne, timidement.
Je la pris dans mes bras, dans un élan de tendresse envers ce petit bout de femme si prévenante.
Elle rit légèrement, et lorsque je desserrais mon étreinte, je l'aperçus piquer un fard.
Gustav lui nous regardait, un peu abasourdi, et je savais que Matteo devait être dans le même état d'esprit.

Je me retournai face à l'intéressé, qui me fit un de ses plus beaux sourires, plein de malice.
Il semblait heureux que son plan ait fonctionné, et que la surprise soit totale.

Ils entrèrent donc et nous installâmes au salon, parlant de tout et de rien.

Ileana rougit légèrement avant de reprendre.

Nous rîmes tous, et Ileana baissa les yeux, confuse.

Il lui releva le menton, attendri, et la fixa intensément dans les yeux.

Il l'embrassa tendrement, et je me sentis toute émue de les voir si heureux ensemble.
Matteo m'enlaça, lui aussi assez ému.

J'ouvris de grands yeux émerveillés.

Je tirais la langue aux deux garçons, amusés de leur taquinerie.
Puis en levant la tête vers l'horloge qui se trouvait au-dessus de la télé...

Un grand sourire reconnaissant s'étira sur mes lèvres,
te nous laissâmes donc la salle de bain aux garçons pour qu'ils se préparent comme il se doit.
Pendant ce temps, Ileana m'aida à choisir une robe de cocktail, des chaussures et les différents accessoires.
En un quart d'heure, les garçons furent prêts.
Magnifiques et prêts.
Nous embrassâmes chacune respectivement notre homme, et ils partirent.

Au bout d'une demi heure de préparation, nous étions prêtes, elle dans une petite robe bleue,
mettant ses yeux en valeur, moi dans une petite robe rouge, pour être en accord avec le thème de mon exposition.

Nous rîmes de bon cœur,
et une fois les marques violacées dissimulées, nous partîmes en direction de la salle.