[A]-Delomelancum

Mme Kaulitz : Que s’est-il passé ? ! Il va s’en sortir ? !

Médecin : Et bien… Je ne vous cache pas qu’il est dans un état grave. Cependant, il était conscient lorsque nous sommes arrivés sur place, ce qui une bonne chose en soit. C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment. Il est encore en sale d’opération, mais je vous tiendrais au courant lorsqu’il en sortira.
Mme Kaulitz : Et la jeune fille ? !
Médecin : Je n’ai pas d’excellentes nouvelles à son propos non plus… Je dirais même qu’il y a très peu de chance qu’elle puisse s'en sortir… Elle a subit de lourds dommages. D’après un témoin, elle était devant son fils et c’est elle qui a été percutée en première. Les dégâts sont donc bien plus graves que ceux de votre fils. Nous ignorons s’il y a un espoir pour elle, elle est encore entre la vie et la mort à l'instant même ou je vous parle…
Mr Kaulitz : Comment est-ce qu'une chose pareille a pu leur arriver ? !
Médecin : L’un des deux automobilistes roulait deux fois plus vite que la vitesse autorisée, il est passé au feu rouge au moment ou l’autre conductrice était engagée sur le carrefour. Elle ne l’a pas vu arrivé, ils se sont rentrés dedans. Avec la vitesse et la violence du choc, la voiture de la jeune femme a glissé sur la chaussée et a percuté de plein fouet votre fils et sa compagne …
Mme Kaulitz (fond en larme) : Mon Dieu… Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que ça tombe sur mon fils ? !
Médecin : Calmez-vous Madame, il faut garder espoir. Votre fils est entre de très bonnes mains, ne vous en faites pas. On fera tout notre possible pour les sauver tous les deux.
Mr Kaulitz (s'éloigne) : Viens chérie, on va chercher un café. Il faudra qu’on soit réveillé quand il ouvrira les yeux.
Tom : On pourra attendre dans la salle d’attente ?
Médecin : Oui, bien sûr. Et j’aimerais savoir si vous avez des informations quelconque sur la jeune fille ? Nous n’avons trouvé aucun papier d'identité sur elle.
Tom : Will Miller. Elle est née le 6 octobre 1989... A Hambourg, je crois.
Médecin : Vous savez où nous pouvons joindre sa famille ?
Tom : Ne les joignez pas !
Médecin : Je suis désolé, mais c’est obligatoire. Si vous refusez de nous le dire, nous ferons nous même des recherches.
Tom : Vous ne comprenez pas ! Son père est la dernière personne au monde qu’elle souhaiterait voir à son réveil !
Médecin : Il est de notre devoir d’informer les parents de la santé de leur fille.
Tom : Je la connais depuis mes 15 ans ! Croyez-moi ! Ce serait une catastrophe si vous faisiez ça !

Le médecin ne l’écouta pas une seconde de plus et s’éloigna à l’entente de son nom de famille qui résonnait dans tout l’hôpital. Le guitariste n’en revenait toujours pas, c’était beaucoup trop de choses importantes d’un coup. Il était horriblement inquiet pour son frère, mais le fait de savoir que Monsieur Miller allait probablement bientôt arriver ici lui donnait des frissons dans tout le corps. Il était complètement perdu, il fit un tour sur lui-même et après avoir repéré ses parents mêlés à un grand nombre de personnes, il s’approcha d’eux. Il pensait déjà à appeler David, Gustav et Georg pour les prévenir, mais il se dit qu’il valait mieux les laisser passer Noël dans la joie et la bonne humeur avec leur famille avant de le leur annoncer. Il jeta un coup d’œil à sa mère, effondrée, qui n’arrivait pas à se calmer et à s’arrêter de pleurer. Il se devait d’être fort pour elle et luttait donc intérieurement pour ne pas lui-même se laisser aller.

