[T] Aime-moi, Anna...aime-moi. I

*** PDV : Anna ***

J'étais donc de retour à Berlin.
Je sortais, prenais tout le temps que je voulais à traîner dehors, dans les parcs, les rues, les magasins.
Je voyais Matteo, retournais à l'école, passais des bons moments avec Katerin.
Cela faisait deux semaines que j'étais bien, ou presque. La voix au fond de moi était certes muette depuis mon arrivée,
mais une autre s'était réveillée, une voix bien pire, qui me bouffait de l'intérieur, qui voulait sentir Tom,
sentir ses bras, sa peau, ses doigts sur moi, ses yeux dans les miens, sa voix, ses lèvres contre les miennes...

Je ne sais vraiment plus quoi faire. Sa sœur est venue récupérer la quasi totalité de ses affaires.
Elle ne reviendra pas. Elle a toujours su qu'elle ne reviendrait pas.
Pourquoi n'ai-je rien vu ? Pourquoi faut-il que je sois aussi stupide ? Putain mais merde.
La femme de ma vie.
Celle que j'ai attendu si longtemps.
Celle qui me rendait simple, gentil, souriant à longueur de temps. Celle dont le rire me faisait fondre comme neige au soleil.
Elle, Anna. Mon amour, ma petite Anna.
Que vais-je devenir sans elle ?
Sans l'idée du futur que je me faisais : l'épouser, et être ensemble jusqu'à la fin de nos jours, heureux...
Sans ça...je ne vois plus comment atteindre le bonheur.

[…]

Erreur.
Elle se retourne, et mon cœur sombre dans cet espèce de trou qui s'est creusé après son départ.

Je m'éloigne, et rejoins Bill, qui semble déçu, lui aussi.

Nous montons dans cet avion.
Et je repense alors à cette astuce qu'elle me donnait à chaque fois avant le décollage : penser à quelque chose d'agréable.
Or, jusqu'à présent, c'était elle ma pensée agréable.
Mais là...penser à elle me détruit plus qu'autre chose.

Je décide, pour Bill, de ne plus penser à elle. De ne plus penser à nous.
Elle a choisi. Elle a décidé de se taire. De ne pas me dire au revoir.
De ne pas répondre à ma lettre.
Tant pis.
Pour elle, pour moi, pour nous, pour notre avenir.
Mais j'en ai un autre qui m'attend, avec Bill, avec la musique, avec le groupe, avec les fans.
Après tout, même Gustav s'est trouvé quelqu'un d'autre, et ce, malgré l'amoureux transi qu'il a été.
Je devrais arriver à passer au-dessus de tout ça. Je l'espère, en tous cas.


*** PDV : Anna ***

Je surfai sur internet, cet après-midi là,
dans l'espoir de voir quelque chose qui me donne une excuse pour retourner auprès de lui, et ne plus jamais le quitter.
Le problème était que depuis l'annonce de leur déménagement, rien n'était allé dans ce sens-là.
J'avais pu voir les images des camions de déménagement, des déclarations plus qu'officielles de la part des jumeaux, de David...
Rien à propos de moi, de lui, de nous.
À croire que j'avais rêvé notre relation du début à la fin, celle avec Gustav aussi.
Car ce dernier avait pris ses distances ces dernières semaines.
Plus que qu'un ou deux messages par semaine, contre une dizaine voire plus avant. J'étais perdue, en manque d'affection et brisée.
Je ne pouvais plus compter sur personne, à part moi-même, Matt et Kat,
qui essayaient du mieux qu'ils pouvaient de me rendre la vie un peu plus agréable.
Mais rien n'y faisait. Tom était mon obsession, ma drogue, ma vie.
Je l'aimais et regrettais plus que tout d'être partie.
Sa bague de fiançailles toujours au doigt, peu importe le moment de la journée, peu importe les circonstances,
peu importe le fait qu'il n'essayait même plus de me joindre, et ce depuis quelques jours déjà.

Je ne pus rien dire de plus, tellement l'image que je venais de voir me prit de court.
Un article sur le départ des jumeaux.
J'en eus le souffle coupé, avant de me mettre à trembler de désespoir et de peine.
Les larmes débarquèrent, elles aussi, et me firent peu à peu hoqueter de douleur.

Matteo ne dit rien, l'air ailleurs.
Un peu triste, mais pas tant que ça, puisqu'il m'assena le coup de grâce :

Katerin, elle, revint juste après qu'il ait quitté la pièce.

Elle me laissa quelques minutes plus tard.
Une fois seule dans la chambre, je me mis à chuchoter, comme si il pouvait m'entendre.

Mais à mon réveil, il n'était pas là.
Alors, et seulement à ce moment-là, je réalisais qu'il ne reviendrait plus, et que je l'avais perdu.