[A]-Delomelancum

Cette histoire, il ne l’avait jamais raconté à qui que ce soit. Il n’y avait même que trois personnes qui étaient au courant : Will, son père et lui-même. Pris dans un élan de tendresse, il approcha sa main de son visage et caressa sa joue. Il se souvenait que la première fois après qu’il l’ait retrouvé et qu’elle se soit retrouvé en sous-vêtement devant lui, il lui avait demandé d’où venait cette cicatrice et elle avait simplement haussé les épaules avant de lui dire qu’elle ne s’en souvenait pas, mais qu’elle avait très certainement dût se battre avec quelqu’un dans la rue. Il savait parfaitement au jour d’aujourd’hui, vu la façon dont elle retrouvait ses souvenirs que si son père débarquait ici, toutes les mauvaises choses que son cerveau avait supprimé allaient revenir d’un coup. Il murmura quelques mots d’excuses à son attention et quitta la chambre avant de se diriger vers la porte qui menait à l’extérieur, derrière l’hôpital. Une fois sortit, il s’adossa un peu plus loin au mur et s’alluma une cigarette avant de sortir son portable. Il chercha au nom de ‘Gus’ et appuya sur ‘appeler’. Il y eut une, deux sonnerie et la voix joyeuse de son ami retentit de l’autre côté du téléphone.

Gustav : Eyh ! Salut, Tom ! Comment tu vas ?
Tom : Bien… Et toi ?
Gustav : Super ! J’ai passé un Noël génial !
Tom : Je suis content pour toi... J'espère que tu en as bien profité...
Gustav : T'es sûr que ça va ? Tu n'as pas l'air d'aller bien… Il s’est passé quelque chose ?
Tom : Bill est à l’hôpital.
Gustav : Oh merde ! C’est grave ? !
Tom : Il s’est réveillé il y a une demi-heure environ. Les médecins disent qu’il est sauvé.
Gustav : Qu’est-ce qui lui est arrivé ? !
Tom : Accident de voitures. Lui et Will se sont fait renverser.
Gustav : Écoute, je fais mes valises tout de suite et je prends ma voiture pour te rejoindre. Je serais surement là demain dans la matinée !
Tom : D’accord. Fais attention sur la route.
Gustav : Oui ! Bye !

La conversation avait été courte, mais il n’avait pas envie de déblatérer une heure sur cette histoire. Il avait envie de l’oublier au plus vite surtout pour effacer cette douleur aiguë au fond de son cœur qui ne le lâchait pas. Cependant, il se sentait quelque peu rassurer de savoir que Gustav allait être là, avec lui, dès le lendemain. Il avait besoin de soutien et il savait parfaitement qu’il pouvait compter sur ses deux amis. Il appela ensuite Georg qui répondit avec une voix fatiguée. Il avait très certainement du le réveiller et habituellement, il ne répondait pas lorsqu'il dormait. Seulement le bassiste savait que si c'était Tom qui l'appelait, c’était pour une urgence et pas pour lui souhaiter simplement un joyeux noël.

Tom : Salut Georg. Ça va ?
Georg : Euh… Ouais. Ouais et toi ? Il y a un problème ?
Tom : C’est Bill… Il a eut un accident et je suis à l’hôpital là.
Georg : Il va bien ? !
Tom : Il est sortit d’affaire, mais il va rester encore quelques jours.
Georg : Je vais essayer de venir le plus vite possible, mais j’ai pas mal de route à faire alors, je ne sais pas quand je serais là.
Tom : Aucun problème. Tu me tiens au courant.
Georg : Oui. Et Gustav est prévenu ? Tu veux que je l’appelle ?
Tom : Non, ça va. Je viens tout juste de le faire. Il pense être là demain matin.
Georg : Ok alors…Souhaite à Bill un prompt rétablissement et dis lui qu’on sera bientôt là pour le remettre en forme.
Tom : D’accord. Merci, à plus.
Georg : Salut.

Il raccrocha et remis l’objet au fond de sa poche pour savourer sa première cigarette depuis trois jours. Il se rendait compte à cet instant précis que le tabac l’aidait à se détendre dans les moments les plus difficiles. Il pencha la tête en arrière pour s'appuyer sur le mur et ferma les yeux pour prendre une grande bouffée d’air frais et se reposer un minimum.

