[A]-Delomelancum

Il se leva sans la regarder et suivit la personne dans le couloir sans rien dire. Il s’attendait déjà à une sacrée morale et une engueulade digne de ce nom. Il allait devoir se justifier pour ce simple baisé. Qu’avait-il ressentit d’ailleurs ? Lui-même l’ignorait. Ce n’était pas la première fois qu’il l’embrassait et il y avait même eu beaucoup plus entre eux… Peut-être bien que la fatigue avait joué un grand rôle. Il était affaiblit et plus facile à amadouer. Cependant, il avait tellement honte de faire ça à son frère qu’il n’osa même pas regarder la personne dans les yeux.

… : Je peux savoir ce qui se passe ? !
Tom : Ce n’est pas Will.
… : Alors c’est qui ? ! Le pape ? ! Je t’en prie, Tom, soit sérieux ! Tu sais mieux que personne le mal que ça va faire à Bill !
Tom : C’est Sky ! Je n’ai rien fait de mal ! C’est Will qui aime Bill, pas elle !
… : Comment veux-tu qu’elle finisse par guérir de sa schizophrénie si tu l’encourage vivement à être deux personnes différentes ? !
Tom : Georg, ne lui dis rien… Je le ferais en temps voulu.
Georg (soupire) : Bien. C’est toi qui vois, mais essaie de ne pas le lui dire dans dix ans.
Tom : Bientôt. J’avais prévu de le faire de toute façon.
Georg : Ok. Et en parlant de Bill, il t’attend depuis plus de trois heures. Il s’inquiète de ne pas te voir revenir.
Tom : J’ai été pas mal occupé. Mais j’ai le temps là, on peut retourner le voir.

Il acquiesça et se dirigèrent tous deux vers la chambre du jeune chanteur qui bavardait ‘concerts’ avec Gustav. Quant à Sky, elle ignorait que Tom était partit. Elle pensait qu’il allait revenir et elle commençait à vraiment s’impatienter, elle voulait à tout prix savoir ce qui s’était dit entre les deux amis. Elle soupira et tourna finalement son regard vers la fenêtre qui donnait sur un arbre gigantesque secoué par le vent frais. Elle tenta de se rappeler ce souvenir qui lui était revenu brusquement en mémoire lorsque Tom était arrivé dans la chambre. Elle avait vite compris que c’était de sa faute si elle avait finit dans la rue, mais ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi elle voulut partir et surtout, pourquoi s’était-elle retrouvé à l’hôpital ce jour-là. Tout cela lui paraissait encore flous.

A l’entente d’un bruit venant de la porte, elle reporta son attention sur cette dernière apercevant un homme d’une quarantaine d’années, vêtu comme un homme d’affaire, qui lui souriait. Il avait l’air inoffensif, mais d’une manière qu’elle n’expliquait pas, elle se sentait soudainement très mal à l’aise et nerveuse. Elle se demandait si c’est de cette personne que Tom lui avait parlé précédemment… A vrai dire, il ne ressemblait pas à quelqu’un de méchant qui lui voudrait du mal. Il attrapa la chaise peu confortable et la tira près du lit avant de s’y asseoir calmement.

Mr Miller : Salut !
Sky : Bonjour…
Mr Miller : Tu me reconnais ?
Sky : Je crois que je vous aies déjà vu quelque part… mais mon cerveau débloque un peu alors… Désolé, mais je ne me souviens pas.
Mr Miller : Je suis venu te rendre visite il y a trois ans… Dans la rue. Je t’avais apporté de l’argent, un peu de nourriture et de quoi te mettre au chaud.
Sky : Oh… Oui. Ça y est, je me rappelle ! Je ne vous remercierais jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi ce jour là ! Mais… Comment vous avez su que j’étais ici ?
Mr Miller : Les médecins m’ont appelé…Vois-tu toi et moi, nous avons un lien très spécial.
Sky : Ah oui ?
Mr Miller : … Je suis ton père.
Sky : Non… Excusez-moi, mais c’est impossible… Tom… Il m’a toujours dit que je n’avais plus du tout de famille. Vous devez vous tromper.
Mr Miller : Ce garçon n’est pas digne de confiance. Il t’a toujours mentit et il t’a volontairement éloigné de moi pour te faire souffrir…