Un peu plus de soixante douze heures que les trois de la famille Kaulitz attendaient que le jeune chanteur daigne seulement ouvrir les yeux et leur adresser un sourire rassurant. Les médecins l’avaient sauvé, mais restaient évasif quant au moment où il allait se réveiller, il avait besoin de se remettre de l’accident et des nombreuses blessures occasionnées selon eux. Will de son côté avait-elle aussi été ‘sauvé’ et ce malgré que tout le monde ait pensé qu’elle allait y rester, cependant, on l’avait plongé dans un coma artificiel pour que son corps puisse doucement récupérer du choc violent qu’il avait subit. Bref, ce jour là, Monsieur et Madame Kaulitz avaient décidé d’aller prendre un peu l’air frais et avait laissé leur deuxième fils seul avec son jumeau. Tom était donc assis en tailleur sur la seule chaise présente dans la pièce et lisait un magazine, très concentré sur cette page 9 qui l’intriguait. Tellement concentré qu’il ne vit même pas Bill ouvrir enfin les yeux. Le jeune chanteur mit un certain temps avant de comprendre où il se trouvait, le Bip régulier fut son plus grand indice. Il tourna la tête vers la droite et aperçut son frère qui plissait les yeux pour pouvoir mieux lire. Il se sentait heureux d’être vivant, mais encore plus heureux de retrouver la personne la plus importante dans sa vie.

Bill : …Tu lis quoi ?

Tom crut d’abord qu’il était en train de devenir fou, mais ayant reconnu cette petite voix faible, il leva brusquement la tête et remarqua que son frère était éveillé. Il jeta violemment le magazine et se leva d’un bon pour s’approcher de lui et prendre sa main dans la sienne.

Tom : Ça va ? ! Tu vas bien ? ! Comment tu te sens ? !
Bill : Mal. Comme si j’avais été renversé par une voiture…
Tom : Il faut que tu arrêtes de nous faire des peurs comme ça ! T’imagines pas dans quel état est maman !
Bill : Ce n’était pas de notre faute…
Tom : … Je sais. Vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment.
Bill : J’ai pas su la protéger, Tom…
Tom : Will va s’en sortir, ne t’inquiète pas. Après tout ce qu’elle a vécu, ce n’est pas ça qui va la tuer.
Bill : Elle s’est réveillée… ?
Tom : Non… Pas encore. Ses blessures sont plutôt graves, ça va mettre un peu de temps, mais ça ira d’accord ? Inutile de t’inquiéter pour ça. Pense à toi d’abord. Moi, je m’occuperais d’elle en attendant qu’on te soigne complètement.
Bill : Qu’est-ce que j’ai ?
Tom : Un bras et une jambe cassée. Plusieurs hématomes un peu partout. Traumatisme crânien je crois… Tu t’en es pas mal sortit, ça aurait pu être pire.
Bill : Et les autres ?
Tom : Les autres ? Les victimes de l’accident ? La conductrice est décédée avant que les médecins n’aient pu faire quoi que ce soit. L’autre conducteur s’en est plutôt bien sortit et Will… Elle a pas mal de… Blessures… Je ne pourrais pas toute te les énoncer, mais le docteur a dit qu’elle serait en fauteuil roulant pendant un bon bout de temps et qu’elle devra faire plusieurs séances de rééducation.
Bill : Je m’en veux tellement si tu savais… Si seulement je l’avais ne serait-ce que pousser sur le côté…
Tom : C’est finit, arrête d’y penser. Elle est vivante, c’est le plus important.

Il hocha légèrement la tête en signe de réponse positif, mais Tom pouvait lire dans ses yeux, cette énorme culpabilité qui commençait à pointer le bout de son nez. Ainsi il n’y aurait pas que ses blessures et son rétablissement dont il allait devoir s’occuper en sortant d’ici… Il y aurait aussi son moral. Il passa instinctivement sa main dans les cheveux de son frère pour le rassurer et tourna son regard vers la porte grande ouverte. C’est à ce moment là qu’il crut que son cœur allait lâcher tellement il battait vite. Il avait aperçut un homme traverser le couloir plutôt grand qui se trouvait être le sosie parfait de Monsieur Miller. Il en resta complètement figé un long moment n’entendant absolument plus le jeune chanteur qui lui parlait. Il était en panique, il n’était pas encore préparé à une telle chose. Il n’avait pas eu le temps d’y penser ! C’était beaucoup trop tôt ! Il reprit immédiatement ses esprits et appuya sur le bouton rouge pour appeler une infirmière.

Tom : Je t’appelle une infirmière pour qu’elle vérifie que tout va bien pour toi. En attendant, je vais… Je vais faire un tour. Je reviens vite. Ne t’endors pas avant que je revienne !