Tom avait passé la soirée de la veille en grande conversation avec son jumeau qui semblait devenir un très mauvais mélange de traumatisme, de tristesse et de culpabilité. Il lui avait expliqué l’accident en détails et ce qui avait été écrit dans les journaux ainsi que tous ce que les médecins leur avaient dit à propos de leurs états de santé. Bill n’avait ensuite cessé de parler de la façon dont il avait vécu la chose, de la peur qu’il avait ressentit et du nombre de fois qu’il avait prié pour que Will et lui soient sauvés. Il s’était mis à pleurer et avait été incapable de passer une bonne nuit de sommeil. Ils avaient donc simplement parlé de l'article du magazine psychologique que lisait un peu plus tôt le guitariste pendant que leur parents allaient et revenaient pour s’assurer que tout allait bien.

Cet après-midi là, Tom venait d’aller acheter quelques magazines pour Bill. Il les déposa sur son ventre et lui expliqua rapidement ce qu’il avait pris… Ce jusqu’à ce que quelqu’un toque à la porte et entre dans la chambre. Les jumeaux tournèrent leur regard vers Gustav qui les fixait, totalement surpris. Comme s’il ne s’était pas attendu à les voir. Il referma lentement la porte et s’approcha d’eux avant de tendre sa main vers le chanteur pour qu’il la lui serre. A vrai dire, le batteur avait même du mal à reconnaître son ami. Un bras et une jambe plâtrés, un bandage autour du crane, plusieurs énormes hématomes sur certaines parties de son visage et de son corps… Il releva son regard remplit de question vers Tom.

Gustav : Tu ne m’avais pas dit que c’était aussi grave…
Tom : Je ne voulais pas te faire paniquer.
Gustav : Ça fait combien de temps ? !
Tom : Quatre jours...
Gustav : Pourquoi tu ne m’as pas appelé avant ? !
Tom : J’ai pensé que ce serait mieux si vous passiez un Noël plus joyeux que le notre.
Gustav : Mais il aurait pu y rester ! J’aurais même pas été au courant ! Bon sang, Tom, ne me refais plus jamais un coup pareil !
Tom : Désolé…
Bill : Ça va. Inutile de vous engueuler. Je suis vivant…
Gustav : Qu’est-ce qui s’est passé ? !
Bill : Deux voitures se sont rentrées dedans et l’une des deux nous a percutés…
Gustav : Tu vas porter plainte ? !
Bill : Je… Je n’en sais rien. Je n’y ai pas encore réfléchit.
Gustav : Et Will ? !
Tom : Son état est stable… Mais elle est encore dans le coma.
Gustav : … Georg est au courant ? !
Tom : Il va surement arriver dans quelques heures. Si tu voulais un peu te calmer, je pense que ce serait plus sain pour Bill… Et pour moi aussi.
Gustav : T'as une sale tête, Tom.
Tom : Merci... Je suis juste fatigué, mais ça va.
Bill : Gus' a raison... Tu devrais peut-être aller te reposer un peu.
Gustav : Ouais et moi, je vais rester avec lui.

Il acquiesça et accepta volontiers sa proposition. Il s’apprêta à quitter la chambre, mais revint vers Gustav pour le prendre dans ses bras et lui murmurer quelques remerciements. Le batteur lui adressa un sourire rapide et le laissa partir. Tom ne savait pas encore où il allait pouvoir trouver un coin tranquille, la salle d’attente était pleine à craquer et toutes les chambres, prises par de vrais patients. Il traversa le couloir en regardant un peu partout jusqu’à ce qu’il se stoppe net. L’homme en costume cravate face à lui fit de même et lui offrit un sourire sadique avant de s’avancer tel un prédateur jusqu'à lui. Fatigué, affaiblis, étonné et aussi effrayé qu’un lapin devant des phares de voiture, il ne bougea pas d’un pouce comme paralysé. Arrivé face à lui, l’homme le poussa violemment le faisant dangereusement vaciller.

… : Mais on dirait qu’on se connaît tout les deux !
Tom : Je ne vois pas de quoi vous parlez… Je ne vous ai jamais vu.
… : Moi je crois bien que si. Il y a cinq ans, t’as embarqué ma fille, petit con. Tu l’as envoyé je-ne-sais-où et tu l’as laissé se démerder toute seule !
Tom : Je l’ai éloigné de vous ! Vous êtes un grand malade ! Je l’ai seulement protégé ! J'ai fait ce qui était bon pour elle ! !
Mr Miller : La dernière fois qu’on s’est vu, tu m’as menacé d’appeler les flics et aujourd’hui, tu vas faire quoi ? En sachant qu’elle ne se rappelle d’absolument rien. Tu crois pense encore avoir le dessus ? !
Tom : Je ne vous laisserais pas la toucher ni même l’approcher ! Elle repartira avec nous quoi que vous fassiez !
Mr Miller : Tu pense sincèrement me faire peur ? Tu ne sais pas à qui tu te mesures, petit.