A la vue de sa mine déconfite, Sky compris qu’elle y avait été un peu fort. Elle et sa franchise allait forcément finir par lui causer du tort un jour ou l'autre et probablement plus tôt qu’elle ne le pensait. Bill continuait de la fixer, le cœur brisé en mille morceaux, il avait la sensation qu’elle avait sautée dessus à pieds joints à plusieurs reprises. Les larmes aux bords des yeux, il se releva tant bien que mal avec ses béquilles. Il n’avait plus rien à lui dire et elle non plus apparemment… Il était tellement déçu. Déçu de ce comportement et déçu d’avoir perdu la fille qu’il aimait juste parce que ce soir là, il avait voulu lui dire à quel point elle comptait pour lui. Il quitta la chambre après lui avoir souhaité un bon voyage et rejoignit la sienne pour s’y enfermer et se repasser en tête sans cesse les derniers évènements.

Quant à Sky, elle ne le retint pas. Elle préférait tous les quitter en mauvais terme pour ne rien avoir à regretter plus tard. Elle téléphona ensuite à son père qui assura qu’il venait la chercher une heure et demie plus tard. En attendant, elle fit venir un bagagiste pour qu’il l’aide à descendre ses valises à l'accueil étant donné qu’en fauteuil roulant, c’était particulièrement difficile pour elle. Peu après, voyant que Tom venait de sortir de sa chambre et que son regard ne cessait de passer à elle puis à ses valises, elle demanda à l’homme de partir devant elle avec ce qui lui appartenait, ce qu’il fit avant de disparaitre dans l’ascenseur.

Tom : Tu t’en vas ?
Sky : Ouais.
Tom : Où ?
Sky : Chez moi.
Tom : Chez toi ? !
Sky : Avec la seule famille qui me reste et que tu as voulu me cacher, Tom.
Tom : Tu ne pense pas que si je te l’ai caché, c’est qu’il y avait une raison ? ! Sky, si tu fais ça, l’Enfer que tu as vécu pendant quatre ans, ça ne sera rien à côté de ce que tu vas vivre là !
Sky : Fous-moi la paix avec tes conneries. Tu dis n’importe quoi ! Juste parce que tu veux encore pouvoir me faire souffrir pour ce que je vous ai fait subir à ton frère et toi ! Mais ça suffit ! ! ! Je suis désolée pour tout, mais laisse moi être heureuse maintenant ! Je le mérite !
Tom : Comment tu peux penser… Tu sais quoi, je vais te donner une preuve de ce que j’avance.

Inquiète de voir ce qu’il allait faire, elle se dit que si elle avait pu se tenir debout, elle serait déjà jusqu’à l’ascenseur, or là, il se tenait face à elle. Il s’accroupit pour être à sa hauteur et posa ses mains sur son col de chemisier. Alertés par leur engueulade plutôt bruyante, Gustav, Georg et Bill étaient sortis discrètement de leurs chambres et observaient la scène. Tom tira un grand coup pour arracher son chemisier ce qui la fit violemment sursauter. Paniquée et effrayée par son geste, elle tenta de refermer son chemisier grand ouvert, mais il l’empêcha en attrapant ses poignets et les serrant très fort.

Tom : Tu crois que ta cicatrice elle vient d’où ? !
Sky Je t’ai dit que je n’en savais rien ! ! T’es complètement malade, Tom ! Faut te faire soigner !
Tom : Moi je le sais ! ! J’étais là le jour où t’étais en sang, c’est moi qui t’ai emmené à l’hôpital ! Ton père a faillit te tuer et toi tu te jettes dans la gueule du loup, cinq ans après !
Sky : Tu m’as trahi ! C’est toi qui m’as envoyé dans la rue ! ! Pourquoi je te ferais confiance ? !
Tom : C’est vrai, je t’ai trahi. Je m’en excuse, mais j’ai toujours tout fait pour que tu sois en bonne santé…
Sky : Lui aussi figure toi. Il est même venu me voir il y a trois ans.
Tom : Quoi ? ! Non, Sky, c’est impossible, il n’y a que moi qui savait où te trouver !
Sky : Apparemment, non. Laisse-moi tranquille maintenant, il ne va pas tarder à arriver.
Tom : Il va te faire du mal…
Sky : Ça ne te regarde plus, Tom. C’est MA famille, MES histoires. Occupe toi plutôt de ton frère.

