[T.] J'ai perdu.

69. 29 août 2010, il était une fois toi et moi. N’oublie jamais ça. Toi et moi.



POV Tom

Le 13 septembre 2010, serait encore une date à bannir, de mon calendrier pourtant ce serait une date importante, pour nous deux, c’était la date prévue pour « l’intervention ».
J’avais eu du mal à m’y faire pourtant c’était le meilleur choix pour elle, je le savais, elle n’était pas prête, même si faire ça serait dur, j’avais confiance en nous pour y arriver. A peine est-elle arrivée qu’elle a sauté sur Bill, comme si c’était le seul à pouvoir l’aider, je comprends pas pourquoi elle m’excluait, comme si moi je ne souffrais pas autant qu’elle, comme si elle avait fait son enfant toute seule. Ou avec Bill, ce qui est techniquement impossible.

Il était vingt-trois heures, et j’étais tout seul dans le salon depuis cinq heures et notre voyage en avion, dans un silence mortel. Je zappais les chaines comme un malheureux tout seul dans cet appartement froid et d’ailleurs il n’y avait rien à la télévision comme si tout le monde dormait à vingt-trois heures.

Quelques heures plus tard après avoir regardé en somnolant un documentaire débile sur les baleines du Canada. Je me décidais à prendre une douche puis à aller la chercher, pour dormir. C’est quand j’ouvris la porte pour voir les deux complètement endormie, je pouvais encore l’attendre, je me couchai à côté d’elle sans la réveiller.

Le lendemain, elle n’était plus dans le lit avec moi ni Bill d’ailleurs ils avaient tout les deux disparus.


Quatre jours, plus tard, je me levais avec difficulté, pour la trouver appuyée, sur le bar en face de Bill, elle avait un tee-shirt long, les cheveux pas coiffés, elle était belle.
Je l’entourai de mes bras la collai contre mon dos, mangeant ses cheveux avant de les lui pousser.

Tom : mmh tu m’as manqué.

Elle mit sa tête en arrière m’embrassant la tempe. On était joue contre joue presque.

Gabrielle : j’étais là.
Tom : pas avec moi.
Gabrielle : c’est pareil.
Tom : non.
Gabrielle : tu n’as même pas remarqué Georg.
Tom : qui ?

Dis-je pour rire, l’intéressant cria un « hey ». Je lâchai Gaby pour serrer sa main.

Georg : alors comme ça elle t’a mis la corde au cou ?
Tom : pas plus qu’avant.

Je ne savais pas s’il était au courant pour la grossesse de Gabrielle, mais je pensais que Bill avait dû l’avertir de ne pas en parler ou ce genre de chose. J’aime mon frère.

Gabrielle : je vais me coucher, à tout à l’heure.
Tom : non, mais tu préfères pas que l’on annonce, à Gustav et Clémence, pour le mariage ?
Gabrielle : non, mais fais le toi, tu n’as pas besoin de moi.
Tom : je ne me suis pas marié tout seul.
Gabrielle : je suis fatiguée Tom.
Tom : pas longtemps, aller Gaby, s’il te plait ?
Gabrielle : une autre fois alors je suis crevée.

Elle m’embrassa doucement la joue, et partit s’enfermer dans la chambre.

Georg : pas trop dur ?
Tom : pas autant que la dernière fois.
Georg : tu vas chez Gustav ?
Tom : oui, Bill tu restes avec elle ?
Bill : t’inquiète, je gère.
Tom : de toute façon elle ne veut pas de moi.

Je mis ma veste, sous le regard peiné des garçons. Près à quitter la maison. Bill prit mon bras pour que je me retourne.

