[A]-Delomelancum

Je pensais qu’après cette petite mise au point, il allait partir, mais il ôta d'abord son sweat et me le donna avant de réellement s’éloigner. Je ne comprenais pas encore pourquoi il faisait preuve d’une telle gentillesse envers moi, celle qui avait faillit le détruire lui et sa moitié, mais je n’allais pas refuser ce que j'attendais depuis tant d’années. On m’avait enfin proposé de l’aide. J’allais enfin pouvoir m’imaginer un futur digne de ce nom. A cette pensée, je ne pu m’empêcher de sourire, moi qui pensais être perdue pour toujours, on venait de me ramasser pour tenter de me réparer et de m’aider à m’envoler. J’attrapai mes quelques affaires et mon sac avant d’enfiler le vêtement qu’il m’avait gentiment donné et de partir pour trouver l’hôtel dont il avait noté l’adresse sur un bout de papier avec les clefs.

Après quelques minutes de marches et plusieurs demandes de renseignements, je me retrouvai devant l’endroit où je devais aller. Il s’agissait d’un petit hôtel, pas de luxe, mais il était idéal pour moi. J’entrai et me dirigeai directement vers le troisième étage et le numéro de ma chambre inscrit sur le porte clef. Je l’ouvris et m'avançai à l’intérieur avant de déposer mon sac trop lourd sur le sol et de m'approcher lentement du lit sur lequel une robe noire avait été déposée. Tout était parfait et exactement comme je me l’étais laissé imaginé. Je pouvais enfin le dire, j’étais heureuse et ça faisait des années que ça ne m’était pas arrivé. Je laissai s’échapper un soupir d’aise avant d’aller dans la salle de bain pour prendre une bonne et très longue douche chaude avant d’enfiler des sous vêtements et le vêtement offert. Tom débarqua dix minutes plus tard avec deux sacs de nourriture. Il les déposa près du lit avant d’enlever sa veste et de me détailler de haut en bas.

Tom : On dirait que je ne me suis pas trompé sur la taille… Ça te va très bien. Ça change.
Sky : Ça me fait bizarre de porter ça… Je n’ai plus l’habitude. Mais merci.
Tom : Bill t’aidera pour le maquillage, moi, je n’y connais rien. Et je t’ai pris rendez-vous chez le médecin pour demain après-midi histoire d’être sûr que tu es en bonne santé.
Sky : Oh… Ok.
Tom : Je t’y emmènerais, ne t’inquiète pas. Je t’ai également trouvé un travail. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est le temps que tu puisses en trouver un qui te corresponde mieux après.
Sky : Qu’est-ce que je vais devoir faire ?
Tom : Tu t’occuperas de prendre nos rendez-vous pour les interviews et de ranger un peu toutes les paperasses qui traînent. C’est pas super excitant, mais ça me permettra de t’avoir à l’œil et de t’aider si quelque chose ne va pas.
Sky : D’accord…
Tom : Ça te va ?
Sky : Oui. Aucun problème.

Il esquissa un sourire et nous passâmes la soirée ensemble. Et même la nuit, mais ne vous méprenez pas, nous avons seulement discuté et rit de tout et de rien. Nous avons certainement abordé tous les sujets pouvant exister au monde… Excepté mon passé. Il ne semblait pas vouloir rentrer dans ce sujet et détournait la conversation chaque fois que j’essayais de forcer le passage. Je n’ai pas insisté plus longtemps, je savais que dans un futur proche ou lointain, je finirais par tout savoir, il suffisait de faire preuve d’une grande patience et peut-être d’un peu de curiosité.

Plus les jours passèrent et plus je sentais que je m’intégrais dans une vie normale et routinière. C’était plaisant d’avoir un métier et des amis. J’adorais vraiment ça et pour rien au monde, je n’aurais voulu changé une telle chose ! Je travaillais peu et mon salaire était minime, mais ça ne me dérangeait guère. J’étais loin de m’ennuyer puisque Georg se réfugiait dans mon bureau lorsqu’il voulait fuir un après-midi de travail trop épuisant, Gustav venait récemment me rendre visite pour prendre de mes nouvelles, Bill pour me raconter les évènements récents et Tom pour râler et me faire part de tout ce qui avait pu l’énerver dans la journée. Encore aujourd’hui, tandis que je classais quelques papiers, la porte s’ouvrit brusquement avant de se refermer de la même manière. Le guitariste se dirigea presque tout de suite vers la fenêtre avant de sortir son paquet pour prendre une cigarette et son briquet. Il la porta à la bouche et l’alluma avant de soupirer.