Son regard se fit haineux et il pouvait y voir au fond de ses yeux vert de la folie malsaine. Cet homme n’était pas normal et il l’avait su dès le jour où il avait vu cette immense plaie sur le ventre de Will et combien même il l’avait haït, il lui avait toujours promis de la protéger de cet individu. Néanmoins, aujourd’hui, il n’avait aucune force et comme il s’en était douté, l’homme lui asséna un violent coup de poing au visage qui le fit tomber à terre. Les quelques patients qui étaient là hurlèrent, mais ne bougèrent pas de peur de se prendre eux-même un coup. Seul le père de Tom qui avait assisté à toute la scène accourut vers eux et rendit son coup à plusieurs reprises au père de Will...

Mr Kaulitz : Touche encore une fois à mon fils et je te décapite enfoiré !
Tom : Stop ! Arrête ! ! !

Il se releva difficilement et tenta d’éloigner son père de Monsieur Miller, mais n’ayant aucune force par rapport à eux, il se fit violemment repousser. C’est seulement trois policiers qui arrivèrent en courant qui les attrapèrent lui et son père et les envoyèrent dehors pour qu’ils se calment. Évidemment, sous cet angle, c’était eux les coupables, mais il n’en était rien et ils avaient involontairement laissé ce monstre près de Will. Tom faisait les cent pas et essayer de forcer l'entrée, mais la porte était extrêmement bien surveillée par des gardes plutôt costaud. Il se résigna finalement et soupira avant de s'assoir sur le béton et d'enfouir sa tête dans ses mains.

Mr Kaulitz : Tu peux m’expliquer, Tom ?
Tom : T’expliquer quoi ?
Mr Kaulitz : S’il t’a frappé c’est qu’il y avait une raison, non ? !

Suite à ça, Will lui avait confié un morceau de papier sur lequel était écrit la ville où elle comptait se rendre et rester pour ‘quelques temps’, il lui avait promis de ne jamais en parler à qui que ce soit. Ainsi, seul lui aurait pu être capable de la retrouver. Il avait voulu jeter ce papier, pensant qu’il ne voulait plus jamais la revoir de toute façon et que ça ne le regardait plus dès lors qu’elle aurait quitté la ville. Seulement, contre son gré, il n’avait jamais pu oublier ce nom. Il y pensait jour et nuit et encore plus lorsqu’il essayait volontairement de l’effacer de sa mémoire. C’est pourquoi lorsqu’il avait appris que le groupe se rendait dans cette métropole, il était devenu extrêmement nerveux ne cessant de demander aux autres membres et à David de partir ailleurs. Rien à faire, cet arrêt était obligatoire. Et comme il l’avait imaginé, elle avait été attiré inconsciemment jusqu’à leur hôtel. Certes, il s’était attendu à la trouver dans un mauvais état… Mais pas autant que cela.

Quelques heures plus tard, tandis qu’il avait attendu, adossé au mur face à sa chambre, un médecin sortit et s’approcha de lui. Il avait l’impression totale de se retrouver quatre ans en arrière. Il esquissa un sourire et regarda la feuille de santé de Will. Tom pensait que s’il souriait, c’est qu’elle allait bien. Du moins, il l’espérait.

Médecin : Une hémorragie interne s’est déclenchée dans son cerveau…
Tom : … Ça veut dire qu’elle est…
Médecin : Non, ne vous inquiétez pas, nous avons pu la stopper à temps. Et j’ai une autre bonne nouvelle pour vous, elle vient de se réveiller. Vous pouvez aller la voir, mais pas plus d’une quinzaine de minutes, elle est très fatiguée, il faut la ménager pour le moment.