Bill : dis pas ça, elle t’aime, elle arrive pas à gérer c’est tout.
Tom : je sais, mais c’est dur pour moi aussi, et j’ai ni ma femme ni mon frère, et pourtant ce bébé, moi aussi je vais le perdre Bill, tu le sais ! Regarde hier elle a oublié mon anniversaire, le notre, et j’ai entendu battre le cœur de mon bébé, de mon gamin, Bill, et rien, juste une putain d’échographie, et je devrais vivre avec ça, mais je ne veux pas de ce bébé, je veux Gabrielle, mais je la perds dans les deux cas. J’ai entendu son cœur, et il va s’arrête dans dix jours, et Bill tu sais ce que l’on fait en dix jours ? Rien, c’est rien dix jours. Je me fiche, de souffrir, je veux Gabrielle, et toute la peine, la tristesse, le chagrin, l’angoisse, la douleur, que je vis, je sais qu’elle l’a vécu deux fois, et ça me fait encore plus mal. Alors je fais le fort, je fais tout, mais je suis tout seul, personne n’est là pour moi.
Bill : je suis là Tom, arrête, Gabrielle aussi, à sa manière, elle se sent si coupable, la première fois c’était dur, alors là Tom, tu imagines ?
Tom : je sais, et c’est pour ça que je veux qu’il disparaisse, ce pompeur de bonheur, je veux Gabrielle, mais je n’ai qu’une envie c’est qu’il parte, mais je sais que ça changera pas, elle sera toujours aussi mal.
Bill : tu veux vraiment qu’elle avorte ?
Tom : mais je viens te le dire, je veux Gabrielle !
Bill : peut être, mais elle pourrait le garder, si tu l’aidais, si tu l’as rassuré.
Tom : non, elle ne le veut pas, je le sais, alors je ne le veux pas non, plus, il ne peut pas me manquer de toute façon il n’existe pas, c’est juste un battement dans le vent.
Georg : si Gabrielle, gardait le bébé, tu l’accepterais ?
Tom : je veux Gaby rien d’autre.

Je m’apprêtais à partir, sans Georg. Quand mon frère reprit :

Bill : tu mens Tom, tu veux le bébé et Gabrielle, et je suis sûr qu’elle le ressent.
Je me retournai vivement.
Tom : je ne veux pas du bébé ! C’est clair, je n’en veux pas !
Bill : appelle le comme il est alors un fœtus !
Tom : tu m’emmerdes Bill !

Je partis en trombe dans l’Audi direction l’appartement de Gustav. Les mains crispés sur le volant, le pied sur l’accélérateur, j’atterris plus vite que prévue chez mon ami. Lui au moins il était moins con que les autres. Je sonnai et une petite fille à la peau métisse vient m’ouvrir la porte, habillée d’une robe blanche, elle passa juste la tête et me murmura :

« C’est qui ? »

Je m’accroupis, et lui répondis :

Tom : je m’appelle Tom, et toi ? Je suis un copain à Gustav. »
« Je m’appelle Maria, j’ai quatre ans, et je suis la copine à Gustav aussi »
Tom : ah d’accord tu vas prévenir notre copain alors s’il te plait ?

Elle me fit un sourire trop craquant avant de refermer la porte et d’appeler le concerné. Qui m’ouvrit la porte, un sourire désolé, pour la petite j’imagine.

Gustav : alors toi on fait plus la sieste ?
Maria : non, je dors vite moi !
Gustav : vas prévenir tatie alors, allez vite file !

La petite partie en courant le plus vite qu’elle pouvait pendant que je serrais la main à mon ami.

Tom : ça va ?
Gustav : et toi ? Et Gabrielle ?
Tom : moi ça va, mais Gaby un peu moins, elle est fatiguée.

Je m’assis alors sur le canapé. Quand clémence rentra dans la pièce vêtue comme la petite fille d’une longue robe blanche, mettant sa peau en valeur.

Clémence : coucou, alors c’est lui ton amoureux, dit-elle à Maria.

La petite hocha la tête, sous le regard amusée de tout le monde.

Tom : je suis désolé, mais j’ai déjà une amoureuse, d’ailleurs on s’est marié ces vacances.
Maria : ben on ne lui dira pas.

Dit-elle de sa voix trop mignonne, sous les rires de tout le monde.

Tom : d’accord ce sera notre secret.

La petite vient me prendre la main après que clémence la posa par terre.

Clémence : vous êtes mariés ?
Tom : oui à Las Vegas.
Gustav : félicitation.

Gustav m’avait dit que clémence était contre l’avortement, je lui avais donc demandé de ne pas trop venir pour pas qu’elle rentre en conflit avec Gabrielle. Mais vu sa tête je compris alors que Gaby avait eu raison de ne pas venir.

Clémence : tu viens Tom, cinq minutes j’ai trouvé une guitare et il faut que je te la montre.
Gustav ne réagit même pas alors que je la suivis jusque dans sa chambre.
Tom : elle est où ?
Clémence : mais il y en a pas, je voulais que l’on parle de ça.