Tom : Je vais le tuer ce mec.
Will : Qui ?
Tom : Le nouveau journaliste du magazine Bravo ! J’ai tout de suite deviné son petit jeu ! Il pose des questions à la con et tout ce qu’on répond sera transformé !
Will : Dis-lui que tu refuses de faire l’interview.
Tom : Je le lui ai dis, mais Bill n’en fait qu’à sa tête. Il veut qu’on la fasse et évidemment, étant donné que c’est lui le leader du groupe, Tom doit être bien gentil et obéir ! Il est trop naïf ! Il se fait avoir à chaque fois, mais il ne retient jamais la leçon ! Il veut faire cette satanée interview ! Et bien qu’il la fasse, mais sans moi ! !

Je déposai mon tas de feuilles sur mon bureau et refermai le tiroir grand ouvert avant de me rassoir sur ma chaise. J’allais lui dire de réfléchir encore un peu avant de s’énerver autant et de prendre une telle décision, mais ma réflexion fut rapidement coupée par l’arrivée de Bill, furieux. Le plus âgé des jumeaux se tourna vers lui, fronçant les sourcils et le fixant. Je regardais silencieusement le spectacle d’un œil à la fois amusé et inquiet. J'avais la sensation qu’ils communiquaient par télépathie à cet instant précis.

Bill : Ça suffit maintenant ! Ça ne m'amuse plus ! Tu vas faire cette interview, Tom !
Tom : Je te le redis pour la troisième fois, c’est NON ! NON ! NON ! NON ! Tu veux que je te le dise dans une autre langue peut-être ? !
Bill : Tu ne comprends pas que c’est tes crises bidons qui créent des articles à scandales ! ? GRANDIS UN PEU !
Tom : C’est toi qui me dis ça avec ta mentalité de gosse de deux ans ? ! Je ne ferais pas cette interview ! POINT FINAL !
Bill : Si tu ne la fais pas, je dévoile quelque chose sur toi que tu cherches à tout prix à cacher ! N’oublies pas que je connais absolument tout de toi !
Tom : Moi aussi figures-toi ! Si tu fais ça, je te rendrais la monnaie de ta pièce en double !
Bill : VAS TE FAIRE FOUTRE TOM !
Tom : OUAIS C’EST ÇA ! Et t’as qu’à leur dire qu’on a eu une dispute de jumeaux ! Ça intéressera le monde entier !
Bill : GAMIN ! TU PÉNALISES TOUT LE GROUPE AVEC TES CONNERIES !

Il quitta la pièce en fermant la porte de façon encore plus violente que lorsqu’il était entré et faisant, par la même occasion, tomber mon pot de crayon posé sur le rebord du bureau. Tom soupira bruyamment et balança sa cigarette par la fenêtre avant de venir s’asseoir sur la table. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire, c’était la première fois que j’assistais en direct à l’une de leur dispute et tout ce que j’arrivais à comprendre, c’était qu’il avait été blessé et qu’il ne supportait pas ce genre d’engueulade. Il semblait fort d’apparence, comme si absolument rien ne pouvait le détruire, c’est du moins ce que je pensais jusqu’à ce que je vois tout ça... Parce que je savais désormais que Bill pouvait le détruire et ce, par de simples mots.