Il se rappela soudainement les paroles de son père quelques jours auparavant. Lui aussi lui avait dit que ce n’était pas ses affaires et qu’il ne devait plus s’en mêler. Et puis merde, il cherchait à aider les gens et résultat, ils l’envoyaient tous balader ! Il soupira et se releva pour la laisse partir… Sans regrets ? Non, il en avait. Et il était certain qu’il ne cesserait de penser à elle durant les prochains jours qui arrivaient et sûrement même les prochaines années. Il allait se demander sans arrêt si elle était morte… Si elle s’en était sortit. Oh oui, sa vie allait devenir particulièrement grisâtre. A l’entente de portes qui claquent derrière lui et du bruit des béquilles sur la moquette, il se retourna vivement. Encore une chose qu’il aurait voulu éviter. Ils le regardaient tous trois à la fois perplexes et déçus.

Bill : C’est quoi ce bordel, Tom… ?
Georg : On dirait que tu vas avoir pas mal de chose à nous dire.
Tom : C’est pas ce que vous croyez…
Bill : Depuis le début tu fais semblant…
Tom : Bill, c’est compliqué, d’accord ?
Bill : Je crois que ça vaut le coup de tout nous raconter quand même.
Tom : La vérité… C’est que toi aussi tu la connais d’avant.
Bill : Tu crois vraiment que je l’ignorais… ?

Bill : Tu crois vraiment que je l’ignorais… ?

Tom : Qu... Quoi ? !
Bill : Tu me prends pour un débile mental ? ! Tu crois que je serais incapable de reconnaître la fille qui nous a pourrit la vie ? ! Celle à cause de qui j’ai tenté de me suicider ? ! Tu crois que je pouvais oublier son visage comme ça ? !
Tom : … Tu m’as mentit…
Bill : Exactement comme toi, Tom
Tom : Pourquoi tu ne me l’as pas dit... ?
Bill : J’ai cru comme un abruti que tu finirais par me le dire ! ! Apparemment, je me suis trompé. Je vais te poser une question : Qu’est-ce qui se serait passé si j’étais réellement tombé amoureux d’elle et que j’avais absolument tout fait pour la récupérer et qu'ensuite quelques années plus tard j'avais découvert qui elle était ? ! Tu crois que j'aurais bien réagis ? !
Tom : Je voulais te le dire, Bill, je te le jure… J’attendais juste le bon moment…
Bill : Tu me déçois sincèrement. J'avais tellement confiance en toi...
Tom : Je voulais te protéger ! !
Bill : C'est pas en me mentant que tu me protégeras ! !
Tom : Et depuis quand tu sais que c'est elle ?
Bill : La première fois qu’on l’a vu et que je l’ai ramené avec nous à l’hôtel… J’ai d'abord eu un doute, mais quand elle s’est réveillée en pleine nuit en criant ton nom, j’ai eu la confirmation que c’était bien elle. Et toi tu savais parfaitement qu’elle se trouverait dans cette ville depuis le début. Tu sais absolument tout depuis plus de cinq ans et tu m'as tout caché. Et apparemment tu connais même bien plus de choses que ce que je ne pensais...
Tom : ... J’ai été embarqué dans une histoire sans que je le demande ! Je ne voulais pas lui venir en aide, je voulais te venger crois-moi ! Mais elle est arrivée vers moi dans la rue, elle était sur le point de mourir… Je pouvais pas la laisser comme ça ! T'aurais fait la même chose à ma place !
Bill : Tu crois ? ! A ton avis, tu crois que c’était involontaire de ne pas avoir pu la protéger lors de l’accident… ?
Tom : Attends, qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Bill : … Quand j’ai vu la voiture arriver. J’ai su que de toute façon, on allait y passer. J’aurais très bien pu la pousser sur le côté pour limiter les dégâts... Mais j’y ai vu un moyen de me venger.
Gustav : Bill ! Tu te rends compte de ce que t’es en train de nous dire ? ! Elle aurait pu mourir !
Bill : Elle a faillit me tuer et elle n'aurait eu aucun remord !

