[T] Cap Ou Pas Cap ? [Part.Zwei]

J’ai beau crier son nom, lui donner des claques dans le visage et le secouer rien ni fait. Il reste allongé par terre, la bouche entre-ouverte, les yeux fixant désespérément le plafond de dalles grises…

Bientôt une ambulance arrive. Toute la classe est évacuée et je vois des types mettre le corps de Tom sur une civière et se dépêcher de sortir du lycée, tout en lui collant un masque à oxygène… putain, mais qu’est-ce qu’il avait encore fait de con ? Les larmes coulent à une vitesse folle le long de mes joues. Et dire qu’il y a à peine une heure j’aurais pus l’étrangler de mes propres mains… si j’avais assez de force évidemment…

Je regarde l’ambulance quitter l’enceinte du lycée, seule devant le portail, sous la pluie, en pull désormais trempé de mes larmes et des gouttes qui tombent du ciel. Mes mains sont cachées sous les manches et cachent ma bouche et mon nez. Je ne veux pas que l’on voit mon visage…

Je venais enfin de sortir de cours. Même si finalement j’aurais préféré rentrer chez moi après le malaise de Tom… je sais pas pourquoi je suis restée ici.
Je pars en direction de l’hôpital. Mais au bout de 20 minutes de marche j’en ai marre. Je fais du stop. Un homme s’arête alors à côté de moi. Il ouvre sa fenêtre côté passager.

Homme _ Salut. Tu veux aller où ?
Moi _ A L’hôpital.

Je renifle et visiblement il ne cherche pas à en savoir plus.

Homme _ Monte.
Moi _ Merci.

J’ouvre la portière et m’assois sur le siège passager. Je ne parles pas. Et il ne cherche pas à me poser des question. Je le remercie de tout cœur.

5 minutes plus tard on arrive à l’hôpital. Il se gare sur le parking.

Moi _ Merci beaucoup.
Homme _ De rien.

Il me sourit et je referme la portière. Je regarde la voiture s’éloigner.
Je regarde l’immense bâtiment et me dirige vers la porte d’entrée. Elle s’efface devant moi. Je m’avance dans l’entrée et me pointe à l’accueil. Je veux voir Tom. Mais je déteste cet endroit. Je hais les hôpitaux. Et j’ai peur aussi. De ce que je pourrais découvrir en voyant Tom… je fais demi-tour.

… _ Kiny ?

Je me retourne. Gordon.

Moi _ Oh, Gordon !
Gordon _ Kiny ! Tu es venue voir Tom ?
Moi _ Oui… enfin à la base j’étais venue pour ça… mais finalement je… je peux pas.
Gordon _ Allez viens là…

Il m’ouvre ses bras et je me réfugie dedans.

[…]

Je suis dans la voiture de Gordon. Il me raccompagne chez moi. C’est gentil de sa part. j’ai envie de lui demander qu’est-ce que Tom a… mais j’ai peur encore…

Gordon _ T’es sure que ça va aller ?

Je secoue la tête affirmativement. Il me sourit. Et replace son regard sur la route.

On vient d’arriver devant mon lotissement. La voiture s’arrête lentement. J’ouvre la portière.

Moi _ Merci.
Gordon _ De rien Kiny !

Je lui souris et m’approche de lui. Je lui dépose un baiser sur la joue et sors de la voiture. Il me lance à nouveau un sourire et je referme la portière. Je regarde sa voiture s’éloigner et je prends le chemin vers chez moi.

Arrivée à 10mètres de ma maison je me mets à tousser. Avec la veine que j’ai, j’ai dus chopper froid tout à l’heure quand j’étais sous la pluie. Je porte ma main à ma gorge. Et je sens son* collier accroché à mon cou. Je ne voulais pas qu’il me fasse la gueule. Bon à la base c’est moi qui étais partie pour la lui faire mais… je crois qu’il avait entendu un mauvais bout de phrase de ma conversation avec Tom tout à l’heure… et je voulais m’expliquer avec lui… je savais bien qu’il refuserait de m’écouter… mais fallait bien que j’essaie hein…
Je change alors du côté de la route et rentre dans la court de mes voisins d’en face. Je frappe à la porte. Jörg vient m’ouvrir.

Jörg _ Tiens, salut Kiny.
Moi _ Salut… Bill est là ?
Jörg _ Oui il est rentré tout à l’heure… il doit être dans sa chambre là. Mais je sais pas ce qu’il fait, ça fait un bon moment que j’entends rien. Peut-être qu’il dort, il avait une sale tête quand il est rentré.
Moi _ Possible oui…
Jörg _ Tu veux le voir ?
Moi _ Oui je voudrais… enfin il faut que je lui parle.
Jörg _ Ba rentre.

Il s’efface et referme la porte derrière moi. Sans rien ajouter, je me dirige vers le fond du couloir et monte les escaliers lentement. Arrivée devant la porte, je pose la main sur la poignée, frappant légèrement contre le bois de l’autre. Aucune réponse. Alors je pousse la porte. Je rentre dans la pièce.

Et là… j’ai le sentiment que mon âme sort de mon corps, je vois la scène mais je ne suis pas dans mon corps… je hurle… mon corps hurle… mon cœur hurle… et moi je regarde la scène horrifiée, pendant que Jörg monte les escaliers en courant, Bill, soigneusement allongé dans ses draps blancs maintenant sombrement tachés de rouge…