Tom : Il m’énerve…
Will : Tu devrais peut-être… Aller lui dire que tu es désolé…
Tom : Pas question. Sache, Will, que dans n’importe quelle situation que ce soit, que j’ai tort ou raison, je ne vais JAMAIS m’excuser. Et encore moins auprès de lui. Il le sait très bien. En plus, ce n’est même pas moi qui l’ait insulté cette fois.
Will : Qu’est-ce que tu vas faire alors… ?
Tom : Attendre qu’il revienne de lui-même.
Will : Ça peut prendre longtemps ?
Tom : Ça dépend. Généralement, il ne tient pas plus de deux jours. Là, vu la dispute, je dirais que dès ce soir, c’est réglé.
Will : Vous ne pouvez pas vous passer l’un de l’autre… Genre... Je sais pas, une semaine ?
Tom : Ça ne nous est jamais arrivé. On est toujours ensemble depuis qu’on est tout petit.
Will : ... J’aurais vraiment aimé avoir une jumelle…
Tom : Ce n’est pas toujours ‘super cool’. Le problème avec la gémellité, c’est que justement chacun sait tout de l’autre et qu’il peut l’utiliser quand bon lui semble. On a souvent les mêmes attirances pour les mêmes filles, ce qui est relativement problématique et il y a toujours une grosse part de jalousie et de possessivité quand une personne devient trop importante pour l’un et pas pour l’autre. Par exemple, un meilleur ami. Bill ne supporte pas que je me fasse de nouveaux amis s’il ne les connaît pas et qu’il commence à voir qu'ils prennent trop de place dans ma vie. Et enfin, ne jamais être séparé, c’est plutôt cool, mais parfois c’est étouffant.
Will : Qui aurait cru que tu avais ce petit côté sensible…
Tom : Je ne suis sensible qu’en ce qui concerne Bill. Ou ma famille en général. C'est un peu mon point faible.
Will : Si tu le dis... Mais je suis sûr que je finirais par trouver autre chose auquel tu es sensible.

Il esquissa un sourire à la vue de mon clin d’œil puis il descendit de la table pour s’asseoir sur la chaise face à moi. Tom avait besoin de bouger sans arrêt, il avait besoin d’être actif et non passif. Peut-être était il un peu trop hyperactif même. Quand il ne jouait pas avec un stylo, c’était avec autre chose. Il était incapable de rester assis tranquillement plus de cinq minutes et pour tout dire, c’était assez stressant. D’ailleurs, il se baissa pour ramasser tous mes crayons tombés à terre lorsque Bill avait fait une sortie des plus violentes.

Will : Laisse ça, je ramasserais plus tard.
Tom : Ça va me prendre dix secondes.
Will : Si tu insistes… Dis-moi, je change de sujet, mais j’ai un truc à te demander… Une sorte de service.
Tom : Ah ? A propos de quoi ?
Will : Je ne sais pas trop comment aborder ça, mais tu me sembles être le mieux placer alors… Disons qu’un… Garçon m’a invité à sortir demain soir et je ne sais pas comment… Enfin tu vois...

Tom : Ça ne se voit pas ? !
Bill : Tout ce que je vois c’est toi collé bizarrement à Will… C’est flippant de vous trouver dans une position pareille. J’ai eu l’impression d’arriver en plein tournage d’un porno.
Sky : Tu joues avec nous ?
Bill : Hm… Ouais. Pourquoi pas. Gus’ et Georg arrivent.
Sky : Tom, je sais que je suis ultra confortable, mais ce serait cool que tu te relèves.
Tom : Je fais ce que je peux !
Bill : Bon sang, vous avez sacrément picolé tous les deux. La moitié de la bouteille de vodka et de tequila ont disparu…
Sky : Sers-toi, fais-toi plaisir !
Bill : Comment s’est passé ton rendez-vous au faites ?
Sky : Pfff… Il est rentré bredouille après s’être pris une tarte.
Bill : … Charmant. Super romantique.
Tom : Ce mec était un loser de toute façon.

Gustav : Twister ! ! ! J’adooore ce jeu !
Tom : Ah tu vois ! Il n'y a pas que moi qui aime !

Je ne pus retenir plus longtemps mon rire plus que spécial de la Will alcoolisée. Ils se mirent à rire à leur tour rien qu’en l’entendant. Après cette petite euphorie, ils se servirent un verre et nous commençâmes une toute nouvelle partie. Déjà à deux c’était difficile, mais alors à cinq sur le même tapis, c’était extrêmement serré. J’étais carrément en sueur, j’avais quitté mon jean pour une jupe que j’avais heureusement penser à embarquer dans mon sac. Tom, lui, avait finit par se mettre en caleçon tellement il avait chaud. Gustav, Bill et Georg étaient torses nus et désormais tout aussi bourrés que nous. Lors de la dernière partie, le chanteur était tellement explosé de rire qu’il s’en roulait par terre, mais finalement il se releva en titubant et avec le bassiste, ils décidèrent de remettre leur T-shirt pour aller faire une virer en boîte. Invitation que nous refusâmes tous les trois. Gustav, lui, quitta la pièce peu après et étant donné qu'il ne revint pas une demie heure après, on en déduisit qu'il avait dû s'endormir quelque part, c’est donc avec Tom que je terminai cette folle soirée.


