[T] Amour à Hamburg.

Du côté de Bill :
La vie est étrange parfois. C’est étonnant de voir comme une seule chose, une seule personne, une seule rencontre peut tout changer. De voir qu’une fille dont je ne sais rien me fait espérer à ce point que tout peut encore s’améliorer. Et aussi de constater qu’une autre fille peut gâcher la vie de quelqu‘un. Je ne sais pas ce que Gustav trouvait à Emily et je ne pense pas qu’elle l’ait aimé un jour mais elle reste ancré dans sa tête. Se faire trahir par quelqu’un qu’on aime est très dur. Je le sais : ça m’est déjà arrivé. Je m’emparais de la tasse posée sur la table et me dirigeais vers la chambre de Gustav. Comme moi quelques jours plus tôt, même si ça me semblait être une éternité, il s’était enfoui sous ses couvertures. Comme mon frère, je m’assis près de lui et lui parla.

Moi : Elle ne te valait pas! Tu mérites d’avoir quelqu’un de mille fois mieux!

Il sortit sa tête de sous les couvertures. Ses yeux étaient rouges et gonflés.

Gustav : Elle ne supportait personne. Mais elle a accepté de sortir avec moi! Je croyais qu’elle m’aimait.

Moi : C’est un cœur de pierre! Ne te prend pas la tête pour elle! Tout ce qu’elle voulait c’est avoir un petit toutou : c’est toujours elle qui décidait de tout et toi tu t’empressais de lui obéir. Tu faisais plein de choses pour elle et toi tu n’as rien eu en retour. Elle ne faisait même pas l’effort de nous supporter. Tu mérites mille fois mieux je te l’ai déjà dis des centaines de fois.

Une larme glissa sur sa joue pour disparaître dans son oreiller. Je posais la tasse sur sa table de chevet.

Gustav : J’aurais du vous écouter. Mais quand elle était avec moi elle était vraiment différente.

Moi : Elle jouait bien son jeu! Repose-toi et dans une heure il faut enregistrer.

Gustav : Ta nouvelle chanson sur cette fille ?

J’acquiesçais.

Gustav : Elle est magnifique! Si tu trouves cette fille fais gaffe! Je la surveillerai juste au cas où.

Moi : Si je la trouves vous allez lui faire peur. Tom m’a déjà dis ça. La pauvre je la plains!

Il me sourit faiblement et s’assit pour boire la tasse de thé que je lui avais apporté. Je sortis le laissant avec son chagrin.


Du côté de Gwen :
La vie est étrange parfois. C’est étonnant de voir comme une seule chose, une seule personne, une seule rencontre peut tout changer. Avant lui, mon destin était de mourir et la question principale de ma vie était comment vais-je mourir. Enfin ça je savais à peu près, c’était plutôt quand donc est-ce que je vais mourir. Quand mes yeux se fermeront-ils pour toujours ? Quand ce cœur qui souffre tellement s’arrêtera-t-il ? Quand ces larmes arrêteront-elles de couler ? Quand la mort, qui m’a fait plongé si bas, me protégera-t-elle de la souffrance qu’on me fait ? Quand le rejoindrais-je ? Face à l’indifférence, toutes ces choses que je ne comprenais pas, toutes ses souffrances, je m’autodétruisais. Pendant longtemps j’ai pensé que je n’avais pas de vie. Jusqu’à ce que je le rencontre. Le premier homme que j’ai aimé. Avec lui j’ai compris ce qu’était la vie. Et l’amour aussi. Avec lui plus rien ne pouvait m’arriver. Puis il est partit. J’ai cru que la fin de ma vie était arrivée, que jamais plus ce ne serai comme avant. Depuis ce jour-là il me suit partout et me réconforte quand je vais mal. Mais je n’avais plus de force, plus rien. J’étais une ombre qui faisait ce qu’elle faisait tous les jours, les gestes dont elle avait l’habitude, car trop faible pour faire une chose qui sortait de l’ordinaire. Pas la force d’en finir. Alors elle se traînait et attendait, attendait encore et toujours que quelqu’un fasse arrêter ce cœur qui battait, battait encore et toujours. Ne recevant plus d’amour, c’est moi qui le donnais, à des personnes que je connaissais pas, dont tout le monde parlait et pour lesquelles je n’aurais aucun regret si elles mourraient aussi. Et puis il est arrivé. Il m’a fait comprendre que la vie était belle et qu’elle valait la peine d’être vécu pour les plus petites choses merveilleuses qu’on peut trouver sur son chemin. La vie ne peut rien t’apporter si tu n’attends rien d’elle. Moi j’attend qu’elle me conduise vers lui et savoir qu’il est tout proche me donne envie de pleurer de joie. Mon amour mensonger est devenu un amour aveugle et sans frontière. Il n’est sûrement pas comme je l’imagine et il donne peut-être une image de lui, mais malgré tout, peu importe ce qu’il est, je l’aimerai toujours car il est l’homme qui m’a donné l’envie de vivre. Je lui dois ma vie et ce n’est pas rien! Le monstre sans coeur, sans sentiments et sans rien est devenu quelqu’un qui a des émotions même si lui seul sait me les faire montrer et qui est heureux de vivre. Il m’a fait comprendre des choses que personne n’a su m’expliquer. Je lui dois tout! Cette pensée me poursuivait partout comme cette nuit où revenant du coiffeur j’étais restée me balader dans la ville. Des picotements se firent ressentir dans mon dos. Il me suivait comme toujours! J’imaginais ce qu’il aurait dis de ma nouvelle coiffure si il était là. Depuis le temps qu’on se serait connu il aurai eu l’habitude je pense. Par contre j’ai hâte de voir la tête d’Erwan. Je marchais dans le couloir du métro qui puait la pisse. De temps en temps une ou deux personnes pressés passait en me regardant comme si je venais de m’échapper d’un asile. Mais mes pensées étaient comme toujours entièrement tournées vers Bill. Le deuxième homme que j’ai aimé. Mon amour pour lui est tel qu’à chaque fois qu’il allait mal j’étais malade aussi. Quand leur succès a commencé à s’estomper j’ai bien su qu’il était triste et j’ai mis du temps à m’habituer à cette douleur sourde au fond de mon cœur, à ne plus les voir partout et à me sentir abandonner par le monde entier. Je pense pourtant que ça ne durera pas : c’est l’œil du cyclone, un bref moment où on croit que tout est fini, qu’il n’y a plus a avoir peur mais quelques instants plus tard la tempête recommence. J’espère que cette tempête recommencera bientôt. Mes pas me menèrent dans un coin sombre près des toilettes. Comme d’habitude je regardais en l’air réfléchissant à tout ça, priant silencieusement pour que le succès revienne, et mon pied envoya voldinguer quelque chose en métal. Très surprise je regardais ce qui se trouvait par terre. Une bombe de peinture! Je la pris dans mes mains. Demain était un jour spécial! Un des jours de l’année que j’aime le plus, celui qui m’inspire le plus! Personne a gauche, personne à droite. Normal : il est bientôt demain! Je saisis la bombe et laissa un message sur le mur. Ca y est : il était demain! Mon cœur explosa de bonheur. Puis je m’enfuis le sourire au lèvres, rentra chez moi et écris, écris jusqu’à ce que le soleil se lève, monte, monte toujours plus haut et que je m’endormes sur mes feuilles.