Bon, ben si. Hum, moi qui me sentait bien, j'y ai peut-être mis un peu trop de rage. C'est un au revoir, je n'compte pas arrêter d'écrire!
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Et ça a continué, des jours durant. Tom baisait Esmiralda dès qu'il le pouvait, dès que cette soif du passé lui revenait. Dès que sa guitare l'obsèdait, dès qu'il le pouvait. Dès qu'il le pouvait. Tom remplissait ce trou béant dans sa poitrine vide, mais un jour, un jour Esmiralda n'a plus suffit. Il l'a regardée, et lui a craché dessus. Elle voulait connaître son passé, il le préfèrais à Elle. Elle était la cause de ce retour en arrière, Elle était la cause de ce coup de folie, de ce besoin trop distant -présent. Elle était la cause. Elle.
- J'te quitte.
- Hein ?
- J'te quitte, Esmiralda, c'est tout. J'me casse, j'me taille, j'te quitte, c'est finit, c'est tout, c'est rien.
- Ah ça.
- Je n'serai pas surpris de te voir faire tes premiers pas sur scène dans peu de temps, hein, tu joues tellement bien Esmiralda, tellement bien.
- Tu crois vraiment qu'une pute peut faire une carrière dans le cinéma. -- Elle a soupiré, il a sourit.
- Tant mieux, j'tiens pas à te revoir.
- Moi non plus.
- Pourtant, tu me verras, à tous les coins de rue même, d'ici deux jours, c'est promis.
- Ouai ouai, je vois d'ici les gros titres 'un connard mal fréquenté se jette du haut d'un escabot'. Tom, t'as jamais eu assez de couille pour affronter le temps, alors va pas me faire croire que ce soir, tu vas jouer ton héros.
- Ouai, moi aussi j'les vois d'ici les gros titres. 'Tokio Hotel's back'. Ca va péter dans tous les sens, Esmiralda, t'entendra plus que ça, j'te jure, et tu verras ma gueule partout, partout j'te dis. Tu m'oublieras pas -jamais, moi si.
- Mmh. Alors c'est ça ? T'es -étais, seras, j'm'y perd dans tes conneries moi- dans la musique ? Pas mal, mais tu sais, j'ai baisé mieux.
- Laisse moi rire.
- Ris tant que tu veux, Tom, c'est finit, tu t'souviens, alors ris, c'est vrai que c'est drôle. -- Une ombre de sourire flottait sur son visage indéchiffrable, il semblait perturbé.
- Finit..
- C'est toi qui l'as dit..
- ..
- C'qui est sûr, c'est que je suis meilleure actrice.
- Bon, salut alors, bref, ciao, enfin voilà, au revoir Esmiralda.
- Adieu Tom.
Il a tréssailli, elle s'est éloignée, c'est lui qui la quittait, je te quitte qu'il avait murmuré, mais le contraire aurait semblé plus plausible vu la situation. Il l'a regardée remuer son cul sur les trottoirs, jurant que jamais, jamais, il ne l'oublierait, il l'a fixée, alors qu'elle ne s'est même pas retournée.
[...]
Tom est allé cherché Gus, Tom a traversé les bouts de verre, Tom a ouvert ses paupières. "C'est bon, va chercher tes baguettes, crétin, comme avant", il lui a soufflé. Et Gustav a rit, s'écorchant les paumes par terre, son sang -toujours aussi vert que le reste- traversant sûrement le plancher. Gus a passé une main dans les dreads de Tom, et une grimace a fendu son visage, il est allé tapé sur sa batterie comme un malade, en attendait que les autres reviennent -parce qu'ils reviendraient.
Tom est allé chercher Georg, Tom a traversé la folie, Tom a ouvert ses doigts qui serraient ceux de Sybil possessivement. "Aller, tu peux retrouver la raison, comme avant, maintenant.", il lui a murmuré. Et Georg est parti dans un monologue qui a sûrement duré une éternité, expliquant à Sybil tout ce qu'elle avait lu dans ses yeux. Et Georg a resserrer ses doigts sur les siens, attrapant sa basse dès qu'il a été sur le bateau -comme si ses cordes n'étaient pas rongés par la démence.
Tom est allé cherché Bill, Tom a traversé les seringues, Tom a ouvert ses bras croisés sur sa poitrine -bleue. Il a prié pour ne pas avoir à prononcer un seul mot, et il aurait gueulé au Monde entier que cette anecdote comme quoi les jumeaux se comprenaient d'un regard était bidon. "C'est bon, fais pas chier, on s'y remet, t'es le dernier", il lui a crié. Et Bill a tiré sa dernière ligne -dernière avant la suivante, pas de méprise!- et donné un coup de pied dans le mur -plus fidèle compagnon. Qu'Artémis aille crever en Enfers, il l'avait déjà oubliée.
Quand ils sont entrés dans la salle, Gus s'époumonait sur ses caisses, les yeux clos, Georg jouait d'une seule main -l'autre dans celle de Sybil-, souriant à tout va. Bill a lancé un vague "Re", et il s'est emparé du micro, écrasant du bout de sa semelle -bleue- les partitions étalées sur le sol. Tom a pris sa guitare et sans l'accorder, il lui a fait l'amour avec une férocité qu'il retrouvait soudainement. Transe.
Ils étaient à nouveau là, ensemble. Ils étaient à nouveau Tokio Hotel, TH, le groupe de merde qui faisait gueulé les minettes aux mini-jupes, le Tom qui baisait à tout va, le Georg qui n'était plus que Sybil, le Gus qui s'effaçait dans son vert, et le Bill qui criait son bleu -océan. Trou noir.
- Larguez les amarres, a gueulé Sybil.
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