Deux jours plus tard. Salle de réunion.

Bill : Tom ! Eh !
…
Bill : Bordel, Tom ! Je te parle là !
…
Bill : Tu m’écoutes, oui ou merde ? !
Tom : Merde.
Bill : Tu ne pourrais pas te concentrer un peu ? ! T’en pense quoi de cette chanson ? !
Tom : C’est vrai que tu vas sortir avec Will, vendredi soir ?
Bill : … C’est une sortie entre amis. Elle voulait quelqu’un de confiance, je me suis proposé. Je veux lui montrer qu’on n’est pas tous des obsédés.
Tom : Oh arrête de faire ton innocent, c’est pas parce que tu ne l’exprime pas que tu es différent de tous les autres mecs.
Bill : Peu importe. De toute façon, c’est entre amis… Mais pourquoi j’ai l’impression que ça te dérange…
Tom : Ouais, ça me dérange. Cette fille est fêlée.
Bill (rit) : C’est nouveau ça, tiens. Tu sais si vraiment ça te fait chier, dis le moi clairement plutôt que d’inventer des trucs aussi idiots.
Tom : C’est pas stupide, Bill ! Je sais de quoi je parle ! Je suis très sérieux !
Bill : Et qu’est-ce qui te fait penser ça ?
Tom : Avant-hier soir, après que vous soyez sortis en boîte. Will et moi, on… A couché ensemble.
Bill : Nous y voilà ! C’est pas possible ! Tu ne peux pas rester amie avec une fille plus d’un mois ! T’es pas croyable !
Tom : Laisse moi finir ! Le problème il n’est pas là ! Le problème c’est que ce matin, j’ai essayé de lui en parler et elle ne se souvient de rien !
Bill : C’est pas parce qu’une fille ne veut pas se rappeler de vos ébats qu’elle est cinglée, Tom. Arrête d’être prétentieux, c’était peut-être pas terrible pour elle et elle veut l’oublier.
Tom : Tu comprends rien ! Ce soir là, elle était complètement différente ! Plus sauvage… Pas la gamine innocente qu’on voit à travers cette fenêtre qui range gentiment son bureau comme une maniaque !
Bill : Elle était bourrée !
Tom : Non mais réfléchis ! Tu crois qu’après quatre ans passés à boire tous les jours, du matin au soir, une à deux bouteilles d’alcool, elle va être bourrée après deux verres ? ! Redescends sur Terre ! Elle n'était pas bourrée ! Will est schizophrène !

… (entre) : Qui est quoi ?

Tom avait préféré m’éviter tout le reste de la semaine créant ainsi, je dois l'avouer, un grand vide en moi. Ça me manquait de ne plus le voir débarquer à toute heure de la journée pour parler de tout et de rien. Pour tout dire, il ne m’adressait même plus un simple regard. Je n’avais plus qu’à attendre qu’il me pardonne, en espérant qu’il ne soit pas trop rancunier et que ça ne dure pas trop longtemps.

Ce soir, je me retrouvais en tête à tête avec Bill, ce qui me rendait quelque peu nerveuse. On n’avait jamais vraiment passé de temps ensemble, rien que tous les deux. J’allais enfin le découvrir tel qu’il était et j’espérais qu’il soit à la hauteur de mes attentes… Même si ce n’était qu’amical. Comparée à ma sortie de la semaine précédente, celle-ci était beaucoup plus calme et intime. Nous nous sommes promenés en pleine nuit dans un parc à discuter d’un peu tout avant de nous asseoir dans l’herbe face à un petit lac silencieux. Je sentais que c’était le moment d’aborder ce à quoi j’avais tant réfléchit tous les jours de cette semaine depuis ma discussion avec Tom. J’en étais venue à une conclusion plutôt extrême, mais c’était ce qui se rapprocher le plus des indices que j’avais en ma possession.

