[T.] Aime-moi, Anna...aime-moi. II

Je me levai, le lendemain, assez tard. J'avais dormi toute seule,
et m'inquiétai que Matteo ne m'ait pas rejoint dans la matinée, comme il m'avait juré de le faire hier soir.
Je me dirigeai donc vers la partie atelier de notre loft. Une partie plutôt isolée, pour que lorsque nous créions,
nous nous sentions comme dans monde à part. Je me dirigeai donc vers cet endroit, et me retins de pouffer de rire en voyant Matt.
Il était tombé de sommeil, sur un fauteuil, en retrait, et avait ce sourire satisfait sur son visage,
celui qui voulait dire que son tableau était fini.
Ce dernier était recouvert d'un tissu, pour me faire une surprise sans doute.
Le sol était jonché de gobelet de café du Starbuck du coin de la rue, preuve qu'il en avait plus qu'abusé cette dernière semaine.
C'était le chaos, et je dus enjamber aussi plusieurs cartons de peinture, entre autres.
Je m'avançai peu à peu vers le corps endormi de mon homme, qui n'avait d'homme que le nom, en ce moment précis.
Le sommeil était l'instant où il avait l'air le plus innocent, le plus enfant.

Je n'osai pas le réveiller, car il avait définitivement besoin de dormir,
et il ne se réveillerait pas avant la fin de la journée. Je l'embrassai tendrement sur le front,
et me saisis du plaid qu'il n'avait même pas eu le temps de poser sur lui, et l'en recouvrit.
Je décidai de préparer les œuvres que je voulais exposer, en attendant que la marmotte sorte de sa torpeur.
J'avais déjà choisi les tableaux, et il ne me manquait plus que quelques dessins au fusain.
J'entrepris donc de dégoter les plus beaux, et me mis à fouiller mes cartons, pleins de vieux, ou de nouveaux dessins.
Je les passai tous, un par un, sans réussir à trouver LA perle. Tout cela m'exaspérait.
Comment était-ce possible qu'aucun de mes dessins ne me tapent à l'œil ?
Alors que chacun d'eux a généralement une histoire, un but, un ressenti au moment même où je les avais faits.
Je décidai d'aller me promener pour me détendre un peu.
Je laissai un mot à Matt, sachant pertinemment qu'il ne serait sûrement pas réveillé à mon retour.
Une fois dehors, mon portable sonna. Je décrochai, tout en continuant à marcher.
Le numéro était inconnu.

Elle raccrocha et je me stoppai une minute, ou deux, je ne sus pas.
Elle devait être sacrément géniale, cette fille. Et l'aimer de tout son être.
Parce qu'oser, malgré sa nature jalouse, appeler une ex de son futur mari pour lui proposer de se rencontrer,
tout ça parce que cette ex a un lien important pour lui...il en fallait, des tripes, pour faire ça.
De l'amour aussi.
Je me dis alors que je l'admirais, sans même la connaître.
Je fus surprise de me rendre compte que mes pas m'avaient ramenée à la boutique de musique et de peinture.
Je me souris à moi-même, et entrai donc dans cet endroit qui semblait enchanté.
Le vendeur me reconnut et vint directement me parler :

Mais qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ?
Il ouvrit enfin une porte, derrière laquelle se trouvait un des plus beaux pianos que j'avais jamais vu de ma vie.
Une jolie jeune femme, d'un blond naturel resplendissant, était assise là, avec grâce, et semblait composer une chanson.
Elle ne nous remarqua même pas, et se saisit d'un violon posé à côté d'elle avec lequel elle joua une mélodie émouvante,
puis la reprit au piano, un ton en dessous, avant de se précipiter sur sa partition afin de tout prendre en note.

Je redescendis de mon nuage à l'entente du nom du chanteur.

Je ne sus quoi dire d'autre, il avait tout simplement attisé ma curiosité.

Il avait les yeux rêveurs,
et je sentis à ce moment-là que le vendeur donnerait tout pour être à la place de ce petit couple,
et lui aussi avoir trouvé sa moitié.