Bill n’eut même pas le temps d’acquiescer ou de refuser que Tom était déjà partit en courant. Il traversa à une vitesse folle le couloir remplit de patients et de gens qui attendaient. Il se précipita immédiatement vers la chambre de Will dont la porte était fermée. Il entra en furie et détailla la chambre dans les moindres recoins… Il n’y avait personne à part elle qui dormait toujours. Essoufflé, il tenta de reprendre sa respiration, rassuré de voir qu’il avait très certainement mal vu la personne. Il se mit à rire nerveusement, fatigué et se trouvant ridicule d’avoir réagit ainsi au quart de tour. Il s’approcha doucement d’elle et soupira, redevenu sérieux, il l’observa elle et son air détendu et paisible. Il avait beau se méfier d’elle sans arrêt et ne pas approuver la relation qu’elle avait avec Bill, la voir dans cette situation lui était douloureux. Surtout lorsqu’il se souvenait de ce jour où il l’avait emmené aux urgences lorsqu'il l'avait vu couverte de sang.

Tom : Il va falloir que tu te réveilles très vite, Will… Ton père va probablement arriver d’ici très peu de temps. Si je veux pouvoir te protéger une nouvelle fois de lui, il faut que tu ouvres les yeux. Il faut qu’on sorte tous de cet hôpital…

Voyant que rien ne changeait et que ces paroles n’avaient en aucun cas le dessus sur les blessures et le coma dans lequel elle était, il prit place sur le rebord de son lit et désespéré, attrapa sa main dans la sienne. Elle était froide comme celle d’une personne décédée… Il posa alors sa deuxième main dessus et la serra. Tom était fort, mais il ne se sentait pas capable de pouvoir tout gérer. Les histoires de Will, la culpabilité de sa moitié, avertir ses deux amis de la situation et gérer leurs réactions, rassurer ses parents… Il était humain et pour un humain, même s’il avait l’habitude de savoir gérer les choses avant, pendant et après un concert devant des millions de personnes, dans cette situation, il se sentait faible et inutile… Et surtout, très fatigué. Il préféra néanmoins se ressaisir plutôt que de se laisser flancher. Il tourna à nouveau son regard vers elle et retira doucement le drap sur elle. La chemise pour les patient dont elle était vêtue était entrouverte sur les côtés et laisser apparaître la fin de sa cicatrice… Il posa son doigt dessus et comme un électrochoc se rappela de cet horrible après-midi.


Flash back.

Tom remontait la rue en courant sous un torrent de pluie qui traversait le ridicule petit journal qu’il tenait au dessus de sa tête pour se protéger. Il accéléra le pas voyant que l’’eau passait au travers, il était pressé de rentrer avant d’attraper la ‘mort’ comme on dit si bien. Il avait surtout hâte de retrouver son frère qui était rentré de l’hôpital et qui, malheureusement, avait passé l’après-midi tout seul. Il avait essayé de convaincre sa mère pour sécher quelques cours et rester avec lui, mais elle n’avait rien voulu entendre. Ainsi il continuait son chemin jusqu’à ce qu’il entende quelqu’un hurler son prénom au loin. Il se stoppa net et regarda devant lui, plissant les yeux… Il ne voyait absolument personne. Il était seul… Pensant d’abord qu’il entendait des voix, il s’apprêtait à reprendre sa course lorsqu’il l’entendit à nouveau. Il se retourna vivement et aperçut à quelques mètres de lui, une silhouette qu’il put reconnaître quand elle fut assez près. Elle peinait à marcher, et elle avait sa main appuyée sur sa hanche. Il s’approcha d’elle rapidement et put ainsi se rendre compte que le t-shirt blanc qui lui collait à la peau à cause de la pluie était recouvert de rouge. Il eut du mal à se rendre compte de ce qui était en train de se passer, mais elle s’effondra devant lui en larmes et répétant, à son attention, de la sauver. Il s’accroupit aussitôt et regarda ses mains immaculées de sang.

Tom : Qu’est-ce que t’as fait ? !
Will : Le laisse pas me toucher, je t’en supplie… J’ai besoin de toi, il faut que tu m’aides…
Tom : Je vais t’emmener à l’hôpital. Relève-toi.

Il l’aida à se relever et remarqua immédiatement sous son haut transparent cette grande plaie qui partait de sous son sein gauche et qui traversait son ventre jusqu’à sa hanche droite. A ce moment là, il n’a pas réfléchit à la haine incommensurable qu’il lui portait, il l’a simplement emmenée pour qu’elle puisse être soignée.

Flash Back Off