Elle me montra alors mon portefeuille. Que je ne retrouvais plus ces derniers jours.

Tom : ah merci, je croyais l’avoir perdu.
Clémence : et ça ? C’est quoi ?

Elle me mit devant les yeux les images floues de l’échographie qu’avait passé Gabrielle la veille. Le médecin avait jeté ce petit bout de papier, dans la poubelle, je l’avais récupéré étant donné que ce serait mon seul et unique souvenir de ce « fœtus ». Autant dire que ce portefeuille avait beaucoup d’importance pour moi beaucoup plus que mon permis ma carte bleu ou ma carte d’identité.

Tom : rien, rends la moi !
Clémence : tu vas le tuer ton bébé alors pourquoi tu veux garder une photo de lui.
Tom : je ne veux pas parler de ça avec toi !
Clémence : pourtant il n’y a que moi pour te dire que ce que vous faîtes est mal vous n’avez aucune excuse ! Ce bébé est là tu dois assumer ! Il n’a rien demandé lui, il veut vivre ! Vous êtes marié, vous vous connaissez depuis presque sept ans, vous vous aimez, vous êtes riches. C’est un meurtre Tom, ni plus ni moins.
Tom : écoute je me fiche de ce que tu penses, les choses ne sont pas si simples que tu me le dis !
Clémence : c’est sûr que pour deux idiots c’est difficile à comprendre.
Tom : bon écoute, j’en ai rien à foutre de ce que tu me dis, j’y vais, à plus tard.

Je partis en claquant la porte, sur le seuil j’entendis déjà Gustav et Clémence se disputer.
J’étais énervé parce que je le savais au fond de moi, on avait aucune excuse, elle avait raison, seul mon amour démesuré pour elle en était une. Mais c’était la meilleure excuse.

De retour à la maison, Gabrielle me sauta dessus comme s’il elle m’attendait, Bill avait du lui parler, j’espère qu’il n’est pas allé trop loin. Elle m’embrassa, et je profitais un maximum comme un loup qui avait eu le droit à de la viande pour la première fois de sa longue vie.


----------

Alors, ça fais un peu long là, j'espère que ça vous plait quand même ...

70. 3 septembre, 2010, Alice a caché son lapin blanc

71. 3 Septembre, 2010, Nul doute : l'erreur est la règle : la vérité est l'accident de l'erreur.

Je commençai alors à paniquer, et pris mon portable déchargé Tom devait me croire morte. Je tentais de mettre le contact et comme par miracle au bout de la deuxième fois la voiture démarra, non sans faire un bruit affreux. Le côté de la voiture était complètement embouti mais le devant ne devait pas avoir tant morflé. Je me dirigeai alors vers l’hôpital le plus proche.
Arrivé la bas le médecin m’amenant rapidement faire un IRM, apparemment mon cerveau n’avait pas était touché, selon les dires du médecin. Ce qui m’intéressait vraiment était l’échographie, je voulais savoir comment il allait. S’il était vivant. A peine le capteur posé contre mon ventre, que le son réconfortant des battements du cœur me rassura.

Médecin : tout va bien, vous avez eu beaucoup de chance, sans doute pour lui c’était comme un tour de manège.

Je rigolai, et avant que le médecin ne revienne pour me recoudre, j’appelai Tom qui était évidemment très remonté.

Tom : tu étais où ?!! Mais tu es folle de partir comme ça !! Sans aucune nouvelle, sans me répondre, tu sais combien de fois je t’ai appelée ??? Pourquoi tu ne réponds pas à ton foutu portable !!
Gabrielle : j’ai eu un accident Tom, je dois rester en surveillance la nuit, ta voiture n’a pas grand chose, du moins elle roule.
Tom : quoi ?! Tu es à l’hôpital mais pourquoi tu ne me l’as pas dis tout de suite ??
Gabrielle : je suis à la l'hôpital de la charité.
Tom : j’arrive et tu ne bouges pas !

Je m’assoupis vite, tant la fatigue se faisait ressentir. Tom déboula dans la chambre cependant quelques secondes plus tard, me réveillant brusquement, il était seul. Il était donc sortie sans garde du corps, bravo tu veux mourir avec moi c’est ça ?