Tom n’en revenait pas. Que son frère puisse être au courant de l’identité de Will depuis le début… C’est seulement à ce moment précis qu’il se rendit compte du grand talent d’acteur dont son jumeau avait fait preuve. Il n’y avait vu que du feu alors qu'ils se connaissaient depuis leur naissance et que personne au monde ne pouvait être aussi proche l'un de l'autre qu'eux. Ils restèrent tous les trois un long moment à se fixer en plein milieu du couloir, puis le guitariste décida de leur révéler absolument toute la vérité et tout ce qu'il avait tant chercher à leur cacher. Ce qu’il avait vécu avec Will et tout ce qu’il avait fait pour et contre elle. Bien évidemment, après cette grande révélation et comme Tom l'avait deviné par avance, Bill décida de ne plus adresser la parole à son frère… Et cela dura pendant deux longs mois. Aucun d’eux ne tenta de faire revenir la jeune fille, aucun d’eux n’osait aborder le sujet d’ailleurs. Il n’y avait que Tom… Dont la culpabilité rongeait l’âme. Les deux jumeaux demeuraient incapable de faire une nuit de sommeil complète. Le plus jeune à cause de l’accident qui lui revenait toujours en mémoire et le plus vieux pour avoir laissé délibérement la jeune fille se jeter dans la gueule du monstre.

Un an plus tard...

Le groupe était en pleine tournée. Ils étaient tous très heureux de refaire autant de concert même s’ils étaient particulièrement épuisés depuis plusieurs jours, ils leur restaient encore quelques dates à faire. Bill était remis sur pieds depuis plusieurs mois déjà et profitez désormais pleinement de sa vie après être passé aussi près de la mort. Bien sûr, il ne pouvait plus se balader seul en pleine nuit de peur de se faire renverser à nouveau et il n'était plus capable de conduire pour le moment sans réveiller quelques angoisses, mais il allait bien mieux. Le médecin lui avait prescrit quelques médicaments pour l’aider à retrouve de bonnes nuits de sommeil et il semblait être en meilleure forme. Quant à Tom, il avait tenté de nombreuses fois de joindre Will sur son téléphone, mais elle ne donna jamais de réponses et encore moins de nouvelles. Il décida alors de laisser tomber et de l’oublier complètement parce que comme le proverbe dit 'Pas de nouvelle, bonne nouvelle'. Il pensait qu'elle avait dû refaire sa vie quelque part dans le monde et qu'elle était heureuse. C'était une excellente fin pour une histoire un peu bancale.


Ce soir là, les quatre garçons venaient tout juste de rentrer d'un grand concert durant lequel ils avaient absolument tout le peu de force qu'ils leur restaient. Tom somnolait devant la télévision, Bill était allongé sur le canapé en train d’écouter de la musique sur son lecteur mp3 les yeux fermés, Gustav prenait une douche bien chaude et Georg ronflait la tête posée sur l’épaule du guitariste quand le téléphone du chanteur se mit à vibrer à en faire trembler la table basse. Malgré le son de la musique monté au maximum, il remarqua que l’écran s’était soudainement allumé, il l’attrapa alors et lu le sms avant de retirer ses écouteurs.

Bill : David nous demande dans la salle de réunion en bas.
Tom : Quoi… Maintenant ?
Bill : Ouais. Réveille Georg, moi je vais dire à Gus’ de se dépêcher.
Tom : Il pouvait pas attendre demain ? !
Bill : Apparemment non.

Tom soupira et s’étira en baillant. Il était totalement épuisé et n’avait qu’une envie : dormir. Il poussa légèrement Georg, qui avait déjà commencé sa nuit, sans réellement avoir de réaction. Il plongea alors sa main dans le paquet de m&m’s devant lui pour en sortir un de couleur marron et le posa dans la bouche grande ouverte du bassiste qui se mit violemment à tousser avant d’avaler le chocolat tout rond. Le guitariste se mit alors à rire de bon cœur en répétant comme dans la pub ‘Hmmm chocolat !’.

Georg : Mais ça va pas la tête ! J’aurais pu m’étouffer !
Tom : Impossible. Pas avec tout ce que tu avales sans mâcher à chaque fois que tu manges.
Georg : Tu crains, Kaulitz ! Et je me vengerais, sois en sur !
Tom : J’attends que ça. Bon allez, bouge toi, David veut nous voir en bas.
Georg : Hein ? ! Pourquoi ? !
Tom : Aucune idée. Il a envoyé un sms à Bill il y a cinq minutes.
Georg : C’est mauvais signe ça…T’as encore fait une connerie ? !
Tom : Non ! Je suis calme depuis plus de deux semaines ! Si quelqu’un a fait un truc, c’est certainement pas moi !