Will : Bill, Est-ce qu’il t'est déjà arrivé quelque chose de grave dans ta vie… ?
Bill : Oula oui. Tu sais depuis qu’on est célèbre, il nous arrive plein de choses. Gustav a eu un accident de voiture, moi j’ai perdu ma voix pendant un très long moment, Tom a eu quelques soucis avec du viagra… Ceci dit, ça ce n’était pas très grave, mais super amusant en tout cas…
Will (rit) : J’imagine, oui.
Bill : Il y aurait tellement de choses à raconter que ça me prendrait probablement plusieurs mois.
Will : En faites, je voulais dire… Quelque chose de grave comme… Une période sombre avant que vous ne soyez célèbre. Quand tu avais une vie normale.
Bill : Oh… Euh… Ce n’est pas vraiment quelque dont j’aime parler. Ce n’est pas contre toi, mais la période avant le groupe, j’ai préféré l’enfermer dans un coin de ma tête.
Will : Pourquoi ?
Bill : … C’était vraiment l’horreur… Tom et moi, on avait toute l’école contre nous… Tout ça à cause d’une… D’une sal*pe qui se croyait bien mieux que tout le monde.
Will : … Peut-être qu’elle a eu ce qu’elle méritait depuis.
Bill : Tu as de la chance d’avoir oublié ton passé. J’aurais aimé que le mien disparaisse aussi.
Will : … Mais toi quelqu’un te protège du tiens … Tom.
Bill : Tom c’est ma vie. C’est une partie de moi. Et s’il n’avait pas existé, je ne serais surement pas là avec toi au moment où je te parle.
Will : Qu’est-ce que tu veux dire ?
Bill : Je… Je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit. Il n’y a que mes parents et mon frère qui sont au courant… Promets-moi de ne jamais le dire à qui que ce soit.
Will : Promis.
Bill : Cette fille m’a poussé à bout… Elle m’avait tellement rabaissé, tous les coups que je me suis pris et voir Tom subir le même sort… J’en pouvais plus… J’ai voulu céder à la facilité.
Will : Tu as essayé de…
Bill : Ouais. J’ai subit une lourde opération après une tentative de suicide. Grâce à Tom et à notre lien de gémellité, j’ai pu être sauvé à temps. Et à mon réveil, quand je l’ai vu avec un œil marron, la lèvre bleu et un bras dans le plâtre en train de pleurer en serrant ma main… J’ai compris que je ne pouvais pas le laisser tout seul et que j’avais été égoïste. Depuis ce temps là, il est extrêmement protecteur envers moi et il démarre au quart de tour… Je te dis ça parce que je sais qu’en ce moment, il est assez distant avec toi. Je veux que tu comprennes qu’il a juste peur…
Will : Je ne lui en veux pas. Je sais qu’il n’est pas méchant, je trouve même dommage qu’il cache autant son côté sensible.
Bill : Il le cache parce que son cœur est encore plus gros que le mien. Un rien peut le blesser. Il se protège avec son humour lourdingue, sa grande gueule et son infidélité. Il cherche à montrer qu’il n’a besoin de personne et pourtant… Il ne pourrait pas vivre tout seul. Il est très dépendant des autres en réalité.
Will : Ça me fait bizarre d’entendre ça à propos de lui… Il est tellement doué pour tout cacher…
Bill : Ouais… Enfin, quoi qu’il en soit, j’espère que cette fille vit un véritable Enfer. Elle le mérite amplement.

Ses mots m’atteignirent en plein cœur. Ce n’était que justice de dire une chose pareille, mais le fait est que Bill ignorait que j’étais cette personne qui l’avait autant fait souffrir lui et son frère. J’étais son pire cauchemar, le démon qui avait hanté ses nuits quelques années auparavant et qui avait faillit causer sa perte. J’avais peur, peur de sa réaction lorsqu’il découvrirait qui j’étais réellement… parce que c’est prouvé, tout se sait un jour. Il se releva d’un bond et se tourna vers moi me proposant sa main pour m’aider à me relever. Je la fixais cherchant à savoir si je pouvais avoir un contact physique, aussi minime soit il, avec lui sans que je n’en vienne à le gifler violemment. Avais-je confiance en lui ? Je ne saurais le dire, il m’effrayait comme tous les garçons qui pouvaient m’entourer. Je ne pouvais expliquer cette peur, mais j’avais la sensation qu’ils me voulaient tous du mal. Nos rapports étaient au beaux fixes, il était inutile que j’en rajoute une couche. Je pris simplement appuie sur mes mains et me redressai lentement évitant son regard tout en m’époussetant.

Bill : ...Tu as peur de moi ? !