Tom : bon sang, mais tu as fais quoi encore ?

Les yeux exorbités, les veines au bord de l’explosion, les muscles tendus, il vint vers moi. Il mit ses mains autour de ma tête, voyant que je ne répondai et répéta, d’un ton sévère.

Tom : qu’est-ce qui t’a pris d’aller si loin ?
Gabrielle : rien, juste un accident, un léger accident, il s’est rien passé, tout va bien, joyeux anniversaire au fait. J’ai complètement oublié chéri désolé.
Tom : quoi ? Mon anniversaire ? Mais j’en ai rien à foutre, Gabrielle, tu as failli crever là tu piges ?

Il était hors de lui, j’avais oublié ça pouvait arriver à tout le monde. Il se leva et déambulant comme un lion, pendant que je posais ma main sur mon ventre, il était toujours là.

Gabrielle : je sais que tu es en colère, mais j’ai juste oublié.

Il se frappa même le front, et se remit normalement devant moi.

Tom : je me fiche que tu m’ais oublié pendant presque une semaine, que tu ne m’ais même pas capté, ou juste embrassé, je veux juste comprendre ce qui t’a pris de te planter, sur cette route paumée, toute seule et tu es tombée dans le coma, tu te rends compte tu aurais pu mourir ? Sans toi, j’aurais fais quoi moi ? Hein ? Tu me laisses comme ça ?

Je me mis alors à pleurer, il me serra contre lui. La tête sur son torse il caressait mes cheveux pendant qu’il m’embrassait le front.

Gabrielle : je suis désolée, c’est la faute à la musique, je n’ai pas réussi à l’éteindre, puis j’ai touché un arbre, voilà.
Tom : tu voulais aller où là-bas ?
Gabrielle : voir Arthur, tu sais qu’Alice est enceinte du taré ?

Je pleurais à grosse larme, sans pouvoir m’arrêter. J’avais l’impression que je n’allais jamais m’arrêter. Et rien n’y fit ni ses bras ni ses paroles rassurantes.

Tom : chut, je sais. Arrête, ma puce tu te fais du mal.
Gabrielle : ce n’est pas juste, ce n’est pas normal.
Tom : je sais, mon ange, arrête.

Pourquoi moi, je n’avais pas le courage, l’envie, la force ? Pourquoi j’étais si faible ? Il me fit un léger baiser dans le cou, et murmura si doucement, à mon oreille.

Tom : est-ce qu’il va bien ?
Gabrielle : oui.

Je n’avais pas tout mis en l’air. Je ne l’avais pas encore tué.

Tom : ne recommence pas, tu m’as vraiment fait peur, je te voyais déjà morte. Interdiction de voiture, fini, à pieds. Ou alors de la conduite accompagnée et que par moi, pas Bill, ou autres.

Il me regardait en tenant mon menton, l’air faussement sévère pour me faire rire. Après ses lèvres vinrent rejoindre les miennes.


Les jours passèrent, m’approchant de plus en plus de la date fatidique, et je doutais plus que jamais, mais il était devenu si décidé, que la question ne pouvait pas venir sur le tapis. Bill nous faisait la tête, je pense qu’il savait que l’on allait le regretter, et que la dernière fois c’était dur, alors cette fois même si c’était plus réfléchi, la douleur serait la même. Il nous pensait plus mûrs, c’était ridicule. Je savais qu’il voulait le garder, mais je savais aussi que jamais il me le dirait, juste pour ne pas que je souffre. Alors mes doutes étaient toujours présents. La dernière fois, je n’avais pas réfléchi, à une vie en moi, pour moi c’était juste une situation catastrophique, c’était rien, ça n’existait même pas. Mais celui-là, c’était différent, je l’avais vu plusieurs fois, pire j’avais failli le perdre contre ma volonté. Alors mon ventre, le soir dans mon lit, je n’arrêtais pas d'y penser, de le toucher, comme si j’allais voir une différence notable. Et c’est quand je somnolais le matin ou tard dans la nuit je sentais parfois ces doigts frôlaient la peau de mon ventre. Pourtant il fallait être réaliste, je ne pouvais faire vivre cette vie fragmentée à un être sans défense, il ne méritait pas une mère comme moi, mais un père comme lui, si, certainement.

--------

On est proche de la fin, vous aimez toujours ?