[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

« Nouveau message de Bill =) :
T'inquiètes, tu peux ramener tes fesses, il est pas là.
A tout' ma puce. <3 »

Un sourire triste passa brièvement sur mon visage. J'espérais bien qu'il ne soit pas là.
Je sonnai, un peu indécise devant l'entrée de leur immense villa californienne.
On ne voyait rien de l'extérieur, sûrement pour qu'ils soient prémunis contre toutes les nuisances de Los Angeles.
Mais rien que le portail de trois mètres de haut donnait le ton.
La démesure, chez les Kaulitz, c'était décidément tout un art.

Un sorte de clic bizarre retentit, et le portail s'ouvrit doucement. J'entrai donc, et il se referma aussitôt sur moi.
Je restai bouche-bée devant ce terrain : un jardin immense, une piscine, un jacuzzi,
une des voitures des garçons garé dans l'allée, et leurs chiens qui vinrent me faire la fête...
cet endroit était paradisiaque.
Calme. Beau.
Je me sentis tout à coup mal. Ils avaient choisi leur maison, avant notre séparation.
Ils avaient tout fait pour que ce ne soit pas étouffant, pas comme leur appartement en plein cœur d'Hambourg.

Je ne pus répondre quoi que ce soit, sonnée par ce que je voyais.
Par ce que je comprenais en voyant cette maison.
Je devais être la plus rapide possible. Annoncer mon départ, et m'en aller.
Ou cet endroit allait me détruire.

Le silence qui s'installa alors fut insoutenable.
Un mélange de peine et de colère lui passèrent sur le visage,
ses yeux m'envoyaient des éclairs, me foudroyant sur place.
Il n'était pas content.
Vraiment, vraiment pas content.

Il planta ses yeux dans les miens, me saisit les mains un peu brutalement.
Il me fit presque peur, et me rappelait le Bill, qui 3 ans auparavant, m'avait agressé dans l'aéroport d'Hambourg.

Il ne dit rien, me dévisagea juste, impassible.
Puis il me lâcha les bras, geste signifiant sûrement que je pouvais disposer.
Julie sortit à ce moment précis, et il la retint, pour qu'elle ne puisse venir jusqu'à moi.

Je me retournai, tête baissée,
et me forçai à ne pas entendre mon amie s'époumoner derrière moi
pour que je lui explique ce qu'il me passait par la tête. Bill la tenait toujours fermement, je suppose.
Sinon, elle m'aurait déjà sauté dessus. Le portail s'ouvrit, et le silence se fit chez les tourtereaux.
Je relevai les yeux, et croisai le regard choqué de Tom, au volant d'une de ses nombreuses voitures de luxe.
Je courus hors de la propriété, et m'empressai de monter dans ma minable voiture de location.
Direction : l'aéroport.

C'est sans regret que je voyais s'éloigner les traits des cette ville qui n'avait jamais été mienne à travers le hublot.
Je me sentais seule, lasse, et pressée de retrouver Katerin qui était la seule, là-bas, au courant de mon retour.
J'avais pris, pour m'occuper, de quoi faire des croquis...mais la seule image qui me venait en tête était celle de Tom.
De quoi me vacciner sérieusement, même contre un truc aussi vital pour moi que le dessin.
Alors, la seule chose que je trouvais à faire, c'est dormir.

[…]

Tous le monde nous observait, mais on s'en fichait éperdument.
Cela faisait plus de six mois que je ne l'avais pas vu,
car elle était partie deux mois en Angleterre avant notre départ, à Matteo et moi, pour les États-Unis.
Nous nous sautâmes dans les bars l'une de l'autre, rîmes à gorge déployée.

Nous rîmes encore, et partîmes bras-dessus, bras-dessous.

[…]

Je me réveillai, complètement dans le flou.
Ouch. 14H30.
C'est ce qui s'appelait se prendre le décalage horaire en pleine gueule.
Je me levai donc, traînant des pieds, sans même savoir pourquoi je faisais ça.
J'aurais bien dormi trois heures de plus.

Elle explosa de rire, et je ne compris pas tout de suite pourquoi une telle joie l'animait.
Toujours la tête dans le coaltar, je m'avançai vers la porte.
Je levai enfin les yeux embués vers notre visiteur.
Ileana se tenait là, morte de rire.

Elle m'enlaça amicalement, avant que Kat ne l'invite à entrer,
trop endormie que j'étais pour le faire moi-même.
C'était étrange, car même sans qu'il soit là, je sentais la présence de Gustav dans chaque geste de sa fiancée.
C'était fascinant, mais aussi très troublant.
Deux êtres qui s'aiment au point d'être constamment entouré d'une aura d'amour rappelant l'autre...
je pensais furtivement à Tom, avant de me forcer à l'oublier, pour éviter une scène tragique,
alors que mon amie semblait tellement heureuse.

Son sourire s'étendit un peu plus sur son visage rayonnant.
Nous ne nous dîmes rien, et nous contentions de sourire.

Elle se tut, prise d'une tristesse que je ne pus nommer, baissa la tête,
puis la releva, plantant son regard embué de larmes dans le mien.

Je ne sus quoi dire.
J'étais choquée, mais en même temps attendrie que l'attention que me portait Gustav ne soit pas totalement éteinte.
Seulement, il allait falloir que je lui parle, parce qu'il avait,
inconsciemment sûrement, blessée sa chère et tendre dans son amour-propre et sa confiance en elle.
Je me levai donc, et allai m'accroupir devant Ileana,
qui essayait tant bien que mal de retenir ses larmes.

Elle rit à ma dernière remarque, et je me sentis mieux.
Elle semblait rassurée, et l'amour qu'elle éprouvait pour lui se lisait sur son visage.

Elle explosa de rire.
Ses yeux pétillaient de bonheur, et je compris à cet instant précis que tout était réglé.
Le mariage serait sûrement un moment magique pour ces deux-là,
et je fus presque pressée d'y être, pour les voir s'unir pour la vie.

Elle m'enlaça, puis partit, tout sourire. Kat sortit alors de sa chambre, et elle me sourit, elle aussi.
Ces trois prochaines semaines allaient être palpitantes.