Il acquiesça et regarda autour de lui inquiet de voir apparaître Monsieur Miller, mais il n’en était rien. Peut-être avait-il finalement changé d’avis… C’est qu’il pensait jusqu’à ce qu’il le voit tout au bout du couloir, en train de parler à une infirmière. Il se précipita alors dans la chambre de Will qui tourna immédiatement son regard vers lui, surprise. Il aurait voulu lui dire quelque chose… mais rien ne sortait… Il en était de même pour elle, mais pour une autre raison. Elle était en train de se remémorer ce souvenir de l’hôpital quatre ans auparavant. Voir les choses se répéter avait été un déclencheur pour elle. Ses yeux commencèrent alors à briller jusqu’à ce qu’une larme s’échappe et roule sur sa joue. Il s’avança jusqu’à elle se sentant complètement con et ignoble…

… : Je te faisais confiance…
Tom : Je sais…
… : Tu m’as fait vivre un Enfer, Tom…
Tom : C’est ce que tu nous as fait subir à Bill et moi aussi.
… : Bordel, je te faisais confiance ! ! ! Est-ce que tu as ne serait-ce qu’une petite idée de ce que ça signifie pour moi ? !
Tom : Will, s’il-te-plaît écoute-moi, j’ai quelque chose de très important à te dire.
… : Will ? !

Tom : Oh… Non… Ne me dis pas que…
… : Quoi ?
Tom : Sky…
Sky : Qu’est-ce qui t’arrive ?
Tom : Je… On réglera ça après. Il faut que tu m’écoutes bien, ok ? !
Sky : Ok.
Tom : Il y a un homme qui va venir te voir, contrairement à ce qu’il laisse paraître, il est vraiment très dangereux. Quoi qu’il te demande, tu dois refuser et quoi qu’il te dise, tu ne dois pas le croire.
Sky : Excuse-moi, mais sincèrement, je crois qu’à l’heure qu’il est, j’aurais plus confiance en lui qu’en toi…
Tom : Bon sang ! Tu n’en fais qu’à ta tête !
Sky : Tom, tu te rends compte que je viens tout juste de sortir d’un coma artificiel ? ! Je ne sais même pas ce qui m’est arrivé pour que j’en arrive là et toi, tu arrives, tu te jettes sur moi et tu me gueules des trucs que je comprends pas ! ! Tu ne peux pas faire comme les autres et au moins dire que je t’ai manqué et que t’as flippé ! Je… Je m’attendais vraiment à autre chose en te voyant entrer…
Tom : Bien sûr… C’est évident que j’ai eu la trouille… Je veux juste que tu me promettes que tu feras attention. Je me suis promis de te protéger à l’époque et je déteste échouer.
Sky : Je ferais ce qu’il faut…
Tom : Et… Je voudrais que tu te laisses approcher par Bill.
Sky : Pardon ? ! Pourquoi ? !
Tom : Il a de très forts sentiments pour toi et il culpabilise…
Sky : Je ne veux pas de relation sérieuse, Tom, tu le sais, non ?
Tom : C’est juste pour quelques temps. Fais-le pour lui… Et pour moi.

Sky était totalement perdue. Elle ne comprenait pas pourquoi Tom lui demandait toutes ces choses, il agissait bizarrement et ça la rendait extrêmement nerveuse. Néanmoins, elle était heureuse qu’il soit la première personne à être venue la voir, elle se rendait compte qu’il tenait vraiment à elle. Elle acquiesça simplement et tendit sa main pour attraper la sienne. C’est seulement à cet instant qu’elle se rendit compte que son œil droit était entouré d'une couleur bleue violacé. Elle fronça les sourcils, inquiète et le frôla de ses doigts fins. La blessure étant tout de même encore douloureuse, il eut un léger mouvement de recul. Elle se redressa alors doucement, passa sa main dans sa nuque pour le rapprocher d’elle et l’embrassa passionnément simplement pour le remercier d’être lui. Il ne la repoussa guère et l’encouragea même à continuer caressant ses cheveux bruns devenus longs et murmurant entre deux baisers à quel point elle lui avait manqué.

Elle avait beau avoir découvert qu’il était l’auteur de son Enfer et qu’il l’avait trahis sans aucune honte, elle ne pouvait s’empêcher d’être grandement attirée par lui. Elle ne l’aimait pas, du moins, pas de façon amoureuse, mais peut-être était-ce cette volonté de la protéger de tout et de tout le monde qui l’amenait à lui. Il prenait soin d’elle et c’est tout ce qu’elle avait toujours souhaité durant ces cinq dernières années. Tom stoppa soudainement ce contact et tourna vivement la tête vers la porte, surpris. Une personne se tenait là face à eux… Elle les fixait, complètement étonnée par la scène à laquelle elle venait d’assister.

… : On… Peut se parler seul à seul deux minutes, Tom ?
Tom : Euh… Ouais.